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Accueil en LIMOUSIN, quand une région fait de l’accueil une priorité

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Date
vendredi 1 août 2003 12:35
Numéro de journal
5
Auteur(s)
Agnès Chauvin
Etienne Chauvin
Stephane Grasser
Visite(s)
11013 visite(s)

Dire aux gens de venir s'installer sur le plateau de Millevaches, c'est sympathique. Savoir accueillir c'est bien. 
Savoir recevoir c'est mieux !
En s'intéressant dans ce numéro à l'accueil, IPNS s'associe aux démarches multiples, associatives ou institutionnelles, qui tentent d'attirer de nouveaux habitants sur notre territoire. Pour cela, nous avons adopté divers angles de vue qui se complètent.
L'accueil est un pari qui n'est pas gagné d'avance. Ni pour ceux qui arrivent, ni pour nous, qui, pourtant, aimerions voir plus d'habitants choisir de vivre sur le plateau. Les petits drapeaux multicolores ne suffisent pas : il nous faut, chacun où nous sommes, être acteurs de l'accueil !

 

Pourquoi nous voulons venir en Limousin

Etienne est architecte. Il a 36 ans. Agnès est psychomotricienne. Ils ont trois enfants de 5 à 10 ans. Ils habitent Mulhouse et souhaitent venir vivre en Limousin : "Nous ne sommes pas à la recherche de ruralité dans le sens "exotique", mais tout simplement d'un lieu où nous pourrons réaliser le projet qui sera pour nous le plus source de vie et d'épanouissement". Ils ont pour objectif de créer un gîte d'enfants et d'accueil de familles, tout en exerçant toujours leurs métiers respectifs. Ils expliquent ici ce qui les attire vers le plateau.

 

Lyrique 

villa mon reveC'est peut-être un pied de nez à une société polluée par sa surconsommation, allez savoir ! Ou une passion qui dure, un désir de réaliser ses rêves. 

Pourquoi donc Brel a-t-il quitté son confort parisien pour partir vivre aux Marquises ? 

En attendant, les idées voyagent entre le plateau de Millevaches et Mulhouse…

Le désir de vivre autrement dans un esprit d'ouverture et d'accueil, de créer un gîte d'enfants et une structure d'accueil pour familles, de rejoindre une centrale d'achat bio direct du producteur au consommateur; de trouver une manière rurale de vivre qui refuse de gaspiller les ressources naturelles, de breveter le vivant, de subventionner l'agriculture intensive, qui refuse encore le pillage systématique de la terre.

Ce qui nous plaît en Limousin et plus particulièrement sur le plateau, ce sont toutes ces initiatives et cette vitalité dont nous avons eu connaissance par divers biais :

Terre à terre sur France Culture le samedi matin, Village magazine, le journal du Conseil Régional, etc...

Et puis… on a envie de se planter, voilà tout ! S'installer ici, parce que c'est une région que l'on aime, où poussent bien les artistes et les résistants. On a envie tranquillement de regarder nos enfants grandir, en harmonie avec la nature, libres… De regarder la terre glaiseuse, le ciel immense et savoir que l'on est de ce pays puisqu'on l'a choisi.

 

Mythique

J'ai un gros mythe. Evidemment que ce n'est pas ce que j'avais demandé au génie de la lampe, qu'est-ce que vous croyez ? N'empêche, maintenant il faut que je fasse avec. Depuis toutes ces années, on a fini par s'apprivoiser et même par s'aimer. Il me dit : "Auvergne, Creuse, Corrèze, Limousin… Par là, entre volcans, montagnes et résistance, c'est là qu'elle est ta vie, c'est là que tu vas la construire".

J'ai pourtant bien essayé de m'en défaire de ce mythe. Je l'ai tourné en dérision et j'avais même presque oublié son existence. Et puis le 21 avril 2002, v'là-t-y pas qu'y réapparaît ! Y m'dit : "Non mais t'as vu dans quelle région tu crèches ? 30% de votes pour le gros méchant, tu vas supporter ça encore longtemps ? 

Quand est-ce que tu fais tes valises ?"
Y r'vient ces mauvais jours de mars 2003 où ma fille, sept ans, rentre de l'école terrorisée :
Qu'as tu appris à l'école ma fille aujourd'hui ?
Ben la maîtresse elle nous a montré tout ce qu'il faut faire quand il y aura une explosion ou une attaque terroriste à l'usine "Séveso" à côté de l'école…
Ah… Et qu'as tu appris à l'école ?
Ben aujourd'hui on a appris ce qu'il faudra faire en cas de tremblement de terre…
Ah… Et… Et qu'as tu appris ?
On a parlé de la pédophilie et des disparitions d'enfants.
Ah… Et… Et… Qu'as-tu… ?
Si il y a un avion qui bombarde l'école Maman, on l'a pas appris ça, qu'est-ce qu'il faut faire ?
Sans commentaire, mais véridique.

