Je me souviens de Paris-Limoges 1954 : Valentin Huot, le régional (de Dordogne) gagne cette classique longue de près de 400 km, au nez et à la barbe des meilleurs professionnels français et belges (2e : Van Geneugden, 3e : Sabbadini). Auparavant, il s'était seulement illustré dans des compétitions régionales. Il faut rappeler que, dans les années 50 et jusqu'en 1963, la Dordogne faisait partie du comité du Limousin de cyclisme, avec les trois départements de la future région Limousin. Les journaux régionaux célébrèrent donc la victoire d'un coureur local, ce qui n'était jamais arrivé depuis les débuts de l'épreuve, et donna un écho formidable à ce succès.
Je me souviens du Tour de France 1956, durant lequel Georges Briquet – le plus célèbre radio-reporter de l'époque (originaire de Limoges) – prononçait “huotte“ et narrait les exploits en montagne de Valentin, rivalisant avec Bahamontès et Gaul. Notre dordognaud termina 3e du Grand Prix de la Montagne.
Je me souviens des championnats de France de 1957 et 58, qui permirent à Valentin Huot de se vêtir deux ans de suite du maillot tricolore. Son premier titre, remporté au sprint face à Rohrbach, donna lieu à une polémique accusant Huot d'avoir profité du travail de son compagnon d'échappée. Par contre, son deuxième sacre national ne souffrit, lui, d'aucune réserve. À Belvès, en Dordogne, tout près de chez lui, il l'emporta au finish sur un parcours très sélectif, devant Raphaël Géminiani et Francis Mahé. C'était vraiment la consécration pour Valentin, qui confirma son niveau en terminant 6e du championnat du monde à Reims. Jouant la 3e place au sprint face à Darrigade, alors que Baldini l'emportait devant Bobet.
Dans l'abondant palmarès de Valentin Huot, nous nous contenterons d'évoquer le Grand Prix du Midi Libre en 1960. Ce coureur était un individualiste, se pliant difficilement à la discipline d'équipe. Ce qui explique que, malgré 6 participations au Tour de France, il ne courut jamais dans l'équipe nationale, mais toujours dans l'équipe régionale “Sud ouest“. Il a arrêté sa carrière en 1964, devenant fraisiculteur à Manzac sur Vern, tout près de Creyssensac, son lieu de naissance (1929). Dans les environs de Vergt, capitale de la fraise en Dordogne.
Je me souviens de sa tentation pour l'écriture : en 1999, Huot publia un livre de souvenirs : Clous et vélo percé, sous-titré Noblesse du pauvre. Présenté comme un ouvrage sportif original, il aborde beaucoup de sujets, comme “le dopage, l'âme de la vertu face à l'arbre de la science“. On voit avec ces citations qu'il n'hésitait pas à énoncer des phrases ronflantes ! Il raconte aussi une histoire difficilement crédible : à l'issue d'une étape de Tour de France disputée sous la canicule, il était tellement déshydraté qu'il avait bu 40 litres d'eau minérale dans la soirée !
Valentin Huot : un personnage haut en couleurs, un petit qui n'avait pas peur des gros, s'est éteint le 21.11.2017 à 88 ans.
Certaines communes ont organisé des épreuves presque chaque année alors que d’autres ont eu des rendez-vous plus espacés avec les amateurs de vélo. Les communes les plus fidèles au cyclisme sont Saint-Privat (36 éditions de 1957 à 2009) et Beaulieu-sur-Dordogne (34 compétitions de 1952 à 1997). Dans la suite du tableau se situent Camps (25 épreuves de 1960 à 2005, avec une éclipse entre 1976 et 1993) et Rilhac-Xaintrie (22 éditions de 1957 à 1992). Vient ensuite Saint-Cirgues-la-Loutre avec 15 épreuves de 1957 à 1999. Servières-le-Château et Goulles font moins bien avec respectivement 13 éditions (de 1954 à 1978) et 11 (de 1952 à 1979). Dans la catégorie des courses rares, on compte Darazac (9 éditions), Auriac, Mercœur et Sexcles (8) et Saint-Julien-aux-Bois (4). Saint-Geniez-Ô-Merle ferme la marche avec 2 épreuves seulement en 1981 et 1982. La plupart des compétitions avaient lieu pendant les mois d’été, principalement au mois d’août. D’abord parce que les dates correspondent aux fêtes patronales dans ces communes. Mais cela permet aussi d’avoir au départ des courses des concurrents de toute la France, particulièrement de la région parisienne, qui profitent de leurs vacances pour participer aux belles épreuves de la Xaintrie. De nombreux coureurs viennent néanmoins des clubs organisateurs : UC Brive et VC Tulle. Beaucoup d’autres sont licenciés dans les clubs des département limitrophes : Cantal et Lot.
