Des projets d'énergie renouvelable collectifs pour et par les habitants sur le territoire
Le Too big to fail (trop gros pour faire faillite) a vécu. La folie des grandes unités de production par “intégration horizontale“ (rachat de concurrents) ou “intégration verticale“ (rachat d'intermédiaires entre producteurs et clients) s'est déjà fissurée (faillite de Pechiney) et la puissance chinoise montante nous obligera à nous remettre en question car nous ne serons plus de taille à les concurrencer. La nécessité d'opérer une transition écologique, énergétique ne fait aucun doute. Les directives européennes de mise en concurrence des producteurs (production d'énergies, transports, télécommunications, banques…) ont obligé EDF à accepter des concurrents. EDF est à ce titre mis en concurrence avec d'autres structures pour reprendre la gestion des barrages hydrauliques qui lui avait été concédée après 1945.
Les autres pays européens sont en avance sur nous du fait de nos investissements massifs dans des “rêves de domination par l'excellence“ : Concorde jamais rentable, TGV financé au détriment des lignes inter-régionales, énergie nucléaire financée au détriment des énergies renouvelables… En Belgique, sur 7 réacteurs construits par l’ingénierie française, un seul est en état de fonctionnement, en Grande Bretagne l'EPR a plus de cinq ans de retard et à coût budgétaire pulvérisé. Nos choix stratégiques nationaux seront-ils un jour à hauteur du réalisable et pour les intérêts de tous, donc décentralisés en région ?
À cela il faut ajouter les prospections territoriales massives des investisseurs institutionnels pour développer les énergies renouvelables. Des filiales d'EDF investissent clefs en main sur des toitures privées. Combien de propriétaires ont dû supporter des charges sans avoir reçu leur juste proportion de revenu ? Ainsi ont fleuri des champs d'éoliennes en Beauce et en Brie, une centrale solaire de quelques hectares en Catalogne française, des méthaniseurs comme celui qui est attaché à la ferme des mille vaches en Normandie. Ce dernier exemple révèle un symptôme, celui du chasseur de primes, directes ou indirectes, à la production d'énergie qui relègue l'élevage des laitières au niveau de sous-production.
Devant ce constat, il apparaît évident qu'il faut valoriser nous-mêmes nos ressources naturelles territoriales. Cette prise de conscience coïncidant avec la nouvelle stratégie économique des territoires déshérités, celle des circuits courts, l'association Énergies pour demain et le Parc naturel régional Millevaches en Limousin ont fédéré autour d'eux en juin 2018 un groupe de citoyens, qui a créé une nouvelle association “Courant Citoyen“ le 3 septembre 2018, destinée à étudier la faisabilité de production d'énergie citoyenne, puis une SAS, société par actions simplifiées, permettant aux habitants et collectivités d'investir ensemble et directement dans des installations de production d'énergie renouvelable. Plusieurs exemples régionaux nous servent de guide (voir références en fin d'article).
Nous avons déjà opté pour les orientations suivantes :
D'autres sujets restent à approfondir : le modèle économique, les moyens et sens de notre communication... Nous accueillons dès maintenant tous les volontaires intéressés par le projet.
À terme, nous ouvrirons les investissements citoyens à tous les types de production d'énergies renouvelables pertinents sur notre territoire. Nous sommes conscients que les investissements en énergies renouvelables seront obligatoirement diversifiés en fonction des potentiels dominants. Le principe de bon sens sera de faire des investissements proportionnels à l'exploitation des potentiels énergétiques, dans la durée et non pour l'épuisement des ressources en huit ou dix ans comme le propose CIVB avec l'énergie biosourcée forestière.
Pour les premiers projets nous privilégions les installations photovoltaïques de 9 à 100 Kva (kilo volt ampère), correspondant à une surface de 60 à 650 m², sur des toitures publiques ou privées. Ce choix est fonction des conditions de réalisation des projets, rapidité des procédures administratives, technicités plus éprouvées et montant moindre d'investissement significatif pour le photo-voltaïque que pour les autres sources d'énergies. Il faut savoir que compte tenu de l'engouement pour le photovoltaïque (environ 20 000 installations tendraient vers 150 000 par an après 2020), EDF considère déjà que les installations inférieures à 36 Kva sont assimilables à des productions pour l'autoconsommation locale. Il est même probable que le tarif de rachat de l'électricité à ces petites et moyennes unités soit libéralisé d'ici 2025. Cela signifie que tous les contrats signés avant garantiront un tarif jusqu'à l'échéance. De ce fait, nous avons décidé que les premiers investissements ne seront que pour une vente totale de la production. Nous sommes donc à la recherche de toitures ! L'objectif est d'avoir 5 installations en production d'ici 2020.
Dominique Fabre et Maïlys Habert