Le jeudi 26 novembre 2020 sur la place du marché d’Argentat-sur-Dordogne, une petite troupe de choristes amateurs d’une vingtaine de personnes se retrouve, désireuse de pousser la chansonnette pour exprimer sur quelques notes musicales et débonnaires leur désapprobation face aux mesures gouvernementales qui s’éloignent sinistrement de la gestion de la santé publique.
Sur un texte engagé mais non dénué d’humour, la joyeuse troupe commence à chantonner des couplets et à scander des refrains qui font écho à leurs protestations contre les dérives de l’état d’urgence.
Quelques commerçants et clients les encouragent, réclamant les textes et les accompagnant. D’autres, craignent pour leur commerce et redoutent la fermeture du marché.
Craintes encouragées par l’arrivée de quelques gendarmes... Il est 11h lorsque l’équipe de choristes décide d’aller chanter dans les supermarchés de la ville. Dans ces temples de la consommation, la chorale est accueillie par les caissières et les clients dans une ambiance conviviale. Derrière les masques, on devine les sourires, quelques encouragements se font entendre du côté des files d’attente, certains applaudissent. À 11h30, la chorale rejoint le marché. Sur place, elle est attendue par une trentaine de militaires. La chorale est divisée en trois groupes, les choristes bousculés, encerclés par une douzaine d’agents chacun.
Dans la confusion, l’un d’eux est écarté, plaqué au sol, menotté et placé en garde à vue... pour avoir chanté. Accusé de chefs d’inculpation démesurés en attente d’un procès. Il est convoqué au tribunal le 1er juin 2021 pour port d’arme (un opinel), participation à un rassemblement interdit, outrage, rébellion, violence sur gendarme et refus de prélèvement d’ADN.