Ces derniers temps, la Creuse et les départements limitrophes, Puy-de-Dôme et Haute-Vienne, doivent faire face à une vague d’implantation de porcheries de type industriel, à l’instigation d’une puissante coopérative, la CIRHYO, basée à Montluçon dans l’Allier.
Ce coin de France relativement peu peuplé serait-il devenu la nouvelle terre promise de l’industrie porcine ? De fait, les contraintes réglementaires y sont moins sévères que, disons, en Bretagne, la population âgée tarde à prendre parfaitement conscience des enjeux et les « perturbateurs » honnis par l’industrie, en l’espèce les militants écologistes, ne courent pas les rues. Il est donc urgent d’alerter la population locale sur la menace que fait peser ce type d’élevage sur l’environnement, l’économie, la société et in fine, sur l’humanité toute entière. En espérant que l’éducation populaire débouche sur l’action militante et citoyenne…
Réputée pour son lac, Bujaleuf est une commune du Parc naturel régional de Millevaches. « Au cœur du Pays Monts et Barrages en Haute-Vienne (labellisé Pays d’Art et d’Histoire), aux portes de la Montagne limousine et du PNR de Millevaches en Limousin, « entre eaux et forêts », Bujaleuf est une jolie petite commune située à 35 km de Limoges labellisée Station Verte et Station Pêche. Le GAEC Fraysse-Bosredon a un projet d’extension d’un élevage porcin. Il est soumis à la consultation du public. « Le GAEC est assisté par la coopérative CIRHYO pour la mise en œuvre de son projet. », dixit le Cerfa – formulaire de demande d’enregistrement. Le projet, qui porte le nombre d’animaux présents dans l’atelier porc à 3459 (1) (en animaux-équivalents), est associé à l’implantation d’un méthaniseur équipé d’un cogénérateur.
S’agissant du mégaprojet porcin de Bujaleuf, quelques réflexions sur « l’usine à gaz » (le méthaniseur équipé d’un cogénérateur) dont l’implantation fait partie du programme.
Un cogénérateur, de quoi s’agit-il exactement ? C’est un dispositif qui produit en même temps de l’électricité et de la chaleur à partir d’une même source d’énergie, ici en l’occurrence du « biogaz ».
« Le cogénérateur a une puissance électrique d’injection de 160 KVA, bridé à 124KVA pour l’injection dans le réseau. » ([1] - p.5)*, « La chaleur générée par le cogénérateur, dont la puissance thermique est de 155 kWth, est valorisée en partie pour maintenir en température les digesteurs, mais également pour chauffer les porcheries. Si la chaleur disponible n’est pas consommée par des besoins thermiques, elle est dissipée par des aérothermes. » ([1] - p. 6)*
Autrement dit, une partie du biogaz produit par le méthaniseur sert à réchauffer directement l’atmosphère lorsque les besoins en chauffage des porcheries sont nuls, à l’exception des salles abritant les tout jeunes animaux. Circonstances habituelles pendant une grande partie de l’année, sachant que la moyenne annuelle de température à Bujaleuf est de 10,9°C. Vu l’altitude au site d’implantation (327 m, selon la carte IGN), on n’a évidemment pas affaire à un climat de montagne rigoureux avec un froid qui sévit pendant un hiver long. A la station Météofrance de Limoges-Bellegarde (altitude 402 mètres, distante de 35,5 km à vol d’oiseau), une température record de 17,2°C a été mesurée en janvier 2022. Doit-on invoquer le changement climatique ?
Et quid des périodes de canicule ? « La température du digestat est comprise entre 38°C et 41°C au maximum. » ([1] - p. 5)*. Comment se comportera le méthaniseur lors des pics de chaleur en été, lorsque la température de l’air avoisine les 40°C ? Limoges-Bellegarde a enregistré un record de chaleur de 37,9 °C en juillet 2019.
