électricité

  • Comment un problème mal posé conduit à de mauvaises solutions

    À la suite de l’article de Jean-François Préssicaud paru dans le numéro 17 d’IPNS à l’automne 2006, voici un autre regard sur les projets électricité-biomasse en Limousin.

     

    boisPourquoi 21 % de l’électricité produite en Europe doit-elle être d’origine renouvelable d’ici 2012 ?

    Pour respecter nos engagements du protocole de Kyoto, c’est-à-dire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de lutter contre le changement climatique.

     

    Si son objectif premier est de réduire ses émissions de GES, la France a-telle choisi la bonne voie ?

    Pour réduire nos émissions de GES, il est nécessaire d’effectuer les calculs en valeurs absolues et non pas en pourcentages afin de faire apparaître les émissions réelles de GES ; il faut donc accorder une place très importante à la réduction de nos consommations d’énergie.

    En effet, non seulement des pourcentages ne font pas apparaître nos émissions réelles, mais calculer un pourcentage de réduction d’émissions à partir d’une consommation sans cesse croissante d’énergie ne garantit pas la réduction de ces mêmes émissions. Nous pouvons augmenter la part de production d’électricité d’origine renouvelable tout en continuant à augmenter nos émissions de GES. C’est ainsi que dix ans d’installations éoliennes au Danemark ont tout juste absorbé l’augmentation de la consommation électrique d’une année. (Site de Jancovici : manicore)

     

    Pourquoi avoir choisi de faire de l’électricité renouvelable ?

    En France où les tenants du nucléaire sont fiers des qualités de cette énergie, ils n’ont même pas vu que faire de l’électricité avec des énergies renouvelables ne réduirait pas nos émissions, notre électricité étant peu émettrice. Il faut promouvoir la production d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables, pour remplacer celle produite à partir d’énergies fossiles ; il faut prendre des engagements sur la production d’énergie et pas seulement sur la production d’électricité.

    En effet, la production de chaleur et les transports sont très consommateurs d’énergies fossiles qui sont la cause première du réchauffement climatique.

     

    Que penser des projets de biomasse retenus en Limousin ?

    A l’heure où l’on parle d’économies d’énergie, 60% de l’énergie produite à partir de ces projets de biomasse seront relâchés dans l’atmosphère sous forme de chaleur.

    En effet, ces projets ne produiront que de l’électricité et ne valoriseront pas la chaleur en venant satisfaire des besoins existants. D’une part, la consommation électrique augmentant sans cesse, cette production ne viendra se substituer à aucune source d’énergie existante, elle la complétera seulement. Puisque ces installations ne fourniront pas de chaleur, elles ne participeront que très peu à la réduction de la consommation des énergies fossiles et à la réduction des émissions de GES.

    D’un point de vue économique, Jean-François Pressicaud a développé le problème de distorsion de concurrence dans son article dans IPNS.

    En effet, dans une économie de marché, surpayer une production entraîne forcément des réactions en chaîne pernicieuses.

     

    Comment parvenir à réduire notre consommation d’énergies fossiles ?

    Une taxe sur les énergies carbonées augmentée graduellement et définitivement avant que leurs prix n’augmentent spontanément présenterait beaucoup d’avantages par les incitations qu’elle engendrerait, à savoir : une réduction spontanée de la consommation, une augmentation de la recherche de solutions alternatives aux énergies fossiles qui soient locales, à coûts réduits et accessibles à court terme, ce qui aurait pour effet de rendre progressivement les énergies renouvelables concurrentielles sans les artifices que sont les subventions ou sur-paiements. Cette taxation pourrait se faire à pression fiscale égale en allégeant d’autres charges.

    Le produit de cette taxe pourrait aussi servir à la reconversion de secteurs économiques touchés par les évolutions inévitables de nos sociétés pour lutter contre le changement climatique.

     

    Alors que faire de notre gisement de biomasse en Limousin ?

