SEPOL

  • Comptes et décomptes des oiseaux limousins

    Depuis six ans, la Société pour l’Etude et la Protection des Oiseaux en Limousin (SEPOL) mène une étude sur l’évolution des populations d’oiseaux communs en Limousin (les STOC EPS). Stéphane Morelon, administrateur de la SEPOL, nous présente les premiers résultats. Il attire aussi notre attention sur l’évolution rapide de la forêt sur le Plateau de Millevaches.

     

    verdier europeD’où vous est venue l’idée de réaliser cette étude : les STOC EPS ? 

    Il s’agit d’une étude qui est réalisée par plusieurs pays européens. En France, elle est animée et coordonnée par le Muséum National d’Histoire Naturelle qui nous a sollicités pour que nous soyons un relais à l’échelle du Limousin.

     

    En quoi consiste cette étude ?

    Il s’agit de mesurer l’évolution des espèces dites communes, c’est à dire celles que l’on observe le plus couramment.

    Le principe est de réaliser sur dix points répartis dans un carré de 4 km2 un recensement exhaustif des espèces d’oiseaux présents, pendant 5 minutes sur chaque point. Leur recensement se fait en grande partie par l’écoute et donc au printemps (période où les oiseaux chantent le plus). Chaque volontaire qui souhaite participer au STOC EPS se voit attribuer au hasard, un carré sur lequel il doit réaliser deux passages par printemps, c’est à dire deux fois cinquante minutes d’observation et d’écoute.

     

    Quelle est l’intérêt de cette étude ?

    D’habitude, seules les espèces “patrimoniales“­ comme les rapaces ou d’autres oiseaux assez rares, retiennent l’attention. Et les espèces “communes“ (Merle, Rouge gorge...) sont négligées. Pourtant, il faut bien comprendre que les espèces communes du siècle dernier ne sont plus celles d’aujourd’hui.

    Par exemple, la Rousserolle effarvate qui était commune il y a un siècle sur les étangs est devenue rare en Limousin. A contrario, des espèces peu présentes à la fin du 19éme siècle comme le Serin cini ou le Choucas des tours, sont aujourd’hui très présents. Vous en avez un exemple à Eymoutiers avec la colonie de Choucas que l’on peut entendre et apercevoir en vol autour du clocher. Les merles qui sont très familiers de nos jours et se montrent très à l’aise dans nos jardins, se cantonnaient dans les bois il y a un siècle et semblaient particulièrement farouches.

    Dans le cas du merle, l’introduction des cotoneasters et pyracanthas, couverts de baies en hiver a sûrement joué un rôle crucial.

    L’évolution de la nature ordinaire rend donc elle aussi compte des évolutions du milieu. Et sans doute est-elle un très bon moyen de mesurer l’impact des activités humaines sur l’environnement. 

    Il faut savoir que parmi les 40 indicateurs utilisés par l’Institut Français de l’Environnement pour mesurer la qualité de l’environnement (qualité de l’air, de l’eau, du sol...), seuls les STOC EPS sont retenus pour mesurer la biodiversité.

     

    Roitelet 3 bandeauxQuels sont les premiers résultats obtenus ?

    C’est un outil qui commence juste (six ans), donc plus le temps passera, plus nous aurons de données et plus les résultats seront pertinents. Mais les premières tendances en Limousin sont en phase avec les tendances nationales et surtout avec celles des pays européens qui, pour certains, ont déjà 20 ans de recul sur la pratique des échantillonnages d’oiseaux communs.

    Globalement, nous observons un recul des espèces granivores (Chardonneret élégant, Verdier d’Europe...) et des oiseaux forestiers comme les Mésanges noire et huppée, les Roitelets à triple bandeau et huppé. Parmi celles qui voient leur effectif croître, nous avons les espèces généralistes (Pinson des arbres...) et urbaines (Rouge queue noire...). Une espèce d’oiseau est dite généraliste lorsque nous l’observons communément dans tout type de milieu. Et lorsque nous parlons d’espèces urbaines, il s’agit d’oiseaux surtout présents dans les villes et les villages.