Dans les années 1950, et encore dans les années 1960, les concurrents parcouraient de longues boucles qui les éloignaient du lieu de départ. Ainsi, à Darazac, jusqu’en 1973, la course empruntait trois boucles de 25 km. Ensuite, l’augmentation de la circulation automobile, les difficultés d’organisation (liées à la sécurité) et le souci de permettre aux spectateurs de suivre le déroulement de la course ont conduit à raccourcir les circuits. Ce sont généralement des « tourniquets » (petites boucles à couvrir de nombreuses fois, dans le jargon cycliste) qui sont proposés aux coureurs. Ainsi, à Beaulieu-sur-Dordogne, on passe dès 1962 aux 100 tours de la vieille ville (80 km au total). À Saint-Privat, on passe à partir de 1965 à un circuit de 3,8 km à parcourir 20 fois.
La plupart des courses de Xaintrie sont ouvertes aux 3e et 4e catégories, ou catégories B et C, ou série régionale, selon la dénomination du moment. Les coureurs de l’élite, 1e catégorie ou série nationale, n’ont été admis que dans les années 1950 et 1960. Ainsi, à Beaulieu, les 1e catégorie ont droit de cité jusqu’en 1969, à Saint-Privat aussi. Argentat fait exception avec 6 éditions sur 7 ouvertes aux 1e catégorie, ce qui donne un palmarès prestigieux : Georges Gay en 1953 (Trèfle argentais, 145 km, qualificatif pour le championnat du Limousin), Jean Rioux en 1962, Yves Nicolas en 1979, coureurs qui s’imposent avant Fernand Farges et Claude Aigueparses en 1980 et 1981.
Les courses de série régionale, largement majoritaires, ne sont pas inintéressantes. Elles donnent l’occasion à des débutants doués d’acquérir de l’expérience dans la compétition et de prendre conscience de leurs qualités. Alain De Carvalho, Jean Luc Masdupuy, David Moncoutié et Sylvain Georges, sont tous devenus professionnels après avoir gagné en Xaintrie à leurs débuts. Les courses régionales sont aussi l’occasion pour ceux qui subissent le déclin dû à l’âge, de continuer la compétition à un niveau inférieur. François Douhet et Christian Magimel en sont l’illustration. Au palmarès des différentes courses de la Xaintrie, on relève de nombreux vainqueurs appartenant à des clubs extérieurs au Limousin : les Cantalous, Lotois et Parisiens. Chez les Limousins, des noms reviennent souvent : dans les années 1950, Jean Marie Bouzou (UC Brive) et Jean Rioux (VC Tulle). Dans les décennies suivantes, les frères Boyer, les Sarladais du VC Tulle, ont fait une ample moisson de places d’honneur et de victoires. Christian Boubert (VC Tulle, puis UC Brive) s’est pour sa part illustré dans les années 1970 et 1980.Beaucoup d’autres remarques concernant ces courses de Xaintrie seraient sans doute pertinentes, mais elles déborderaient des limites de cette chronique. Ce qui doit être retenu, c’est la vitalité et la popularité du cyclisme dans les campagnes des années1950 au début des années 2000. La Xaintrie en est un excellent exemple, mais beaucoup d’autres petites régions du Limousin (ou de la Dordogne) pourraient en attester.
