L'histoire commence dans l'Oise à Beauvais. Depuis plus de vingt ans, une recyclerie employant dix sept personnes, mène un travail de fond sur la récupération des déchets, leur valorisation et leur réemploi. Dans l'équipe, Olivia et Yvon souhaitent essaimer des recycleries de ce genre ailleurs en France.
Ils rencontrent Juliette, Lucie et Guillaume, nouveaux installés à Peyrat-le-Château, qui, de leur côté, réfléchissaient à la création d'un café restaurant "culturel".
De cette rencontre est né un projet commun : une "ressourcerie culturelle", dont la première formalisation a été en novembre dernier la création de l'association Le Monde allant vers…
Pourquoi une "ressourcerie" ? "Nous avons choisi ce terme plutôt que "recyclerie" car l'idée qu'un déchet puisse devenir une ressource, nous paraît essentielle. C'est du reste le terme employé au Québec pour ce type de structure". Mille déchets, mille ressources, en quelque sorte…
En collectant les encombrants, en triant les déchets, en réparant les vieux objets et en les remettant dans le circuit économique grâce à la création d'un magasin, la ressourcerie travaille donc en amont des traditionnelles déchetteries que nous connaissons. Par ailleurs, un travail de sensibilisation à la gestion des déchets et à une consommation plus responsable (avec des animations dans les écoles par exemple) fera également partie des missions de la future ressourcerie. C'est bien connu : les déchets les plus faciles à gérer sont… ceux que l'on ne produit pas !
Le lieu imaginé par l'équipe du Monde allant vers se veut aussi espace de rencontre, d'échange, d'expression et de création. On pourra y manger avec un restaurant biologique, s'y divertir avec des spectacles, s'y former avec des ateliers, etc. Des contacts nombreux sont actuellement en cours, en particulier pour trouver le lieu le plus adapté à la mise en place du projet (sans doute dans la région de Vassivière).
Charles Rousseau n'est pas un curé comme les autres. Le plateau a touché là un énergumène qui au sein même de son église fait figure de marginal et qui ne correspond pas à l'image passée et vaguement décolorée que bigotes ou Parisiens en vacances attendent du curé de campagne. A peine installé à Peyrelevade, Charles prend ses distances et refuse par exemple de procéder à la traditionnelle "bénédiction des chiens" de la Saint Hubert à la Chapelle du Rat. "D'accord pour la messe, mais pas pour jouer du goupillon avec les chiens !" proclame-t-il catégorique aux originaires du pays, un peu déçus de ne plus y retrouver lors de leurs retours estivaux le charme désuet de cette geste folklorique. Leurs plaintes arriveront jusqu'à l'oreille complaisante d'une ethnologue1 qui communiera dans la réprobation : "Les prêtres de la Mission de France veulent confier à la politique le rôle d'entraîneur de la société rurale (…) Ils répudient tout apparat et bannissent le faste. Ils ont même supprimé les aubes (…) Ils sont plus tentés de travailler de leurs mains que de secourir les agonisants (…) Ils se sont efforcés de vider la religion de la dimension du sacré et des esprits" et elle ne cache pas son aigreur en parlant d' "un clergé qui ne comprend pas ses ouailles" ou de "l'attitude restrictive des "animateurs liturgiques" qui fait maugréer quelques paroissiens : "Monsieur le Curé, vous êtes moins croyant que nous !"
C'est que le plateau a changé et qu'il n'est plus le reliquaire statique d'une ruralité de toujours que le citadin ou l'ethnologue épisodiquement de retour au pays aimeraient retrouver chloroformée entre souvenirs d'enfance et schémas anthropologiques. Le plateau a changé, et surtout il doit continuer à changer, c'est-à-dire, dans l'esprit volontariste du "curé de Peyrelevade", chercher ses nouvelles vocations dans un monde mouvementé qui le cantonnera dans un rôle ou des fonctions non choisies s'il ne prend pas lui-même en main son devenir. C'est là sa profession de foi dans le territoire, une profession de foi qu'il partage avec de jeunes élus issus ou proches de la mouvance néorurale comme Bernard Coutaud, maire de Peyrelevade, François Chatoux, maire de Faux la Montagne ou Pierre Desrozier, maire de Gentioux. Les trois jeunes maires se connaissent, s'apprécient. Deux d'entre eux adhérent à un Parti Socialiste qui, à l'époque, pouvait encore faire rêver (le troisième les suivra quelques années plus tard) et décident de s'unir au sein d'une intercommunalité qui leur paraît la seule issue pour le développement de leurs communes respectives. Un sociologue2 de la même génération précise : "Sur le plateau, au centre du Limousin, à Faux la Montagne, Peyrelevade et Gentioux, François Chatoux, Bernard Coutaud et Pierre Desrozier mettent en oeuvre certaines des idées formulées pendant les années soixante-dix. Celles-ci avaient constitué la figure utopique de la recherche d'alternatives à la crise des outils de régulation macro-économique et macro-sociale. A l'épreuve du réel, il s'avère qu'une partie des solutions à cette crise passe par des voies locales" C'est aussi ce que pense et veut faire Charles Rousseau. Au sein de son église, il explique, répète, démontre, proclame que les chrétiens ne peuvent plus vivre leur foi - ni les curés leur sacerdoce - comme ils l'ont vécu depuis bientôt 2000 ans. Aux catholiques du plateau, éparpillés et disséminés, il propose de nouvelles formes d'engagement et, dans la logique des prêtres de la Mission de France, il insiste particulièrement sur l'ouverture au monde, aux gens et au pays dans lequel ils vivent. En aucun cas il ne s'imagine enfermé dans sa sacristie.
En 1974 il crée avec quelques autres membres de la communauté chrétienne l'association "Les Plateaux Limousins", acquiert une maison et une petite grange au Villard, sur la commune de Royère de Vassivière, et entreprend d'y créer un lieu de rencontre et d'échanges. La petite équipe y construit des gîtes, y organise des débats et y lance la première des "fêtes des Plateaux" qui, de 1978 à 1986, deviendront chaque dernier week-end de septembre, le rendez-vous obligé de tous ceux qui se reconnaissent acteurs de la vie du pays.
Charles Rousseau n'a pas oublié ses anciennes leçons de sociologie et de statistique. Il les ressort à l'occasion de la fête des Plateaux qui se décline chaque année sur un thème différent : l'agriculture, la forêt, les énergies, la vie associative, etc. Pendant l'hiver, le curé explore bibliothèques, revues, archives et administrations pour dresser le panorama argumenté et illustré du thème de l'année. Il transforme le tout en exposition qui sert ensuite de support aux débats organisés dans le cadre festif du rendez-vous de septembre. Entre flonflons et grillades, musique et jeux pour enfants, dans une ambiance hybride de kermesse et d'université d'été, on débat de ce qu'est et de ce que sera le plateau de Millevaches.
C'est Charles Rousseau qui lancera le premier le slogan "Mille sources, mille ressources". C'est lui qui montrera, chiffres à l'appui, le dynamisme associatif du territoire. C'est lui qui pointera le risque de réduire le plateau au seul rôle de fournisseur de matières premières lorsqu'il centre la fête de 1983 sur les entreprises de transformation. C'est lui encore qui sent venir l'ère des "nouvelles technologies de l'information" lorsqu'il organise sur le thème de la communication la fête de 1986 (l'année même de la création de Télé Millevaches).
Etudiant l'implantation au XIXème siècle des lignes de chemin de fer en Limousin, il a été frappé des réactions contradictoires des communes et s'est aperçu que la région aurait alors bien pu passer à côté de cette innovation technologique majeure. Il voit pointer un risque similaire avec ces nouveaux outils en "ique" dont on dit qu'ils seront à la révolution informatique du XXème siècle finissant, ce que les trains furent à la révolution industrielle. Il veut attirer l'attention de ses concitoyens sur ce nouvel enjeu et, du ton légèrement prophétique qu'il lui prenait parfois d'affecter, il n'hésite pas à appeler à la mobilisation populaire :
"Des fêtes comme ça, apparemment, ce sont des fêtes pour rien. Ce sont des fêtes gratuites en quelque sorte, puisqu'elles ne sont pas payantes et qu'on ne peut pas dire que ce sont des fêtes rentables ! Alors on peut nous dire : c'est de l'argent fichu par les fenêtres ! A quoi bon ? Et bien nous, ce n'est pas du tout comme ça que nous voyons les choses.
Qu'une information sur les atouts de l'avenir se passe dans un contexte comme celui-ci, où l'on n'est pas chacun chez soi mais où on est ensemble dans une fête qui est quand même une fête d'espérance, nous paraît être un facteur tout à fait important pour un processus de développement.