« Sur l’unité de méthanisation, tous les paramètres du process de méthanisation sont surveillés journalièrement, et en cas de dépassement de valeurs seuils certains génèrent des messages d’alarme envoyés sur les portables des exploitants. En cas d’arrêt du digesteur, les lisiers arrivant dans la pré-fosse peuvent être renvoyés directement dans la fosse à digestat. » ([1] - p. 6)*. Malicieusement, on peut se demander si l’électricité « verte » produite par les panneaux photovoltaïques installés sur les porcheries ([4] - p. 19)* est prévue pour servir à la réfrigération du digesteur, au cas où celui-ci entrerait en surchauffe…
Pour faire face à un éventuel pic de production, des mesures de gestion prévoient le stockage temporaire de biogaz, ou la destruction du biogaz par torchage en cas de dépassement de la capacité de stockage réglementaire, qui doit permettre de stocker au moins 3 heures de production nominale ([1] - p. 31-32)*. « L’équipement qui sera installé est une torchère C-NOX. Elle est dimensionnée pour […] brûler la totalité de la production instantanée du digesteur même en cas d’arrêt total du cogénérateur » ([1] - p. 32)*.
Le système est dimensionné de façon telle que l’exploitant ne devrait pas recenser « plus de trois événements de dépassement de capacité de stockage ayant impliqué l’activation durant plus de 6 heures d’une torchère », « à l’exception des opérations de maintenance et des situations accidentelles liées à l’indisponibilité du réseau de valorisation en sortie d’installation », à savoir le cogénérateur ([1] - p. 32). On ose espérer que la torchère ne sera pas allumée trop souvent, pour la beauté du ciel nocturne2…
Avant tout, il nous paraît important de préciser que notre but n’est pas de mettre en valeur notre groupe à travers le nom que nous lui donnons, mais bien la musique elle-même. Notre principale idée est de faire redécouvrir des «morceaux» qui ont connu un certain succès à une époque mais qui ont depuis été mis au placard. Nous pensons qu’il est temps de dépoussiérer les partitions et de les ressortir au grand jour afin que les notes reprennent vie. Les musiques de l’entre-deux guerres (année 1920-1930) présentent selon nous beaucoup d’intérêt. Elles restent parfois mal connues de la génération de nos parents et totalement ignorées, faute d’être diffusées, par la génération actuelle.
Notre idée est de les «démystifier» en les actualisant de nouveau à travers nos instruments, étant entendu que nous adapterons nos mélodies par rapport au public visé. Par exemple, ceci risque de faire resurgir des souvenirs enfouis chez les personnes âgées dans les maisons de retraite, sachant qu’une musique est souvent associée à un moment fort de la vie. A l’inverse, la découverte d’un autre style musical constituera un enrichissement culturel parmi les jeunes qui pourront y être sensibles. Nous sommes persuadées que dans certains endroits il y a un vide musical à combler et qu’il est plus simple de faire déplacer un groupe de cinq personnes telles que nous, plutôt qu’un établissement complet (maison de retraite, club du troisième âge, crèche, école, centre de loisirs … et bien d’autres). Accompagner certaines manifestations publiques (fête de la musique, feu de la saint Jean, fête du pain, fête nationale, fête de la batteuse, fête de l’école, fête communale de Noël, commémoration de la guerre…), font également partie intégrante de ce projet.
Grâce à la musique, des liens peuvent être créés entre les gens qui peuvent se découvrir des goûts communs. Nos instruments sont au service du partage, du relationnel, de la découverte, de l’accompagnement, du rapprochement de cultures différentes (nous pensons aux nombreux anglais qui ont de si grandes difficultés à échanger et à s’intégrer). La musique peut devenir une passerelle. Lorsque l’on a foi en quelque chose, la réussite nous attend forcément.
Pour quatre d’entre nous, notre rencontre a eu lieu à l’école du village où nous jouions ensemble dans la cour de récréation… Puis chacune à notre tour, nous avons intégré l’école de musique où notre groupe s’est agrandi. Nous est venue l’idée de partager notre passion commune pour la musique en nous rassemblant de temps en temps autour d’une partition pour jouer quelques notes. Cela dure depuis six ans.
