Ali Mimoun Ould Kacha est né le 1er janvier 1921 dans la région d’Oran, en Algérie, alors sous domination française. Il a très jeune une volonté farouche de s’intégrer à la société française. « Indigène », fils d’un ouvrier agricole et d’une tisserande, ce bon élève (« Certif » avec mention bien) ne peut accéder à l’École normale, réservée aux enfants de colons. Ne pouvant devenir instituteur comme l’aurait souhaité sa mère, il lui reste l’armée qui accueille plus facilement les jeunes Algériens que l’administration coloniale. « Je rêvais de la France devant des cartes de géographie… Je voulais la connaître comme on a le désir d’une belle fille. Ses couleurs inspiraient chacune de mes actions. Le seul moyen de la rejoindre, c’était l’armée. »
Dès 1939, à 18 ans, il s’engage dans un régiment de tirailleurs algériens. Il participe aux combats sur le front belge en 1939-1940, en première ligne et dans des conditions terribles, comme c’est le cas pour beaucoup de coloniaux. Après la débâcle, il intègre comme démineur le 19e régiment du génie d’Alger. Il participe aux effroyables combats de l’hiver 1942-1943 contre l’Afrika Korps de Rommel, notamment à la bataille d’El Guettar : « Nous étions équipés comme des loqueteux. Le froid, le froid… On couchait dans des tranchées, on se grattait et on était envahi de scorpions. On s’équipait avec ce qu’on prenait sur les Allemands. Ce n’est pas connu ce qu’on a fait là-bas ! » Il montre un courage et une volonté d’acier. Il participe aux combats d’Italie de 1943, sous les ordres de Juin : « Là, j’ai vu l’enfer. » Blessé au pied à Monte Cassino, un chirurgien de l’hôpital (dévasté) de Naples le sauve de l’amputation. Il participe encore au débarquement de Provence en 1944, Marseille, les Vosges, le Rhin et l’Allemagne où il prendra part à la dislocation des dernières unités de l’Axe.
Ce qui l’a marqué, c’est le sort des hommes, des « troufions », des petits. Quatre soldats font exploser une mine lors d’un bivouac : « Quatre petits Français qui étaient allés se battre pour la France, qui étaient passés par l’Espagne, par l’Afrique du Nord, par l’Italie, pour débarquer sur une plage de Provence et mourir là, en réchauffant leur gamelle… J’en pleure. » Mais chez lui, nulle haine de l’autre : « Sur le Rhin, à Spire, il y avait des prisonniers allemands qu’on ramenait dans des barges… Ce n’était pas des SS… Ils n’avaient pas de gilet de sauvetage et les barges, prises dans le courant, ont chaviré… Tous noyés… Ça m’a marqué, ces pauvres soldats alors que pour eux la guerre était finie. »
Il sera démobilisé en 1946. Mais l’armée française n’est guère reconnaissante avec ses « enfants » des colonies. Alors qu’il aurait pu prétendre à être officier s’il avait été « français », il n’obtiendra que le grade de caporal. Il s’installera à Paris, avenue Simon Bolivar (XIXe), dans un modeste deux pièces. Il sera plus de dix ans garçon de café. C’est pour lui, déjà, « une chance», lui qui n’est encore pour beaucoup qu’un « bicot ». Il fait franciser son prénom en Alain. Sa brutale carrière militaire ne lui aura apporté que douleurs et blessures. Cependant, elle lui fit découvrir ce qui sera le cœur de sa vie : le sport, et en particulier la course à pied.
Il découvre l’athlétisme dès 1939, à Bourg-en-Bresse où le président du club local, Henri Villard, lui conseille le demi-fond. Il remporte l’année même le titre de champion départemental de l’Ain sur 1 500 m, inaugurant ainsi un palmarès encore à ce jour inégalé. Il se met également au cross-country, dont il remporte le championnat d’Afrique du nord en 1942. Sa volonté farouche l’entraîne vers les distances longues, 5 000 et 10 000 m principalement.
Pour lui, jamais de repos. Ce sont les chemins boueux des cross l’hiver, les routes des courses de village et la cendrée des pistes l’été. Mimoun allait dominer le fond français pendant deux décennies, mais il tomba vite sur un « couac » au niveau international. Dès 1947, il rencontre le coureur tchèque Emile Zatopek, un athlète surdoué. Aux JO, aux championnats d’Europe, il fut un éternel et glorieux second. Il cumule tout de même trois médailles d’argent en deux olympiades (1948 et 1952). Ces courses deviennent vite des duels, toujours à l’avantage du Tchèque, qu’il ne battit qu’une fois, à Melbourne. Il parlera d’« une bataille de dix ans », de « combats de titans », « Dieu me l’a donné celui là », « il m’a fabriqué », « personne ne peut battre Zatopek, il est trop fort pour nous ». Ils se bagarraient littéralement en course, jusqu’aux coups de coudes, mais tombaient immanquablement dans les bras l’un de l’autre une fois la ligne franchie.
Au strict niveau athlétique, Mimoun n’est pas, contrairement à Zatopek, un coureur élégant. Son style est rugueux, chaotique, sa foulée courte. Il court le bassin très bas et son visage est souvent déformé par l’effort. Son endurance, sa capacité à tenir des trains redoutables et son obstination paient et paieront longtemps. Le 1er décembre 1956, Mimoun devient champion olympique du marathon sous le soleil de plomb de Melbourne (plus de 35 °C à l’ombre, c'est-à-dire près de 50 en plein soleil !). Il succède, à 35 ans, à son ami Emile Zatopek, vainqueur en 1952, et à son compatriote Ahmed Boughéra El Ouafi, premier athlète africain à remporter ce titre en 1928, à Amsterdam et qu’il fit réhabiliter. Cette course est un moment d’histoire de l’athlétisme. À une époque où le sport est encore peu médiatisé, ses contemporains seront marqués par son foulard et son dossard n°13. À mi-course il est en tête, Zatopek est en méforme, ses adversaires exténués. Personne ne prendra plus le relais. Il termine seul les vingt derniers kilomètres et s’adjuge le titre dans le temps de 2 h 25. Malgré son âge il défendra son titre à Rome en 1960, où il a vu avec bonheur gagner Abebe Bikila, qu’il admirait. Il a été titré 32 fois champion de France (record toujours valide) du 5 000 et du 10 000 m, du marathon et de cross-country. Il continua la compétition au niveau national très tard, à plus de 50 ans. Malgré sa longévité, il ne fit jamais pâle figure même face à des athlètes bien plus jeunes (il détient encore les records vétérans des 5 000 et 10000 m). En 1979, à 59 ans, il s’aligne encore au marathon de Paris, qu’il termine vaillamment.
L’amitié qui unit Mimoun et Zatopek est si l’on peut dire une des plus belles images de la Guerre Froide, de celles qui sont mises en avant. Deux fils « de peu », deux militaires (mais Zatopek était colonel). Zatopek le communiste et Mimoun le gaulliste. C’est d’ailleurs bien plus qu’une amitié ; Mimoun dira de lui qu’il était son « frère ».
