Cesam-Oxalis

  • Cesam-Oxalis - Des entrepreneurs autonomes dans un cadre collectif

    Certains lecteurs s’en souviennent sans doute : dans le N°12 d’IPNS nous avions présenté Cesam et son projet de créer sur le territoire une coopérative d’entrepreneurs- salariés. C’est désormais chose faite : la coopérative Cesam-Oxalis est née en octobre 2006 et s’est installée à Eymoutiers dans les locaux de la SCI Chemin faisant. Retour sur cette nouvelle forme d’entreprendre, son fonctionnement, ses valeurs et les personnes qui les portent.

     

    Cheminement(s)

    activiteCesam-Oxalis est une coopérative d’activités et d’emploi (CAE, voir fonctionnement ci-dessous) née de la rencontre de deux “bonnes fées” œuvrant dans l’Education Populaire : le Réseau d’acteurs de la Montagne Limousine, qui apporte sa connaissance du territoire, et la coopérative Oxalis (basée en Savoie), partenaire technique précieux par sa longue expérience. Depuis 2003, le Réseau d’acteurs est régulièrement sollicité sur la question de la création d’activités sur le Plateau, des besoins des porteurs de projet et de leurs difficultés : isolement des créateurs dans leur montage de projet ou leur recherche de débouchés commerciaux ; besoin de trouver des solutions pour travailler en pluriactivité ou gérer des activités saisonnières ; trouver un équilibre entre travail et vie personnelle.

    Fin 2004, le Réseau d’acteurs organise autour de ces questions une journée d’information sur le thème des coopératives d’emploi, et invite alors Oxalis à venir présenter son expérience et son mode de fonctionnement devant une cinquantaine de personnes rassemblées au Villard. L’engouement est immédiat : un groupe d’une vingtaine de personnes (porteurs de projet, personnes ressources du Réseau) se forme dans la foulée pour réfléchir à la mise en place d’une telle structure sur le territoire.

    En juin 2005, ce groupe prend la forme d’une association, baptisée Cesam, dont l’objectif est de préfigurer le lancement d’une coopérative d’entrepreneurs- salariés, obtenant alors le soutien financier du Fonds Social Européen et de la Fondation de France. Cette phase de préfiguration permet à Cesam de souder un noyau collectif d’entrepreneurs autour du projet ; elle permet également de construire avec Oxalis la future coopérative (formations, transfert de compétences et d’outils), sous la forme d’un établissement secondaire disposant d’une large autonomie en local. Elle permet enfin de créer des liens avec un grand nombre de partenaires de la région : en juillet 2006, le tour de table de lancement de Cesam- Oxalis en rassemble 10, dont 2 qui acceptent de financer son démarrage : le Conseil régional (au titre de l’Economie solidaire) et la Direction régionale du Travail. La mue entre la forme associative et la forme coopérative peut alors s’achever : l’établissement Cesam-Oxalis voit le jour le 2 octobre 2006.

     

    Diversité des entrepreneurs

    Pour mieux comprendre ce qu’est Cesam, le plus simple est de regarder les personnes qui en font partie et la font vivre. Au 1er février 2007, elles sont au nombre de 10 : 9 entrepreneurs (certains sont salariés, d’autres en phase de démarrage en CAPE, Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise), et un permanent (l’auteur de ces lignes) pour l’accompagnement et l’animation de la vie coopérative.

    Côté activités on trouve de tout : il y a pas mal d’artisans (tailleur de pierre sculpteur, créateur de mobilier en châtaignier, accompagnateur en écoauto- construction, boulangère à l’ancienne, textilerie créative) mais aussi un graphiste-créateur de sites internet, un designer en vérandas, un vendeur de bonbons sur marchés et une coiffeuse à domicile. Artisanat, vente ambulante, services à la personne, services aux entreprises et collectivités sont les principales activités que peut accueillir Cesam. Ce n’est pas le cas des métiers liés au bâtiment à cause de la garantie décennale ; seule solution : rejoindre la CAE Espace des Bâtisseurs à Limoges, spécialisée dans ces activités.