Ce n'est pas le tout d'avoir des programmes, ce n'est pas le tout d'avoir des gens qui font des projets, il faut qu'il y ait un peuple qui se lève, il faut qu'il y ait une conscience commune qui se fasse et de ce point de vue, la fête des Plateaux, elle a contribué à cela" Charles Rousseau a alors 63 ans. Se sait-il déjà atteint du cancer qui l'emportera deux ans plus tard ? Sent-il s'effriter le dynamisme de son association après douze ans d'actifs défrichements ? Ou pense-t-il toucher aux limites d'une fête dont l'envergure commence à dépasser les forces du noyau actif des Plateaux Limousins ? Il cherche à passer le flambeau à des bras plus solides, et l'initiative perdurera en effet quelques années sous la houlette du Bureau d'accueil de la Montagne limousine (une structure rassemblant des élus qui sera à l'origine de la relance du projet de parc naturel régional dans les années suivantes).
Mais Charles Rousseau pense aussi qu'un rendez-vous annuel reste insuffisant pour qu'un territoire s'interroge sur les enjeux de son avenir. Il voudrait créer un outil plus performant, qui intervienne de façon régulière et plus fréquente dans le débat public, un outil qui soit accessible au plus grand nombre, qui puisse demeurer facteur de vulgarisation, de débat et de prise de parole. Bref, inventer une "fête des Plateaux" qui s'étale sur toute l'année en touchant une population plus large et qui, sous d'autres formes, poursuive l'agitation citoyenne et territoriale qu'il animait depuis huit ans avec ses fêtes.
Il a entendu parler de ces toutes premières équipes qui en différents endroits de France ont commencé à utiliser les nouveaux outils de communication sur leurs territoires. Il a quelque lien avec Paul Houée (un autre curé agitateur) qui dans le pays de Mené, en Bretagne, développe des projets faisant appel à l'informatique ou à la télématique. Il a repéré quelques expériences pionnières du côté de la Franche-Comté (Télé Saugeais) ou des Alpes (avec l'association d'animation du Beaufortain) qui se sont saisies de la vidéo comme support de communication locale. Il y perçoit la conjonction d'une démarche politique, d'une appropriation citoyenne de moyens techniques et d'une approche résolument moderniste des évolutions du monde rural. Il sait que ce dernier n'est plus ce qu'il était il y a seulement vingt ans et qu'il ne sera plus, dans vingt ans, ce qu'il est encore aujourd'hui. Il veut poursuivre le pari, pris en 1974 avec la création des Plateaux Limousins, que ces évolutions peuvent être maîtrisées, choisies et décidées par les populations qu'elles concernent. C'est dans ce contexte que l'idée de réaliser sur le plateau un "journal vidéo" lui vient à l'esprit. Ainsi naîtra en 1986 Télé Millevaches.
Michel LulekCe texte est extrait du livre "Télé Millevaches, la télévision qui se mêle de ceux qui la regardent" à paraître en septembre 2006 pour les vingt ans de Télé Millevaches aux éditions REPAS.1 Anne Stamm L'échange et l'honneur, une société rurale en Haute-Corrèze, Société d'ethnologie du Limousin et de la Marche, Limoges 1983.2 Pierre Maclouf et Xavier Lambours Figures du Limousin, page 96. Ed. Herscher/Lucien Souny, Limoges, 1986.
En 2004, Hélène Domayala a réalisé pour le compte du parc naturel régional un "état des lieux des ressources culturelles" sur le plateau. Sans être totalement exhaustive son enquête balaie largement le champ culturel local sous ses formes les plus variées. Salles polyvalentes, lieux de diffusion spécialisés, art contemporain, musées, cinémas, bibliothèques, musique et chants, danse et médias sont auscultés assez précisément pour connaître ce qui se passe dans ces divers domaines. Les points faibles de chacun de ces secteurs sont relevés et quelques pistes d'actions sont proposées pour y remédier. Parallèlement à cette enquête deux autres études plus spécifiques sont en cours. La première, réalisée par la Scène nationale d'Aubusson établit un diagnostic technique de 23 salles de représentations de spectacles sur le plateau (4 en Haute-Vienne, 8 en Creuse et 11 en Corrèze). Les premiers éléments de ce travail mettent en évidence que la plupart des salles dans leur état actuel ne sont pas adaptées pour recevoir un spectacle et qu'elles doivent donc être réaménagées différemment.
Le second diagnostic, confié à l'Institut d'Etudes Occitanes, concerne le recensement des acteurs qui travaillent sur la langue et la culture occitane.
Mais l'état des lieux des ressources culturelles ne s'arrête pas aux salles et aux structures. Chacun sait qu'en la matière les acteurs, hommes et femmes, associations et groupes, sont plus importants ! Dans une seconde partie, sont donc étudiées les "ressources humaines" et les "actions culturelles" existantes : festivals (18 recensés), évènements culturels, pratiques amateurs et actions artistiques à destination des jeunes et des enfants. Enfin, un dernier chapitre fait un tour d'horizon des ressources et actions en terme de patrimoine.
Hommage est rendu aux associations : "Leur rôle est important car elles prennent le relais des pouvoirs publics dans le cadre par exemple de la diffusion de la culture, elles contribuent au renforcement du lien social au sein d'une population très dispersée et enfin elles défendent l'identité des populations locales et la pluralité de la culture".
A la suite des rencontres RELIER, une vingtaine de personnes intéressées pour développer des initiatives culturelles sur le plateau se sont réunies à deux reprises ces dernières semaines. Elles désirent échanger sur leurs projets, leurs
difficultés et leurs envies et envisagent de renouveler en septembre prochain un événement culturel comme celui organisé fin septembre dans le cadre des rencontres nationales Culture et Ruralité.
Soucieux de mieux se tenir au courant des initiatives des uns et des autres ce collectif informel d'acteurs culturels du plateau s'est constitué une liste internet de diffusion de l'information interne baptisée : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Par ailleurs le site millecultures.net lancé par Télé Millevaches et Activeprod s'est également associé à cette démarche.
Le groupe, largement ouvert, poursuivra ses réflexions dans les prochaines semaines. Vous pouvez le rejoindre.
La vie culturelle en France est foisonnante, tout le monde nous l'envie.
Toutes ces créations, toutes ces compagnies, tous ces théâtres, et pourtant toute cette vie culturelle est plate, terriblement plate, désespérément conformiste, formatée, attendue. Pourquoi si peu de secousses ? Si peu d'étonnement ? Explications :
Quelle municipalité, quel ministère, aurait envie d'attribuer une subvention à Antonin Artaud ?
On lui demanderait un dossier 21 x 29,7 avec ses intentions, et un budget dans lequel il lui faudrait montrer ses partenaires, scènes nationales, festivals, il aurait rendez-vous avec le maire qui ne sentirait pas ce créateur assez proche des électeurs. Il ferait un peu peur avec son regard étrange. On ne voudrait pas de lui non plus pour les animations scolaires de classe A 3.
Et voilà pourquoi aujourd'hui l'avenir appartient aux artistes propres sur eux, ne faisant pas trop de vagues, tranquilles, et sachant surtout ficeler de solides dossiers rassemblant de bons partenaires.
Pour avoir un compte rendu des rencontres RELIER des 24, 25 et 26 septembre 2004 sur le plateau il faut lire le dernier numéro d' Alternatives Rurales qu'on peut se procurer auprès de Peuple et Culture, 108-110 rue St Maur, 75011 Paris, tel : 01 49 29 42 80. La revue Cassandre a publié deux numéros sur les initiatives culturelles en milieu rural, en donnant la part belle à de nombreux témoignages, sous le titre : "Retour aux sources rurales". Ce sont les numéros 52 (mars-avril 2003) et 53 (mai-juin 2003) qu'on peut se procurer pour 5,5 euros chaque numéro auprès de Co-Errances, 45 rue d'Aubervilliers, 75018 Paris, tel : 01 40 05 04 24.
Cette agréable revue offre avec ces deux numéros un bouquet d'articles qui prouve la vitalité, le dynamisme et l'inventivité des campagnes en matière culturelle. Festivals, théâtres, associations d'éducation populaire, artistes installés à la campagne, fêtes ou musées, il y a de quoi glaner tout au long de ces pages. La devise de Cassandre : "l'art principe actif", n'est pas volée !
Une autre revue, éditée conjointement par les Ministères de la culture et de l'agriculture mérite de retenir l'attention. Son titre : Champs culturels. Si de nombreuses initiatives, menées tout particulièrement dans les établissements d'enseignement agricole, y sont présentées, la revue ne craint pas d'aborder les problématiques les plus larges qui traversent le domaine culturel. En témoignent les trois derniers numéros dont les thèmes sont : "Corps, art et culture" (en 2002), "Arts, sciences, culture et technologies" (2003) et "Jardins et création" (2004).
Pour se procurer ces numéros, il faut s'adresser en Limousin à Elisa Goulier : lycée des Vaseix, 05 55 48 44 00.