 

Etienne et Agnès Chauvin

Chiffres en main

L'accueil n'est pas qu'un slogan : c'est aussi une réalité de plus en plus forte sur le plateau, comme en témoigne quelques données chiffrées plus ou moins méconnues.

Sur les 121 communes du syndicat mixte, de 1990 à 1999, la population a baissé de 2 776 habitants. Une baisse due à la diminution du solde naturel (total des naissances moins total des décès) de 4 395 personnes. Par contre le solde migratoire (personnes quittant le plateau moins personnes arrivant sur le plateau) est positif avec + 1 619 habitants.

30% de la population du Millevaches n'habitait pas sur le plateau il y a 10 ans

Ce solde migratoire représente une moyenne de + 180 par an. Or ce chiffre est en amélioration constante puisque sur la période 1982/1990 il n'était que de + 100.

Une étude de 1992 sur cinq cantons du plateau (Eymoutiers, Bugeat, Sornac, Royère de Vassivière et Gentioux-Pigerolles) montrait déjà cette évolution puisque ces cinq cantons avaient déjà un solde migratoire positif de + 200 sur la période 1982/1990, alors qu'il n'était que de + 50 sur la période 1975/1982.

Source : "Plateau de Millevaches : les migrations 1982-1990", INSEE, ARD, Association Les Plateaux Limousins – novembre 1992

 

La politique d’accueil du Limousin

Le choix du Limousin de parier sur l’accueil de nouveaux habitants et de nouvelles activités se veut réponse et remède à un mal qui, depuis des décennies, mine notre région : le déclin démographique et ses conséquences. 

Réponse incontournable, dans la mesure où, victime d’un exode massif et d’un vieillissement de sa population, le Limousin glisse inexorablement sur la pente de la dépopulation et n’est tout simplement plus en mesure, de ce fait, de compter sur ses seules propres forces pour contrecarrer les corollaires de ce déclin. En somme, il s’agit de parier, en même temps que sur les ressources humaines locales, sur des ressources humaines extérieures, venant combler le vide créé par l’histoire.

Réponse circonstanciée, également, dans la mesure où elle s’inscrit en cohérence avec des mouvements profonds qui animent la société française contemporaine.

 

Aujourd’hui, ce sont environ 10 000 personnes qui arrivent chaque année dans la région

 

Longtemps "pompe aspirante" des campagnes, les grandes villes se voient en effet de plus en plus critiquées pour les conditions de vie qu’elles offrent, jusqu’à engendrer une forme de répulsion dont bénéficient, par contrecoup, des régions rurales et peu denses comme le Limousin.

Favorisé par le développement des transports et l’évolution des communications, ce phénomène se traduit de manière nette dans les statistiques : le Limousin s’avère gagnant au "jeu" de la migration depuis les années 1970. Aujourd’hui, ce sont environ 10 000 personnes qui arrivent chaque année dans la région, contre 8 500 qui en partent. Quant aux français, ils sont 44 % à déclarer vouloir vivre à la campagne dans les 10 prochaines années, selon un sondage IFOP datant de 2001.

 

Une stratégie globale d’accueil 

Forte de ces constats, la Région Limousin s’est engagée politiquement en 1999 avec la création de la Direction de l’Accueil et de la Promotion et le lancement concomitant d’une politique migratoire, et plus particulièrement d’une politique d’accueil.

Visant explicitement à amplifier les flux d’arrivées constatés, celle-ci a pour ambition de faciliter la prospection, l’installation et l’intégration de nouveaux habitants et de nouvelles activités.

Elle s’articule autour de cinq axes majeurs : 

  1. Connaître le phénomène migratoire, les profils et besoins des migrants afin d’adapter les outils et moyens de la politique d’accueil,
  2. Informer-sensibiliser la population et ses représentants à l’enjeu de l’accueil,
  3. Construire un véritable service d’accueil au profit des migrants, prenant en compte projet de vie et projet professionnel, depuis la phase "amont" de l’idée jusqu’à l’installation,
  4. Favoriser l’émergence de territoires de proximité (pays, regroupements intercommunaux …) mobilisés et structurés, en mesure de proposer une véritable offre d’accueil articulant offres d’activités, de logements, offres de services à la population et dispositif d’appui aux nouveaux arrivants,
  5. Promouvoir l’offre d’accueil du Limousin, que ce soit à travers l’organisation de manifestations telles "Projets en Campagne" ou l’établissement d’un partenariat avec la chaîne de télévision Demain, permettant de diffuser reportages sur les initiatives locales en faveur de l’accueil ou présentations de commerces ou entreprises artisanales à reprendre.