     

    cesam oxalis

     

    Côté géographique, les entrepreneurs de Cesam restent pour l’instant assez centrés sur la Montagne limousine (Peyrat, Bugeat, St Moreil, bureau à Eymoutiers) mais d’autres se trouvent un peu partout en Limousin (autour de Limoges, de La Souterraine ou en Combraille), voire même au sud de l’Indre. En fait la coopérative a vocation à rayonner sur l’échelle de toute la région Limousin, mais pas plus, la distance entre entrepreneurs devenant un frein à l’implication collective.

     

    Des valeurs partagées

    Mais au-delà de la proximité géographique, c’est l’importance des liens d’affinité entre entrepreneurs, et les valeurs partagées, qui permettent de comprendre cette envie d’être dans Cesam : entraide et convivialité, esprit de coopération, envie de travailler et de vivre autrement en lien avec son territoire, rencontre d’autres personnes d’activités proches... ou très éloignées. Pour être autonome mais sans être isolé. Pour être accompagné, sécurisé, tout en étant responsable. Pour vivre de son activité économique tout en choisissant son rythme entre vie personnelle et activité professionnelle.

    Le principe de mixité est fortement ancré dans Cesam-Oxalis : mixité économique entre activités en démarrage et déjà développées, à temps complet et à temps partiel ; mixité territoriale entre projets ruraux et urbains ; mixité sociale par l’origine et les parcours de vie des entrepreneurs, ou par leur âge.

    A la vue de ces valeurs, rien d’étonnant alors à ce que Cesam-Oxalis ait décidé, dès sa création, de devenir membre de l’association De fil en réseaux, et qu’elle participe activement aux actions et dynamiques locales : questions de l’accompagnement et de l’accueil ; collectif de créateurs (artisans d’art et artistes) ; organisation de la journée EDORA du 2 février.

    La vocation de Cesam-Oxalis est aujourd’hui de pouvoir grandir, et rassembler de nombreux autres créateurs d’activités du Limousin qui partagent ces valeurs et cette envie d’entreprendre en collectif. C’est une question économique de taille critique, afin de se rapprocher peu à peu de l’autofinancement des activités et de conserver son autonomie vis-à-vis des financeurs publics. C’est aussi une question citoyenne de participation à une forme autre, différente, de développement local en milieu rural : celle qui se situe au croisement des envies portées par les créateurs de dynamique et des besoins, présents et émergents, du territoire, mais en s’appuyant d’abord sur la personne et son projet. Histoire de rappeler que l’économie, sous son apparence trompeuse de froide rationalité, appartient à la famille des Sciences humaines... et même, à nos yeux, éminemment humaines !

     

    Christophe Bellec
    http://www.cesam.oxalis-scop.fr/

     

    Qu’est-ce qu’une Coopérative d’Activités et d’Emploi ?

    Cesam-Oxalis fait partie des coopératives d’activité et d’emploi (CAE), des structures du mouvement des SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production) qui permettent à des entrepreneurs individuels de tester leur création d’activité dans un cadre collectif et sécurisé, en étant à la fois entrepreneur (sur le plan économique) et salarié (sur le plan juridique). Certaines CAE se concentrent sur une fonction de couveuse, se contentant d’accompagner des créateurs jusqu’à l’immatriculation de leur “petite entreprise”. D’autres (comme Cesam-Oxalis) s’attachent à rassembler des créateurs qui, dès la phase de test, ont envie d’entreprendre en collectif et de développer ensemble dans la CAE leur activité dans la durée, en devenant entrepreneurs-salariés.
    Une coopérative comme Cesam-Oxalis, c’est tout d’abord un espace qui permet aux entrepreneurs de mutualiser certaines fonctions classiques de l’entreprise (compta, gestion administrative, juridique), assurées par des permanents pour l’ensemble des entrepreneurs : ils peuvent ainsi se concentrer sur la production et la vente de leurs produits ou prestations. La coopérative assure également l’accompagnement collectif et individuel des entrepreneurs, l’entraide par la multiplication des échanges entre eux au travers de l’animation d’une vie coopérative. Les entrepreneurs financent ces missions partagées grâce à une contribution coopérative prélevée sur leur activité.
    Cette dynamique solidaire renforce les chances de réussite de chacun en pariant sur l’intelligence collective. Elle se développe tout en respectant l’autonomie de chaque entrepreneur sur son projet : il reste son propre “patron” sur la mise en oeuvre pratique de son activité, la coopérative se contentant de les accompagner (mais sans les assister). L’originalité de Cesam vient du double projet porté par chaque entrepreneur : son projet personnel, et le projet collectif porté par la structure. Chacun en est un acteur direct et participe de manière démocratique aux réflexions et aux décisions collectives sur le fonctionnement et le développement de “sa” coopérative, à la fois de Cesam-Oxalis en Limousin mais aussi d’Oxalis dans son ensemble. Ce partage des droits et avantages, mais aussi des devoirs et des risques, place chacun dans une attitude responsable, concrétisée par le fait que chaque entrepreneur-salarié doit devenir sociétaire, et prendre des parts au capital social, au bout de 3 années maximum.
  • Des coopérateurs en apprentissage, la petite histoire