Son titre olympique fait s’envoler sa notoriété. Il devient vite un homme respecté et admiré de tous. Quand les gens croisaient un coureur ou un cycliste, on entendait immanquablement un « Allez Mimoun ! », comme plus tard on criera des « Allez Poupou ! ». Un champion populaire, comme le sera Colette Besson, la « petite sœur des Français », qu’il adorait. Il détient un autre record, qui n’a rien de sportif celui-ci. Il a reçu les quatre ordres de la Légion d’honneur, de quatre présidents de la République différents : René Coty, Georges Pompidou, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
Depuis la fin de la guerre, Mimoun est un fervent gaulliste, même sous la IVe République, quand le Général n’a guère le vent en poupe. Il l’admira toujours et sans aucune hypocrisie ni carriérisme. Pour lui, de Gaulle, c’était la Libération et aussi, peut-être surtout, celui qui sut mettre fin à l’effroyable guerre d’Algérie, qui fut une guerre de libération mais aussi un combat fratricide. Puis ce fut Chirac, qu’il rencontra fréquemment en Corrèze. Mais, là encore, aucun sectarisme chez lui. En 1974, alors qu’il est en train de courir au parc de Vincennes avec une demi-douzaine d’athlètes, il aperçoit Georges Marchais qui promène son chien. Il trottine alors vers lui et se met au garde-à-vous : « Je me mets au garde-à-vous… C’est dans la peau ça… C’est du respect pour des personnages comme lui… » Marchais semble impressionné et flatté. « Je suis content de vous saluer monsieur Marchais ! Politiquement, on n’est pas du même bord, mais moi je vous aime bien ! » Mimoun était quelqu’un de très protocolaire, pour lui, Marchais, plus que le dirigeant du PCF, c’est le député, un représentant de la nation. Il lui dit alors : « Mais Mimoun, qu’importe que nous ne soyons pas du même bord ! C’est vous la France. » Pour lui c’était plus qu’un compliment, une reconnaissance de ce qu’il était, de cette vie qu’il s’est construite, par l’effort, par le courage, par la persévérance.
Il s’est toujours voulu français, a toujours voulu adhérer à la « Nation France » et il disait joliment : « la France, cette si belle fiancée. » Contemporain de la lutte des Algériens pour leur indépendance, il ne prit jamais parti. Il considérait l’Algérie comme sa patrie de cœur, même si ses positions politiques le rendirent persona non grata sur l’autre rive. Il était désolé de voir ses « frères » et les Français se déchirer. Une de ses sœurs était d’ailleurs mariée avec un virulent militant parisien du FLN. Il n'est revenu sur sa terre natale qu'une seule fois, en 1988, pour voir une dernière fois sa mère. Pour lui, l'attachement à la France prit plusieurs formes : son engagement comme soldat, sa fierté de porter le maillot de l’équipe de France (il fut 86 fois international, encore un record inégalé), sa conversion au catholicisme en 1955 qui était tout sauf hypocrite. Paradoxalement, il ne devint réellement Français qu’en 1963, ce fut son choix. Ses papiers portant jusqu’à cette date la mention : « ressortissant d’Algérie résidant en France ». Il aurait légalement pu être Algérien. Il devient Français par choix.
Sa notoriété lui permet de lancer la création d’un centre d’entraînement sportif national à Bugeat, remarquable équipement sportif pour la région avec une piste de 400 m en synthétique dans l’air pur et presque montagneux du Plateau (le stade se nomme maintenant : « Espace 1000 sources Alain Mimoun »). S’il choisit Bugeat c’est parce que sa femme en est originaire, mais aussi parce que l’air et le paysage lui rappellent la Finlande où il allait fréquemment s’entraîner. On ne compte plus les rues, les écoles et surtout les stades portant son nom (une centaine !). Décédé le 27 juin 2013, il a eu droit à un hommage national. Son cercueil fut exposé aux Invalides. Le président en exercice – corrézien d’adoption comme lui – fit un discours en l’honneur du « caporal Alain Mimoun », ce qu’il aurait aimé entendre. Il est inhumé dans une chapelle du cimetière de Bugeat où il repose au côté de sa femme.
Si vous êtes de fidèles lecteurs d’IPNS, vous pourrez constater que le terme de « Montagne Limousine » se substitue de plus en plus au terme de « Plateau ». Vous remarquerez aussi que certains auteurs les utilisent indifféremment. C’est Jean-François Vignaud, de l’IEO, (Institut d'études occitanes) qui a le mieux fait la part des choses à mon sens. Son article dans notre n° 28 (1) évoque « la montanha », et parle à propos du Plateau de Millevaches d’un « mythe toponymique ». Ce texte a très exactement 10 ans, mais évidemment, depuis, rien n’a changé, sauf … (un peu) les mots. On y apprend que la Montagne est de loin le terme le plus ancien. Ainsi, un panneau destiné aux visiteurs du Pont Saint Etienne à Limoges, nous indique-t-il ceci : (au Moyen-Age) « Ici, au Port du Naveix, on déchargeait le bois flotté, venu de la Montagne » (c’est-à dire par la Vienne, la Maulde, la Combade).
Le terme a ensuite été utilisé depuis «belle lurette» par les historiens et les géographes, qui ne sont pas des plaisantins. Définir très précisément notre Montagne Limousine est assez facile, c’est une affaire de critères. Les premiers sont purement géographiques : relief, altitude, climat, nature des sols, richesses en cours d’eau, végétation. L’altitude n’est pas un critère suffisant, ni même absolu. Selon les auteurs, on tracera une carte des zones supérieures à 500 ou 600 m, cette dernière carte étant évidemment plus réduite. Certains élus parlent de ces altitudes avec un petit air de se moquer tout de même, montrant du doigt « un autre monde », sauvage et inculte (les habitants bien sûr !), comme s’ils avaient quelque supériorité à vivre hors de la montagne. La chose amusante est que ce même secteur a bel et bien été une « vraie » montagne, comme les Alpes, assise sur les roches les plus anciennes de la Terre, ici la famille des granites.
Mais c’était il y a 500 millions d’années. Et les millions d’années, ça use. Le relief est bien aujourd’hui celui d’un plateau (tiens, tiens), incliné doucement vers l’ouest depuis l’Auvergne, mais aussi vers le nord et le sud, à partir des hauteurs formant la ligne de partage des eaux. Ce, ou plutôt CES plateaux, sont largement entaillés par les vallées des nombreux cours d’eau, ce qui fait que - circulant dans la Montagne - on passe d’un plateau à l’autre, après avoir descendu puis remonté (les cyclistes connaissent bien ces dénivelés). Là, le climat – dit de moyenne montagne – est plus rude, plus froid (90 jours de gel par an en moyenne) plus humide (nettement plus de neige, et pluviométrie supérieure à 1000 mm). Ne parle-t-on pas de la limite pluie-neige, à environ 500 m ? Avec des paysages et une végétation en conséquence. On évoquera ici les terres peuplées de hêtres, (voir tous les lieux nommés en Faye, Faux) qui se substituent peu à peu vers l’est aux zones à châtaigniers (Chassagne-at). Le chêne est par contre partout chez lui, quand il en reste. Plus de landes, de nombreuses tourbières, voici une autre marque.