    Une des tendances intéressantes qui se dégage mais pour laquelle nous n’avons pas encore assez de recul, est l’augmentation des espèces des régions chaudes et le recul des espèces des régions froides. De là à faire un parallèle avec le réchauffement climatique, il est trop tôt pour le dire. Le Muséum National d’Histoire Naturelle le valide cependant de manière très forte au niveau national.

    J’invite les personnes intéressées par l’étude que nous menons à se connecter sur notre site internet où elles pourront télécharger la plaquette réalisée en partenariat avec le région Limousin et qui présente l’ensemble des résultats obtenus à ce jour (https://www.limousin-lpo.fr

     

    Est-ce qu’un territoire boisé comme le Plateau de Millevaches est concerné par la baisse des effectifs d’oiseaux forestiers ?

    Nous n’avons pas d’analyse suffisamment fine pour le dire, ni même assez de carrés STOC EPS sur le Plateau de Millevaches pour dégager des tendances à cette échelle. Pour l’heure, les STOC EPS ont pour objectif d’alimenter un observatoire régional des oiseaux communs qui doit donner des tendances à l’échelle de la région et alimenter une étude nationale. 

    Pour ce qui est de la baisse des effectifs des oiseaux forestiers, nous avons informé l’ensemble des structures liées à la forêt (ONF, DRAF, CRPF, CREN, Région, DIREN et LNE) pour leur faire part de nos résultats mais aussi de notre inquiétude sur la disparition programmée des dernières hêtraies sur le plateau de Millevaches. En effet, même si elles n’ont pas de grande valeur économique, elles ont une forte valeur écologique. Elles contribuent aussi à l’identité du plateau, Ne plante-t-on pas des hêtres le long des routes, en vitrine ? Au-delà de la zone de visibilité immédiate on ne leur réserve pas les mêmes égards, mais je sors là du strict cadre ornithologique. Actuellement les dernières hêtraies continuent à être rasées pour laisser la place à de jeunes plantations de douglas plus rentables, pour le moment. Cette disparition des vieux peuplements de hêtre est préoccupante car ce sont des espaces qui jouent un rôle important dans la sauvegarde des espèces “patrimoniales“. Par exemple, en milieu forestier, plus de 50% des nids de rapaces suivis par l’association “le Pic noir” se trouvent dans des hêtres. De même, la présence de la Chouette de Tengmaln qui est une petite chouette forestière et montagnarde assez rare en France, semble liée à la présence de vieux hêtres car elle utilise les anciennes loges de Pic noir qui les creusent dans cette essence.

     

    choucaFace à ce constat, avez-vous des propositions ?

    Le plateau de Millevaches a aujourd’hui un véritable patrimoine forestier. Il est nécessaire de concevoir sa gestion sur du moyen et long terme en s’inspirant des modes de gestions forestières pratiqués dans le Nord-Est de la France, comme dans les Vosges. Pour préserver la richesse environnementale, il faut éviter les modifications trop brusques du milieu donc éviter les coupes à blanc, ne plus concevoir la gestion de la forêt comme celle d’un champ de maïs.

    Pour nous, la solution passe par :

    • la sauvegarde des dernières hêtraies ainsi que les Pins sylvestres épars ;
    • favoriser la diversité des essences dans les boisements, quelques feuillus parmi les douglas ne diminuent pas la rentabilité de la parcelle, au contraire ; 
    • favoriser la régénération naturelle des peuplements : pas de coupes à blanc derrière lesquelles on replante, mais laisser des semenciers même sur des peuplements de douglas. La génétique des arbres du plateau doit le permettre si on en juge par la beauté de leur fût ; 
    • favoriser les îlots de vieillissement : quelques parcelles où se trouvent de vieux arbres et des arbres morts. S’ils n’ont aucune valeur économique, ils représentent un biotope intéressant, une réserve de vie, une concentration de chaînes alimentaires variées. Cette variété des chaînes alimentaires est un facteur de stabilité, une façon douce de réguler les attaques parasitaires. 

     

    Vous pensez que vos propositions pourront s’appliquer face aux enjeux économiques de la forêt ? 