    Fernand Leger les constructeursA l'occasion de rencontres avec des porteurs de projets, de journées d'échanges (notamment aux rencontres du pôle d’accueil, d’action et de formation), la question du statut est très souvent évoquée quand on est en démarche de création et d'installation surtout pour les pluriactifs.

    En novembre 2002, trois personnes du réseau d'acteurs de la montagne limousine participent à un colloque sur les Coopératives d'emploi et d'activités organisé par COOPEA (réseau de Comparatives d'emploi et d'activité) et l'Union Régionale des Sociétés coopératives de production (SCOP) de Rhône-Alpes. Elles en font une restitution à la Forêt Belleville devant 30 personnes. Beaucoup de gens semblaient intéressés, découvrant une structure pouvant correspondre à leur problème de statut, leur envie de se lancer doucement et de pouvoir travailler avec d'autres.

    Cette possibilité a continué à faire sa place dans les têtes, à interroger les uns et les autres. En mars 2004, un groupe de porteurs de projets dans l'artisanat sollicite le Réseau pour approfondir cette éventualité. Le groupe rencontre alors Xavier Lucien (formateur dans une association d'aide à la création d'activité : D'ASA), qui est en phase de création d'une Coopérative en Haute Loire. Au terme de la rencontre tous sont convaincus qu'une Coopérative pouvait répondre aux besoins et envies des différents porteurs de projets. Mais le frein principal demeure la lenteur et la difficulté de la mise en place d'une telle structure. En effet, les personnes ont déjà leur propre projet à mettre en place et ne peuvent pas porter seules la création d'une coopérative.

    Le 27 novembre 2004, le réseau d'acteurs décide de faire intervenir Béatrice Poncin et Alain Oriot de la COOP OXALIS en Savoie. Ils nous ont fait bénéficier d'informations concrètes à partir de leur expérience de plus de dix ans. Le succès de cette journée a relancé une dynamique sur le sujet. Une cinquantaine de personnes étaient présentes, ce qui témoigne du réel intérêt pour de nouvelles formes de création d'emploi sur le territoire. Elle a renforcé l'envie de création d'une telle structure sur le plateau parce qu'elle correspond aux besoins des créateurs (collectif, pluriactivité, statut, test,…). A la fin de la rencontre, une vingtaine de personnes se proposent de poursuivre la démarche afin de créer une Coopérative d'emploi et d'activité sur le Plateau de Millevaches !

     

    Un groupe "coop d'emploi"

    Depuis la rencontre de novembre 2004 ce petit groupe s'est retrouvé une fois par mois. Il est composé de porteurs de projets (majorité du groupe) essentiellement sur l'artisanat (mais pas seulement). S'y retrouvent aussi des représentants associatifs du Réseau d'acteurs et des individus. Tous sont intéressés par la coopérative parce qu'ils ont besoin d'un statut qui corresponde vraiment à leur activité, mais aussi parce qu'il leur semble important qu'ils y ait ce genre de structure sur le territoire si nous voulons qu'il accueille des projets et qu'il reste vivant. C'est aussi pour la plupart une envie de réfléchir sur leur relation au travail et imaginer une autre façon d'entreprendre.