Et la forêt dans tout ça ? Il est admis que jusqu’aux environs des années 30, elle n’occupait guère plus de 10 %, contre aujourd’hui 60, chiffres variables selon les secteurs toutefois. La lande à bruyères régnait donc, et les prairies dans les fonds. Il suffit de se reporter aux vieilles cartes postales, avec leurs sommets dénudés. Aujourd’hui, une bruyère n’y reconnaîtrait pas ses petits. Et pourtant, la Montagne a été longtemps une zone extrêmement boisée. Voici ce qu’en disait en 1936 un géographe limousin célèbre, Aimé Perpillou (élève d’Albert Demangeon, cf IPNS n° 66 ) :« souvent la lande, au lieu d’être une formation végétale originale, n’était qu’une formation dérivée, créée par l’homme aux dépens de la forêt. On avait abattu les arbres pour avoir de la terre cultivée, mais le sol s’était épuisé et le paysan avait abandonné ces «champs froids». Graminées, genêts, ajoncs, bruyères avaient pris possession du terrain »
Voilà donc une idée reçue battue en brèche. A une date reculée – vers la fin du Moyen Àge – notre région était déjà couverte de forêts, mais de feuillus exclusivement. Par l’action de l’homme, la lande avait ensuite remplacé la forêt.
L’Etat soucieux d’aménagement – ne riez pas ! - s’est intéressé à la notion de montagne depuis une cinquantaine d’années, avec la création de la DATAR *. On a pu constater comment notre Montagne Limousine a pu évoluer grâce à cette brillante prise de conscience : gestion de la forêt, des services publics, des transports, … coupes rases tous azimuts ; merci pour l’attention. Je rappelle cependant ceci : c’est bien d’après une synthèse des critères naturels et humains que l’Etat a classé certaines communes en « zone de MONTAGNE ». Il suffit de se rendre sur un site gouvernemental – par exemple L’observatoire des territoires – pour reconnaître la pertinence du terme. Pour beaucoup d’élus, cela n’a d’autre forme qu’une tirelire, assez maigre d’ailleurs.
Autrement dit, une usine à gaz.
Un tel classement a cependant un intérêt qui est de mettre les aspects économiques au cœur de la définition : prééminence de l’élevage (remarquez le % ovins-bovins depuis le cœur vers la périphérie), importance de la sylviculture, et du tourisme. Il n’y manque plus que le cannabis thérapeutique et les grands festivals : la culture chez les ploucs , doit-on penser dans les DRAC ** et autres !
Les critères socio-culturels me semblent tout aussi pertinents. Si les animateurs de la Fête de la Montagne limousine ont choisi ce terme, plutôt que celui de «plateau», il doit bien y avoir une (bonne) raison. J’oserais dire qu’il existe désormais (depuis au moins deux décennies) une « civilisation de la Montagne », qui a la particularité d’associer les richesses de deux cultures, qu’on appelle pour simplifier celle des « natifs » et des « néos », synthèse pas encore vraiment aboutie, mais on peut toujours rêver. N’en déplaise aux grincheux (suivez mon regard).
N’oublions pas les critères historiques : importance, durant des siècles, du travail migratoire saisonnier : les maçons, les scieurs de long, et les … nourrices. Nature des clochers (clochers-murs), et prédominance de l’ardoise, déchristianisation précoce (voir le % d’enterrements civils), esprit rebelle, prégnance des idées «de gauche»,... tout çà est cartographié, et je suis sûr que les naturalistes pourraient encore en rajouter. Vous remarquerez que le loup est attendu, plutôt des dédommagements pécuniaires, plus que redouté. Et chez les écolos ? nombreux dans (et pas sur) notre Montagne : la vieille envie de faire de « notre » Montagne une poubelle nucléaire semble en sommeil ! Mais gare ! On vient, ou on reste, ici pour être peinard. Et pas pour voir déferler les bagnoles, les vedettes du show bizz, et autre animaux consommateurs de verdure, à deux pattes.
Cela vaut-il la peine d’aller plus loin ? Beaucoup de lecteurs vont dire « mais votre définition, c’est exactement le plateau ! » Eh bien, non, c’est beaucoup plus compliqué que ça. La Montagne Limousine constitue seulement le cœur des Plateaux limousins. Suite au prochain numéro.
** DRAC : direction régionale des affaires culturelles.
L’usine à pellets de Bugeat-Viam ne se fera pas. Une bonne nouvelle pour le Plateau comme l’expliquent les associations environnementales qui avaient lutté contre : « Le projet CIBV d’usine à pellets était un projet mort-né, médiocre sur le plan technique et industriel, et irrationnel sur les plans économiques et écologiques. » Cet abandon laisse amers certains élus qui s’étaient engagés dans le soutien inconditionnel à CIBV et qui, maintenant, cherchent à faire porter l’échec du projet à ceux qui ont dénoncé son aberration. « Ces mêmes responsables, poursuit le communiqué de victoire des associations, ont accordé une confiance déraisonnable au promoteur du projet, alors que celui-ci, dès la première heure, était abandonné par ses partenaires industriels puis financiers, et dont les talents d’entrepreneur auront simplement réussi à placer en redressement judiciaire la SOMIVAL, maison mère de CIBV, et à accumuler les dettes. » En se retirant du projet, la Caisse des dépôts et sa Banque des territoires, principal investisseur public du projet, a de fait clairement indiqué qu’elle ne faisait plus confiance dans l’industriel, Monsieur Gaudriot.
https://nonalamontagnepellets.fr
Rattachée à la Villedieu, la ferme des Bordes est rachetée en 1966 par une société appartenant à un riche maçon creusois émigré à Lyon, Pierre-Eugène Pitance, dans le but d’être plantée en résineux. Peu à peu, des forêts résineuses s’emparent du paysage et enferment la vieille ferme. Dix années plus tard, durant l’hiver 1976-1977, se monte le groupement « Vivre dans la Montagne limousine » (VDLML). L’association regroupe la plupart des néoruraux de la région, en majorité soixante-huitards, ainsi que « des agriculteurs du cru ». Pierre Desroziers, enseignant à Gentioux originaire de Dordogne, qui deviendra maire de Gentioux-Pigerolles au début des années 1980, est l’organisateur de la manifestation des Bordes. Il l’est au titre de militant occitaniste du groupe « Volèm viure al país », groupe peu à peu dissous dans la plateforme VDLML dont Jean-Jacques Peyrissaguet, naturaliste et ornithologue originaire du Nord de la Creuse, qui s’installe en 1973 sur le Plateau pour se reconvertir dans l’agriculture, en est le président.
C’est dans un café de la Villedieu, le café La Maria, un lieu réputé dans la région pour son lien avec la Résistance durant la guerre d’Algérie, que l’association projette de manifester à la ferme des Bordes.
Ainsi le 15 mai 1977, ce sont près de cinq cents personnes qui se mobilisent aux Bordes, afin de marcher sur la ferme à l’abandon qui menace d’être recouverte de sapins. Les participants sont pour la plupart des néoruraux soixante-huitards pleins de « la vigueur de la jeunesse » selon la presse locale. Jean-Jacques Peyrissaguet rapporte également la présence de militants communistes, maoïstes ou encore libertaires venus de Felletin ou de Limoges, tandis que la presse de l’époque notera la présence de figures politiques locales aux côtés de « la jeunesse », de « ceux qui ont le cœur occitan et écologique » ou de « ceux qui aiment le pays ». Quant à la présence des agriculteurs locaux, si elle est anecdotique, certains participent à la lutte contre l’enrésinement par le biais de pétitions ou d’adhésion aux associations.
