En y allant, nous avons découvert un bourg très coquet, avec des habitations restaurées avec goût, une belle église et un jardin de la cure dédié à la botanique avec des espaces pour les activités festives. Nous avons été accueillis dans la rue par des retraités d’un village de Lioux, qui ont retrouvé le berceau de leur famille après une vie professionnelle urbaine et qui sont habitués à participer aux manifestations associatives. Ils nous ont présenté le maire, Jacky Paillard, qui veille avec une autorité bienveillante à ce que les différentes composantes sociales de sa commune (les agriculteurs, les autres actifs, les retraités ayant ou non des racines dans la commune) vivent le plus possible en bonne intelligence.
La journée du livre avait lieu dans La Grange, une salle municipale dans laquelle se déroulent tout au long de l’année des conférences, des expositions, du théâtre et diverses manifestations festives. Cette année, dix auteurs étaient présents avec des productions très diverses. Parmi eux, les auteurs de romans et d’oeuvres poétiques étaient majoritaires, mais nous avons aussi rencontré d’autres personnages. Olivier Noaillas, par exemple, qui est le président de Brézentine environnement. Il raconte dans Une rivière en résistance l’engagement associatif d’habitants de Dun-le-Pallestel et des alentours pour sauver la Brézentine des pollutions qui l’asphyxiaient, principalement celles de l’usine d’équarrissage. Il y avait aussi Hervé Krief qui présentait son essai Internet ou le retour à la bougie, une critique radicale du numérique, et Julien Dupoux qui, dans son pamphlet Requiem pour un pays sauvage, dénonce les laideurs de l’architecture et de l’aménagement modernes (ces deux ouvrages ont été présentés dans IPNS n° 65). Martine Castello, présidente de Vivalioux, donnait, elle, dans l’autobiographie avec Nature morte aux quatre citrons.
Arrêtons-nous sur son histoire personnelle. Avant de vivre sa retraite à Lioux-les-Monges, elle a eu une vie bien remplie. Enfance en Algérie, exode en métropole après l’indépendance, puis une vie professionnelle parisienne. Journaliste scientifique, elle a d’abord travaillé à Libération, pendant les premières années du journal où avaient été instituées l’égalité des salaires entre toutes les catégories de travailleurs et la pratique des décisions collectives. Elle en a gardé un souvenir ému et quelque peu nostalgique. Après cette expérience marquante, elle a travaillé au Figaro et publié de nombreux ouvrages scientifiques allant de l’astronomie à la géologie en passant par la biologie. Depuis sa retraite à Lioux-les-Monges, son dynamisme, son sens du collectif et ses capacités d’animation de groupes ont grandement contribué au dialogue associatif dans la commune. Outre Vivalioux, deux autres associations y sont actives : Passerelles, présidée par le peintre Pierre Passani, qui organise des stages d’art plastique, et La Souillarde, animée par Anne Lemeunier, qui consacre son activité au théâtre et au chant. Une de ses récentes manifestations a consisté à présenter de façon collective et théâtrale les résultats d’une enquête menée par les membres de l’association auprès des agriculteurs du secteur concernant leur travail quotidien et leur vision de l’avenir. Ce qui a donné lieu à un débat approfondi et parfois conflictuel sur le monde rural.
Le dynamisme des associations et des habitants de Lioux-les-Monges démontre que l’intensité de la vie sociale d’une commune ne dépend pas de son nombre d’habitants, mais de la volonté de ceux-ci de pratiquer la convivialité et d’avoir le souci du collectif.
Jean-François Pressicaud