    Ce n'est pas si évident de faire partie d'un projet qui nous engage vraiment avec des gens qu'on ne connaît pas ! Alors il faut apprendre à se connaître. A l'occasion de nos rencontres mensuelles de week-ends nous avons pris le temps d'écouter les projets des uns et des autres. Ce sont des moments super agréables où l'on se laisse bercer par les passions des autres. Ce sont aussi des temps d'apprentissage car chaque activité a ses secrets, son vocabulaire, son histoire. Nous découvrons des métiers.

    Ce sont aussi des moments d'accompagnement pour la personne et son projet car les questions, remarques, conseils du groupe provoquent forcément du changement.

     

    Création de l'association CESAM

    Ce petit groupe réfléchi aussi à la mise en place de la structure. Il s'avère que certains sont pressés pour adopter ce statut d'entrepreneur salarié. Mais créer une structure demande du temps. En suivant nos réflexions Béatrice Poncin, nous propose son partenariat en créant une antenne d'Oxalis sur le plateau. Cette idée nous satisfait vraiment, car elle permet d'envisager les choses par étapes. Oxalis nous donne un cadre pour démarrer doucement, prendre le temps de se former à l'animation de la vie coopérative, et de créer une structure indépendante lorsque nous serons prêts. Le parrainage d'Oxalis est vraiment très précieux pour ce projet .

    Le collectif a décidé en mai 2005 de créer une association CESAM :

    • pour permettre la mise en place d'une Coopérative d'emploi et d'activité sur la montagne limousine.
    • pour stimuler et accompagner la création d'activité.
    • pour favoriser la mutualisation des moyens nécessaires à ces créations.

    Cette association va donc être le support de l'antenne d'Oxalis. Toute la gestion comptable se fera par Oxalis, et CESAM animera la vie coopérative sur le Plateau. La mise en route de l'antenne est prévue pour septembre 2005.

    Une journée d'information collective sur le projet a été organisée le 23 juin 2005 au Villard dans le but de présenter la démarche du collectif porteur de l'initiative et de rencontrer de nouvelles personnes ayant envie de participer à ce projet.

     

    Claire Moreau

     

    Qu'est-ce qu'une Coopérative d'Emploi et d'Activité ?

    " Les coopératives d'emploi et d'activité sont des entreprises relevant du statut “coopérative de production”. Elles constituent un cadre économique, juridique et social permettant l'exercice volontaire d'activités diverses en commun, dans l'objectif de les pérenniser et de permettre aux personnes qui les exercent d'accéder essentiellement a un statut de salarié entrepreneur associé de la coopérative." (Extrait de la charte du Réseau COPEA)

    L'insertion économique est l'une des facettes de la coopérative sous le vocable "Coopérative d'Activité"
    La coopérative fournit un environnement, un accompagnement et un statut à des personnes susceptibles de créer leur propre activité économique, pour définir et tester leur projet. Elle accueille et accompagne les candidats à la création d'activité dès la première ébauche de leur projet. Ils disposent pour cela, dès leur intégration, des conseils nécessaires ainsi que d'un soutien logistique minimum au démarrage.

    La coopérative leur permet :
    - de définir leur projet (produits, clients, commercialisation, réglementation et organisation).
    - d'effectuer les premières démarches commerciales (réalisation de plaquettes, démarchage…) et donc de vérifier l'accueil par le marché.
    - de réaliser les premiers contrats obtenus.

    N'ayant pas à franchir le pas de la création d'entreprise, le porteur de projet peut ainsi, à moindre risques, tester son projet en se confrontant au marché dans des conditions réelles de concurrence et d'exercice de son activité.
    L'inscription dans la durée est l'autre des facettes de la Coopérative sous le vocable "Coopérative d'Emploi".
    La coopérative est une structure juridique, sociale, et commerciale, permettant l'intégration d'activités économiques en donnant aux créateurs un cadre salarial et logistique. Elle propose une solution collective et une alternative à la création d'entreprise, en accompagnant les porteurs de projets dans leur démarche et leur parcours, et en leur permettant de s'affranchir des contraintes administratives et logistiques qu'ils ont souvent de la peine à appréhender.