Les revendications brandies par le mouvement mêlent des perspectives sociales, politiques et écologiques. Ainsi sont dénoncés le « bradage » et le « cumul des terres » au profit de propriétaires non résidents, car cela implique l’absence de création d’emploi et de richesse au niveau local ainsi que l’accaparement des meilleures terres. En effet, « il faut rendre aux agriculteurs les terres détournées », déclare Pierre Desroziers dans Le Populaire du Centre au lendemain de la marche. De même, la dégradation de la qualité des sols est au centre des arguments des manifestants qui plaident en faveur du développement économique du Plateau et du soutien à l’agriculture-élevage. Aussi la pétition exige-t-elle que « les pouvoirs publics mettent tout en œuvre pour que cessent les plantations de résineux, [et] que celles-ci soient déplantées pour que les fermes telles que celles des Bordes puissent être remises en culture ». En demandant de déplanter les résineux, les manifestants expriment une volonté de retour à un système rural autrefois prédominant sur le Plateau. À ce titre, le fait que la manifestation contre l’enrésinement se tienne devant une ancienne ferme est symboliquement fort : on manifeste pour que l’agriculture, les traditions, les paysages ouverts ne soient pas, eux-aussi, une histoire ancienne.
Finalement, avec la marche des Bordes, agriculteurs du cru et néo-ruraux se découvrent un point de convergence autour de la question de la valorisation de l’activité agricole, nourricière et locale ; celle-ci permet de porter une critique environnementale du productivisme forestier, opposant l’agriculture à la culture de résineux comme deux scénarios divergents pour l’avenir du territoire.
Ailleurs sur le Plateau, d’autres manifestations prennent naissance contre l’enrésinement. Par exemple, en novembre 1979, une mobilisation a lieu pour empêcher la destruction d’un hameau et ainsi enrayer le processus d’enrésinement impulsé par une société civile parisienne. Pourquoi détruire ces maisons et qui en sont les commanditaires ?
Cette histoire commence en 1967 lorsque la Société civile immobilière foncière et forestière de Chanteloube (SCIFFC), basée à Fontenay-aux-Roses, ville de proche banlieue parisienne, achète une soixantaine d’hectares, au milieu desquels se trouve le hameau de Chanteloube, dans le but d’enrésiner toute cette surface. « À l’époque, selon la SAFER, ladite société civile n’a […] aucun mal à acquérir ces terres car il n’y [a] pas […] d’autres demandeurs. » Une déclaration qui fait écho aux inégalités sociales présentes sur le Plateau.
Afin d’enrésiner complètement ces terres, la dirigeante de la SCIFFC, Jeanne Lavirotte, résidant dans le 16ème arrondissement de Paris, sollicite au mois de mars 1979 l’autorisation de démolir les bâtiments du hameau de Chanteloube. Elle obtient le 27 mars 1979 l’aval du directeur départemental de l’équipement dans la mesure où « la démolition des bâtiments en cause n’[est] pas soumise à une autorisation administrative ». Mais ce projet de destruction soulève « l’indignation dans tout le pays » selon Limousin Magazine. En réaction à cette annonce, deux néoruraux de l’époque commencent à habiter les bâtiments de Chanteloube de manière illégale, et une pétition circule dans tout le village.
Puis, informés que la société fixe au 5 novembre 1979 l’envoi de bulldozers sur place, des habitants lancent aussitôt un appel à la mobilisation. Parmi les quarante à cinquante personnes qui répondent à l’appel, « le maire de Soubrebost et une partie de son conseil municipal, des jeunes ayant tenté le retour à la terre dans la région, quelques paysans du cru et deux squatters qui habit[ent] depuis peu les maisons abandonnées » sont présents.
Mais le 5 novembre, les bulldozers ne viennent pas. Peut-être le bruit de ces manifestations est-il parvenu à importuner un haut représentant de l’État. En effet, une semaine après la mobilisation, le préfet demande des informations à ses services à propos de la SCIFFC. Il est informé que le prêt obtenu par la société est garanti par une hypothèque portant sur l’ensemble de ces terrains. Par conséquent, les bâtiments de Chanteloube ne peuvent pas être démolis sans que cette hypothèque fasse l’objet d’une procédure de main levée. C’est une petite victoire pour Soubrebost.
Finalement, les contestations qui ont lieu sur le plateau de Millevaches contribuent à faire de l’enrésinement un problème public majeur poussant à l’intervention de l’État. Ce dernier décide en effet de mettre en place le zonage agriculture/forêt. Cet outil participatif, visant à distinguer les terres à vocation agricole des terres à vocation forestière et à les réglementer, est relativement bien accepté par les forestiers et les agriculteurs de la région. Les opposants entrent ainsi dans une phase descendante du cycle des mobilisations : la « débridée » décennie 1970 est révolue, la crise agricole rappelle les agriculteurs à leur profession et la gauche arrive au pouvoir.
Pourtant un nouveau cycle de protestations émerge au cours des dix dernières années, ouvrant ainsi un nouveau chapitre au livre des mobilisations du plateau de Millevaches. En effet, l’annonce du projet d’usine à pellets CIBV (Carbon Ingen’R Bugeat Viam) à Bugeat agit comme un « détonateur» qui éveille la population locale et réveille une lutte vieille d’un demi-siècle. Dans le but de produire 45 000 tonnes de pellets torréfiés par an, cette usine prévoit de transformer 113 000 tonnes de rémanents par an dans un rayon de 80 km autour du site, ignorant les effets dévastateurs sur la fertilisation naturelle des sols et repoussant encore et toujours le seuil d’exploitabilité du vivant. Outre ses effets néfastes sur la qualité du sol, c’est la finalité du projet qui est critiquée : les pellets sont destinés à remplacer le charbon des centrales thermiques de la Compagnie parisienne de chauffage. Ils serviraient ainsi à alimenter la ville de Saint-Ouen, à 600 kilomètres du Plateau. Pourtant, là où les militants dénoncent une absurdité écologique, les industriels et l’État préfèrent y voir une transition énergétique.
À l’instar de l’association VDLML créée à l’occasion de la marche des Bordes, une nouvelle association environnementale est montée en réaction au mégaprojet de Bugeat : l’association « Non à la montagne pellet », aux côtés de Corrèze environnement, de Sources et rivières du Limousin et du collectif Biomasse critique. Les mobilisations sont alors plurielles et prennent diverses formes : des défilés funèbres, l’occupation des lieux, la création d’une page facebook et d’un site internet, des recours au tribunal administratif, la mise en place du plan « Vigie-pellet » ou encore les « Rencontres de la forêt », sont autant de formes de mobilisations pour lutter contre la « prédation forestière ».
Dans la continuité des revendications cinquantenaires, les préoccupations sont à la fois sociales et environnementales. Cependant, ici on ne lutte plus contre la forêt mais contre la « forêt industrielle », ces monocultures de résineux destinées à s’agrandir pour alimenter l’usine.
« Non à la montagne pellet » dénonce également « le prélèvement des souches et rémanents ou le défrichement de parcelles à l’abandon » car ils sont « une menace pour les sols et pour la diversité du vivant, ainsi que pour tous les emplois qui sont liés à la préservation de ceux-ci ». De plus, après avoir épluché l’étude d’impact du projet, les associations dénoncent une étude aveugle au territoire compris dans les 80 km de rayons autour de l’usine ; seules sont prises en compte les communes de Bugeat et de Viam. Elles démontent également l’argument de la transition énergétique écologique promouvant le remplacement du charbon par la biomasse : « Les émissions de CO2 liées à la production industrielle de la biomasse […] ajoutées à celles de sa combustion ne changent rien aux émissions globales de carbone. » Si transition il y a, elle n’est certainement pas écologique.
