L’histoire des Russes de la Courtine a déjà fait l’objet de divers ouvrages, y compris par Rémi Adam qui propose avec ce nouveau livre, quelque chose qui ressemble à la somme sur le sujet : 536 pages pour raconter et analyser l’histoire du corps expéditionnaire russe en France et la révolte de La Courtine qui en est l’épisode le plus connu. Une histoire qui, selon Rémi Adam « se situe à la croisée de l’histoire des relations franco-russes, des mutineries et de la révolution de 1917.
Comment la révolution a-t-elle pu se frayer un chemin jusque dans les tranchées, loin de l’agitation politique de la Russie, apparemment hors de portée de la propagande bolchévique ?
Par quels canaux cette “contagion” a-t-elle innervé l’ensemble du corps expéditionnaire ?
Comment est-on passé, d’une “troupe d’élite” dont les hommes et les officiers avaient été sélectionnés avec un soin tout particulier, à la plus importante mutinerie survenue sur le front occidental ? »
En 1915, alors que la guerre s’est enlisée, le gouvernement français prend la chair à canon partout où elle se trouve. L’empire colonial y pourvoit largement, mais c’est encore insuffisant. Paris forme alors le projet de puiser dans les immenses réserves d’hommes de l’allié russe, en échange de quelques livraisons d’armes. C’est un faible apport militaire, mais un magnifique outil de célébration de « l’amitié franco-russe » – jusqu’au moment où la contagion révolutionnaire vient briser les rêves de la propagande. Les deux brigades russes, arrivées en France en 1916, accueillent la nouvelle de la Révolution de février dans le plus grand enthousiasme.
La détestation du tsar est unanime parmi les hommes. Après le désastre de l’offensive Nivelle dans laquelle elles sont jetées en avril, les brigades se mutinent et exigent leur rapatriement. Elles sont retirées du front, internées à La Courtine, mais rien n’y fait : l’agitation persiste. Elle sera durement réprimée.