Après 25 années d'agriculture, j'ai cédé mon exploitation de production de petits fruits à un jeune agriculteur. Le temps de la retraite n'étant pas encore venu, il me fallait envisager une autre activité professionnelle. C'est dans cette perspective que depuis quelques temps un travail autour des livres me trottait dans la tête. En effet, ils font partie intégrante de mon univers tant pour leur contenu que pour l'objet qu'ils représentent. L'envie de transmettre ma passion de la lecture m'a conduit petit à petit vers le projet d'ouverture d'une librairie. Une opportunité de boutique à Eymoutiers, petite, mais avec des volumes intéressants et bien placée s'est présentée. Quelques mois de travaux et la librairie "Passe-temps" s'est ouverte fin mai 2004.
J'ai choisi de proposer des livres neufs et d'occasion, un peu d'ancien pour le plaisir. L'espace restreint m'oblige à opérer un choix minutieux en fonction de mes goûts, de l'actualité et des conversations avec les gens. Je commande aussi tous les ouvrages que les clients souhaitent lire. Le livre d'occasion permet de remettre dans le circuit quelques titres oubliés.
A l'étage une petite galerie d'exposition offre un espace à des artistes afin qu'ils montrent et qu'ils partagent leur création avec des gens et d'autres artistes. Raymond Valente a été le premier à présenter un travail sur son appartement avec des dessins en relief. Cet été, Golo, dessinateur de bande dessinée qui vit au Caire nous a fait découvrir la vie bouillonnante d'une ville égyptienne. Puis Isabelle Rousseau a présenté un travail très rigoureux qui demande qu'on s'y attarde et qui apporte beaucoup de sérénité.
Deux soirées ont eu lieu en octobre et en décembre. Chacune d'elles a permis à une vingtaine de personnes de découvrir et d'échanger à propos de René Char, puis du roman policier. Au cours de l'année 2005, plusieurs rencontres sont prévues : soirée mathématique, poésie, polar, conte.
En définitive j'espère pouvoir créer un lieu, une petite poche de résistance où il peut faire bon passer même quelques instants.
Rappelons les épisodes précédents. Au lendemain et en réaction aux attentats contre Charlie hebdo en 2015, vécus comme une négation de la liberté d'expression et de la presse, le Gouvernement décide de créer un fonds national de soutien aux médias de proximité. Celui-ci s'intitule exactement « Fonds de soutien aux médias d'information sociale de proximité (FSMISP) » et il est confié au ministère de la Culture. Au sein de ce ministère, il est géré par la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC).
Selon les mots du ministère de la Culture, « le fonds de soutien aux médias d'information sociale de proximité permet d'accompagner financièrement le développement de médias ancrés localement, apportant une information de proximité, et favorisant la continuité du lien entre les habitants d'un quartier, d'une ville ou d'une région ». Il définit ainsi ces médias qu'il a pour mission de soutenir : « Outils d’information, d’expression, de création et de dialogue, les médias de proximité tissent un lien de confiance avec les citoyens et constituent le meilleur rempart contre le "populisme numérique". Vecteurs d’information et de cohésion sociale, ils contribuent à valoriser et à faire évoluer l’image des territoires, notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ou les zones de revitalisation rurale et permettent à un large public de se familiariser avec la pratique journalistique, participant ainsi de l’objectif d’éducation aux médias. »Par le travail qu'ils mènent depuis de nombreuses années (1986 pour Télé Millevaches, 2002 pour IPNS et 2015 pour La Trousse corrézienne), par leur façon d'associer des habitants à leurs productions, par l'image qu'ils renvoient de leur territoire, etc., nos trois médias cochent à peu près toutes les cases pour bénéficier de ce fonds, au même titre que de nombreux autres titres associatifs, militants ou culturels ailleurs en France qui reçoivent aussi des subventions du FSMISP. Les services de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) qui instruisent nos demandes nous l'ont du reste dit explicitement plusieurs fois – à IPNS une des fonctionnaires avec laquelle nous étions en contact il y a deux ans nous ayant même indiqué que nous aurions été légitimes à demander une subvention plus importante... C'est bien pour cela que Télé Millevaches bénéficie de l'aide du FSMISP depuis la création de ce fonds en 2016 sans discontinuer (pour un montant d'environ 19 000 €), ainsi qu'IPNS depuis 2019 (pour 3500 €) et La Trousse depuis 2017 (pour 9000 € en 2022)1.
Alors que les années précédentes nous recevions des réponses au tout début de l'été et que nos demandes suivaient un processus normal, l'année 2022 a été marquée par d'étranges retards dus à des allées et venues entre le ministère de la Culture et le ministère de l'Intérieur dont nous avons pu établir la réalité par échos, déductions, quelques témoignages de fonctionnaires et ce qu'on pourrait appeler un faisceau d'indices. Cette année-là, sur l'injonction du ministère de l'Intérieur, via sans doute le préfet délégué à la sécurité en Nouvelle-Aquitaine, nos dossiers ont été interceptés et il a fallu que le ministère de la Culture s'affirme avec vivacité pour que finalement les aides nous soient attribuées. Les raisons de cette obstruction ? Eh bien en partie parce que le « Plateau » est considéré depuis le ministère de l'Intérieur et les préfectures comme un lieu d'insoumission (vous savez l' « ultra-gauche » que des journaux comme Le Point2 ou Le Figaro3 montent en épingle et que Darmanin ne cesse d'attaquer4), que les positions et actions qui en émanent déplaisent dans certaines instances politiques d'État, que des membres plus ou moins reliés à nos titres sont considérés comme dangereux, que nos propos ne sont pas toujours macroncompatibles – ce qui constitue désormais un crime d'antirépublicanisme... Tout cela est évidemment très politique, et n'a souvent pas grand-chose à voir avec la réalité. Et cela se fait évidemment sans aucune possibilité de confrontation directe et réelle avec nos détracteurs « tapis dans l'ombre » des ministères...
En 2023, nos trois médias redéposent leur dossier auprès du FSMISP. Et, comme l'an dernier, les choses traînent anormalement, même si nos interlocuteurs à la DRAC ou à la DGMIC nous disent qu'aucun média n'a encore reçu de réponses et que nous n'avons pas à nous inquiéter, que tout cela est normal, etc. Désolé si ce sont nos trois petits canards qui ont mis tout le monde en retard, mais la réalité est que jusqu'en octobre rien n'a bougé... Ce que nous savons cependant, c'est que la commission consultative qui donne un avis sur les versements du FSMISP, en juin, ne voit pas passer les demandes d'IPNS et de Télé Millevaches... Pourquoi ? On ne sait pas. On devine bien sûr – et vous aussi lecteur ou lectrice avisé.e. Mais on ne sait pas. Les affaires traînant, Télé Millevaches et IPNS décident de saisir directement la ministre de la Culture dans un courrier adressé à elle le 31 octobre : « Huit mois après le dépôt des demandes, quatre mois après la tenue des commissions, aucune nouvelle (…) Par ailleurs, des informations diffusées dans la presse nationale (Le Monde du 10 août 2023 : « Sur le plateau de Millevaches, « une liste rouge » d'associations ») semblent confirmer nos craintes quant à un ostracisme délibéré visant nos deux médias qui sont jugés un peu vite comme représentant un éventuel danger pour la République – bien que l'un comme l'autre, nous ayons signé le Contrat d'engagement républicain imposé aux associations, et même si nous demeurons critiques, comme l'ensemble du monde associatif et comme le Haut Conseil à la vie associative, vis-à-vis de ce contrat. Étonnés du délai de réponse du FSMISP, anormalement long par rapport aux années précédentes, échaudés par des difficultés déjà rencontrées l'an dernier dans l'attribution de cette aide qui nous a été manifestement octroyée par votre ministère contre l'avis du ministère de l'Intérieur pour ce que nous en avons compris, inquiets du contexte global de méfiance des pouvoirs publics vis-à-vis d'un certain nombre d'associations, nous nous permettons de nous adresser directement à vous, Madame la ministre, pour savoir ce qu'il en est de notre demande pour 2023 et connaître, le cas échéant, les raisons réelles d'un éventuel rejet. » Sans réponse, nous avons au téléphone le 22 novembre, Mme Magali Valente, directrice adjointe de cabinet de la ministre, en charge de l'audiovisuel et de la presse, qui nous confirme que notre lettre est sur son bureau et qu'elle est en attente de décisions... Le 27 novembre enfin, nous prenons connaissance de la liste complète des médias soutenus en 2023. Ni IPNS, ni Télé Millevaches, ni La Trousse corrézienne n'en font partie. Cette année c'est le ministère de l'Intérieur qui a gagné.