    Actuellement, la forêt limousine est sous exploitée et pourrait être mieux valorisée : Le bois-énergie utilisé dans des réseaux de chaleur atteint 80 % de rendement.

    Lorsque les sites de consommation de chaleur sont proches des ressources cela permet de réduire les transports et de générer ainsi des économies financières et énergétiques et de diminuer la pollution atmosphérique.

    Dans ce cas, le bois remplace les énergies fossiles et participe à la réduction de nos émissions de GES.

    L’utilisation du bois-énergie est aussi génératrice d’emplois locaux, dynamisant l’économie locale.

     

    A l’heure de la régionalisation, le Limousin aura-t-il accès à ses ressources d’énergies locales ?

    En Haute-Vienne, la ressource bois-énergie ne parvient pas à émerger à cause d’une politique de non-partage de la ressource de la part de l’industrie de la trituration. Si ces projets de biomasse voient le jour, la filière bois-énergie en sera plombée pour des années.

    Nous devons changer de culture énergétique, la grandeur des projets et la production centralisée ne sont pas gage d’efficacité.

     

    Les habitants se doivent de réagir devant une décision du gouvernement qui les concerne d’aussi près et qui va peser lourd sur l’avenir de la région. Ces projets de biomasse répondent à des critères européens, mais ne tiennent pas compte des problèmes locaux et de la réalité du terrain.

     

    Freddy le Saux
    De l’ALDER Climat Energie
  • Comment une bonne idée peut devenir dévastratrice

    biomasse 1Les projets électricité-biomasse en Limousin

    En 2003, les responsables des questions énergétiques du ministère de l'industrie, voyant se rapprocher l'échéance 2010, date à laquelle, en Europe, au moins 21% de l'électricité produite doit être d'origine renouvelable, décident d'accélérer et de densifier les projets dans ce domaine.

    A côté de l'hydraulique (qui ne peut plus guère progresser), de l'éolien, du solaire et de la géothermie, la biomasse apparaît intéressante. Aussi lancent-ils en décembre 2003 un appel à projets de production d'électricité à partir de biomasse. Il s'agit de gros projets (12 MW minimum) pour lesquels chaque candidat doit déterminer le prix de vente de l'électricité produite en le fixant à un niveau qui lui permette d'atteindre la rentabilité économique.

     

    En janvier 2005, 14 projets sont retenus pour l'ensemble de la France, dont quatre en Limousin : Ussel (Soffimat), Meymac (EBV), Moissannes (EBV) et Saillat sur Vienne (International Paper). Une première remarque s'impose : la décision de sélectionner quatre projets en Limousin a été prise sans aucune concertation avec les responsables régionaux. La politique de développement du bois énergie mise en place par la Région Limousin avec l'appui de l'ADEME a été complètement ignorée et les services de l'Etat en Limousin n'ont pas eu non plus leur mot à dire !

    Sur le fond, les critiques qu'appelle cette décision sont explicitées dans la motion ci-contre (page 11) , adoptée par le Comité Syndical du PNR de Millevaches, ainsi que par le conseil municipal de Felletin et le conseil communautaire de la communauté de communes Aubusson-Felletin. Elles ont été à nouveau développées au cours d'une conférence de presse donnée le 5 octobre dernier à Egletons par Bernadette Bourzai, maire de cette ville, et Michel Pinton, maire de Felletin.

    biomasse 2Les villes d'Egletons, Bourganeuf et Felletin possèdent en effet des réseaux de chaleur bois qui consomment annuellement chacun 6000 tonnes de produits connexes de sciage pour les deux premiers et 60 000 tonnes pour Felletin (qui produit aussi de l'électricité : il s'agit dans ce cas de cogénération, c'est à dire la production simultanée de chaleur et d'électricité).