En dépit de ces contre-arguments, en 2018, la préfecture valide le projet d’usine à pellets en déclarant que les idées qui opposent l’industriel et certains habitants d’une part, et les associations environnementales d’autre part peuvent et doivent réussir à « cohabiter ». Une subtile notion qui n’est pas sans rappeler le zonage agriculture/forêt. L’histoire se répète : la démocratie est le remède à tous les maux. Mais dans « cohabitation », il y a aussi l’idée de division. D’aucuns diront que le territoire est partagé entre les pro-pellets et les anti-projet d’usine. En effet, les médias, les élus et les porteurs du projet contribuent à diviser la population de Haute-Corrèze en deux camps, et ce faisant, déplacent la controverse (ne parlait-on pas de dégradation durable de l’environnement ?). En outre, après avoir caricaturé les propos et revendications des associations environnementales, ils lui opposent l’éternel argument d’une industrie « génératrice d’emploi », alors qu’elle mettrait en péril une vingtaine d’emplois au moins dans le voisinage ou au sein de la filière bois.
Enfin, en décembre 2019, on assiste à un nouveau retentissement dans l’affaire CIBV : les principaux promoteurs se retirent. Pour le collectif, le retrait des promoteurs est symptomatique d’un projet « mort-né ». Un argument majeur que les associations mobilisent dans un ultime recours devant le tribunal administratif de Limoges afin d’obtenir « un coup d’arrêt définitif » au projet.
Cette histoire est un pan de l’histoire contestataire de la Montagne limousine. Une Montagne qui bien qu’elle soit prétendument éloignée de tout, n’est pas épargnée par les desseins productivistes des gros propriétaires et sociétés à la course au profit. Si ces derniers méprisent ou ignorent l’écologie sociale et environnementale et le fragile équilibre dont elle dépend, les manifestants des années 1970 tout comme les militants d’aujourd’hui sont là pour le leur rappeler. Le contexte de 1970 était sans doute moins favorable à une inflexion du processus d’enrésinement, le Plateau étant déjà bien boisé. En revanche, ces dernières années, les contestations émergent alors que l’usine n’est qu’en phase de projet. L’usine n’existe pas, alors tout est possible. C’est ce que nous montrent les associations environnementales mobilisées : en protestant contre le projet CIBV dès son annonce, elles cherchent un dénouement heureux et sans dégradation des sols.
L’avalanche des projets de centrales d’aérogénérateurs industriels et l’opacité dans laquelle ils sont mis en œuvre a de quoi sidérer n’importe quel·le habitant·e de la Montagne limousine. Et ces dernier·ères n’ont pas fini de se mobiliser pour, déjà, juste avoir accès à ce qui se trame près de chez elles et eux, et tâcher de comprendre qui décide de ces implantations. Y a-t-il un plan général quelque part ? Pourquoi maintenant et si massivement ? Et ensuite : va-t-il y avoir le temps de réfléchir un minimum à leur pertinence avant de se retrouver au milieu d’un semis géant de machines de plus de 100 m de haut ?
Plusieurs mouvements, à différentes échelles, conduisent à la multiplication des projets sur les trois départements limousins. Le premier est celui de l’impulsion européenne et nationale donnée à la production d’énergie d’origine éolienne. Dernier en date, le plan pluriannuel de l’énergie d’Emmanuel Macron (avril 2018) prévoit un doublement de la puissance éolienne terrestre d’ici 2028.
Un deuxième mouvement est celui des promoteurs. Ces entreprises qui installent et exploitent des centrales d’aérogénération surfent sur les programmes de lutte contre le réchauffement climatique et, regroupés dans France énergie éolienne (FEE), savent se rendre utile auprès des décideurs et planificateurs dans la conception des plans de développement.
Un troisième mouvement concerne les évolutions du cadre juridico-administratif : depuis 10 ans, différents textes, de la loi NOTRe aux lois sur la transition énergétique, rendent ce cadre de plus en plus favorable aux implantations (lire page 9 : Des ZDE au SRADDET : les communes perdent la main). À l’inverse, les procédures de contestation sont amputées (cf. encadré). Dans le même temps, la baisse des dotations financières de l’État aux communes rendent celles-ci plus enclines à donner suite aux promesses de recettes fiscales annoncées par les promoteurs.
Le quatrième mouvement est technologique. En effet, les nouvelles machines commencent à produire avec des vitesses de vent moindres. C’est ainsi que le Limousin, du point du vue du vent, a vu passer la proportion de sa surface favorable à l’aérogénération industrielle de 15 % à 80 % entre le schéma régional éolien de 2006 (seuil à 5,5 m/s à 80 m de hauteur) et celui de 2013 (seuil à 4,3 m/s à 80 m de hauteur). De plus, l’augmentation de la taille des mâts et des pâles permet d’aller chercher du vent plus haut et d’aller prospecter dans des zones aux gisements de vent jusqu’alors moins intéressants.
Le dernier mouvement est celui qui pousse à concentrer les nouvelles implantations dans les zones jusqu’à maintenant peu dotées. Vu des bureaux d’études, la détermination des zones favorables est simple. Il suffit d’empiler des calques de cartes thématiques définissant, chacune selon son critère (vent, sécurité aéronautique, habitat, biodiversité, patrimoine et paysage), des zones « défavorables », « favorables à fortes contraintes », « favorables à contraintes modérées », ou « favorables », et d’en tirer une liste de communes « favorables ». À l’échelle nationale, ce sont les Hauts-de-France, la Bretagne, les vallées et crêtes méditerranéennes qui sont sorties gagnantes de ce jeu de cartes.
À l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine (cf. carte page 9), ce sont les quatre départements de l’ex-Poitou-Charentes qui ont tiré le gros lot… jusqu’à la saturation. Au point qu’en décembre 2020, les présidents de leurs conseils départementaux respectifs, dénonçant « un développement anarchique » dans « un vide juridique total », ont menacé d’attaquer les arrêtés d’autorisation et de soutenir les associations qui s’opposent à l’aérogénération industrielle. Ils réclament une meilleure répartition territoriale des centrales.
Les forêts des Landes étant sujettes aux incendies et les pilotes de canadairs refusant de faire du slalom entre des mâts ou de terminer hâché·es comme de vulgaires rapaces (la Région espère cependant à terme lever ces contraintes), tous les regards se tournent vers le Limousin et ses 70 MégaWatt (MW) installés, contre 805 MW en Poitou-Charentes et quasiment 0 dans l’ex-Aquitaine. Selon le collectif qui a déposé un recours contre le SRADDET (cf . page 9), la Région prévoit ainsi l’installation à terme de 288 aérogénérateurs en Creuse (contre une trentaine aujourd’hui), 217 en Haute-Vienne et 207 en Corrèze.
Si ces mouvements qui se conjuguent ont pour conséquence une offensive sans précédent des promoteurs de centrales d’aérogénération en Limousin, nul trace, en revanche, d’une planification territoriale fine à l’échelle locale et à l’écoute des communes et des habitant·es. Forts de ces mouvements de fond qui les favorisent, les promoteurs passent aux cartes détaillées, ciblent les communes dites « favorables » et délimitent des polygones sur des crêtes à plus de 500 m des habitations. Vient ensuite le démarchage des propriétaires des parcelles visées et des conseils municipaux.
