C’était le 9 août 2009, le maire d’Egletons, leader de l’UMP en Corrèze, son conseil municipal et l’association des amis de Charles Spinasse avaient organisé une séance d’hommage et de souvenir à l’occasion du trentième anniversaire de sa mort. Une conférence présentait son œuvre d’urbaniste avec la création du collège et de l’Ecole nationale professionnelle et l’école d’application des travaux publics d’Egletons.
A l’annonce de cet événement des historiens et des personnalités civiques du département de la Corrèze s’élèvent vigoureusement contre cette commémoration. Nous reproduisons le premier communiqué du 3 août 2009 signé par quatorze d’entre eux.
Le jour de la manifestation une vingtaine de militants de la Ligue des droits de l’homme, du Mouvement de la Paix, de Réseau d’Education sans frontières et de Peuple et culture arrivent isolément sur le lieu de la “cérémonie“ avec des écriteaux pré-confectionnés cachés sous leurs vêtements ainsi que étoiles jaunes et triangles rouges qu’ils y avaient accrochés. Tous sont entrés sans encombre dans la salle et attendaient le début de la conférence pour sortir les écriteaux.
Et pour mesurer l’ampleur de la réprobation avant même que les militants ne déploient leurs écriteaux, Madame Barbanceys, la veuve de Marcel qui a été le chef de l’AS (armée secrète) en Corrèze , déclenche l’action de protestation par l’enregistrement du chant des partisans à partir d’un magnétophone amplifié qu’elle avait dissimulé dans son sac. A la suite de ce tollé de désapprobation la conférence s’est déroulée sous la garde vigilante de la gendarmerie ! Les visions du bâtisseur ne peuvent occulter les fautes du Spinasse politique qui ont fait de l’ancien ministre socialiste le contre exemple d’un serviteur de la Nation.
“C’est en oubliant les périodes noires de notre histoire que se préparent les périodes brunes et que la bête peut renaître de l’oubli“.
Le 13 août 2009 s’éteignait à Limoges Thérèse Menot à l’âge de 86 ans, Une infatigable témoin de l’horreur nazie et pétainiste, militante des droits des femmes et contre les résurgences du fascisme. Dès 1942 elle entre dans un réseau de la résistance qui l’engage à quitter son emploi à la sécurité sociale pour travailler dans le service de comptabilité de l’usine Gnome et Rhône (ex RVI) du Palais. En 1943 elle a été dénoncée par une collègue de bureau pour avoir fourni des cartes de travail aux jeunes réfractaires du STO et fabriqué des tracts anti pétainistes. A 20 ans en janvier 1944 elle est déportée au camp de concentration de Ravensbruck. Là aussi, elle continuera la résistance en réalisant des actes de sabotage au sein de l’usine où l’on faisait travailler les déportées.
A son retour de déportation elle n’aura de cesse de rappeler le rôle des femmes dans la résistance. Militante du devoir de mémoire elle perpétue le souvenir de la déportation en accompagnant chaque année des jeunes lycéens sur les camps de déportation en Allemagne. Elle leur fredonnait alors le poème de Micheline Maurel “Il faudra que je me souvienne“ qu’elle a écrit pendant sa déportation à Ravensbruck et publié en 1965 dans un recueil de poème : La Passion selon Ravensbruk aux éditions de Minuit.
Avec toute sa modestie et pour faire partager son travail de mémoire Thérèse est entrée, en personnalité indépendante dans l’équipe municipale de Limoges. Malgré les fatigues de l’âge et l’épreuve d’un cancer qu’elle a surmonté elle poursuivra jusqu’au bout ce combat pour que l’on se souvienne de la barbarie nazie. Tessa Racine et Guy Perlier l’ont évoqué dans ce très beau film souvenir :
“Thérèse Menot à force de résistance“ (Les films du paradoxe, 2008).