Evidemment, ce refus met en difficulté nos structures – et en premier lieu celles qui ont des salariés. Pour IPNS on repassera peut-être en noir et blanc comme au bon vieux temps et on en profitera pour redire que s'abonner est vital pour la survie de notre journal. Allez les amis, cessez de piquer votre IPNS à votre voisin et abonnez-vous à votre nom, incitez vos propres amis à le faire, etc. On a vraiment besoin de cette mobilisation et de ce soutien. 14 € par an ce n’est pas la mer à boire et en plus, compte-tenu de tout cela on va peut-être devoir augmenter un peu le prix qui n'a pas bougé depuis plus de 10 ans... Mais surtout, nous n'en resterons pas là. En lien avec l'Observatoire des libertés associatives, un universitaire va venir documenter les atteintes aux associations sur le Plateau ; nous ne tairons pas l'ostracisme dont nous faisons l'objet et le Plateau avec nous ; nous allons poursuivre nos enquêtes sur le sujet ; et surtout nous n'allons pas nous arrêter pour autant parce qu’une subvention (légitime) nous a été supprimée. Non ce dernier épisode n'est pas un épilogue. On va ouvrir la saison 2 !
1er décembre 2023. Nous bouclons le n°85 d'IPNS en consacrant notre une à la suppression des subventions de trois médias du coin : Télé Millevaches, La Trousse corrézienne et IPNS. Comme nous l'expliquions dans ce numéro1 9 mois après avoir déposé notre dossier, 5 mois après avoir été évincés de la commission nationale qui donne un avis sur le versement du fonds de soutien aux médias d'information sociale de proximité, nous apprenions que nos médias ne bénéficieraient pas de ce fonds en 2023, nos trois associations n'apparaissant pas dans la liste officielle et close qu'avaient reçue courant novembre plusieurs autres médias bénéficiaires.
Le mardi 5 décembre 2023, nous prenions donc le conseil d'une avocate qui, au vu des éléments que nous lui fournissions, estimait que nous étions en droit de saisir le tribunal administratif, nos dossiers ayant manifestement bénéficié d'un « circuit particulier », différent en tout cas, de celui des autres dossiers. Le lendemain un reportage de France 3 Limousin2, suivi rapidement d'un article dans StreetPress3 faisaient connaître la situation au plus grand nombre et un début de médiatisation commençait. Libération suivait en janvier4 et le député de la Haute-Vienne Damien Maudet, interpellait dans une question écrite la ministre de la Culture : « M. Damien Maudet alerte Madame la ministre de la Culture au sujet des trois médias auxquels les subventions publiques ont été retirées sans raison apparente, sauf celle de ne pas soutenir la politique gouvernementale (...). Il est vital, aujourd'hui plus que jamais, de soutenir la presse associative, sans menace de censure par coupes budgétaires arbitraires. Par ailleurs, les associations ne peuvent être condamnées à vivre ou mourir selon le bon vouloir d'un seul homme, qu'elles aillent ou non dans son sens du récit. M. Maudet demande à la ministre si elle va réparer cette injustice et empêcher cet acte de censure. »Le mercredi 6 décembre 2023, nous envoyons une lettre recommandée avec accusé de réception à la ministre de la Culture pour exiger une réponse officielle à notre demande de subvention. Dans les jours qui suivent, la journaliste de StreetPress qui enquête sur notre affaire, contacte le ministère de la Culture, le ministère de l’Intérieur et la préfecture de Nouvelle-Aquitaine, qui, selon la formule consacrée, n’ont « pas souhaité lui répondre ».
Le mardi 12 décembre 2023, nous sommes alertés par La Trousse Corrézienne qui vient de recevoir un coup de fil du ministère de la Culture qui lui demande son relevé d'identité bancaire... Dans les jours qui suivent, tout se précipite... Le mercredi 13 décembre 2023, coup de théâtre, nous apprenons qu'une décision du ministère de la Culture vient d'être publiée au sein de ses services, augmentant le fonds national des médias de proximité d'une somme permettant de financer... trois médias. Devinez lesquels ? Oui ! La Trousse, Télé Millevaches et IPNS ! Le vendredi 15 décembre 2023, les comptes bancaires de Télé Millevaches et IPNS sont abondés des sommes attendues... qu'on n'attendait plus. Et la notification officielle nous est transmise le lundi 18 décembre 2023. Nous ne résistons pas à publier cette décision administrative de dernière minute, prise dans l'urgence et sur mesure pour nos trois petits (vilains) canards... (voir ci-contre)
Évidemment, nous ne le savons pas précisément, mais il est assez facile de le deviner. Au sein même de l'administration tout le monde n'est pas forcément d'accord pour supprimer les subventions aux associations, et, comme nous l'expliquions dans notre article, l'appréciation des choses varie énormément selon qu'on est au ministère de l'Intérieur ou au ministère de la Culture. Dans un premier temps ce dernier avait perdu... Le début de médiatisation et surtout la menace d'une procédure judiciaire qui avait des chances de nous être favorable a sans doute modifié ce rapport de force interne à l'administration.Y-a-t-il de quoi se réjouir ? Pas vraiment. L'histoire révèle en effet d'inquiétants fonctionnements sournois dont de nombreuses autres associations ont payé les frais les années passées (Télé Millevaches entre autres sur d'autres lignes budgétaires) et rien n'est gagné pour les années à venir. Par ailleurs, nos trois médias ne sont pas les seuls à subir l'ostracisme des préfectures et d'autres associations locales souffrent également de rétorsions. Une nouvelle « liste noire » d'associations à surveiller de près et dont les dossiers sont, selon la demande de la préfecture de région, à étudier avec une particulière vigilance, a également été diffusée au sein de certains services administratifs. Le jeudi 8 février, une trentaine de responsables associatifs (représentant environ une vingtaine d'associations du territoire) se sont rencontrés pour se communiquer leurs déboires, expliquer comment chacun réagissait face à ceux-ci et étudier les modalités d'une riposte commune. Parmi les actions envisagées, une saisine du Haut Conseil à la Vie associative, organe de conseil placé auprès du Premier Ministre et composé de 25 expertes et experts du monde associatif qui émet des avis sur des sujets intéressant les associations. Cette saisine viserait à lui demander d'éclaircir les comportements opaques et ostracisants de certains services de l'État envers les associations. À l'issue de cette réunion, les participants s'accordaient sur l'idée que nous ne devions surtout pas baisser les bras et que tous les moyens efficaces étaient bons pour défendre la liberté associative : saisine du HCVA donc, mais aussi médiatisation, poursuites judiciaires, solidarité inter-associative, etc. Un prochain rendez-vous est pris en avril pour poursuivre cette mobilisation.
Nous ne voulons pas terminer cet article sans remercier nos lecteurs et lectrices qui nous ont fait part de leur soutien, en s'abonnant ou en se réabonnant, souvent avec des abonnements de soutien parfois substantiels. La solidarité exprimée ainsi est pour nous la meilleure garantie de notre existence et de notre pérennité. Nous les remercions de ces encouragements qui, dans les temps qui courent, sont tout à fait indispensables et risquent de l'être de plus en plus.
Samedi matin 22 avril, il est 9 heures et il pleut. Les voitures arrivent sur la place de la bibliothèque à Nedde. Combien sommes-nous pour faire cette visite dans le Puy de Dôme ? Sept personnes, ça va, nous allons pouvoir faire le voyage avec deux véhicules. Les techniciens de Télé Millevaches sont là, ils prennent déjà des images, nous expliquent un peu le déroulement : ils veulent monter ce reportage un peu comme une enquête alors ils nous installent des micros et nous annoncent qu’ils vont tourner dans la voiture pendant le voyage. 9 h 15 : Nous partons, nous passons par la Courtine. C’est le plus court, mais la route est un peu plus sinueuse. Télé Millevaches prend des images des paysages que nous traversons et nous interviewe, Vincent et moi. 11 h : Nous arrivons à Tortebesse. J’appelle Laurent Mège pour qu’il m’indique la route pour aller chez lui au village des Plaines. Il est en train de changer un troupeau de vaches et j’entends son chien aboyer. Ce n’est pas compliqué, c’est tout droit, me dit-il. Nous continuons, voyons le panneau « les Plaines », puis une ferme. Nous sommes arrivés.