Un beau jour, nous pensions avoir évoluées suffisamment pour oser sortir de l’ombre afin que les gens de Peyrat le Château voient de quoi nous étions capables. Il s’agissait de la fête de la musique en 2002. Nous avons joué sur la place du village un échantillon de tout ce que nous avions appris : musique brésilienne, musique de film, chants populaires…. L’engouement des spectateurs nous a surprises et motivées pour aller plus loin. Nous nous sentions heureuses de faire connaître notre art, fières de notre travail récompensé. Ce panel musical avait l’avantage de s’adresser à un large public.
Depuis, nous participons à différentes manifestations, parfois de notre propre initiative : fête de la musique dans l’église en juin 2003 et 2005, feu de la saint Jean au bord de l’étang de Peyrat le Château, fête du pain en octobre les mêmes années, concert à la maison de retraite d’Eymoutiers car la solitude des personnes âgées nous touche particulièrement. Nous avons eu l’honneur de jouer à la messe de minuit en la Collégiale d’Eymoutiers à la demande de notre curé et de nous produire aux messes d’été du dimanche matin. Ensuite pour l’association Familles Rurales, nous nous sommes rendues à la halte-garderie Piccolo où les enfants ont été attentifs et joyeux de découvrir la musique autrement, c’est à dire en joignant l’image de l’instrument aux sons qu’ils entendaient. C’est à cette occasion que la notion d’échange prend tout son sens, notre volonté est d’initier les plus jeunes à nos instruments. Cependant notre plus grand plaisir cette année reste les deux invitations de nos professeurs pour clôturer l’audition de l’école de musique. C’est pour nous la récompense d’un travail reconnu et apprécié par ceux qui nous ont encadrées et encouragées.
Il est impossible de terminer cette présentation sans raconter l’événement «choc» qui nous a profondément touchées. Lors de notre prestation musicale à la maison de retraite d’Eymoutiers, un papy centenaire et aveugle depuis la naissance, nous a joué quelques airs de musique de sa connaissance après nous avoir écoutées en manifestant son engouement. Il nous accompagnait avec des gestes (il fredonnait, tapait le tempo du pied et applaudissait). Son visage rayonnant a ancré notre volonté et notre plaisir à faire partager et découvrir nos instruments.
Pour mener à bien et développer notre projet et nous insérer dans le tissu local, nous avons sollicité l’association Familles Rurales de Peyrat le Château. Forte de ces 141 familles adhérentes elle propose de nombreux services et des loisirs. Elle est à même de nous faire bénéficier de son expérience et de nous accompagner matériellement dans de bonnes conditions. Elle nous a permis d’accéder à des appels à projet.
C’est ainsi que nous avons participé au concours des «Trophées J PASS 2006» organisé par le Crédit Mutuel et Familles Rurales à l’échelle nationale. Ces trophées ont pour objectif de faire émerger des groupes locaux de jeunes à partir d’un projet. Ils veulent valoriser les capacités d’initiatives et d’engagement des jeunes dans les territoires ruraux. En donnant un coup de pouce à leurs projets ils les impliquent dans la vie locale.
Nous avons envoyé notre dossier de candidature et nous avons été sélectionnées pour passer «l’oral». Le rendez vous avait lieu à Orléans le 6 juillet. Et nous voilà parties en train toutes les cinq. La rencontre se déroulait en vidéo conférence, les membres du jury étaient à Paris. Nous devons avouer que c’était une expérience amusante. La réponse ne se fit pas attendre longtemps Monsieur Ribeil notre correspondant national de Familles Rurales nous a annoncé par téléphone la bonne nouvelle : «Vous avez le premier prix 2006, rendez-vous le 23 novembre à Paris à l’occasion du Congrès des Maires de France pour la remise des prix». Nous nous sommes réjouies de voir notre projet soutenu et récompensé. La confiance que nous portent ces organismes nous touche beaucoup.
Et nous voilà, le 23 novembre 2006 à Paris à la Porte de Versailles pour la remise de notre prix. Devant les autres groupes de jeunes ainsi que les représentants de Familles Rurales et du Crédit Mutuel, nous avons présenté notre projet soutenu par un diaporama réalisé auparavant. A notre grande surprise nous avons reçu le prix de 2000 € ainsi qu’un autre chèque de 1500 € attribué par le Crédit Mutuel. Notre projet fut très apprécié. Comme nous avions emmené nos instruments (flûtes traversières, violon, guitare et violoncelle) la clôture de la cérémonie s’est faite en musique en jouant un morceau de notre répertoire.