    La taille des installations prévues ne peut que bouleverser le marché régional du bois énergie et renchérir considérablement, peut-être même tarir, l'approvisionnement des chaufferies existantes. Par ailleurs, l'absence de réseau de chaleur complétant la production d'électricité aboutit à une efficacité énergique faible. Ce n'est pas parce qu'on utilise une énergie renouvelable qu'il ne faut pas se montrer économe !

    Enfin, et cela ne concerne pour le moment que Felletin, le prix d'achat de l'électricité est beaucoup plus élevé que celui pratiqué à Felletin, ce qui aboutit à mettre en péril une installation existante.

     

    En prenant leur décision sans concertation, uniquement à partir de données statistiques non vérifiées sur le terrain - et on sait qu'il y a une grosse différence entre les quantités de bois théoriquement disponibles et celles qui sont réellement utilisables (manque d'accès dû au morcellement , du relief...) et en marquant leur mépris pour les installations de petite taille ("Nous n'avons rien à faire des chaudières de paysan"), les responsables du ministère ont bien mérité les reproches qui leur ont été adressés par les élus, par les experts et les associations qui travaillent sur les problèmes énergétiques.

    Depuis ces critiques initiales, de nouveaux éléments sont venus confirmer la pertinence des arguments avancés dès 2005. Il s'agit du dossier d'enquête publique concernant le projet de Meymac et d'un nouvel appel d'offres du ministère de l'industrie sur de nouvelles installations de production d'électricité à partir de biomasse.

     

    Le dossier d'enquête publique de Meymac

    Alors que le dossier du projet Soffimat à Ussel a été soumis à enquête publique du 12 mars au 12 juin (nous n'avons pas pu le voir), celui de EBV à Meymac l'a été au mois d'octobre, et nous avons pu le consulter et rencontrer le commissaire enquêteur. L'installation de Meymac, d'une puissance électrique de 12,125 MW (donc juste au dessus de la puissance minimale de 12 MW, à rapprocher de la puissance de 3 MW de l'unité felletinoise) utilisera 138 200 tonnes de bois (plaquettes forestières, plaquettes de scierie, sciure et écorces).

    Les fournisseurs identifiés sont :

    • Creuse Sciage, qui ne fournit pas actuellement à l'unité de Felletin les quantités de sciure qu'il s'était engagé à livrer par contrat et qui doit installer à Meymac une nouvelle scierie.
    • Corrèze Export Bois qui regroupe quatre scieurs : Farges, Boissac, Feuillade et Malaqui. Les deux premiers basés à Egletons ont signé un contrat pour approvisionner l'unité de cette ville, mais ils n'en respectent pas les clauses ! Quant à Feuillade (de St Rémy) il fait partie des fournisseurs de Felletin par l'intermédiaire du GIE de scieurs qui alimente l'unité de cogénération de cette commune.

    On constate donc que la concurrence avec Felletin pour l'approvisionnement en bois est pleinement confirmée, ainsi que la propension de certains professionnels du secteur à signer tous les engagements qu'on leur propose et de n'honorer ensuite que les plus rémunérateurs.

    La production annuelle d'électricité annoncée à Meymac est de 107 000 Mwh, soit à peu près cinq fois celle de Felletin - qui produit aussi de la chaleur.

    A Meymac il est prévu d'utiliser la chaleur en interne pour sécher le combustible qui ne doit pas dépasser 20% d'humidité dans cette installation qui utiliserait le procédé de gazéification (similaire au gazogène utilisé pour les automobiles pendant la seconde guerre mondiale) : après une combustion à 1050°, les gaz récupérés alimentent des moteurs qui produisent l'électricité.

    La seule production vendue étant l'électricité, il est abusif de parler de cogénération et d'afficher un rendement de 67%. En fait le rendement est de l'ordre de 30%.