    Le porteur de projet, "entrepreneur salarié"
    - évite les risques et minimise les coûts de la création d'entreprise.
    - est déchargé des contraintes administratives.
    - dispose des conseils des responsables de la coopérative.
    - dispose d'une structure logistique adaptée à ses besoins.
    - à la possibilité de mutualiser des moyens matériels, des expériences, des marchés.
    - bénéficie des avantages liés au statut de salarié (protection sociale, retraite, renouvellement des droits, ASSEDIC…).

    L'entrepreneur-salarié devient associé de la coopérative, dans le cadre des statuts des sociétés coopératives de production.

    Source : Béatrice Poncin : Salariés sans patrons. Editions du Croquant animatrice de Vasijeunes
  • Entreprendre collectivement

    Le vendredi 2 février 2006 s’est déroulé à Eymoutiers une importante rencontre autour du thème Entreprendre autrement en milieu rural ou quand la société civile porte des projets. Organisée par le réseau d’acteurs de la Montagne limousine et ses partenaires du programme européen EDORA (Dispositif ouvert de ressources et d’accompagnement de projets d’activités en milieu rural), cette journée a réuni environ 150 personnes venant d’horizons assez divers mais intervenant tous plus ou moins dans l’accueil.

    Parmi les expériences présentées, beaucoup s’inscrivaient dans des démarches collectives, où des individus se réunissent dans un projet commun et le plus souvent dans une dynamique coopérative : faire ensemble pour qu’individuellement chacun puisse mieux s’en sortir et dans un cadre d’échanges et de mutualisations des outils mis en place.

    Nous présentons ici deux initiatives qui témoignent de cette façon d’entreprendre : La SCI Chemin faisant... et la Coopérative d’entrepreneurs salariés CESAM-Oxalis à Eymoutiers. Une autre initiative, nationale celle-là, Terre de Liens, propose un nouveau mode d’acquisition du foncier pour l’installation de projets agricoles, en cherchant une alternative à la propriété individuelle qui oblige à l’endettement chaque nouvelle génération qui s’installe.

    Une autre initiative, Terrains de vie, recherche de son côté des terrains pour installer des habitats éphémères ou mobiles.

    Pour terminer ce dossier nous avons donné la parole à Jean Pierre Laigneau qui, prenant sa retraite, a cherché à transmettre son activité à de nouveaux installés sur le territoire : quand une cession individuelle rejoint une démarche plus collective.

     

    L’urbanisation grignote les terres agricoles, le nombre de fermes diminue, le prix du foncier flambe. La pression foncière est telle que la terre devient inaccessible pour qui veut s’installer. Pourtant, les activités agricoles et rurales sont nécessaires à la vie des territoires. Terre de Liens met en place des actions pour faciliter l’accès au foncier.

     

    terre de liensTerre de Liens, un accès collectif et solidaire au foncier

    A l’origine

    Association nationale créée en 2003, Terre de Liens est issue d’un travail mené par un ensemble d’acteurs du milieu rural qui s’est penché sur la problématique foncière. Constatant que le foncier est un véritable frein aux installations agricoles et agri-rurales, ce groupe de travail a analysé différents outils juridiques possibles pour acquérir collectivement du foncier, dans un but de solidarité envers les producteurs. Terre de Liens a été constituée pour répondre aux besoins d’accompagnement dans la création et la gestion de ces structures collectives et pour apporter des solutions financières alternatives à l’endettement.

     

    Un accompagnement pour les projets d’accès collectif et solidaire

    Terre de Liens accompagne et conseille les démarches collectives d’acquisition de foncier (société civile immobilière, groupement foncier agricole, association) dans leur structuration méthodologique, financière et juridique.

    L’association présente en Rhône-Alpes, Ile-de- France, Picardie, Bretagne, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, intervient aussi en tant qu’animateur sur la question de l’accès au foncier (recensement des démarches collectives, mise en réseau, mobilisation de partenaires, formation et information).

     

    Des outils de finance solidaire

    L’association vient de créer la Foncière Terre de Liens, société d’investissement solidaire. Cet outil, à l’usage de toutes personnes souhaitant faire sortir le patrimoine foncier rural des mécanismes spéculatifs du marché, permet de collecter de l’épargne destinée à soutenir des projets d’installation. Ce soutien se traduit par l’acquisition de terres et de bâtiments dont elle conserve la gestion à long terme.

