Près d’un litre de lait en plus par jour ! C’est, selon une étude scientifique britannique, l’effet positif que produirait la Symphonie pastorale de Beethoven sur nos amies les vaches, mélomanes averties. Ainsi, la musique n’adoucit pas seulement les mœurs, elle procure également un bien-être quantifiable dans le bidon de lait.
En quelques années, la notion de bien-être animal s’est fortement ancrée dans les requêtes de l’opinion publique vis à vis du monde de l’élevage. La législation suit doucement…
L’élevage des truies en stalles individuelles est interdit depuis 1999 en Grande Bretagne. Il le deviendra en 2006 en Finlande, en 2008 pour les Pays-Bas, en 2013 en France… pour les installations déjà existantes, dès 2003 pour les constructions neuves.
Depuis le 1er Janvier 1998, L’élevage de veaux de boucherie doit se faire en cases collectives dès l’âge de huit semaines. Cette réglementation s’applique à toutes les nouvelles installations. Pour les autres, les éleveurs ont jusqu’au 31 Décembre 2003 pour se mettre aux normes.
Une poule en moins par cage en 2003 ! et le système cage menacé en 2012, (75% des éleveurs français produisent en système cage 85% des œufs).
En 2002 , la norme est de une poule pour 111 cm2.
En 2012 , la norme sera de 750 cm2 par poule avec surface de grattage et un nid obligatoire.
Petit à petit, le monde de l’élevage (et surtout de l’élevage hors sol ) évolue. Sous la pression des consommateurs et des ligues de protection des animaux, l’élevage, le transport et l’abattage de nos animaux domestiques sont en train de changer. Trop vite pour certains, car des m2 de bâtiments en plus, cela coûte très cher, trop lentement pour d’autres qui jugent que les progrès sont trop timides. En élevage porcin, par exemple, le label rouge “Porc du Limousin” exige dans son cahier des charges 1,3 m2 par porc à l’engrais au lieu de 1 m2 en production standard. Le cochon est-il vraiment plus heureux, et donc meilleur, avec 0,3 m2 en plus ?
Longtemps, personne ne voulait aller mettre son nez dans les grands élevages de volailles, de porcs, de lapins. Aujourd’hui chacun a vu ces images de volatiles aux pattes tordues, 20 par m2, ramassés par des machines, entassés, conditionnés, palettisés… ces milliers de cochons sur caillebotis, qui attendent deux choses de la vie : la soupe servie à 18 heures par l’ordinateur et la décharge électrique qui mettra fin à leur souffrance.
Peu importe les cheminements économiques, les logiques industrielles qui nous ont mené vers cet élevage de type concentrationnaire, les animaux ne méritent pas ça, les consommateurs, l’humanité non plus.
Au 21e siècle, la modernité c’est un éleveur qui connaît et respecte ses animaux, ce sont des bêtes qui tiennent sur leurs pattes et mangent d’abord de l’herbe en plein air , en connaissant le soleil et la pluie.
C’est aussi un consommateur qui préfère manger moins de viande mais qui est prêt à payer à son juste prix un produit naturel et de qualité.
Thierry Letellier, éleveur