Le 2 juillet 1956, Simon Wlazlick, du Vélo-club d’Aubusson, et Raymond Poulidor, de la Pédale Marchoise, tous deux âgés de 20 ans, se disputent au sprint la première place du prix de Mérinchal. Alors que Wlazlick a déjà nettement pris l’avantage sur Poulidor, ce dernier, en plein effort, perd une pédale qui s’est dévissée. Déséquilibré, il ne contrôle plus sa trajectoire, traverse la route et va s’écraser sur les machines agricoles exposées devant un atelier. Heureusement un spectateur, Norbert Tailhardat, le ceinture et lui évite une chute qui aurait pu le priver de la carrière que l’on sait. Participant à la journée du livre de Felletin, au cours de laquelle il dédicace avec beaucoup de succès son livre autobiographique «Poulidor, par Raymond Poulidor» aux éditions Jacob-Duvernet, il rencontre Simon Wlazlick et exprime son souhait de retrouver son «sauveur», dont il n’a aucune nouvelle depuis 1956. C’est ainsi que le 21 octobre 2004, Raymond Poulidor, Simon Wlazlick et quelques dirigeants des clubs cyclistes d’Aubusson et Felletin sont reçus à Mérinchal par la municipalité pour les retrouvailles du grand champion avec M. Tailhardat qui par son réflexe courageux lui a évité une grave chute. Cette rencontre constitue une nouvelle occasion d’évoquer en 2004 la place du cyclisme dans la vie sportive régionale et, au-delà, dans la société limousine.
Le passage du Tour de France en Limousin les 13 et 14 juillet 2004 a donné lieu à un hommage spécial à Raymond Poulidor dans sa ville de Saint Léonard de Noblat. Quarante ans après le célèbre duel avec Anquetil sur les pentes du Puy de Dôme, on pu vérifier l’inusable popularité du champion limousin. L’étape cyclosportive Limoges-Saint Flour disputée le 11 juillet par 8000 concurrents a démontré avec éclat que le cyclisme, sous de nouvelles formes, conserve énormément de vitalité.
Le centième anniversaire du CRCL (Cyclo racing club de Limoges) a été marqué par diverses manifestations, notamment une «randonnée des anniversaires » sur le parcours de l’étape du Tour de Saint Léonard à Guéret. Elle était organisée par le CRCL et les clubs de Felletin (50 ans), Aubusson (70 ans) et l’AC Creusoise. L’occasion de retrouvailles marquées par l’émotion et la convivialité et la présentation par le président du CRCL de l’ouvrage «CRCL – 100 ans. 1904-2004». Il retrace 100 ans de cyclisme à Limoges et dans tout le Limousin.
Au cours des premières années du siècle se mettent en place les compétitions sur route et les réunions sur piste au vélodrome du Grand Treuil à Limoges. Sur des routes pierreuses et poussiéreuses, montant de lourdes machines, les compétiteurs réalisent des moyennes étonnantes. C’est le temps des compétitions «aller-retour»: Limoges-St Junien, Limoges- Nontron, Limoges-Bellac. La première édition de Limoges-St Léonard a lieu en 1905, l’épreuve survivra jusqu’en 1998, la circulation automobile a fini par la condamner.
Au vélodrome, doté d’un anneau en ciment en 1904, alors qu’il avait été construit en 1895 avec une piste en terre battue, les meilleurs pistards français et internationaux s’affrontent dans les épreuves classiques : vitesse, individuelle, poursuite, américaine (en relais, par équipe de deux) et déjà la très spectaculaire demi-fond (derrière moto).
Les courses sur route et sur piste se développent parallèlement. La majorité des coureurs s’adonnent aux deux activités. Sur route s’organisent les grandes épreuves de ville à ville avec notamment Paris- Limoges dont la première édition date de 1927. C’est une course de niveau international ; à son palmarès figurent beaucoup de grands noms comme Antonin Magne qui l’emporte en 1929, deux ans avant sa première victoire dans le Tour de France. On assiste aussi à de belles compétitions départementales comme le Tour de la Corrèze ou le Circuit de la Creuse.