Aux premiers, les promoteurs proposent des baux aux montants alléchants (plusieurs milliers d’euros par an). Montants qui dépassent très largement en quelques années la valeur d’achat de la parcelle visée, mais permettent de s’affranchir des coûts autrement plus importants de la remise en état du site à la fin de vie de la machine. Peu au fait des enjeux liés aux aérogénérateurs industriels et pris dans la communication des promoteurs (leur unique interlocuteur), nombre de propriétaires ne mesurent pas la portée et l’impact de leur décision personnelle, qui de fait ressort plutôt de l’intérêt public. Situation qui fait dire à un participant d’une réunion publique à Gentioux qu’il y a là « un abus de jouissance du droit de propriété ».
Du côté des conseils municipaux et intercommunaux (majoritairement de petites communes rurales aux moyens d’expertises réduits), les propositions financières sont aussi tentantes. Il leur est demandé, en échange, des droits d’usage de chemins communaux et des permis pour l’installation de mâts de mesure. C’est la fameuse phase de « pré-faisabilité », terme qui laisse entendre que tout est encore réversible. Or à ce stade, si des propriétaires ont donné leur accord, il n’y a plus de retour en arrière possible.
Le pouvoir bascule alors vers les préfectures et leurs services techniques, et ensuite, peut-être, le rapport de force que peuvent instaurer des habitant·es y pourra quelque chose.
Ainsi, de projets en projets, l’histoire se répète : au stade de la « pré-faisabilité », un élu défavorable ou des habitant·es sortent le projet de l’ombre, se réunissent en association qui font vite beaucoup d’adhérent·es et interpellent les élu·es qui, souvent, reviennent sur leurs décisions. Mais il est parfois trop tard. Et l’affaire est portée sur le terrain judiciaire (le cas de 70 % des projets en 2017, selon l’ADEME).
En Creuse, le collectif Alerte éoliennes 23 tâche depuis 2017 de recenser précisément les projets d’implantation de centrales dans le département (liste détaillée sur le site de Stop-mines 23). À ce jour, il a recensé 202 machines : 35 en exploitation, 33 autorisées ou en construction, 35 en instruction à la préfecture et 101 en projet. Toujours en Creuse, la quinzaine d’associations locales a tenté, au printemps 2019, de se fédérer dans un collectif SOS Éole 23. Des désaccords internes ont freiné la dynamique et amoindri l’ampleur d’une manifestation en janvier 2020 à Guéret. Mais une réunion ce printemps, rassemblant une quarantaine de personnes, a relancé le mouvement. Une nouvelle manifestation est prévue le 10 octobre à Guéret avec aussi des collectifs de l’Indre (sous réserve de l’autorisation de la préfecture). Par ailleurs, pas à pas, des liens se tissent avec des collectifs de la Montagne limousine.
À Gentioux-Pigerolles, l’Association de défense du vivant des paysages du plateau de Gentioux a relevé l’avancement de trois projets de centrales sur la commune et de deux autres alentour. Du côté de Bugeat, c’est l’association Mille Vents Debout pour la protection du plateau de Millevaches qui bataille sur une centrale de 6 à 9 aérogénérateurs sur les communes de Bonnefond, Bugeat, Gourdon-Murat et Pérols-sur-Vézère. Les deux associations ont averti les habitant·es de leur commune respective par des tracts avant les élections municipales et ont organisé des réunions d’information au mois d’août. Résultat : le thème est devenu incontournable dans les campagnes électorales et les élu·es sortant·es fortement interpellé·es sur leur soutien aux projets de centrales.
Quant aux réunions publiques, elles ont rassemblé large dans leur nombre et leur composition. Cinquante personnes sur la place de Gentioux et plus de cent cinquante dans le foyer rural de Bugeat, salle où le promoteur avait déjà organisé ses propres réunions d’information. Des participant·es surtout avides d’informations et remonté·es contre le manque de transparence de leurs élu·es. Mais aussi prêt·es à s’approprier la complexité du sujet, de l’urgence de lutte contre le réchauffement climatique à la composition du mix énergétique français. Depuis, la nouvelle équipe municipale de Gentioux-Pigerolles, « plutôt défavorable aux projets en l’état » a envoyé à ses habitant·es une lettre d’information détaillée sur l’état d’avancement des projets et ouvert cinq permanences hebdomadaires jusque fin septembre pour « recueillir leurs avis, questions et propositions ».
C’est d’ailleurs à ce thème que veut s’atteler, en lien avec le Syndicat de la Montagne limousine, le tout nouveau collectif pour la maîtrise citoyenne de l’éolien sur la Montagne limousine, créé en mars 2020 par une vingtaine de personnes représentant 9 projets de centrales sur le territoire du Parc naturel régional (dont le bureau a voté, en décembre 2019, une délibération - non contraignante - contre l’implantation d’aérogérateurs industriels dans la zone de protection spéciale du Parc). Le collectif a fait sa première apparition publique au camp d’été du Syndicat et des Gilets jaunes en juillet à Lacelle. Dans ses cartons : un séminaire public sur la question des énergies renouvelables, locales, durables, etc. à l’échelle du Plateau afin d’aboutir à des recommandations.
C’était un peu la démarche en 2018 d’un groupe départemental de travail et de réflexion en Corrèze. Réunissant au « niveau départemental des représentants des collectivités, des associations et des organismes professionnels concernés à la fois par l’avenir du territoire et de l’environnement », il s’était donné pour but de « rédiger un document réunissant les observations de terrain des participants ainsi que des analyses relatives au développement des projets éoliens conduisant à des recommandations pour la Corrèze ». Le document d’information qui en est ressorti est très riche d’expériences concrètes (L’Éolien en Corrèze, document d’information, 22 mai 2018).
Tout ceci laisse penser que l’automne sera chaud sur le sujet, à moins qu’un moratoire de quelques années sur les projets en cours permette aux différentes parties prenantes d’élaborer localement et collectivement une position pertinente sur la question de l’énergie (production et consommation) et des éventuelles infrastructures à envisager.
Vers 1900, l’américain Broadwick plie son parachute dans un sac à dos lacé, puis en 1908, introduit la poignée d’ouverture automatique. Deux ans plus tôt, un brillant ex-député de la Seine, né à Sidi-Bel Abbès, décide d’investir le monde rural vierge, à Bourganeuf précisément. Pourquoi donc et à cause de qui ? Sans aveux indiscutables, on ne peut qu’imaginer ceci : les paysans limousins commençaient à abondamment voter socialiste, et Viviani aimait les vaches à lait. Entré quelques mois plus tard dans le premier cabinet Clémenceau, il n’aura d’ailleurs guère l’occasion de labourer ses nouvelles terres d’élection (jeu de mot) creusoises. Pourtant réélu député en 1910 (quel homme !), il siège enfin à l’assemblée jusqu’en 1913, avant de retrouver quelques maroquins ministériels. C’est ainsi qu’en août 1914, devenu président du conseil (Premier ministre), il aura l’honneur et la gloire de déclarer la guerre à l’Allemagne. Et la Creuse ensuite ? Eh bien non. Bien que réélu député en 1919, puis sénateur en 1922, il n’a pas eu le loisir de visiter amplement les verdoyants paysages du Limousin, siégeant entre autres à la toute nouvelle société des nations (SDN). Il a donc laissé plus de traces sous les lambris dorés qu’aux foires de Bourganeuf, ce qui fit dire ceci à Clémenceau, son meilleur ennemi : Viviani est un « orateur péripatéticien, faisant des harangues kilométriques. » Le père la victoire cita même Fénelon à son propos : « L’éloquence démagogique, c’est l’art de parler seul et longtemps. » Pas très sympa tout de même, il a sa statue devant la mairie de Bourganeuf.