Depuis le témoignage de Laurent Mège lors de la réunion publique du 29 octobre 2022 à Nedde, j’appréhendais un peu cette visite. Qu’allons-nous découvrir ? J’aperçois une femme et un homme derrière une baie vitrée, je m’approche, c’est Mme Mège et le voisin M. Morge qui est aussi éleveur, ils nous attendent. Laurent Mège arrive, toujours aussi dynamique. Ils nous invitent à nous installer autour de la grande table, Télé Millevaches filme toujours mais nous finissons par les oublier. Laurent Mège nous montre des plans et divers documents, c’est une ferme familiale depuis trois générations où ils produisent du lait pour une coopérative qui fabrique divers bleus d’Auvergne et des tommes. Son troupeau est constitué d’environ 70 vaches montbéliardes qui produisent une moyenne de 7 500 litres de lait par an. Ils ont deux bâtiments : un pour les génisses qu’ils gardent, et un autre où sont les laitières avec la salle de traite attenante. En 2014, Laurent Mège décide de rénover une grange en maison d’habitation et comme il n’y a pas de possibilité d’internet par ligne téléphonique, il fait une installation par parabole type Nornet afin de faciliter ses démarches administratives, notamment ses déclarations. Pour son voisin M. Morge qui est à 900 m du parc éolien mais de l’autre côté, c’est un peu la même situation et les mêmes problèmes. Son épouse est vétérinaire salariée dans un cabinet et fait tout pour les aider mais elle subit des pressions de l’ordre des vétérinaires. Pour cette raison, elle n’a pas voulu témoigner car elle a peur de perdre sa place. En 2018, un parc de 6 éoliennes de 90 m de haut, relativement petites comparativement à d’autres, s’implante sur la commune voisine à 900 m de leur village. Ils n’ont a priori rien contre les éoliennes mais à partir de là, les ennuis commencent : tout d’abord, plus d’internet ! Ils changent la box, puis l’ordinateur mais rien n’y fait. Les diverses déclarations se font en retard, ce qui leur vaut des réprimandes. Évidemment sans internet, c’est moins facile. Un jour un technicien un peu plus perspicace que les autres demande : « Quel changement y a-t-il eu depuis que vous avez la parabole ? » - Nous avons un parc éolien en face de chez nous ! En fait, comme les éoliennes sont situées en face de la parabole, les pales coupent le faisceau.
Puis ça commence avec le troupeau de laitières : la production de lait baisse, les vaches sont bizarres, elles se regroupent dans une partie de la stabulation et restent comme un troupeau de moutons collées les unes aux autres. Soit elles ne boivent plus du tout, soit elles boivent beaucoup à la fois. Elles refusent de rentrer dans la salle de traite, se couchent et finissent par mourir. M. Mège perd jusqu’à neuf ou dix vaches par semaine soit environ 50 à 60 animaux par an. Les vétérinaires viennent, sept se succèdent mais ne comprennent pas ce qui se passe. Ils font des analyses qui ne donnent rien, certains finissent même par penser qu’il ne soigne pas bien ses animaux. Dépité, M. Mège fait faire des analyses toxicologiques à base de poils de ses vaches et là sont détectés des taux anormalement élevés de fer, zinc, cuivre, plomb, cadmium. Il effectue les mêmes analyses sur sa famille à partir de leurs cheveux et le résultat est le même que sur leurs vaches. C’est un peu normal, ils vivent en complète autarcie. Potager, volailles, charcuterie, viandes, lait, œufs, tout est produit sur la ferme. Ils se tournent vers des géobiologues qui commencent à parler de champs magnétiques dus au parc éolien installé sur une immense nappe phréatique. À ce moment-là, nous décidons de sortir de la maison pour aller voir les bâtiments et les animaux. Nous n’avons toujours pas vus les éoliennes. Nous commençons par le bâtiment des génisses, et là c’est le choc ! Un premier box de 6 ou 7 petites vaches bizarres avec des têtes d’adultes mais avec des petits corps et des gros ventres. Il nous lance : « Quel âge ont-elles à votre avis ? » Comme il y a des agriculteurs dans le groupe, certains disent 5 mois, 8 mois… Et bien non, elles ont 12 mois. De toute façon il n’a plus de problèmes avec les mâles, les vaches ne font plus que des femelles. C’est stupéfiant ! Dans un autre box, une quinzaine de jeunes génisses : certaines sont plutôt jolies et d’autres un peu mieux que celles du premier box, mais quand même avec un problème. Les plus jolies ne sont pas nées ici, car voyant que tout s’effondrait, en 2021, il décide d’aller dans un autre bâtiment situé à 8 km qu’il loue pour l’hiver. Il déménage les vaches et là, quelle stupeur, les animaux rentrent dans le bâtiment comme si elles l’avaient toujours connu, il décide d’utiliser la salle de traite sans faire de frais et là aussi les vaches rentrent pour se faire traire sans aucune difficulté. En trois semaines la production de lait remonte, les vaches vont mieux et le moral remonte également. Il reste dans ce bâtiment pendant cinq mois, refait des analyses toxicologiques et tout est redevenu normal.
Ensuite, nous allons voir les laitières dans l’autre stabulation. Là on aperçoit enfin les éoliennes, il y en a six, elles sont dans la brume et ne sont effectivement pas immenses. Dans un pré attenant, on voit des pierres genre menhirs installées par M. Mege. Elles sont pointées au-dessus des veines d’eau qui traversent le bâtiment pour en atténuer les effets. Pouvant peser jusqu’à 2 tonnes, certaines se sont fendues. Cela prouve bien la force qui se dégage de la terre. Ensuite, nous rentrons dans le bâtiment par la salle de traite, là il nous montre avec une baguette le champ magnétique présent à l’entrée du passage des vaches. La baguette se met à tourner. C’est la raison qui empêche les vaches de rentrer dans la salle de traite. Les vaches sont plutôt tranquilles, certaines sont couchées et en bon état de santé, mais toujours un peu sur le qui-vive. Nous avions complètement oublié Télé Millevaches qui ne filme plus, plus de batterie, mais juste le temps de revenir à la voiture et c’est reparti pour la conclusion. Nous décidons de rejoindre la maison et conclure un peu cette matinée de visite. Laurent nous explique pourquoi il met autant d’énergie dans ce combat : il ne veut pas que ce qu’ils vivent avec son épouse et son voisin M. Morge ne se reproduise ailleurs. Plusieurs fois dans la matinée, il nous a lancé : « Maintenant, je ne veux plus fermer ma gueule, je n’ai plus rien à perdre ! ». Depuis deux semaines, Laurent Mège travaille comme ripeur pour une entreprise de ramassage d’ordures ménagères. Ne pouvant plus rembourser les prêts de l’exploitation, il décide de passer ses permis poids lourds afin de devenir salarié. Son épouse va rester sur l’exploitation pour continuer la production de lait. Tandis que nous les remercions pour leur disponibilité et leurs témoignages, ils nous encouragent fortement à tout faire pour empêcher l’implantation de ce parc éolien chez nous à Nedde. L’agence immobilière qui souhaitait témoigner finalement se défile, elle a trop peur de perdre des clients. Le représentant de la chambre d’agriculture ne vient pas au rendez-vous. Télé Millevaches enregistre son témoignage par téléphone, il dit soutenir les agriculteurs en difficulté et comprend leur détresse. Florent Tillon de Télé Millevaches commence à comprendre pourquoi les témoignages sont difficiles à obtenir : tout le monde subit des pressions. C’est l’omerta. Il y a beaucoup de projets en cours dans les communes avoisinantes, dans des forêts domaniales et à terme, ce sera près de 240 éoliennes qui seront installées sur les montagnes tout autour de chez eux…
Né à Laval, dans le pays de sa mère le 10 septembre 1926, Henri est le neuvième de dix enfants. Sa famille vit à Feytiat, près de Limoges, dans un domaine agricole de plusieurs fermes. Tout en étant les châtelains, ses parents exploitent eux-mêmes une bonne partie de la propriété. Henri étudie et passe son bac à Limoges et participe à la JEC (Jeunesse étudiante chrétienne), un de ces mouvements d’action catholique qui réunit, dans les années 1950, des catholiques engagés socialement. Ayant perdu deux frères à la guerre, il est dispensé de service militaire. Ouvrier agricole chez un autre frère, il prend la décision d’entrer, à 21 ans, au séminaire d’Issy-les-Moulineaux. Au bout de trois ans, il part en stage à La Souterraine, dans la première équipe creusoise de la Mission de France (plus connue sous le nom de « prêtres ouvriers », ce mouvement réunit des prêtres qui concevaient leur mission en dehors des murs des églises. Il sera interdit par le Vatican en 1954, avant d’être à nouveau autorisé en 1965. Ces prêtres trop rouges ou trop à gauche faisaient tache dans une église encore très conservatrice). Il travaille comme ouvrier agricole à demeure, c’est-à-dire qu’il loge à la ferme et ne retrouve l’équipe pastorale que le dimanche. En 1951, il rejoint le séminaire de la Mission de France basé à Lisieux. La différence saute à ses yeux : « À Lisieux, les élèves sont traités en hommes et prennent leurs responsabilités, tandis qu’à Issy on rappelait au règlement... » À la suite du limogeage du supérieur de Lisieux, le séminaire est transféré à Limoges en 1952. Henri est alors envoyé au Monteil-au-Vicomte (23), faisant équipe avec deux autres prêtres. Il travaille comme ouvrier agricole dans une grosse ferme de 30 hectares, puis est employé chez des agriculteurs plus jeunes, dans le village de Murat, à Vidaillat, qui voit arriver un des premiers tracteurs dans la région.1