    La DIREN et la région Limousin se sont montrées sensibles à nos propos. Après, bien sûr, notre parole ne pèse rien face aux enjeux économiques. Mais une gestion durable de la forêt n’est pas plus onéreuse que celle pratiquée actuellement. Après une coupe à blanc, il faut désoucher, replanter, nettoyer la parcelle pour que les ronces, sureaux et genêts ne recouvrent pas les jeunes plants. On ne touche d’ailleurs pas les subventions après les plantations si on n’opère pas de la sorte.

    Si davantage de propriétaires pouvaient suivre l’exemple de ceux qui inspirent nos propositions, le plateau de Millevaches pourrait intégrer pleinement la noblesse de sa vocation et de son identité forestière. 

     

    Propos recueillis par Frédéric Thomas

     

    Lexique

    Espèce commune :  espèce que l’on contacte souvent. 
    Biodiversité : littéralement “diversité de la vie”, variété des espèces vivantes. 
    Espèce granivore : espèce qui se nourrit de graines.
    La différence entre espèce généraliste et espèce commune : Parmi les espèces communes se trouvent des espèces généralistes et des spécialistes. Une espèce commune généraliste va pouvoir se développer dans plusieurs milieux (la forêt, le village, le bocage par exemple). Une espèce commune spécialiste ne se rencontre presque uniquement que dans un type de milieu (la forêt de résineux par exemple), mais elle y est alors commune.
    STOC – EPS : Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Echantillonnage Ponctuels Simples.
  • Quoi de neuf du côté des oiseaux en Limousin ?

    Que s’est-il passé chez les oiseaux qui nichent en Limousin depuis 2013, date de publication du dernier Atlas des oiseaux nicheurs de la région ? Face à quelques trop rares bonnes nouvelles concernant la cigogne, le goéland ou l’élianon, répondent des mauvaises pour des espèces aujourd’hui menacées. La LPO du Limousin fait le point sur les hôtes de notre ciel.

     

    Paru en décembre 2013, de dernier Atlas des oiseaux nicheurs du Limousin réalisé par la Société pour l’étude et la protection des oiseaux en Limousin (Sepol) a connu un succès remarquable pour un ouvrage de sciences naturelles de ce poids (et de ce prix) dans une région si peu peuplée (d’humains). Il faisait le point sur l’évolution des populations d’oiseaux, un quart de siècle après le premier atlas réalisé en 1993 par la Sepol et publié chez Lucien Souny. Grâce aux écrits des premiers ornithologues limousins (Joseph Dugenest en Creuse, Alphonse Précigou vers Rochechouart et René d’Abadie en Basse-Marche), il approfondissait aussi l’examen des différences survenues durant la fin du dernier millénaire marqué par un bouleversement des activités humaines et des paysages, en Limousin plus qu’en beaucoup d’autres lieux.

     

    cigogne

    Nid de Cigogne blanche occupé depuis 2016 tout près de l’étang de Landes (“Les Canadis“, Lussat -23). Le premier en Limousin.
    Photo de Gabriel Dubois sur “Faune Limousin.eu“

     

    “Faune Limousin“ : un atlas permanent

    Le temps des oiseaux ne s’est pas arrêté depuis lors ; celui des ornithologues, de leurs structures et de leurs techniques d’étude non plus. La Sepol est devenue la LPO (Ligue de protection des oiseaux) du Limousin (IPNS y a fait allusion) et l'ensemble des associations d’étude et de protection des espèces animales ont adopté un outil de collecte et de partage des données déjà en usage dans bien d’autres régions et qui s’est, depuis, généralisé à tout le pays (et à quelques autres autour). “Faune-limousin.eu“, inauguré en mars 2016, a connu un engouement réel. Avec plus de 2 300 contributeurs et contributrices (dont plus de 920 résidents en Limousin et beaucoup de membres de la diaspora, visiteurs d’été et des longs week-ends), le site voit, en ce printemps, remonter 1 000 observations quotidiennes dont plus des trois quarts concernent les oiseaux. On peut donc considérer « Faune Limousin »  comme une sorte d’atlas permanent, alimenté en temps réel par les naturalistes qui y déposent aussi leurs photographies, des notes comportementales et des appréciations sur ce qu’ils observent. C’est sur cette base qu’une première mise au point sur les évolutions perceptibles ces cinq dernières années peut être présentée. 