Sur la piste, la figure emblématique régionale c’est André Raynaud, champion du monde de demi-fond à Zurich en septembre 1936. Il décèdera quelques mois plus tard lors d’une chute à la suite de l’éclatement d’un boyau au vélodrome d’Anvers. Originaire de Vaulry, dans les monts de Blond, il a brillé dans toutes les disciplines du cyclisme sur route (champion de France des indépendants en 1926) et surtout sur piste. Brillant en poursuite il réussit particulièrement dans les épreuves de «six jours» (vainqueur à Paris en 1929 et Marseille en 1930) et dans les autres épreuves à l’américaine (en relais, par équipe de deux), et finalement en demi-fond, spécialité très populaire et spectaculaire. Après sa victoire au championnat du monde, il fut accueilli à son arrivée à la gare de Limoges par une foule énorme qui l’accompagne jusqu’à l’Hôtel de Ville où Léon Betoulle, le maire, lui offrit une réception.
Pendant les années de guerre et d’occupation, le cyclisme continue tant bien que mal sur route et sur piste, s’adaptant aux circonstances avec plus ou moins de facilité. La rareté et la mauvaise qualité du matériel, le mauvais état des routes s’ajoutent aux contraintes résultant de la défaite de 1940. Il y eut malgré tout des épreuves importantes qui attirent des coureurs professionnels de toute la France, comme Vichy-Limoges en 1942 et 43. En juin 1944, le tour de la Haute Vienne est stoppé par la résistance à La Croisille sur Briance. Le Cyclisme ne peut pas ou plus ignorer les combats qui se préparent pour la libération du territoire.
Dès la saison 1945, l’activité cycliste reprend. Les coureurs, bridés pendant les années noires sont impatients de reprendre le cours de leur carrière sportive, ou de l’entamer pour les plus jeunes. Tout le rayonnement du cyclisme limousin pour les deux décennies à venir se met en place. De belles organisations, des coureurs nombreux et ambitieux attirés par des dotations intéressantes, des marques de cycle régionales (Blondin, Elans, Simoun, Royal-Fabric, Rochet) ou nationales (Peugeot, Terrot, Mercier) financent des «écuries».
Le cyclisme régional prend un nouvel essor, le comité du Limousin regroupe les trois départements. Auquel s’ajoute l’apport important de la Dordogne avec un grand nombre de courses organisées mais aussi de clubs (Périgueux, Sarlat, Bergerac, Lalinde, Ribérac ou Montpon) et des coureurs de qualité.
Sport d’été déjà le plus prisé dans les années d’avant guerre, la popularité du cyclisme ne cesse de grandir. Les épreuves se multiplient à tous les niveaux, les journaux consacrent une place prépondérante au vélo. La présentation des compétitions durant toute la semaine et souvent deux pages entières de résultats le lundi, alors que le nombre de pages des journaux était plus réduit qu’aujourd’hui. Il faut dire que la réussite des coureurs limousins au plus haut niveau a de quoi susciter l’enthousiasme. Qu’on en juge: en 1951 et 52, les limousins dominent la Route de France.
Une belle épreuve internationale destinée aux jeunes coureurs aussi importante que le Tour de l’Avenir à partir de 1960. En 1951, Jacques Vivier de Ribérac l’emporte. En 1952 l’équipe du Centre rafle le classement individuel, le classement par équipe et celui du meilleur grimpeur. L’équipe était composée de trois coureurs du CRCL, deux coureurs de l’UVL (union vélocipédique de Limoges), de deux corréziens et d’un creusois. L’épreuve comportait 14 étapes, avec départ à Caen et arrivée à Aurillac et l’ascension des grands cols pyrénéens.
En cyclo-cross, une discipline extrêmement populaire, dont les circuits se rapprochaient par leurs difficultés de ceux du VTT actuels. André Dufraisse de l'UVL remporte cinq titres consécutifs de champion du monde et sept titres de champion de France. Il remporte son dernier titre de champion du monde à Limoges en 1958 au stade Beaublanc, haut lieu du sport. Théâtre des exploits du Limoges Foot ball club dès son accession en ligue professionnelle, le stade de Beaublanc prend le relais du vélodrome "André Raynaud" démoli en 1958 après plus de 50 ans au service du cyclisme et du rugby. Les modes sportives changent et Beaublanc partage ses heures de gloire avec le foot d'abord puis le basket et le CSP dans les années 1980.