Le 21 mars 1954, Henri est ordonné prêtre pour le diocèse de Limoges, à l’église de Feytiat. Il annonce son choix de devenir « prêtre pour le milieu paysan ». Dans son homélie, l’évêque ne trouvera pas mieux que de vanter les bienfaits de la soutane. Quelqu’un avait vu Henri entrer dans la cour du séminaire en tenue de travail, sans soutane... L’interdiction des prêtres ouvriers venait de tomber, mais l’interdit concernait assez peu les ouvriers agricoles et Henri poursuivit son engagement en passant entre les mailles du filet. Il racontait avec gourmandise l’achat d’une moto qui lui donnait enfin la possibilité de circuler plus librement et … sans soutane. La moto allait de pair avec la liberté missionnaire, voire liturgique, alors qu’on célébrait encore la messe en tournant le dos aux paroissiens. Cette génération pionnière ouvrait les portes de l’Église. Il passe ainsi 18 ans en Creuse avant d’être envoyé dans l’Allier en 1971 dans l’équipe rurale de Lurcy-Lévis. Les ouvriers agricoles n’existent plus, alors il apprend le métier d’électricien. Avec quatre autres prêtres, il porte la responsabilité des paroisses du secteur dans un contexte de grande déchristianisation. Les baptêmes le désespèrent particulièrement. Au bout de cinq ans, écrit-il, « je me fais difficilement au caractère de ce pays. Le plus désespérant est le rapport avec ceux qui demandent des sacrements à l’Eglise : la sacramentalisation que je suis obligé de faire est à l’opposé de ce que je pense ». Après une année de pause et de formation il revient en Limousin, côté corrézien, à Bugeat. Nous sommes en 1978. Il retrouve un emploi d’électricien tout en assumant la paroisse, toujours en équipe. Il trouve sur le Plateau Charles Rousseau, curé de Peyrelevade, qui « œuvrait à la mise en place d’un lieu d’Eglise qui ferait signe pour l’ensemble du plateau de Millevaches ». C’est ce qui deviendra en 1974 Les Plateaux limousins. Une maison est acquise au Villard, et le lieu va se développer, accueillir les fêtes du Plateau et servir de point de rencontre à nombre d’activités et de personnes qui croient en l’avenir d’un territoire que beaucoup jugent perdu. Henri apportera ses talents de bricoleur pour l’aménagement et l’entretien du lieu. En 1985, il s’installe à Gentioux (23) où il travaille toujours comme artisan électricien. Passionné de photo et de vidéo, il participe aux premiers reportages de Télé Millevaches colportant dans les bars les nouvelles du Plateau. On lui doit le premier générique déroulant de Télé Millevaches en un temps où le numérique n’existait pas : une longue feuille de papier qu’on enroulait avec une petite manette sur un tube de cuivre...
En 2001, la Mission de France le rappelle pour le service et l’entretien de sa maison-mère à Pontigny, dans l’Yonne. Ses talents de recycleur y font merveille. Dans ce secteur, il découvre une Église où des groupes de laïcs prennent part à la vie ecclésiale. En 2003, revenant sur ce qu’il a vécu, il dit avoir été interpellé profondément dans sa foi chrétienne par les non-croyants. « Je me suis toujours considéré et présenté comme prêtre au travail. Mais il serait mieux pour l’Église dans un pays, de se considérer d’abord comme quelqu’un d’un pays, travaillant dans le pays et ensuite comme prêtre. L’emprise du cléricalisme fait qu’on pense trop rapidement l’inverse. Si l’on vit vraiment avec les gens, pour la vie du pays, cela permet de réagir comme les gens, avec leur mentalité et leurs approches et donc de penser l’Évangile pour le pays. »
À 85 ans, il se rapproche de sa famille et réside à Limoges. Accueilli en unité Alzheimer ces trois dernières années, il s’est éteint le 14 juin 2022.
En ce qui concerne la question posée concernant le manque criant, actuel et plus encore futur prévu, d'artisans du bâtiment aptes à répondre aux appels d'offres concernant le "millier" de rénovations envisagées par le programme OPAH du Plan Etat-Région, et surtout avant l'échéance, hélas négociée, de révision à 3 ans, où l'argent alloué risque fort d'être repris par ses bailleurs faute d'actions réalisées à temps à cause justement de ce manque, il me paraît urgent de mettre en oeuvre un programme ambitieux et volontariste d'implantation de familles d'artisans qui seront les premiers acteurs de cette rénovation. Ceci devra permettre, par paliers successifs, grâce à une politique constante et soutenue dans le temps, l'implantation de nouvelles familles et la rénovation de nouveaux logements, les unes permettant les autres et réciproquement, sur une période programmée non sur 3 ou 5 ans, mais au moins sur 10, tout effet de "baguette magique" étant exclu ! Au delà des souhaits pieux et des incantations déjà essoufflées, il faut une action réaliste et concrète pour recruter ces artisans par une prospection nationale et internationale ; pour ce faire, des conditions d'exonérations et d'aides doivent être mises en place rapidement.
De plus, il est important que ces rénovations ou ces restaurations dans certains cas, soient faites dans un esprit et avec des techniques respectueuses de l'environnement et de la santé tout en respectant les savoir-faire traditionnels, sans défigurer ni bétonner, "polystyréniser" ou "formaldéhyser" : on ne rénove pas une vieille grange en granite comme on construit à la va-vite un pavillon en parpaings ! Le Parc se doit, par définition, d'être pionnier dans ce type de programme de qualité et non de générer une banalisation brutale et industrielle du bâti, qui mange les budgets en appauvrissant ou même détruisant un patrimoine, au profit d'entreprises extérieures, "mercenaires" et sans états d'âme. Un cahier des charges et des programmations précises doivent être définis dans cette direction en concertation avec les administrations et les associations concernées.
De plus, il est important de cibler et conditionner les aides à la rénovation de l'habitat sur des bâtiments destinés à l'installation (locative ou non) d'habitants s'engageant à vivre effectivement à plein temps sur le territoire.
En ce qui concerne les programmes de développement du bois-energie, il est important de préciser :
Ceci étant de plus générateur d'emplois ou tout au moins apport complémentaire de ressources pour les communes, les forestiers et les agriculteurs.
Aujourd’hui, environ 30 000 enfants sont instruits en famille parce que c’est l’organisation et le mode de vie qui convient le mieux à ces enfants à un moment de leur vie. Nous revendiquons le droit d’instruire nos enfants selon le mode d’éducation qui leur convient le mieux. Nous revendiquons le droit de choisir le genre d’éducation à donner à nos enfants (article 26-3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948) car les parents sont les premiers instructeurs de leurs enfants.
Depuis quelques années, les familles pratiquant l’Instruction En Famille sont de plus en plus contrôlées et une défiance s’est installée à leur égard. Ces familles ne sont pas « hors système ». Un amalgame infondé est apparu entre Instruction En Famille et « radicalisation ». Nos enfants sont intégrés à la société et vivent leur vie pleinement. Nous privilégions le respect de leur rythme et de leurs centres d’intérêt. Nous les accompagnons et les aidons à développer leurs propres aptitudes. Nos enfants se réunissent souvent pour participer avec d’autres à des activités sportives, artistiques, culturelles. Ils sont ouverts sur le monde. La réalité de la très grande majorité des enfants instruits en famille est très loin de l’image de fillettes accueillies par des femmes en niqab et enfermées entre « quatre murs presque sans fenêtre » !
L’arsenal législatif et réglementaire existant est déjà largement suffisant pour contrôler les familles. En effet, tous les deux ans, les familles déclarant instruire leurs enfants sont contrôlées par la mairie, qui demande aux parents les raisons de leur choix. De plus, tous les ans, l’Inspection académique évalue les acquisitions des enfants en fonction du socle commun de connaissances défini par l’Éducation nationale. La très grande majorité des contrôles sont jugés satisfaisants. Retirer la liberté d’instruction aux familles est une atteinte à nos libertés ! La liberté d’instruction et la liberté d’enseignement sont des droits constitutionnels. Nous refusons que nos libertés soient restreintes car l’amalgame entre Instruction En Famille et radicalisation est infondé.