    La Fondation Terre de Liens, en cours de création, permettra de recueillir des dons de biens immobiliers, de valeurs mobilières et d’argent. Cette structure aura pour but de maintenir sur le long terme des fermes et de permettre ainsi à des projets de territoires de s’exprimer. Les dons en espèces permettront, via la Foncière, d’acquérir de nouveaux biens et de prendre part au capital de structures collectives locales.

    Ces outils d’envergure nationale sont une réponse aux difficultés de financement que rencontrent les porteurs de projet.

    Leur objectif est de sortir du marché spéculatif des fermes et des terres qui deviendront le support de projets respectant les valeurs de Terre de Liens.

     

    Une charte pour fixer un cadre éthique

    Pour fixer le cadre éthique et politique de son intervention, Terre de Liens s’est dotée d’une charte qui pose des principes concernant l’usage du foncier et les projets d’installation à soutenir (agriculture durable, activités culturelles, artisanales, etc), le lien et la solidarité entre acteurs et la gestion collective du territoire.

     

    Il est ainsi possible de prendre part à des projets dynamisant les territoires et favorisant les liens de solidarité pour que la terre ne soit plus un frein à l’installation et pour que l’avenir d’une agriculture vivante, respectueuse de l’Homme et de la Terre, ne soit pas compromis.

     

    Lorane Verpillot

     

    Terrains de vie

    yourteFace à la crise du logement dont l'actualité récente a remontré l'acuité, une association nationale, Halèm (association des habitants de logements éphémères ou mobiles) cherche à faire reconnaître l'égalité de droits de tous les citoyens quels que soient leurs choix de mode de vie et d'habitat, en l’occurrence pour cette association le choix d'un habitat mobile.
    La décence et l'acceptabilité du logement mobile ou éphémère dépendent en grande partie du terrain sur lequel il est situé, et vu la rareté et la cherté du foncier qui se prête a l'aménagement de terrains permettant l'installation des caravanes constituant l'habitat permanent de leurs utilisateurs, l'association cherche à créer, a titre expérimental, des "terrains de vie"
    Ces terrains de vie peuvent remplir une fonction de (ré)insertion de publics parfois très éloignés de l'emploi, de logement de personnes défavorisées, de repeuplement de campagnes en voie de désertification...
    Des contrats d'objectifs pourraient porter, par exemple, sur l'entretien du paysage : nettoyage des sous-bois, entretien des chemins, fosses etc. Le "sauvetage" de terrains agricoles en déprise, voire des projets culturels ou économiques peuvent être envisagés en fonction des caractéristiques des environs et des options des habitants.
    Analogues aux terrains familiaux, mais conçus sur la base d'un aménagement réversible, sans éléments en dur ni artificialisation du sol, autonomes par rapport aux réseaux d'assainissement, EDF, eau. etc, les terrains de vie seraient installés et gérés en harmonie avec leur environnement tant naturel qu'humain sur des terrains non constructibles.
    Halèm recherche donc des propositions de vente ou de mise a disposition a long terme (bail emphytéotique) sur des terrains, a priori de 1 à 3 hectares, pour pouvoir envisager des "hameaux" de 10 a 20 foyers avec assez de terrain pour créer des structures collectives (salle commune, place de marché, halle...) pouvant abriter une vie sociale et des évènements attirant un public extérieur, mais aussi une agriculture vivrière, voire des micro-activités.
    Des zones de taillis entourées de bois plus ou moins clairsemés, une propriété abandonnée ou en friche, des terres agricoles morcelées ou en déprise pas trop éloignées d'un bourg (1 ou 2 km), à l'exclusion de tout terrain inondable ou présentant d'autres risques spécifiques, suffisamment éloignés de lignes de chemin de fer, routes de grande circulation ou d'autres sources identifiées de pollution pourraient se prêter à ce type de réalisations. 
  • Trophée de l'accueil, deux ans après !

    carte reseauLors de la foire à l'installation : Projet en campagne 2005, le Réseau d'acteur de la Montagne Limousine obtenait le prix Martine Mauléon, qui récompense les initiatives innovantes en terme d'accueil sur les territoires ruraux de France. 2 ans après, alors que la 4ème foire à l'installation ouvre ses portes à Limoges les 1er et 2 juin 2007, qu'en est-il de cette initiative Limousine ?