     

    Trois nouveaux hôtes 

    Trois nouvelles espèces s’y sont reproduites pour la première fois (à notre connaissance et avec le recul que nous avons) : la cigogne blanche, le goéland leucophée et l'élanion blanc.

    Comme on l’espérait depuis sa mise en réserve naturelle nationale, c’est l’étang des Landes, propriété du département de la Creuse, sur la commune de Lussat, qu’a choisi la cigogne blanche en avril 2016. Mais, aux magnifiques plates-formes proposées à son intention dans le cadre d’une coopération avec EDF, le jeune couple d’arrivants a préféré un vieil arbre mort au sommet duquel il a installé sa très volumineuse construction en ossature bois. Depuis, il y est fidèle et, en trois couvées, 10 petits cigogneaux ont déjà pris leur envol !    

    elanion blancL’arrivée du goéland  leucophée non plus, n’a pas été une grosse surprise… Déjà connu sur des lacs de barrages auvergnats et séjournant de façon prolongée sur les nôtres, ce goéland était à notre Méditerranée ce que l’argenté était à l’Atlantique : la “mouette“ habituelle des touristes, celle qui crie fort, chaparde nos restes et escorte les pêcheurs. Le premier se distingue du second par ses pattes jaunes (et non roses) et un gris plus intense. Il a aussi une plus grande tendance à aller explorer les eaux continentales, et à s’y installer ! C’est donc ce qu’il a fait sur l’étang des Landes (encore !), sur des  éboulis rocheux de la vallée de la Dordogne (en Corrèze) et sur le lac de Vassivière. Pour le moment cependant, ces premières tentatives ne semblent pas avoir été couronnées de succès…

    L’élanion blanc était attendu également mais son implantation semble assez fulgurante. Ce magnifique petit rapace aux yeux rubis, d’origine africaine, a longtemps limité son implantation européenne à des zones agricoles d’Estrémadure et du proche Portugal. Puis, durant les années 1990, il a franchi les Pyrénées et occupé le bassin de l’Adour où plusieurs dizaines de couples se reproduisent régulièrement. C’est probablement à partir de ce bastion que des pionniers sont partis vers le nord et s’y sont plu. Il faut bien dire que l’élanion n’est pas exigeant : son penchant coupable pour les zones à maïs, les bocages démantelés et la proximité des grosses stabulations lui ouvre des perspectives ! Mais il est tellement beau à voir quand il plane les ailes relevées, comme un petit avion de papier, et quand il guette le campagnol en vol géostationnaire (comme disent les rétifs au “Saint-Esprit“). Les observations limousines se multiplient, même si les indices de nidification demeurent cantonnés aux confins du Poitou.

    Qu’ont en commun ces trois nouveaux, à part leur couleur blanche ? Ce sont des prédateurs ou des charognards peu spécialisés, qui consomment des espèces communes et nourrissantes ou profitent de nos déchets. Ils ne craignent pas notre proximité et la protection légale dont ils bénéficient depuis quelques décennies a stimulé ces bonnes dispositions.

     

    Des espèces confortées

    goelandCe dernier aspect, l’arrêt du tir et du piégeage, a aussi été décisif pour d’autres oiseaux qui ont vu ces dernières années leurs populations augmenter ou se stabiliser. Pour les hérons, les cormorans et beaucoup de rapaces notre influence (très) limitante était directe et a longtemps maintenu les populations à un niveau si bas qu’on était habitué à ne pas les voir et même à trouver ça normal. Et donc, leur retour ne peut découler, dans l’esprit de beaucoup, que de réintroductions, forcément irresponsables...  Cela ne concerne pas que les oiseaux…

     

    Mais il est difficile d’admettre que des activités humaines aussi anciennes et “proches de la nature“ que l’agriculture et l’élevage puissent aujourd’hui conduire ou contribuer à des bouleversements importants des milieux et à des disparitions d’espèces qui avaient progressé avec elles au cours de millénaires de lente évolution… Le XXe siècle avait d’abord vu la disparition des bécassines des marais qui nichaient assez communément dans les prairies humides. Ce furent ensuite, à partir des années 1960, les deux perdrix, grises et rouges, qui désertèrent les campagnes où elles n’existent plus qu’à coups de lâchers annuels des sociétés de chasse.  