La fin des années 50, c'est le début de la carrière en fanfare de Raymond Poulidor. En 1956 il a tout juste vingt ans et avant son départ au service militaire il réussit quelques performances remarquable face aux professionnels ; il est 6° au bol d'or des Monédières et 2° à Peyrat le Château derrière le champion de France Bernard Gauthier. En 1959, au retour d'Algérie, il confirme tous les espoirs en devenant champion du Limousin et en brillant dans tous les critériums de l'été. Passé pro en 1960, il remporte le Bordeaux-Saintes ; sélectionné pour les championnats du monde en Allemagne de l'Est il termine 5°.
En 1961 il remporte Milan-San Remo et devient champion de France à Rouen. La suite est faite de résultats exceptionnels, de belles victoires, mais aussi de beaucoup de malchances qui lui vaudront d'être le champion de la popularité. Il poursuivra sa carrière internationale au plus haut niveau jusqu'en 1977 à 41 ans! Trois fois 2° du Tour de France, 5 fois 3° il totalisera 183 victoires professionnelles dont le Tour d'Espagne en 1964, Paris-Nice en 1972 et 1973 devant le grand Mercks, le Dauphiné Libéré en 1969 et la Flèche Wallonne en 1963. 30 ans après sa popularité est toujours aussi grande, à tel point qu'aujourd'hui encore c'est "allez Poupou" qui constitue l'encouragement le plus fréquemment entendu par les cyclistes de tous âges et de tout niveau.
La popularité du cyclisme en Limousin avec son apogée dans les années 50-60 se poursuivant jusqu'à la fin des années 70 peut nous conduire à nous interroger sur les composantes d'un tel succès. En premier lieu sur le plan strictement sportif l'éclosion et l'épanouissement de tout un panel de champion ont été largement favorisés par les très nombreuses compétitions de tous niveaux qui ont permis à ces jeunes sportifs de débuter leur carrière près de chez eux et de continuer à progresser dans des courses plus relevées tout en restant dans leur environnement habituel.
En second lieu, le cyclisme est en adéquation avec la société rurale. Les campagnes n'en sont qu'au début de la révolution agricole qui va les vider d'une bonne partie de leurs habitants. La course cycliste constitue encore pour quelques années le point culminant de la fête patronale. Les coureurs locaux y affrontent ceux qui parfois viennent de loin et ils comptent de nombreux supporters. Le vélo encore utilisé par la majorité de la population comme moyen de déplacement, chacun peut apprécier à leur juste valeur les efforts des coureurs et comme la fête est une occasion unique dans l'année de s'amuser et de dépenser les courses sont bien dotées en prix pour le classement final et en primes au cours de l'épreuve. Les petits clubs sont nombreux dans la campagne limousine.
Un bon exemple c'est la Pédale Marchoise dont le siège est à La Forêt, un village de la commune de Montboucher. Il a été le premier club des frères Poulidor. André Lopez président et cheville ouvrière du club organisait de nombreuses épreuves tout autour de Bourganeuf, notamment dans les villages qui n'étaient pas chef-lieux de communes. A la Forêt il y avait deux courses par ans, Millemilanges de St Goussaud, Pont de Murat de St Dizier Leyrenne, Puy la Croix de St Pardoux Morterolles. Mais le vélo reste très populaire en ville. La circulation automobile bien moins dense qu'aujourd'hui autorise l'organisation de belles épreuves au coeur de la cité, ou encore des arrivées dans la ville après un parcours en campagne.
Des foules considérables viennent assister à ces événements sportifs, on y venait facilement en famille. Les courses urbaines sont très souvent parrainées par une firme commerciale et en prennent le nom : prix Dony, Arya ou Conchonquinette pour les magasins de vêtement ; elles peuvent aussi être financées par des collectivités et/ou des associations de commerçants.