En 1945, le PCF devenu « premier parti de France » n’avait pas grand chose à conquérir. Mais à démolir, oui. Refusant déjà de lui laisser la place qu’il espérait, vu ses états de service, le Parti veut museler le grand résistant Georges Guingouin. Pour ce faire, on parachute à Limoges un dirigeant « de base », Georges Citerne (futur député des Deux-Sèvres), un préfet « de base », Jean Chaintron (futur sénateur de la Seine), et pour faire bonne mesure, un militant « de base », Marcel Paul (futur ministre). Ce dernier, meneur syndical, résistant, déporté, faisait doublement l’affaire. Élu député en 1945 (Guingouin était en troisième position sur la liste, donc inéligible), Marcel siège deux semaines à l’Assemblée, avant de devenir ministre de la production industrielle. C’est à ce titre qu’il va promouvoir les grands travaux hydro-électriques dans les vallées de la Maulde et du Taurion. En 1948, il retourne au syndicalisme, fini le Limousin.
Ce parti de masse va donner un nouvel élan au parachutage, en lui trouvant une variante : le parachute local. Voulant mettre sur la touche (encore ?) un élu trop indépendant, le Dr Fraisseix, maire d’Eymoutiers, on lui oppose la figure emblématique d’Alphonse Denis, député de la Haute-Vienne, vice-président de l’Assemblée Nationale. C’était en 1961. Et le parachute ne s’ouvrit pas ! Le pauvre Alphonse, qui ne méritait pas ça, dut aller un peu plus tard se faire élire conseiller général chez lui, à Limoges.
Un léger bond dans le temps, plutôt en deltaplane. Particulièrement agacé par la résistance des limousins, trop à gauche à son gré, le Général décide un programme de conquêtes. Cela commence en 1965 avec la mairie de Limoges, alors tenue par le socialiste Louis Longequeue. Il lui fallait une « pointure », ce fut Pierre Mazeaud, membre du cabinet du Premier ministre (Michel Debré), et accessoirement alpiniste réputé. D’où un avantage évident pour le parachutage. Échec : ce qu’auraient dû savoir les élites parisiennes, c’est qu’à Limoges, une bonne partie de l’électorat « modéré » avait l’habitude de voter Louis, rouge à Limoges, rose à Orléans, et blanc à Paris. Mazeaud, même pas limogé, eut bien d’autres récompenses : député des Hauts-de-Seine puis de Haute-Savoie (et maire de Saint-Julien en Genevois, pour les parachutages il y a le plateau des Glières, juste à côté), secrétaire d’État, président du Conseil Constitutionnel, c’est quand même plus sexy que la mairie de Limoges.
Arriva alors le plus grand parachutage réussi de l’histoire, Jacques, je vous laisse trouver le nom seuls. Si vous ne connaissez pas bien sa biographie, il y a là une nouveauté. Énarque brillant, secrétaire d’état (à l’emploi), Jacquot avait un avantage sur ses prédécesseurs parachutistes : ses grands-parents paternels étaient corréziens et enfant, il passait ses vacances du côté de Sainte-Féréole. Il avait un autre grand-père franc-maçon, ce qui peut servir. La bataille des législatives de 1967 fut rude, en terre de Haute-Corrèze, tenue jusqu’alors par des radicaux et où le PCF restait puissant. Là, JC. réussit une sorte d’alchimie qui devait durer longtemps, appuyée sur un réseau bien organisé Paris-Corrèze (il y avait même une course cycliste !), et un « missi dominici », arrivé également par les airs à Meymac, Georges Pérol. Vous connaissez la suite. Pour l’anecdote, en 1967 « on » avait aussi parachuté Robert Mitterrand, frère du François pas encore socialiste.
Il y eut bien Charles Spinasse (voir IPNS n° 59) mais à vrai dire, ce journaliste corrézien installé à Paris avait tout de même un des deux pieds à Égletons. Passons... Le must, ce fut encore la Haute-Corrèze, où Chirac la faisait un peu trop « monopole ». 1981 : F. Mitterrand élu, l’idée lui vient de proposer à un tout jeune énarque de son cabinet, prénommé aussi François, d’aller affronter Chirac en Corrèze. C’est le début des racines limousines de François Hollande, né en Normandie, monté à Paris à Sciences Po, et qui n’a guère ensuite quitté la Capitale, là où tout se décide et où se font les carrières. Hollande, 27 ans, est battu. Mais le gars est opiniâtre. Rapidement élevé dans la hiérarchie du PS, il forme un couple de « parachutables » : sa femme dans les Deux-Sèvres, et lui ? Il suffit de trouver la bonne ville et le bon canton, et hop, on monte les marches, mais plan-plan tout de même : conseil municipal d’Ussel (1983), député de Tulle (1988)... Ce sera Tulle « ma ville », et Vigeois « mon terroir ». Là aussi, vous connaissez la suite. L’amusant, c’est que cette même année 1981 apparaissait un autre parachute, plus rouge celui-là. Le PCF avait son apparatchik à caser, qui s’appelait Christian Audoin. Député ? Mais Chirac était indéboulonnable, alors au moins conseiller général ? On choisit judicieusement son canton, ce sera Bugeat, alors très rouge. Conseil régional (élu en Corrèze), présidence de PNR ? Pour un homme qui habite alors Limoges, cela relève bien du parachutage, non ?
Il me semble qu’il y a eu un trou d’air pour de telles opérations, depuis au moins 20 ans. La populace semblait renâcler. Alors, une nouvelle stratégie, plus modeste, fit son apparition : « Je saute, pas de haut, et j’atterris en douceur dans le pré d’à-côté... » Voyez les municipales. Il n’est pas facile, faute d’aveux des intéressés, de différencier le calcul partisan, l’opportunisme et l’ambition personnelle. Ainsi, en 2014, « on » veut démolir la maire sortante à Rempnat, le grand gourou a celui qu’il faut sous la main dans son cabinet. Le « vrai » socialiste (il s’en défend aujourd’hui) qui empoche l’affaire est en 2020 député suppléant LREM. Il a déménagé, mais pas à Rempnat... plus loin. La même année, un zébulon précédemment parachuté à Vassivière trouve que Peyrat est plus cool que Chaptelat. Il est toujours là, mais de qui a-t-il encore le soutien ? Mystère. Maires absents, ça fait un peu penser à « père absent », non ? Il doit manquer quelqu’un quelque part. Et cette année ? on en reparlera sûrement, nous sommes dans une ère un peu troublée, faite de beaucoup d’auto-parachutages. Une sous-préfecture, Aubusson, c’est toujours mieux qu’un patelin paumé (merci pour eux au passage). Alors, soit l’un oublie son parachute et s’écrase – « L’intelligence, c’est comme les parachutes, quand on n’en a pas, on s’écrase » (Pierre Desproges). Tirant les affaires au clair, il a finalement renoncé… Soit un autre, parce qu’il faut un poids lourd à la mairie, tentons donc un parachute léger, on verra bien. Et enfin, un troisième envolé depuis Lyon, mais le trajet est contre les vents dominants, alors l’atterrissage ?