    En revanche, des données économiques (prix d'achat du combustible, prix de vente de l'électricité) ne figurent pas dans le dossier. Les investissements sont de 27 253 000 euros (par comparaison, ils ont été de 10 millions à Felletin) dont 30% de fonds propres et 70% de prêts bancaires. La mise en service est prévue pour fin 2007, avec démarrage des travaux à la fin du premier trimestre 2007.

    Rien dans ce dossier ne vient infirmer ce qui était avancé dès 2005 par les responsables des réseaux de chaleur existant en Limousin.

     

    Le nouvel appel d'offres "électricité biomasse"

    biomasse 3La justesse des arguments avancés est confirmée par le nouvel appel d'offres du ministère de l'industrie qui a largement rectifié le tir par rapport au précédent, sur trois points essentiels :

    • La puissance minimale : elle n'est plus de 12 MW mais de 5 MW. L'appel total porte sur 300 MW, dont 80 pour les installations de 5 à 9 MW, et 220 MW pour celles de plus de 9 MW.
    • L'approvisionnement : chaque unité doit présenter un plan d'approvisionnement très précis, avec 50% minimum de plaquettes forestières et une attention particulière aux problèmes de concurrence d'usage.
    • L'efficacité énergétique : elle est fixée à 50% minimum, ce qui oblige à une valorisation de la chaleur.

    On constate que le ministère a largement tenu compte des critiques qu'avait suscité l'appel d'offres de 2003 pour rédiger celui de 2006. Il serait souhaitable que les nouveaux critères s'appliquent aux projets qui ne sont pas encore réalisés, comme Ussel et Meymac, et qui vont poser les plus gros problèmes.

     

    L'utilisation du bois énergie est une bonne solution énergétique à condition que :

    • La production de chaleur, et son utilisation économe, soit privilégiée ; la production électrique ne devrait pas servir de base au dimensionnement de l'installation et devrait rester assez modeste.
    • L'installation puisse fonctionner avec des déchets de bois produits à proximité de façon à éviter des transports importants.
    • L'approvisionnement se fasse exclusivement en sous produits de l'activité forestière : il ne faudrait pas tomber dans la dérive qui consisterait à produire du bois utilisé uniquement pour l'énergie.

     

    Jean François Pressicaud

    Conseiller municipal à Felletin.
  • Électrons libres

    Le plateau de Millevaches peut raisonnablement s'enorgueillir d'être en matière d'énergies renouvelables un territoire exemplaire. Barrages et usines hydroélectriques, unité de cogénération de Felletin et depuis peu éoliennes de Peyrelevade, témoignent que l'eau, le bois et le vent - dont le plateau dispose en abondance et de manière quasi infinie s'il sait en prendre soin - peuvent être des sources d'énergies "propres" et "durables" - pour reprendre les mots à la mode que dévoient sans état d'âme et pour leur propre compte l'industrie nucléaire et, peu ou prou, tous les plus grands pollueurs de la planète. Ici, nous avons la chance de pouvoir utiliser ces mots sans tricherie. Nous vous proposons dans ce numéro et dans le prochain un tour d’horizon de ces énergies que nous espérons être celles de demain.

     

    Du tableau noir à la turbine

    energie eauAprès ses études à l'Ecole Centrale, Gérard Coutier est devenu professeur de mathématiques. Il l'est resté 19 ans. Ce ne sont pas les équations ou les axiomes (et encore moins les élèves) qui le lassèrent du métier, mais il se sentait un peu à l'étroit dans les cadres rigides de l'Education Nationale. Il décide donc de s'échapper du "mammouth" et avec sa femme Geneviève, de rechercher une centrale hydroélectrique pour devenir producteur d'électricité. Une profession que le public ignore en grande partie, croyant que seule EDF assure la fabrication de l'énergie électrique. Il existe pourtant en France environ 1500 centrales hydrauliques privées. En Limousin il y en a 80 environ. Parmi elles, la centrale du Theillet à Saint Martin Château que Geneviève et Gérard Coutier ont achetée en 1992. L'usine était en piteux état. Construite en 1968, passée entre les mains de deux propriétaires, elle ne fonctionnait plus lorsque le couple la reprend. Gérard qui n'a pas oublié ses leçons de Centrale reconçoit tout, achète une turbine d'occasion, la réinstalle, mobilise les compétences d'un maçon de Royère, d'un électricien et d'un chaudronnier de Limoges, bref reconstruit lacentrale qui depuis, marche sans problèmes et sans à-coups.

