Qu’on l’appelle patois, langue d’oc, limousin, la vieille langue parlée dans la région, c’est l’occitan.
Comme le catalan, le portugais, le sarde, le corse, l’italien, le roumain, l’espagnol, le franco-provençal, le rhéto-roman ou le français, l’occitan est une langue romane qui résulte d’une transformation progressive du latin populaire importé lors des conquêtes romaines.
Cette altération étalée sur près de dix siècles est le fait des survivances linguistiques héritées de peuples antérieurs à la romanisation et des modifications postérieures à l’implantation latine imposées par les différents peuples d’envahisseurs du début de notre ère.
Le morcellement à l’infini semble être l’état naturel de tout langage, les frontières linguistiques sont rarement rigides et proviennent parfois d’interventions historiques et politiques. Ainsi le français parlé en Poitou n’est pas le même que celui parlé en Wallonie. L’occitan est lui aussi fragmenté en dialectes (Auvergnat, Limousin, Vivaro-Alpin, Languedocien, Provençal, Gascon) ce qui n’empêche pas l’intercompréhension. Cette langue est parlée dans trente trois départements du sud de la France, une douzaine de vallées alpines d’Italie et dans le Val d’Aran en Espagne.
A partir du 10ème siècle l’occitan s’est imposé comme une grande langue de culture à l’influence européenne, à travers la littérature des Troubadours dont les premiers et plus célèbres sont limousins (entre autres Bernart de Ventadour, Gaucelm Faidit, Bertrand de Born).
L’occitan n’était pas uniquement réservé pour la création littéraire mais aussi dans la vie de tous les jours (actes notariés, chartes des villes) .
L’ordonnance de Villers-Cotterêts du 10 août 1539 imposa l’usage du français dans tous les actes administratifs et juridiques et accéléra, du même coup, la disparition des langues locales dans le domaine de l’écrit.
L’occitan restera cependant la langue d’usage de la grande majorité des limousins jusqu'à la première moitié du 20ème siècle et, à ce titre, partie intégrante de leur identité.
Après une période de fort déclin, elle est encore présente aujourd’hui et la population y est attachée.
L’occitan (appelé “patois”) éveille un fort courant de nostalgie chez les anciens, on regrette sa future disparition. Cette nostalgie trouve son origine dans la blessure encore vivace provoquée naguère par l’interdiction de parler “patois” à l’école. Mais force est de constater que ces regrets s’accompagnent le plus souvent d’un fatalisme, voire d’un sentiment d’impuissance face à la disparition progressive de la langue d’Oc.
Sa situation dans la zone de la montagne limousine est néanmoins très fragile et appelle des actions de sensibilisation, de valorisation et de re-dynamisation.
Lorsqu’en 1998, un petit groupe de personnes décida de remettre sur pied et de professionnaliser l’association “Institut d’Etudes Occitanes du Limousin”, il y eut beaucoup de sourires en coin, voir de franches rigolades. Cependant le constat que nous pouvons faire quatre ans après est loin d’être négatif et dépasse largement nos espérances.
Nos inspirateurs furent l’Institut d’Etudes Occitanes du Cantal, qui, à cette époque, par son dynamisme, son champ d’action, faisait figure de modèle.
Le potentiel patrimonial culturel de la Haute-Auvergne nous semblait fabuleux, nous ne nous rendions pas compte qu’on avait la même richesse sous nos pieds : pays à forte tradition, riche littérature. Partout dans l’espace occitan, nous avons rencontré des volontés identiques et la même motivation.
Dans un premier temps il a fallu motiver les vieux militants, les encourager à nous donner la main (certains ont tout de suite compris l’enjeu), tisser des réseaux, se faire connaître par les institutions et avant tout définir nos axes de travail et d’actions.