Personnellement, je n’ai pas envie de rendre ma famille victime du « piège scolaire » qui consiste à croire que les chances de réussite professionnelle ou sociale sont directement liées à un « capital scolaire » que l’école a le pouvoir de donner ou de retirer. Et que ce serait cette réussite là qui déterminerait le bonheur à venir, celui qui fait d’une vie un projet auquel on se consacre avec passion et persévérance. Je souhaite que mes enfants deviennent des adultes confiants et sereins, capables d’affirmer leurs idées et de les défendre avec conviction. Pratiquer l’Instruction En Famille, c’est faire le choix d’une autre relation avec nos enfants. Si nous voulons des enfants capables de s’affirmer, de se défendre, de manifester de l’empathie à l’égard d’autrui et de se battre pour soutenir des idéaux, nous avons le devoir de leur donner les moyens de penser et d’agir librement, mais aussi de contester toute autorité susceptible d’exercer un pouvoir qui pourrait nuire à leur bonheur. Si cette loi venait à être votée, les familles pratiquant l’Instruction En Famille seraient dévastées car elles se retrouveraient contraintes et forcées de mettre leurs enfants à l’école ! Cependant certaines familles entreront en résistance, quand d’autres décideront de fuir la France...
Née en 1986 de l'initiative d'un groupe d'habitants du cœur du plateau de Millevaches, d'abord cantonnée à une poignée de communes, Télé Millevaches, magazine vidéo mensuel d'informations locales, est depuis 1992 disponible en prêt gratuit pour l'ensemble des habitants du territoire qui sont 2500 à le regarder chaque mois. Téléchargeable sur Internet, il est aussi, depuis janvier 2005, grâce au partenariat mis en place avec la chaîne "Demain !" accessible sur tous les réseaux câblés et satellites qui diffusent les programmes de cette chaîne.
Télé Millevaches s'apprêtait donc à souffler ses 20 bougies qui font d'elle la plus ancienne des télévisions associatives locales encore en fonctionnement en France. 20 années d'une information indépendante faite par et pour les habitants du plateau, 20 années de reportages circulant d'un bout à l'autre du territoire montrant l'étonnante diversité d'initiatives et de réalisations qui s'y déroulent et constituant petit à petit un fond unique d'archives locales animées. 20 années de débats autour des problématiques qui s'y jouent, à l'occasion de plateaux enregistrés, de projections ou d'enregistrements publics. 20 années de contribution à l'identité du territoire, de valorisation de ce qui s'y passe. 20 années d'une image dynamique du plateau portée régulièrement à l'extérieur, en France comme à l'étranger, comme aucune campagne de promotion n'aurait pu le faire. 20 années qui ont fait de Télé Millevaches une expérience unique en France par son ampleur, sa durée et sa régularité, une réalisation que bien des territoires et des régions nous envient.
Mais voilà, cet anniversaire n'aura peut-être pas lieu. Si rien n'évolue, d'ici trois ou quatre mois, faute de soutien du Parc naturel régional, Télé Millevaches sera en cessation de paiement.
Comment en est-on arrivé là ? La télévision est une activité qui coûte cher et qui rapporte peu lorsqu'on n'a pas recours à la publicité. Même assurée au moindre coût, comme c'est le cas à Télé Millevaches, avec des salaires faibles pour les personnes qui y travaillent, un important recours au bénévolat et une grande économie de moyens, les besoins restent importants et la vente de cassettes ou la souscription d'abonnements restent des ressources un peu dérisoires.
Pour assurer la réalisation de son magazine, Télé Millevaches a, dès son origine, créé un atelier de production de films dont une partie des ressources peut être affectée à l'activité d'information.
Mais, c'est incontournable, pour assurer sa mission qu'elle considère comme un service public, Télé Millevaches a besoin d'un soutien public.
Ce soutien elle l'a eu jusqu'à présent : de la part du Conseil Régional, intervenu à ses débuts, ainsi que dans des phases difficiles ou encore actuellement pour la réalisation de projets ponctuels ; de la part du Conseil Général de la Creuse, à hauteur de 2300 euros par an depuis de nombreuses années ; de la part de plus des deux tiers des communes du territoire pour des montants unitaires souvent faibles mais, qui additionnés, se situent dans la fourchette de 6000 à 6500 euros par an ; et surtout de la part du Syndicat mixte de Millevaches, partenaire "naturel" qui, dans un premier temps dans le cadre des programmes Leader, puis, à expiration de ceux-ci, sur ses fonds propres, a assuré depuis neuf ans une aide annuelle de fonctionnement de 47 000 euros, réduite à 33 000 euros depuis la mise en place du programme emplois jeunes (soit 30%, puis 20% d'un budget total de l'association qui s'élève à 160 000 euros par an).
Depuis deux ans, confrontée à la fin programmée du dispositif emplois jeunes qui va priver l'association d'un soutien à son activité qui a représenté jusqu'à 61 000 euros par an, Télé Millevaches a attiré l'attention des responsables du Syndicat mixte sur la nécessité pour les collectivités locales d'accroître à terme leur soutien. Au lieu de cela, et malgré les assurances répétées qu'une aide allait être trouvée, et que l'action de Télé Millevaches méritait reconnaissance et soutien, non seulement la demande d'augmentation de l'aide n'a pas été suivie d'effet, mais le Syndicat mixte en charge du Parc naturel régional n'a tout simplement pas donné suite à la demande de subvention pour 2004. Télé Millevaches s'est ainsi trouvée brutalement, sans avertissement préalable, ni même sans aucune prise de décision réelle (sa demande n'ayant jamais été soumise au Conseil Syndical), privée de 20% de ses ressources.
Aujourd'hui, rien ne permet de dire que la situation sera différente en 2005 : des assurances verbales continuent d'être données, un travail de recherche de compléments de financement auprès de la Région est entrepris, mais qui ne pourra se mettre en place que si le Parc naturel régional intervient. Or celui-ci n'a pas jugé utile ni pertinent d'inscrire le soutien à une télévision locale de territoire parmi ses axes prioritaires.
Ainsi, alors que le Parc naturel régional voisin de la Brenne cherche à créer une télévision s'inspirant de ce qui existe ici, que le département voisin du Cantal a soutenu un projet équivalent, la première action concrète de notre Parc naturel régional de Millevaches en Limousin, dont la vocation est d'être au service des acteurs locaux du territoire, va être de signer l'arrêt de mort d'un des rares projets à l'échelle du territoire qui y était pour l'instant vivant.
Des jeunes, des moins jeunes en tenue cycliste spécifique ou en vêtements sportifs moins voyants, et surtout tous revêtus de blousons imperméables. Sur des vélos de tous types, du vélo de course hyper sophistiqué au VTT passe partout, ils se regroupent pour aller distribuer les cassettes et les DVD du magasine du mois de Télémillevaches consacré essentiellement au thème des transports. On rencontre pêle-mêle les jeunes vététistes du club de Nedde, les cyclotouristes expérimentés de l'UC Felletin, des adolescents et des adultes de Faux et des environs, cyclistes occasionnels. Tous ont rempli leur sac à dos avec les enveloppes contenant les cassettes et DVD à distribuer dans chacune des 126 communes du Plateau, dans les mairies mais aussi dans d’autres endroits où les cassettes sont diffusées : bars, clubs d'aînés, particuliers, bibliothèques etc… soit au total 200 colis à distribuer
Les jeunes neddois partent en direction d’Eymoutiers, un groupe de jeunes accompagne les felletinois à Pigerolles, d'autres directions sont prises par les derniers. Olivier, par exemple va se diriger vers Millevaches et effectuera, sans entraînement, un périple de 60 kilomètres, bravo la performance.
A Pigerolles, le rendez-vous est fixé à l'Auberge des Nautas où la famille Chatoux offre le café à ceux qui arrivent de Faux comme à ceux qui vont repartir Gérard et Jacques sont venus de Felletin à vélo, dans le brouillard, ils s'en retournent alimenter deux relais à Felletin et St Georges Nigremont tout en desservant les communes traversées sur le parcours. Un autre groupe, lui aussi du club de Felletin, se dirige vers la Courtine et Eygurande en traversant la forêt de Chateauvert et le massif des Agriers, avant de revenir à Pigerolles ayant accompli un périple d'une centaine de kilomètres par des routes magnifiques ; malheureusement le brouillard épais empêche de jouir des nombreux et splendides panoramas offerts sur ces parcours. Pendant ce temps, d'autres relais sont pris à Bugeat par les cyclotouristes de Sarran, à St Junien la Bregère par les jeune de l'association Vasi Jeunes, etc …
Au total, une centaine de cyclistes ont parcouru environ un millier de kilomètres pour effectuer cette livraison particulière de Télémillevaches. Quelques défections de dernière minute ont obligé à compléter les envois en utilisant la voiture ou tout simplement les services de La Poste. Mais à terme l'opération a été une réussite, même si elle a été gênée par le temps maussade ; c'est ainsi qu'à St Georges Nigremont le brouillard était si épais que deux relayeurs sur trois ont livré les cassettes en voiture, la troisième attendant pour se lancer à vélo qu'un début d'éclaircie rende l'exercice moins périlleux..