     

    Quelques disparitions...

    Depuis le dernier atlas, l’effacement des derniers couples nicheurs du tarier des prés s’est malheureusement confirmé. Adepte exclusif des vastes prairies naturelles fauchées ou pâturées tardivement, très riches en diversité florale et en insectes, ce grand migrateur a progressivement été chassé des plaines, puis des collines, pour être aujourd’hui confiné à la haute montagne et aux toundras nordiques. Il a connu le même sort que son cousin le traquet motteux adepte des rochers et des murets au sein de vastes espaces ouverts, naturels ou peu exploités, disparu de Millevaches entre les deux atlas et toujours pas retrouvé depuis. Lui aussi ne trouve plus guère qu’en montagne les milieux qui lui conviennent.

     

    tarier
    Aucune reproduction du Tarier des prés, encore considéré nicheur dans l’Atlas des oiseaux du Limousin, n’a plus été découverte ces dernières années. 

    Il peut cependant encore être observé chez nous lors de ses étapes migratoires en avril-mai et août-septembre.  

     

    Pour ces deux-là, encore présents chez nos voisins d’Auvergne mais en nette baisse là-bas aussi, tout est compliqué… Aux modifications drastiques ou plus légères de leurs milieux de vie chez nous s’ajoutent les dangers d’une migration au long cours qui les conduit d’août à octobre au sud du Sahara. Traditionnellement chassés sur le pourtour méditerranéen (le motteux n’est autre que le “cul-blanc“ des romans de Marcel Pagnol), ces deux oiseaux (et bien d’autres) y font désormais l’objet d’une capture carrément industrielle, avec des dizaines de kilomètres de filets tendus à l’automne sur le bord des plages, d’Égypte principalement. Ils finissent ensuite en brochettes dans les restaurants du Caire et d’ailleurs. Les images de ce carnage faites par des ornithologues allemands sont pathétiques.

     

    Des espèces menacées

    C’est probablement bien dans ce cortège d’oiseaux attachés aux espaces agropastoraux traditionnels que sont à attendre les prochaines disparitions d’espèces nidificatrices en Corrèze, Creuse et Haute-Vienne dans les années qui viennent. Qui sera le suivant ? Attesté comme nicheur sur de dernier atlas, le vanneau huppé a déjà déserté les tourbières et bords d’étangs de Millevaches et des Hautes-Combrailles ; il subsiste encore sur quelques coins de la Marche et du Bas-Berry, mais pour combien de temps ? Avec toujours ce même penchant malencontreux pour les campagnes “d’avant“, la désormais célèbre pie-grièche grise et l’anodin pipit farlouse semblent aussi assez mal barrés. Des mesures a priori favorables pour eux sont pourtant mises en place avec les agriculteurs qui s’occupent des zones où ils subsistent. Mais, tout autour, les pratiques s’intensifient, parfois insensiblement, plus souvent de façon nette et font de leurs bastions de précaires îlots au milieu de prairies d'un vert pétant fauchées de plus en plus tôt, et du maïs qui grimpe de plus en plus haut. La carte de leur répartition régionale depuis 2013 a continué de se restreindre de façon inquiétante. Ce rétrécissement continu concerne aussi le moineau friquet qui n’a toujours pas inversé la courbe de son déclin.

     

    carte pipit farlouse

     Ces 4 cartes illustrent l’évolution de l’aire de distribution du Pipit farlouse en période de reproduction. De gauche à droite, celles des atlas de 1993 et 2013, issues de Wnat.fr, puis celle  issue de Faune-Limousin.eu en 2019 et enfin celle de Faune France en 2019. Le Pipit farlouse a pâti de la raréfaction des grandes zones humides ouvertes, des landes et pelouses à fort degré de naturalité. Une telle évolution s’est  produite chez plusieurs autres espèces disparues du Limousin en tant que nicheuses.

     

    Guy Labidoire

    LPO Limousin