Depuis sa création en 2010, l’association n’a cessé de s’agrandir. Initialement portée par deux personnes, elle compte aujourd’hui huit salariés, une vingtaine de bénévoles et plusieurs dizaines de mètres-cube d’objets à faire tenir dans des locaux de plus en plus saturés.
La ressourcerie a été lancée par deux personnes animées de la volonté de créer une activité économique basée sur un autre rapport au travail, sans hiérarchie, qui soit respectueuse des individus et de son environnement. C’est comme cela que l’une des deux a passé quelques mois dans une autre ressourcerie, le Monde allant vers, à Eymoutiers, pour apprendre le métier, vivre l’autogestion et faire avancer le projet. Ils décident par la suite de l’implanter à Felletin, l’accueil favorable des élus ayant contribué à ce choix. La commune leur loue un hangar, route de Vallière, qui permettra de développer le projet. Rapidement l’équipe s’agrandit et, en 2011, elle ouvre sa boutique dans le centre de Felletin. L’activité tourne bien, au point que le problème de place se fait déjà sentir. Alors, on essaie par tous les moyens de gagner de l’espace en investissant dans des barnums qui permettront d’augmenter la surface de vente. On construit des appentis qui serviront d’ateliers pour les vélos, la motoculture et le gros électroménager. Ateliers de fortune que l’on ne peut utiliser que lorsque la météo s’y prête.
Dès 2013 une discussion s’engage avec la communauté de communes d’Aubusson Felletin pour trouver de nouveaux locaux, plus grands, plus fonctionnels, où l’on puisse utiliser l’eau même quand il gèle... Celle-ci connaît déjà la ressourcerie qui a obtenu un marché public pour la collecte des encombrants sur son territoire. Assez vite il est entendu que les futurs locaux seraient dans l’ancien centre équestre, au lieu dit La Sagne. La définition des aménagements prendra plus de temps mais mi 2016, c’est bon. Les plans des architectes sont finis et pour que le projet voit le jour Court-Circuit propose de prendre une part des travaux à sa charge, tout en étant locataire. Mais à la fin de l’été 2016, alors que la consultation publique des artisans arrive à son terme, la communauté de communes se retrouve financièrement dans le rouge. Retour au point de départ. Le moral en prend un coup et les aménagements provisoires ont trop duré. Les toiles des barnums se craquent, le flux croissant des objets ne tient plus dans un espace qui paraît de plus en plus restreint. La fréquentation croissante de la boutique finit par l’engorger le vendredi matin, jour de marché.
L’hypothèque qui pèse sur les futurs locaux compromet fortement la stratégie de Court-Circuit qui était d’augementer sa surface de vente pour accroître son chiffre d’affaire et ainsi anticiper la fin des aides publiques à l’emploi prévue pour 2020. Actuellement l’association s’autofinance à plus de 80% et réalise chaque année des petits exploits en voyant ses ventes progresser. Mais de là à se financer à 100% dans de telles conditions... Il se trouve que depuis plusieurs mois les propriétaires de la boutique veulent vendre le bâtiment. L’équipe décide d’en faire une opportunité et y voit la possibilité d’agrandir la boutique. Cette dernière assure plus de la moitié des ventes sur un total de 105 000 € en 2016. Avec plus de place, il doit être possible de faire plus. Mais comment s’y prendre ? La ressourcerie ne veut pas à tout prix acheter le bâtiment et préfère choisir son propriétaire pour définir avec lui le montant du loyer et la nature des travaux à réaliser. Ce sera donc la coopérative l’Arban qui a déjà porté une opération similaire à Gentioux avec la Renouée. Très vite, Court-Circuit, l’Arban et les propriétaires s’entendent sur un prix. Reste à boucler le plan de financement.
Pour cela, l’Arban et Court-Circuit apportent chacune des fonds propres et la coopérative contractera un emprunt (voir schéma n°1).
On se dit aussi que le projet devrait bien pouvoir bénéficier de quelques subventions publiques dédiées aux activités économiques en milieu rural. Sauf que non, l’Etat et la nouvelle région ne font pas de la ruralité une priorité. Le FISAC, géré par l’Etat est à sec et la Nouvelle Aquitaine n’intervient plus sur l’investissement immobilier. Et chacun renvoie la ressourcerie vers la communauté de communes, celle-là même qui est en quasi faillite ! Face à ce constat, le choix est fait de faire appel à la solidarité en lançant un appel à souscription. L’objectif est de réunir 60 000 € d’ici à la fin juillet 2017. Ceux qui veulent soutenir la ressourcerie peuvent faire un don via le fonds de dotation “la Solidaire”, prendre des parts sociales dans l’Arban ou tout simplement donner un coup de main à Court-Circuit. L’argent collecté sera intégralement destiné au projet de la boutique (voir schéma n°2). L’équipe ne doute pas de la réussite de la souscription. Peut-être est-ce de la naïveté ou simplement un optimisme forcené, mais c’est cela qui lui a permis jusqu’ici d’avancer avec le sourire.
Frédéric Thomas