L'interpénétration des catégories est une autre caractéristique des compétitions de cette époque. Alors que nous sommes habitués depuis plus de trente ans à une séparation très nette entre professionnels et amateurs, l'existence de la catégorie des indépendants qui pouvaient courir aussi bien avec les pros qu'avec les amateurs permettait aux organisateurs de courses d'aligner au départ des professionnels prestigieux et des coureurs régionaux. Il faut se souvenir que le Tour de France malgré toute sa notoriété n'était pas la grosse machine que nous connaissons aujourd'hui. Sur les 120 participants de l'époque contre 200 à présent, près de la moitié était français. Les belges, hollandais, italiens, espagnols et suisses constituaient la majeure partie des autres.
Seuls quelques individus représentaient la Grande Bretagne, l'Allemagne, le Portugal, l'Autriche ou les pays scandinaves. Les pays de l'Est ne connaissaient pas le professionnalisme pour des raisons idéologiques, alors que le continent américain et l'Australie n'envoyaient pas de coureur en Europe occidentale.
Pendant l'été et surtout pendant le mois d'août, des critériums regroupent les coureurs qui ont participé au Tour de France ; ils bénéficient de primes de départ proportionnelles à leur notoriété. Les coureurs d'autres régions, professionnels ou indépendants venaient s'installer quelques jours ou quelques semaines en Limousin pour disputer le maximum d'épreuves pendant leur séjour. Les plus connus étaient les marseillais et les azuréens. Hébergés dans une des auberges rurales qui offraient à cette époque, pour un prix modique un gîte et des repas de qualité, ils sillonnaient la région pour se rendre au départ des épreuves de la région. Ils n'avaient pas de longs déplacements à faire car même en se limitant à la montagne limousine des critériums se déroulaient à Peyrat le Château, Eymoutiers, Aubusson, Felletin, Ussel, Meymac, Peyrelevade, Treignac. A Eymoutiers en 1959 cinq vainqueurs du Tour de France sont au départ du 17° grand prix de Macaud. Le Bol d'or des Monédières organisé à Chaumeil par le célèbre accordéoniste Jean Ségurel drainait des milliers de personnes chaque année sur les pentes du col de Lestards. Les plus grands coureurs mondiaux figurent à son palmarès.
Depuis la fin des années 70 la place du cyclisme a beaucoup régressé dans le sport régional et surtout national. Bien sûr le Limousin a eu Luc Leblanc champion de France professionnel, puis champion du monde à Agrigente, vainqueur d'étapes et porteur du maillot jaune sur le Tour de France. Mais cela ne compense pas la baisse du nombre des épreuves et la modification des pratiques du cyclisme.
Entre 1970 et 80 on assiste à la disparition progressive des critériums. Pour des raisons économiques d'abord, les contrats des coureurs professionnels sont de plus en plus onéreux, mais aussi pour des impossibilités pratiques. Car, même à prix d'or, il devient impossible de réunir les grandes vedettes du Tour. Ils ont d'autres épreuves à préparer ou sont pressés de rejoindre leur lointain pays d'origine. Les vedettes ne sont plus françaises ou belges. Par ailleurs les habitudes ont changé. Alors qu'antérieurement le prix d'entrée sur le circuit payé par le spectateur suffisait à équilibrer financièrement l'opération, cette pratique a été abandonnée. Le dernier critérium creusois, de Dun le Palestel est gratuit, les soutiens publicitaires en assurent le financement.
La diminution du nombre d'épreuves entraîne une baisse du nombre de coureurs licenciés. Parallèlement la place du cyclisme dans les pages sportives des journaux régresse régulièrement. L'influence de la télévision a été déterminante. Le Tour de France et les grandes classiques comme Paris-Roubaix ont beaucoup d'audience. Les courses professionnelles de moindre importance et à fortiori les compétitions régionales n'attirent plus que des passionnés en petit nombre.
