Après 4 ans de recherches infructueuses, Jacques Coudert était bien décidé à prendre sa retraite, qu’il ait trouvé repreneur ou pas. Il y avait bien eu quelques intéressés, mais rien de très sérieux. En effet, il n’est pas évident de trouver les fonds nécessaires pour racheter une boucherie qui bénéficie d’une solide réputation et emploie 3 salariés en plus du couple Coudert. Devant l’urgence de la situation, la municipalité de Maussac et Jacques Coudert ont décidé d’unir leurs forces pour mener à bien un projet ambitieux. Parce que la solution ne venait ni de l’extérieur ni des chambres consulaires, elle serait l’initiative du territoire ! C’est ainsi que la commune s’est engagée à racheter la boucherie et les bâtiments attenants pour pouvoir les louer aux repreneurs puis, à terme, les revendre aux bouchers. De son côté, Jacques a démarché les agriculteurs avec lesquels il avait l’habitude de travailler pour les encourager à reprendre à plusieurs le fonds de commerce. Cinq d’entre eux, tous éleveurs en Haute Corrèze, ont accepté de relever le défi et se sont associés en SARL. Il restait à trouver des bouchers qui dans cette configuration ne seraient pas entrepreneurs mais salariés. Les trois salariés déjà présents ont souhaité rester et un ancien apprenti de Jacques a rejoint l’équipe avec un ami. Parmi les cinq bouchers, l’un d’eux a été désigné comme responsable vis à vis des agriculteurs/employeurs.
Après plus d’un an de fonctionnement, tout le monde semble satisfait. La municipalité a maintenu ouvert son commerce et sauvé 5 emplois, Jacques a pu transmettre son affaire et les agriculteurs ont conservé un outil de transformation pour écouler leur production et celles des agriculteurs environnants. Ils gagnent ainsi une certaine indépendance vis à vis de la filière conventionnelle dans laquelle s’inscrit la production de bêtes à viande où ils ne maîtrisent pas les prix de ventes. Depuis la reprise par la nouvelle équipe, le chiffre d’affaire a augmenté alors que les tournées ont été abandonnées. Celles-ci pourraient reprendre mais il faudrait sans doute embaucher une personne supplémentaire. Globalement la clientèle est restée la même. Certaines personnes viennent de loin pour acheter leur viande (Ussel, Egletons...) ! L’accroissement d’activité tient sans doute à la jeunesse de l’équipe (35 ans de moyen d’âge) et aux initiatives qu’elle a prises comme la vente en demi-gros par exemple, mais aussi à la solide réputation de l’établissement. Coudert avait pour habitude de choisir lui-même ses bêtes chez les éleveurs locaux et de les payer un meilleur prix que les cours du marché. Cette pratique semble perdurer. Jacques s’est d’ailleurs appliquer à ce que la transition se passe au mieux. Durant les six premiers mois après la reprise, il a formé son ancien apprenti dans le choix des animaux et la gestion de la boucherie. Il a d’ailleurs accepté que la boucherie porte son nom, gage de qualité. Dorénavant elle s’appelle : “Boucherie Coudert et producteurs de pays”.