     

    En juin 2005, le Réseau d'acteurs de la Montagne Limousine, alors primé, est un collectif informel réunissant 7 structures - associations et entreprises du plateau de Millevaches réparties sur les trois départements du Limousin - autour de thématiques liées à l'accueil de nouvelles populations et à l'accompagnement de porteurs de dynamiques.

    Issue d'un terreau local vivant et multiple, le collectif s'inscrit depuis 2003 dans un partenariat national appelé DORA (Dispositif Ouvert de Ressources et d'Accompagnement de projets de création d'activité en milieu rural / Programme Européen Equal). Ce partenariat regroupe différentes associations à but non lucratif, impliquées sur le terrain du développement des territoires ruraux via l'accompagnement, le soutien, le conseil et/ou la mise en réseau de porteurs de projet d'installation. Au niveau régional, le collectif entame un dialogue serein et constructif avec le service Accueil du Conseil Régional qui conduira à un partenariat solide et pérenne. Le cheminement conjoint de ces deux démarches guide le Réseau d'acteurs de la Montagne Limousine vers une structuration et une professionnalisation progressive. La création d'un poste de coordination, la formalisation d'outils d'animation du territoire, d'espaces de travail collectif et de rendez-vous réguliers catalysent autant d'actions concrètes sur lesquelles l'obtention du trophée Martine Mauléon mettra un coup de projecteur. Pour autant il souligne aussi le besoin de lisibilité et de visibilité dont souffre le collectif et accélère donc ce chantier en cours.

    Dans les mois qui suivent, le collectif décide la création de l'association "De fil en réseaux". Elle devrait soulager ses membres actifs (personnes morales) des contraintes techniques, juridiques et financières liées aux actions menées ensemble. Mais surtout, elle devient un interlocuteur visible et permet un ralliement formel à un objet commun.

    Dans ses statuts, l'association précise : " animer et coordonner les dynamiques d'accueil et de soutien aux projets, impulsées par les associations, entreprises et forces vives agissant sur la Montagne Limousine, se reconnaissant de l'économie sociale et solidaire. Elle facilitera la mise en oeuvre du partenariat entre ses acteurs sur des actions communes. Elle pourra se doter de tout moyen d'action et d'intervention favorisant :

    • l'accueil et l'accompagnement de tout individu ou groupe souhaitant découvrir ou s'installer sur le territoire,
    • la communication et l'information entre les acteurs et citoyens du territoire,
    • l'entraide, la mutualisation et la création d'outils communs…,
    • la mise en lien entre associations, entreprises et autres forces vives du territoire, en se fondant sur une démarche coopérative, mutualiste, solidaire et d'action collective."

    foire installation accueil 01À l'heure actuelle, les membres actifs sont les 7 membres historiques du collectif : les associations Les Plateaux Limousins, Solidarité Millevaches, Contrechamps, VASI Jeunes, le MRJC Limousin, le GAEC Champs Libres, la SAPO Ambiance Bois. Deux autres structures se sont ralliées à l'aventure en tant que membres associés : la SCOP SA Cesam-Oxalis et l'association Pivoine.

    Afin de faire partager ses valeurs et manières de faire, le collectif participe dès 2006 à des formations en direction des agents de développement des collectivités territoriales auvergnates. Puis, dans l'idée de prolonger cette volonté localement, le Réseau d'acteurs propose le 2 février 2007 une rencontre comportant un volet grand public et un volet de dialogue entre professionnel de la création d'activités.