Et pourtant les pratiquants du cyclisme sont de plus en plus nombreux. Mais ce sont de nouvelles formes qui s'imposent : le VTT d'abord, surtout sous forme de loisir, mais aussi de compétition. Les épreuves de masse, les cyclosportives comme la Raymond Poulidor, la limousine André Dufraisse, ou l'Ecureuil réunissent des pelotons impressionnants (500 à la Poulidor, 1500 à la Dufraisse ou l'Ecureuil, jusqu'à 12000 à l'Ardéchoise) de participants de tous âges et de tous les niveaux.
En revanche le vélo utilitaire a quasiment disparu depuis 40 ans. Avec la paralysie de la circulation automobile, des efforts sont faits pour développer le vélo urbain. Après La Rochelle dans les années 70 la ville de Lyon lance actuellement une expérience de prêt gratuit de vélos pour les déplacements dans la ville. Le succès de ces pratiques est très variable.
Pour ce qui est de la compétition, on peut penser que l'activité actuelle va se maintenir en Limousin. Il reste de belles épreuves et nous avons des jeunes coureurs prometteurs comme le nouveau champion du Limousin Sylvain Georges de Mainsat. La pratique de loisir avec une tonalité plus ou moins sportive possède beaucoup d'atouts qu'il s'agisse du VTT ou de la route. Les routes de la campagne limousine sont nombreuses et en bon état. La circulation automobile reste faible et le relief varié peut convenir à des pratiquants de toutes catégories. Le cyclotourisme devrait avoir un bel avenir parallèlement au développement d'un tourisme vert diffus axé sur la nature et le patrimoine. On peut donc penser qu'il y aura des cyclistes sur les routes limousines et qu'ils seront encore pendant longtemps encouragés par des "Vas y Poupou".
Vassivière serait un paradis du tourisme vert qu'il reste à mettre en valeur. Il est vrai que nous avons là un des derniers grands lacs d'Europe occidentale ayant (presque) échappé à l'urbanisation. Pour profiter de cette situation exceptionnelle faut-il construire au cœur même du paradis des ensembles de logements et des équipements touristiques ?
Répondre oui c'est d'abord céder à l'illusion selon laquelle la nature est un bien tombé du ciel que le tourisme n'a plus qu'à cueillir. En fait cette nature, il faut apprendre à la lire, à en discerner les éléments qui intéressent les touristes, à les gérer (préserver et mettre en valeur) et à communiquer à leur propos, bref à organiser une offre de nature. Cela ne faisait pas partie du cahier des charges de l'étude DETENTE. Les collectivités locales et les services de l'Etat se sont rendus compte du manque et ont lancé des réflexions sur ces dimensions (étude paysagère confiée à un grand nom de la profession, etc.). C'est certes positif, mais un supplément d'âme architectural ou paysager et l'utilisation d'énergies renouvelables ne sont pas suffisants pour lever les inquiétudes que suscite le projet DETENTE.
Miser sur un tourisme marchand avec un habitat groupé en bord de lac (résidences de tourisme... ) c'est rentrer dans un jeu de la concurrence où toutes les destinations se battent pour capter une clientèle volatile et versatile, où les investissements les plus récents rendent obsolètes ceux d'hier, obligeant à une fuite en avant dans l'investissement.
Une stratégie de développement du tourisme sur Vassivière et les plateaux devrait d'abord partir de deux constatations simples.
Depuis plus d'une décennie, la fréquentation de l'hexagone par les Français décline : on perd des nuitées. De plus, les Français se refusent obstinément à voir leurs vacances organisées par des marchands de tourisme : presque les deux tiers des nuitées se prennent dans les résidences secondaires, chez les parents ou chez les amis.
C'est la fréquentation étrangère qui sauve la mise, et plus précisément à la campagne celle des pays voisins. Pendant que l'étude DETENTE se focalise sur la création de 2000 lits touristiques en dix ans, moyennant une mobilisation de fonds publics de 25 ou 30 millions d'euros, il a été vendu, pour la seule année dernière, aux étrangers sur les trois départements de l'ordre de 1500 résidences secondaires (soit environ 7500 lits). Même si les hautes terres ne sont pas l'ensemble du Limousin, on est dans un autre ordre de grandeur .
