Dans la lettre de Vassivière du mois de février le nouveau président du Symiva emprunte au vocabulaire marin pour définir les objectifs de sa politique. En les examinant de plus près on est porté à parler de dérives.
La première est dans la nouvelle dénomination du Syndicat. Il devient Le Lac de Vassivière. Une décision imposée par le président sans débat public. Il est vrai que dans son histoire le syndicat de Vassivière a toujours été tenté de s’enfermer dans les eaux du lac au détriment de sa vocation première de créer un groupement d’urbanisme du Pays de Vassivière à l’échelle des territoires des cinq puis huit communes. Dans des livraisons antérieures IPNS a déjà dénoncé ce danger pour le site de Vassivière de se transformer en une banale station touristique totalement inappropriée au site, au climat et à la sensibilité culturelle de la Montagne limousine. Cette tentation s’est accentuée durant la courte mais désastreuse mandature de Jean-Paul Denanot. Avec son choix du cabinet Détente il projetait la re-fondation du développement touristique de Vassivière “en créant un univers artificiel qui corresponde aux images qu’ont les gens dans la tête. Pour le grand public, Vassivière est un lac canadien au milieu des bois“. L’offre du territoire de Vassivière ne se réduit pas à la valorisation touristique du lac.
Une seconde dérive c’est l’inélégance avec laquelle on rétrocède aux communes syndicales les structures d’hébergements obsolètes, en mauvais état et souvent mal gérées. Et le syndicat se garde “des réserves foncières pour répondre aux besoins futurs“ sans rien nous dire sur ces projets, une renaissance de Détente ? Dans ses statuts de 1966 et de 1985 la vocation du Symiva est d’étendre le domaine public. Alors comment comprendre qu’à Masgrangeas il puisse l’abandonner à l’encan d’une société immobilière bisontine. Celle-ci, devant l’échec de son premier projet de réhabilitation et modernisation des 100 gîtes en 2007, abandonne aux acheteurs d’un gîte : les quatre murs, le toit et les huisseries, à charge pour eux l’aménagement intérieur et extérieur de leur propriété. Malgré les 237 pages du cahier des charges de la copropriété, il y a fort à parier que dans moins de cinq ans Masgrangeas frayera avec la zone ou la jungle selon que l’on regardera ce lotissement du dehors ou du dedans. D’autant plus que la société bisontine attend encore l’acheteur des parties communes. Elles sont aujourd’hui en tel piteux état qu’elles contribuent à éloigner les éventuels acheteurs de gîtes ! Le même sort est-il à prévoir pour le site de Chateaucourt ?
Une troisième dérive avec la compétition fédérale de jet ski les 9 et 10 mai 2009 ! On connaît trop la force des slogans publicitaires : “l’essayer c’est l’adopter“ ! Un caillou de plus dans l’imprudente prolifération des sports mécaniques à Vassivière.
En terminant et pour donner au président l’occasion d’en rajouter à son humilité éditoriale, rappelons lui qu’un groupement d’urbanisme de Vassivière créé par arrêté ministériel en février 1960 et approuvé par les élus des cinq communes riveraines, s’était déjà donné comme priorité : le tracé d’une route circum-lacustre, une zone non-aedificandi entre la route et la rive du lac, et la création de sentiers piétons en contact avec le plan d’eau, ce sentier de rives dont vous annoncez l’achèvement pour la saison 2010.
Alain Carof