    Une prise d'eau capte une partie du débit de la rivière 26 mètres au dessus de la centrale. L'eau suit une conduite forcée d'environ 600 mètres de long. C'est ce qu'on appelle une "moyenne chute" (en opposition aux "basses chutes" généralement installées directement sur la rivière, ou aux "hautes chutes" : il en existe une en Limousin, à Saint Augustin en Corrèze, qui fait plus de 80m de hauteur de chute). D'une puissance de 240 Kw l'usine hydroélectrique des Coutier est dans la moyenne des entreprises de ce genre. C'est l'une des trois centrales privées que compte la commune de St Martin. Pour respecter un débit minimum à la rivière sur laquelle elle est implantée (ce qu'on appelle le "débit réservé", pourcentage du débit moyen de la rivière, obligatoirement laissé pour permettre la vie piscicole) un système de régulation asservit la turbine, et l'été, la centrale est arrêtée dès que le débit réservé ne peut être assuré, ceci pendant environ un mois et demi.

    Chez lui, dans la Drôme, où il réside le plus souvent, le couple a aussi une petite centrale, beaucoup plus modeste (10 à 11 Kw) pour assurer le chauffage de sa maison.

     

    Quand EDF se désengage

    Aujourd'hui, comme la plupart des petits producteurs d'électricité, les Coutier sont inquiets. Depuis sa nationalisation en 1946, EDF avait en effet une obligation d'achat envers les producteurs privés, puisque c'est l'entreprise nationale qui disposait du monopole de la vente de l'électricité en France. Or la loi relative au statut d'EDF présentée au parlement en août 2004 lève cette obligation d'achat. Geneviève Coutier explique : "La loi ne prévoit pas le renouvellement de nos contrats, lesquels arrivent à échéance en 2012. L'abrogation de cette obligation d'achat, sous prétexte de Bruxelles, nous place dans une situation difficile : que vaudront nos entreprises, comment trouverons-nous des clients, et à quel prix ? Imaginons un éleveur, un artisan qui, ayant investi dans des équipements coûteux, se verraient, par une décision législative, privés de clients, sauf à des tarifs très bas…".

    Par ailleurs, la loi d'orientation sur l'énergie changerait radicalement les seuils jusqu'alors pratiqués pour l'achat de l'électricité pour l'éolien. EDF était jusqu'à maintenant obligée d'acheter l'électricité aux unités ayant une puissance inférieure à 12 Mw. Désormais la loi ne maintiendrait l'obligation d'achat que pour les puissances supérieures à 20 Mw ! L'ancien plafond se retrouverait ainsi en dessous du nouveau plancher. Geneviève Coutier ironise : "Seules les grosses sociétés pourront bénéficier de l'obligation d'achat. C'est bien connu, les gros ont toujours intérêt à grignoter les petits…".

    Au sein d'EAF (Electricité Autonome de France), le plus gros des syndicats de producteurs d'électricité qui regroupe 800 membres et dont font partie les Coutier, on ne décolère pas. L'article 33 de la loi sur EDF a été votée en plein mois d'août, au dernier moment, et sans aucune concertation avec la profession concernée. EAF et les deux autres syndicats nationaux se mobilisent donc pour tenter de faire réévaluer à la baisse le seuil de 20 Mw. Un seuil qui rendrait nul l'intérêt économique d'un projet comme celui des éoliennes de Peyrelevade d'une puissance annuelle de 9 Mw…

    Facile aux yeux de Geneviève Coutier de deviner derrière ces mesures la pression du lobby nucléaire, "vous savez, l'énergie qui ne produit pas de CO2 ".