    En effet, lors de la journée " Entreprendre autrement en milieu rural, ou quand la société civile porte des projets ", la conférence de présentation des travaux et recherches effectuées dans le cadre du partenariat DORA, ainsi que leurs applications locales, est le prétexte aux dialogues initiés en ateliers. La rencontre mobilise 150 participants du Limousin et d'ailleurs. L'inauguration du bâtiment de la SCI Chemin Faisant à Eymoutiers (qui héberge désormais : Cesam-Oxalis, Le Monde allant vers, Accueil Paysan…), donne une interprétation concrète des débats de la journée. Franc succès : convivialité et public sont au rendez-vous !.

    foire installation accueil 02Récemment interpellé au sujet du prochain contrat de parc 2007-2013, le Réseau d'acteurs se surprend à nouveau à rêver au devenir du Parc Naturel Régional de Millevaches, et tente de faire remonter les propositions que les habitants du territoire portent avec lui. La promesse d'ouverture de réunions participatives - mises en place en direction des élus - réjouit dès à présent les associations proches de "De fil en réseaux" pour qui la démocratie directe est une notion chère, vivante et capitale. Aujourd'hui, présents à la foire à l'installation 2007 sous l'étiquette commune de "Réseau d'Accueil Limousin", le Service Accueil du Conseil Régional, les Pôles Locaux d'Accueil et le Réseau d'acteurs confirment leur engagement partagé. Dans le cadre des ateliers-débats publics qui se déroulent durant Projet en campagne, " De fil en réseaux " réaffirme les valeurs et pratiques qu'il partage avec le partenariat DORA.

    L'association "De fil en réseaux" coordonne les actions menées par les membres du Réseau d'acteurs de la Montagne Limousine ; des moyens humains et des outils qui vont dans le sens d'un maillage de territoire et d'une attention forte portée à celui-ci, alliant forces vives et connaissance de son histoire et de ses acteurs.

    • En interne, les thématiques liées à l'accueil et à la création d'activité donnent lieu à des commissions de travail, par exemple à propos " des pratiques d'accompagnement " ou " de la notion de test " et des moyens de le pratiquer.
    • Des outils réguliers de mise en liens entretiennent la vitalité des relations entre individus : les apéros de réseau - tous les premiers vendredis du mois à la rencontre d'un hôte et de son environnement géographique et humain - la lettre d'info qui récapitule les actualités, événements, petites annonces et opportunité du moment - les chantiers d'entraide ou chantiers solidaires, coups de pouce ponctuels à un projet ou une situation - les journée de formation ou d'information, rencontres thématiques sur la création d'activités, la compréhension du logement social…- les événements inter associatifs, souvent festifs comme la foire aux énergies.
    • En externe, les groupes de travail réunissent les publics concernés (élus, institutionnels, professionnels, habitants et nouveaux venus) autour de thématiques transversales.

    apero reseauC'est ainsi qu'un groupe de travail sur la création d'activité donne naissance en 2005 à l'association CESAM puis à la coopérative d'entrepreneurs-salariés Cesam-Oxalis ; ou que le croisement de différents artisans créateurs du plateau de Millevaches sur la problématique de la commercialisation de leurs œuvres, s'associeront autour de l'Épicerie d'art.

    Autre thématique transversale chère au Réseau d'acteurs : logement/habitat/foncier… un vaste programme auquel le groupe logement apporte une première réponse en tentant le pari de participer à la réalisation d'un éco-quartier à Faux la Montagne. Pourtant le temps presse et les gens d'ici ou d'ailleurs cherche un toit. Pas de quoi résider sur le territoire pour une immersion locale afin de s'essayer, alors s'inventent les logements passerelles. Envie de construire, alors allons voir et échanger avec ceux qui l'ont fait, ainsi débute le répertoire des éco et auto constructeurs.

    En termes d'envie et de responsabilité par rapport à l'environnement qu'ils habitent, les membres du Réseau d'acteurs ne manquent pas d'idées. Ces perspectives ont d'ores et déjà conduis les membres de l'association " De fil en réseaux " à embaucher une deuxième personne pour la coordination de ces actions et à porter un troisième poste sur le projet spécifique du groupe logement…

    En tant que composantes d'un territoire riche en acteurs et initiatives nouvelles, l'association y évolue selon le principe qu'un réseau est la somme des relations potentielles qui existent entre les acteurs, mais ne sont palpables que lors d'actions menées en communs. " De fil en réseaux " souhaite continuer à être un interlocuteur attentif et réactif aux rencontres qui détermineront les projets de demain.