Aux électeurs de se faire une idée : vaut-il mieux un (prétendu) meilleur, mais… ailleurs, ou un (prétendu) moins bon, mais présent ?
P4Pillon est une association loi 1901 qui porte des projets de recherche en soins primaires et en santé sur la Montagne limousine. P4Pillon travaille en partenariat avec le pôle MilleSoins et d’autres acteurs du territoire. P4Pillon accueille des professionnels de santé, des étudiants, des chercheurs, des entrepreneurs ou tout autre humain (et non humain) à « La Fourmilière», lieu de vie passerelle et partagé sur la commune de Pérols-sur-Vézère. P4Pillon est particulièrement investi sur l’évolution du métier de pharmacien au regard des enjeux actuels. P4Pillon est propriétaire d’un logiciel de pharmacie innovant dont il libère actuellement le code source (l’inverse d’un dépôt de brevet). P4Pillon souhaite devenir une Société coopérative d’intérêt collectif ayant pour objet l’usage d’outils informatiques et le traitement de bases de données de santé dans un cadre de valeur éthique et au service du bien commun.
START
[Démographie]
< Augmentation de l’espérance de vie générale avec stagnation de l’espérance de vie en bonne santé = augmentation des besoins globaux en soins > + < Diminution de l’offre de soins par effet papy-boom, fuite des diplômes (perte de sens) et épuisement professionnel >
[Epidémiologie]
< Forte prévalence des pathologies chroniques et complexes versus soins aigus à la marge et délaissés >
[Sociologie]
< Besoin de plus de coopération, d’entraide et d’interdépendance au sein d’organisations en santé historiquement cloisonnées > + < Quête de sens des soignants (Ikigai) et d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle > + < Reconnaissance des patients comme experts du vivre avec la maladie > + < Crise de confiance citoyenne face aux politiques publiques et quête d’autodétermination par l’accès à une information fiable >
[Technologie]
< Avancées significatives en termes d’espérance de vie, d’amélioration des pratiques et d’organisation professionnelle > - < Questions éthiques, rapports coût/bénéfice et bénéfice/risque vis-à-vis de ses usages (acharnement thérapeutique, destruction du lien humain et de la solidarité, délires transhumanistes, surveillance de masse, etc.) >
[Economie et souveraineté]
< Décroissance économique structurelle liée à la décroissance de l’approvisionnement énergétique > + < Indépendance industrielle européenne vis-à-vis des médicaments et des dispositifs médicaux essentiels proche de zéro >
[Ecologie]
< Santé du système-monde affectée par la pression humaine (changement climatique, déforestation, effondrement de la biodiversité, etc.) - ex : COVID19 = apéritif au menu des emmerdes > + < Empreinte carbone du système de santé français = 8 % des émissions de gaz à effet de serre (50 % médicaments et dispositifs médicaux) >
STOP
OBJECTIF : faire [plus] avec [moins], [mieux] et [plus vite] vis-à-vis des < besoins en soins locaux > + répondre [fortement] mais [frugalement] aux < besoins en santé globaux > [humaine], [animale] et [environnementale] pour que les < besoins en soins locaux > tendent vers [zéro].
Je m’appelle Antoine, je reprends la plume. Je vous prie d’excuser P4Pillon, il a tendance à s’exprimer de manière mécanique et à aborder les problèmes en posant des équations... Il est convaincu que pour avoir un effet significatif sur un système dynamique et complexe (tel que le système de santé français dans le monde tel qu’il est aujourd’hui), il doit le comprendre dans le détail de son fonctionnement afin d’en modifier certaines conditions initiales puis de les entretenir. Ceci afin de créer, selon la théorie du chaos, une réaction en chaîne, un effet papillon dans la fresque de la santé globale. S’il échoue, ce ne sera qu’un effet colibri (ce qui sera déjà quelque chose en soit).
Je passe du [je] au [nous]. Depuis 2007, forts de nos lectures, rencontres et expériences, nous construisons un récit et le traduisons en actes. Notre devise est : « agir en communauté de pensée et penser en communauté d’action ». D’abord sur la Montagne limousine avec le pôle de santé MilleSoins, qui est le fruit de notre émergence : « le tout offre plus de possibilités que la somme des parties ». Nous sommes des professionnels de santé qui travaillons ensemble, bâtissons des communs, innovons et nous entraidons afin de résister à un monde devenu profondément inadapté. Notre idéal de santé communautaire est encore loin, l’espace-temps nous manque mais abandonner n’est pas une option.
Aux niveaux régional et national, nous militons au sein d’une fédération d’équipes coordonnées en santé1 sur des champs de bataille plus politiques, où nos principaux alliés sont les associations de patients2. Avec P4Pillon, nous sommes désormais reconnus comme des résistants et des lanceurs d’alerte au sein du monde pharmaceutique et du numérique en santé, telle notre intervention dans le magazine Cash investigation du 20 mai 2021 « Nos données valent de l’or3 ».
D’un point de vue entrepreneurial, nous avons effectué plusieurs preuves de concept uniques en France, basées sur de l’innovation frugale, l’usage de smalldatas autogérées, et la prise en compte des enjeux de santé globaux (contribution à la rédaction du Plan de transformation de l’économie française Santé de Theshiftproject4 et rapprochement avec des associations comme Alliance Santé Planétaire5.
Aujourd’hui, notre objectif est de créer un tiers-lieu « santé globale » sur la commune de Bugeat, avec différents partenaires potentiels tels que la SCIC l’Arban, la Fabrique des santés (qui œuvre pour une communauté des communs en santé), l’écosystème du logiciel libre en santé – collectif InterHop6 – et bien d’autres. Cet espace sera destiné à accueillir toute personne physique ou morale souhaitant investir les questions de santé globale dans une dynamique de recherche-action pluridisciplinaire, inclusive et non-jugeante. Ce tiers-lieu sera aussi l’incarnation du projet de l’association P4Pillon qui souhaite se constituer en Société coopérative d’intérêt collectif autour de l’usage des données de santé produites par les équipes de soins coordonnées. Dans la même veine que le collectif InterHop, qui œuvre dans le champ hospitalier, nous souhaitons encadrer la production, l’usage et la finalité de traitement des données de santé par trois conditions : utilisation d’outils numériques transparents (libres et open-source), consentement libre et éclairé des citoyens et des patients, et autogestion locale des bases de données. L’objectif est de constituer un contre-pouvoir latéral face aux plateformes de données de santé centralisées (Health Data Hub) et aux géants du numériques (GAFAM et databrokers).
Notre point de départ politico-médiatique est la libération du code source du logiciel que nous avons co-développé durant 3 ans dans les pharmacies de Bugeat et de Faux-La-Montagne (merci Lilou, Françoise, Olivier et les Loutres). Nous sommes actuellement en campagne de financement participatif afin d’indemniser l’informaticien ayant travaillé au développement du logiciel. Nous vous invitons à contribuer à cette première dans le monde pharmaceutique. En contrepartie, votre nom sera inscrit dans le code source. Chabatz d’entrar !