Il ne faut pas tirer de ces constatations l'idée qu'il suffit de laisser faire : le tourisme non marchand en particulier celui des résidences secondaires a besoin d'être accompagné et encadré.
Il faudrait d'abord que nos actions soient en phase avec les désirs de ces clientèles françaises et étrangères que l'on n'a même pas besoin d'aller chercher. S'il est vrai que ce qui attire c'est la nature et le calme, il ne faut peut-être pas construire les pieds dans l'eau mais en retrait dans les bourgs (là où il y a des services).
Il faut aussi gérer l'arrivée de ces clientèles de résidents secondaires. On sait bien ici, depuis les années soixante dix, combien les nouveaux arrivants revitalisent le territoire. On sait aussi que les achats de résidences secondaires font monter les prix et rendent difficile le logement des jeunes du pays (voir l'expérience de l'Alsace ou du Périgord). Une vigoureuse politique du logement doit donc accompagner le développement touristique (lotissements et architectures de qualité en bordure des bourgs) à la fois pour les résidents permanents et secondaires si l'on veut continuer à en accueillir quelques uns quand la dernière ruine aura été réhabilitée.
Éphéméride de Vassivière1946 : Premiers coups de pioches1951 : Premiers kilowatts turbinés1952 : Installation du Touring club de France à Auphelle1954 : Première fête de l'eau organisée par le TCF1957 : Esquisse d'un projet de SITALAC (Syndicat intercommunal pour l'expansion du tourisme et de l'agriculture aux abords des lacs limousins).1960 : Constitution du Groupement d'Urbanisme du lac de Vassivière entre les communes de Faux la Montagne, Royère et St Martin Château en Creuse, Beaumont et Peyrat le Château en Haute Vienne, pour la protection du site et la maîtrise du foncier. Première vidange du lac. 1962 : La commune de Beaumont avait sollicité en 1960 l'appellation : Beaumont-Vassivière. Un décret ministériel lui accordera le nom de Beaumont du lac, et bien que le village de Vassivière soit sur la commune de Beaumont, c'est Royère, six ans plus tard en février 1968, qui deviendra Royère de Vassivière1966 : Naissance du Symiva = Syndicat mixte interdépartemental de Vassivière 1968 : Adhésion de la commune de Gentioux au Symiva 1971 : Deuxième vidange du lac1972 : Lotissement de Nergout1974 : Convention entre l'EDF et le Symiva pour la gestion touristique du lac 1975 : Construction des villages de vacances de Pierrefitte (gestion concédée à LorraineVacances) et de Masgrangeas (Touring club de France) 1977 : Adhésion de la commune de Nedde. Etablissement d'un POS pour tout le territoire du Symiva. Création de la route circum-lacustre. Avec l'intervention du Conservatoire National du Littoral achat de l'île de Vassivière 1979 : Lotissement d'Auphelle1980 : Installation du Symiva dans l'île de Vassivière 1982 : Visite du Président de la République sur l'île de Vassivière 1984 : Création de Radio Vassivière1985 : Adhésion de la Région au Symiva et modification des statuts. Etape contre la montre du tour de France. 1987 : Adhésion de la commune de Feniers. Lancement de la réflexion sur Vassivière 2000. 1990 : Construction de la tour du Centre d'Art contemporain. Etape contre la montre du tour de France 1995 : Etape du tour de France. 3ème Vidange du lac. Création du festival du conte 1996 : Réaménagement des plages et des pontons pour la surélévation du lac d'un mètre. 30ème anniversaire de la création du Symiva, lancement de la Gazette de Vassivière 2001 : Fermeture du village vacances de Masgrangeas 2002 : Parution de la Lettre de Vassivière 2003 : Sous l'effet de la chaleur et de la sécheresse l'EDF rompt son contrat avec le Symiva en baissant le niveau du lac pendant la saison estivale pour assurer le refroidissement des eaux de la Vienne au niveau de la centrale nucléaire de Civaux