Un autre problème, plus inattendu, s'est posé. Les enveloppes étaient trop volumineuses pour les boîtes aux lettres normalisées dont sont équipées la plupart des mairies. Il a donc fallu trouver des endroits abrités pour les déposer ou parfois recourir au service du voisinage.
Dans les milieux cyclotouristes, on a coutume de parler de trois facettes complémentaires de la pratique cycliste :
En l'espèce, c'est avant tout le caractère utilitaire (livraison des cassettes) qui a été mis en évidence, mais l'aspect sportif n'était nullement absent. Quand à la découverte touristiques elle a surtout été contrecarrée par le temps très défavorable. Les enseignements de cette première expérience devraient permettre à une nouvelle édition de se dérouler l'année prochaine dans des conditions encore plus satisfaisantes.
Il fut l’auteur d’une cinquantaine de romans dits régionalistes (parus pour beaucoup aux éditions de la Veytizou), mais aussi un journaliste corrézien qui savait dénicher des trajectoires originales, des personnages ou ce qu’on appelle encore des figures.
Collaborateur régulier de Télé Millevaches dans les années 1990, il avait également publié quelques textes dans IPNS dont le portrait d’un « Gaulois de Saint-Sulpice-les-Bois » (IPNS n°7). Dans le n°2 d’IPNS il racontait sa « conquête » du Pays de Millevaches : « Très longtemps dans mon esprit, avouait-il, il ne faisait aucun doute qu’il ne pouvait s’agir que d’un lieu désolé fait de landes tourbeuses peuplées d’ajoncs, de cimes arrondies garnies de bruyère et de quelques genévriers rabougris ; avec cependant quelques rares bergères portant quenouille... » Une image qu’il a vite corrigée lorsque son activité de technicien du syndicat départemental ovin l’a conduit dans les années 1960 à rencontrer de nombreux paysans du Plateau : « Le fait que je leur dise que j’étais paysan moi-même, avant d’être technicien, cela les comblait d’aise : “Vous nous comprenez, vous, au moins, c’est pas comme les autres...“ Combien de fois entendrai-je par la suite cette réflexion qui, d’emblée, m’ouvrait les portes et contribuait à faciliter ma tâche. » Cette compréhension et cette empathie pour les autres, il l’appliquait aussi bien avec les vieux paysans qu’avec les jeunes néo-ruraux. Fier de sa haute-Corrèze, musicien, conteur et chroniqueur, son itinéraire l’avait conduit de l’agriculture (il fut d’abord paysan) au social (il fut ensuite éducateur) et finalement à l’écriture.
Si l’essentiel de sa production fut romanesque, souvent teintée d’une certaine nostalgie sans pour autant idéaliser un monde ancien, il se livra plus personnellement dans quelques livres, dont le dernier, paru l’an dernier, Le paysan du dimanche. Il y raconte ses relations avec ses parents, sa mère décédée tôt et son père avec lequel la relation fut difficile. Mais c’est un livre également consacré à son épouse, décédée en 2018.
René Limouzin expliquait alors : « Cette fois encore, l’écriture d’un “livre-thérapie“ m’a aidé dans un moment difficile. »
À 94 ans, c’est à son tour de tirer sa révérence. Ceux qui l’ont connu se souviendront d’un homme d’une grande gentillesse, doux, curieux et, malgré une certaine amertume, toujours enclin à se réjouir et à sourire.
Voilà un an que Jean Claude Frisque, à l'époque responsable de la chaîne Demain en limousin nous a contacté pour nous annoncer le souhait qu'il avait de créer une télévision locale à Koudougou au cœur du Burkina Faso.
Même si entre nos deux télés il existait de nombreux points communs, il était difficile d'imaginer à quoi pouvait ressembler notre petite sœur africaine. C'est réellement lorsque nous avons eu la chance pour deux d'entre nous de nous rendre sur place que nous avons saisi tout l'intérêt du travail de cette télévision pas comme les autres.
Entre Télé Millevaches et Télé Yaka un projet de partenariat a été retenu par la commission de la coopération décentralisée du Conseil régional et c'est donc dans ce cadre que nous avons eu la chance de vivre une aventure très forte.
En Moré, Télé Yaka signifie "voisin". Dans une région où cohabitent plusieurs ethnies : Mossi, Peuls et Gourounsi, cette télévision met en valeur les initiatives des habitants de la région et permet de partager des savoir faire et des compétences dans l'intérêt de la communauté. Les reportages sont diffusés en langues moré, lélé et foufouldé.
Ils sont actuellement six à faire vivre cette association, tous ou presque n'avaient jamais fait de la vidéo auparavant.
Dans un premier temps, nous avons fait connaissance puis visionné des sujets de nos télévisions respectives. Tous leurs sujets sont particulièrement bien réalisés, parfois un peu longs. A chaque fois le chef du village doit être interrogé même s'il n'est pas intéressant... D'autre part la plupart des gens ne sachant pas lire, chaque interlocuteur est obligé de se présenter devant la caméra "je m'appelle... je suis le fils de... fils de... "et ça prend parfois du temps.
Des reportages sur une association qui fait de la formation, sur l'excision, sur l'entraide dans les campagnes... ont déjà été réalisés. J'ai tout de suite compris l'importance de ce qu'ils faisaient en regardant leurs images.
Pendant deux semaines nous avons accompagné cette équipe entre reportages et diffusions en brousse. Nous avons partagé leur quotidien approchant ainsi ce pays de près.
Koudougou est une ville de 135 000 habitants qui ressemble davantage à un gros village qu'à une capitale régionale. Tout le monde ou presque se déplace ici en vélo ou en mobylette dans un trafic désordonné et ininterrompu.
Au sortir de la saison des pluies, la couleur ocre de la terre prenait le pas sur le vert des manguiers et des champs de mil, les températures avoisinaient souvent les 40 degrés.
Dans ce pays qui est un des plus pauvres de la planète, il existe une chaîne de télévision nationale qui diffuse essentiellement des programmes américains et des feuilletons brésiliens et qui touche surtout une population urbaine qui possède l'électricité.
La communication et les médias sont un peu les parents pauvres du développement au Burkina Faso. Il y a, à cela plusieurs raisons :
C'est dans ce contexte que Télé Yaka a choisi de s'adresser à tous en allant à la rencontre de son public, en diffusant ses reportages à une vingtaine de villages autour de Koudougou.
Durant notre séjour nous avons eu la chance de participer à une diffusion en brousse, à Salbisko, un petit village situé à une vingtaine de kilomètres de piste de Koudougou.
A peine arrivé le groupe électrogène est branché et la sono très vite diffuse de la musique invitant les villageois à sortir de chez eux. Installé sous un manguier qui fait office de salle des fêtes, l'écran est rapidement monté et les images commencent à s'animer sur la toile. De plus en plus de personnes arrivent des champs à pied ou à vélo des villages alentours. Des femmes avec leur enfant dans le dos, des hommes la houe sur l'épaule, des enfants s'installent au milieu des vélos posés sur le sol.
Tous s'installent autour de cet écran posé au milieu de cette place entourée de champs de mil.
La lumière du jour diminue progressivement, la chaleur tombe et de plus en plus d'enfants se pressent pour avoir les meilleures places. Jean Baptiste qui est animateur de diffusion à Télé Yaka prend son micro et s'adresse en moré à ses téléspectateurs. Il fait les remerciements d'usage au chef du village et explique le déroulement de la soirée. Tous sont invités à l'issue de chacun des reportages à prendre la parole pour débattre de ce qu'ils ont vu.
Les premières étoiles illuminent le ciel, les moustiques s'agglutinent autour de la lumière de l'écran, les gens continuent d'arriver de partout, ils sont déjà peut-être 500.
La lueur des images qui bougent sur l'écran éclaire les visages de ceux qui sont situés devant l'écran, les visages sont captivés par ce qui se passe.
Pour certains enfants c'est la première fois qu'ils voient des images s'animer sur grand écran.
Après chaque reportage chacun s'exprime et donne son point de vue. Après le sujet sur l'initiative d'un village qui a créé sa caisse de solidarité, certains souhaitent déjà mettre en place la même chose chez eux.
Même si je n'ai pas compris grand chose à ce qui s'est dit ce soir là j'en ai saisi toute la force. C'est à l'occasion de cette soirée que j'ai réellement compris le rôle d'une télévision comme celle là.
En repartant de cette diffusion , je n'ai pas dit un mot dans la voiture qui nous ramenait à Koudougou, sans doute ému par cette soirée. Je n'oublierai pas ces visages fascinés par les images, tous ces gens qui applaudissaient et qui remerciaient la télé de s'intéresser enfin à eux.
J'attends avec impatience la venue au printemps sur le plateau de nos amis de Télé Yaka.