Pourquoi 21 % de l’électricité produite en Europe doit-elle être d’origine renouvelable d’ici 2012 ?
Pour respecter nos engagements du protocole de Kyoto, c’est-à-dire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de lutter contre le changement climatique.
Si son objectif premier est de réduire ses émissions de GES, la France a-telle choisi la bonne voie ?
Pour réduire nos émissions de GES, il est nécessaire d’effectuer les calculs en valeurs absolues et non pas en pourcentages afin de faire apparaître les émissions réelles de GES ; il faut donc accorder une place très importante à la réduction de nos consommations d’énergie.
En effet, non seulement des pourcentages ne font pas apparaître nos émissions réelles, mais calculer un pourcentage de réduction d’émissions à partir d’une consommation sans cesse croissante d’énergie ne garantit pas la réduction de ces mêmes émissions. Nous pouvons augmenter la part de production d’électricité d’origine renouvelable tout en continuant à augmenter nos émissions de GES. C’est ainsi que dix ans d’installations éoliennes au Danemark ont tout juste absorbé l’augmentation de la consommation électrique d’une année. (Site de Jancovici : manicore)
Pourquoi avoir choisi de faire de l’électricité renouvelable ?
En France où les tenants du nucléaire sont fiers des qualités de cette énergie, ils n’ont même pas vu que faire de l’électricité avec des énergies renouvelables ne réduirait pas nos émissions, notre électricité étant peu émettrice. Il faut promouvoir la production d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables, pour remplacer celle produite à partir d’énergies fossiles ; il faut prendre des engagements sur la production d’énergie et pas seulement sur la production d’électricité.
En effet, la production de chaleur et les transports sont très consommateurs d’énergies fossiles qui sont la cause première du réchauffement climatique.
Que penser des projets de biomasse retenus en Limousin ?
A l’heure où l’on parle d’économies d’énergie, 60% de l’énergie produite à partir de ces projets de biomasse seront relâchés dans l’atmosphère sous forme de chaleur.
En effet, ces projets ne produiront que de l’électricité et ne valoriseront pas la chaleur en venant satisfaire des besoins existants. D’une part, la consommation électrique augmentant sans cesse, cette production ne viendra se substituer à aucune source d’énergie existante, elle la complétera seulement. Puisque ces installations ne fourniront pas de chaleur, elles ne participeront que très peu à la réduction de la consommation des énergies fossiles et à la réduction des émissions de GES.
D’un point de vue économique, Jean-François Pressicaud a développé le problème de distorsion de concurrence dans son article dans IPNS.
En effet, dans une économie de marché, surpayer une production entraîne forcément des réactions en chaîne pernicieuses.
Comment parvenir à réduire notre consommation d’énergies fossiles ?
Une taxe sur les énergies carbonées augmentée graduellement et définitivement avant que leurs prix n’augmentent spontanément présenterait beaucoup d’avantages par les incitations qu’elle engendrerait, à savoir : une réduction spontanée de la consommation, une augmentation de la recherche de solutions alternatives aux énergies fossiles qui soient locales, à coûts réduits et accessibles à court terme, ce qui aurait pour effet de rendre progressivement les énergies renouvelables concurrentielles sans les artifices que sont les subventions ou sur-paiements. Cette taxation pourrait se faire à pression fiscale égale en allégeant d’autres charges.
Le produit de cette taxe pourrait aussi servir à la reconversion de secteurs économiques touchés par les évolutions inévitables de nos sociétés pour lutter contre le changement climatique.
Alors que faire de notre gisement de biomasse en Limousin ?
Actuellement, la forêt limousine est sous exploitée et pourrait être mieux valorisée : Le bois-énergie utilisé dans des réseaux de chaleur atteint 80 % de rendement.
Lorsque les sites de consommation de chaleur sont proches des ressources cela permet de réduire les transports et de générer ainsi des économies financières et énergétiques et de diminuer la pollution atmosphérique.
Dans ce cas, le bois remplace les énergies fossiles et participe à la réduction de nos émissions de GES.
L’utilisation du bois-énergie est aussi génératrice d’emplois locaux, dynamisant l’économie locale.
A l’heure de la régionalisation, le Limousin aura-t-il accès à ses ressources d’énergies locales ?
En Haute-Vienne, la ressource bois-énergie ne parvient pas à émerger à cause d’une politique de non-partage de la ressource de la part de l’industrie de la trituration. Si ces projets de biomasse voient le jour, la filière bois-énergie en sera plombée pour des années.
Nous devons changer de culture énergétique, la grandeur des projets et la production centralisée ne sont pas gage d’efficacité.
Les habitants se doivent de réagir devant une décision du gouvernement qui les concerne d’aussi près et qui va peser lourd sur l’avenir de la région. Ces projets de biomasse répondent à des critères européens, mais ne tiennent pas compte des problèmes locaux et de la réalité du terrain.
Freddy le Saux