     

    Les énergies renouvelables : un hochet

    Pourtant, la France a souscrit à la Directive européenne sur les énergies renouvelables qui fait de celles-ci, en matière énergétique, la priorité (voir encadré page ci-contre). "Il y a un discours où l'on ne parle que de développement durable et d'énergies renouvelables et puis il y a la réalité qui est toute autre" tempête Geneviève Coutier qui conclut que pour l'Etat, les énergies renouvelables ne sont qu'un hochet pour amuser la galerie. "A titre d'exemple, poursuit-elle, j'ai traversé récemment l'Allemagne. Sur le trajet Bregenz, Nuremberg, Berlin, Francfort sur Oder, j'ai compté depuis l'autoroute 289 éoliennes d'une puissance approximative de 800 Kw… Alors ? Vérité au-delà du Rhin, erreur en deçà ?".

     

    Michel Lulek

    Pour plus de renseignements : Electricité Autonome de France, La Boursidière, BP 48 92357 Le Plessis Robinson. Tel : 01 46 30 28 28.
  • Les désastres de la nucléocratie

    nuc devdurableNous avons déjà abordé dans le n° 17 d’IPNS les problèmes posés par les projets de production d’électricité à partir de la biomasse. Nous nous inquiétions alors des conséquences qu’entraînerait pour la filière bois la réalisation des quatre projets retenus en Limousin dans le cadre de l’appel d’offres de la commission de régulation de l’énergie (CRE 1). Il était représentatif, par son gigantisme, du mode de pensée technocratique hérité de la suprématie du nucléaire : les projets devaient atteindre 12 mégawatts au minimum et leur réalisation aurait complètement perturbé l’équilibre économique de la filière bois limousine.  A ce jour heureusement, aucun des trois projets de Moissannes, Meymac et Ussel n’a connu un début de réalisation, celui de Saillat est en cours suivant ainsi sa logique industrielle.

     

    Le journal Cler-Infos du Comité de liaison des Energies Renouvelables de juillet-août 2008 explique que “ce premier appel d’offres national avait été peu fructueux car les 14 projets retenus prenaient peu en compte l’efficacité énergétique et la sécurité de l’approvisionnement. Il semble que peu d’entre eux verront le jour“. Le journal poursuit en donnant les résultats du second appel à projets CRE 2. Ce second appel d’offres abaissait la puissance minimale des projets de 12 à 5 Mégawatts, Il se montrait aussi plus exigeant en matière d’approvisionnement et d’efficacité énergétique. Cette fois, parmi les 22 projets nationaux retenus il n’y en a aucun en Limousin, Dix d’entre eux ont une puissance électrique inférieure à 12 Megawatts, et onze utilisent les déchets de bois comme combustible. 

     

    Dans ce second projet le prix de vente du kilowatt électrique est en moyenne de 128 € le mégawatt/heure, alors qu’il était de 85 € le MW/h pour le précédent. En comparaison l’installation de co-génération à Felletin ne vend l’électricité produite qu’à 50 € le MW/h !

     

    On peut espérer aujourd’hui 

    • que les projets d’Ussel, Meymac et Moissannes soient définitivement enterrés tels qu’ils étaient prévus initialement,
    • qu’ils soient éventuellement redéfinis avec des puissances beaucoup plus faibles, une valorisation de la chaleur et un approvisionnement ne concurrençant pas­ les installations déjà existantes à Bourganeuf, Egletons et Felletin,
    • que la SOCCRAM, concessionnaire de l’installation felletinoise, obtienne un prix de vente de l’électricité plus rénumérateur : il semble qu’à un prix de 80€ le mégawath/h elle parviendrait à son seuil de rentabilité.

     

    Jean-François Pressicaud