 

Favoriser l’émergence de territoires outillés, disposant d’une offre d’accueil 

La chaîne de l’installation, qui part des régions périphériques au Limousin ou de l’Ile de France pour arriver jusqu’au bourg, au village, en passant, éventuellement, par le service Accueil du Conseil régional, reste à ce jour incomplète ou, à tout le moins, présente des maillons insuffisamment consolidés.

Cette situation est d’autant plus préjudiciable que la politique d’accueil est une politique faite d’emboîtements successifs, où chaque échelon tient, dans une partition collective, un rôle plus particulier. A la Région Limousin, plutôt la communication vers l’extérieur, la conception et le développement d’outils structurants, la diffusion et la mutualisation de bonnes pratiques ; au local (pays et intercommunalités) l’identification et la qualification des offres d’activités (reprises d’entreprises, richesses locales à valoriser, etc.), des offres de logement ; au micro-local (communes) l’appui à l’intégration du nouvel arrivant.

En l’occurrence, les missions relevant du niveau local, qui supposent la mise en synergie de nombreux partenaires (chambres consulaires, associations, collectivités locales, …), sont actuellement insuffisamment remplies faute de temps, de savoir-faire, voire faute d’un volontarisme politique suffisant.

Si la politique régionale d’accueil ne peut répondre à chacun de ces obstacles, elle tente toutefois, par la mise en œuvre des "pôles locaux d’accueil", de remédier au manque constaté de moyens d’animation et d’action et à ses conséquences.

 

Accompagner les candidats à l’installation : prendre en compte projet de vie et projet professionnel

A l’instar des territoires, le public qui manifeste aujourd’hui l’intention de s’installer à la campagne présente fréquemment un certain nombre de fragilités : 

  • méconnaissance des caractéristiques et du mode de vie rural
  • idéalisation de la vie à la campagne
  • projets complexes, à la croisée de plusieurs domaines (librairie-salon de thé-galerie d’art, petites installations agricoles en diversification avec pluriactivité, …), difficiles à appréhender avec les outils classiques d’aide à la création d’activité …

Lorsqu’on sait l’importance de ce public pour des territoires ruraux partiellement anémiés, l’enjeu réside donc dans la capacité à l’épauler, lui mettre le pied à l’étrier pour convertir ce qui, souvent, se révèle une fuite, un rejet d’une situation vécue en un véritable projet d’installation.

Pas de recette miracle en la matière, si ce n’est l’écoute, la rencontre, la formation. Pas d’outils miracles non plus, mais des pistes intéressantes comme l’appui apporté localement par des acteurs associatifs du plateau de Millevaches ou comme la "session de regroupement" organisée conjointement, en 2002, par le Parc Naturel Régional Périgord-Limousin et le Pays d’ouest limousin avec l’appui du service Accueil du Conseil Régional. 

Faire de la place sur le plan résidentiel, faire de la place sur le plan professionnel, épauler des porteurs d’idées ou de projet dans un parcours allant du désir à l’installation effective, tels sont donc les termes de la difficile équation de l’accueil que la Région Limousin, avec ses partenaires, doit s’efforcer de résoudre.

Faire de la place dans les têtes, pourrait-on ajouter en guise de conclusion. Car il n’est d’accueil possible que dans un territoire ouvert, acceptant de partager son espace, prêt, tout en se laissant influencer par "l’étranger", à lui offrir une part de soi. Prêt, en somme, à intégrer. Question de confiance en soi, probablement ; question éminemment politique, en tous cas.

 

Stephane Grasser

Stéphane Grasser est responsable du service Accueil de la Région Limousin.

 

La communauté de communes de Bourganeuf-Royère de Vassivière a mené un travail en commun avec la communauté de communes voisine de la  CIATE pour la mise en place d’un pôle local d’accueil afin de créer les conditions favorables à l’installation sur le territoire. David Giraud témoigne : «la qualité du cadre de vie incite de nombreuses personnes à quitter leur mode de vie actuel et à venir s’installer dans les environs, y compris dans la perspective d’un projet professionnel. Il s’agit  donc de leur permettre de réaliser leur projet de vie et leur projet professionnel en leur fournissant une information centralisée en une structure unique. L’accueil est donc une thématique transversale aux différentes compétences de la communauté de communes et essentielle dans une perspective de développement socio-économique du territoire communautaire. Même si beaucoup de projets ne sont que dans leur phase d’étude, ils se veulent porteurs d’un dynamisme certain, qui contraste avec le phénomène de dévitalisation qui qualifie souvent l’espace rural».
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IPNS - 23340 Faux-la-Montagne - ISSN 2110-5758 - contact@journal-ipns.org
Journal d'information et de débat du plateau de Millevaches - Publication papier trimestrielle.

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