Parallèlement au concours des «Trophées J PASS», la Mutualité Sociale Agricole (MSA) de la Haute-Vienne nous a proposé de participer à leur appel à «projet jeunes». Comme pour le précédent concours nous avons déposé un dossier et nous avons été présélectionnées. Le 17 novembre nous sommes allées passer l’audition à la MSA de Limoges. Sur les huit p^rojets présentés, le nôtre fut placé en premier. Nous sommes pour la seconde fois en première ligne. Nous sommes très contentes que notre démarche d’aller vers les autres grâce à la musique puisse être accompagnée et soutenue par de grandes institutions comme la MSA qui ont une action au niveau local.
Ce premier prix a été récompensé par un chèque de 1500 € et nous a permis de déposer un dossier pour concourir au niveau national. Notre action se poursuit, il nous faut continuer en donnant tout simplement un petit peu de notre temps. Nous devons nous montrer dignes de la confiance qui nous a été accordée. Selon nous faire de la musique c’est faire partager un message que chacun peut interpréter à sa manière. C’est un art et comme toute forme d’art, elle éveille une sensibilité et une imagination où l’on se laisse emporter. A quoi servent les mots lorsqu’il y a des sons ! Nous produire publiquement plutôt que cachées chez nous permet de faire découvrir la vision de l’instrument liée au son. Il reste valorisant de partager une passion avec d’autres
Grâce à l’école de musique nous avons acquis un savoir qu’il nous paraît injuste de garder pour soi de façon égoïste. Dans la mesure où jouer d’un instrument est un privilège, car ceci est coûteux, requiert de la patience et demande du temps. L’apprentissage est long et parfois difficile.
La musique est certes soumise à la mode des médias, mais les goûts sont personnels et chacun reste libre d’écouter ce qui lui plaît. Ce que nous proposons sort de la musique médiatique actuellement stéréotypée. Pour conclure, il est important de signaler que l’isolement est synonyme d’appauvrissement de l’être humain, alors que le regroupement est une force et un enrichissement. Nous éprouvons le plaisir d’être ensemble, et nous voulons être acteurs dans notre cadre de vie.
“Les études présentées par Pierre Couderc, maître-formateur à l’IUFM de Grenoble et membre de l’Observatoire de l’Ecole Rurale prouvent [que les écoles rurales affichent de meilleurs résultats que les écoles des chefs-lieux de canton ou des villes]. [Ayant suivi de la classe de CM2 à la Terminale 2500 élèves de territoires ruraux et/ou montagnards, tous en classes multi-âges], il ressort d’étonnantes observations et notamment que le degré d’isolement d’une école influe fortement sur les résultats.
[…] Les études démontrent que ces classes ont des résultats scolaires plutôt meilleurs que les autres écoles, avec des taux de redoublement plus faibles. En France, ce dernier se situe autour d’une moyenne de 19 %. Dans les ZEP, il est de 32 %, en zone de montagne, il chute à 16 %.
Les élèves des écoles rurales se distinguent par de bons résultats dans des matières importantes comme le français et les mathématiques. Une fois au collège, […] les élèves maintiennent leur avance sur les autres jeunes.
[…] Quel est le secret des écoles rurales ? Il semblerait que toutes les actions mises en oeuvre pour rompre l’isolement géographique créent une ouverture, un état d’esprit d’échange et de curiosité parmi les enfants propice à un meilleur apprentissage. […] Les enfants sortent souvent de la salle de classe, sont amenés à expérimenter, à travailler en réseau avec d’autres élèves.
Dans les classes multi-âges, les plus grands apprennent à transmettre aux plus petits via des systèmes de tutorat, et donc testent leur propre savoir. Les élèves sont en outre moins nombreux, ce qui facilite le suivi de l’apprentissage par chacun d’entre eux. “[…] L’enseignant se situe en accompagnateur et suit l’enfant de l’âge de 3 ans à 11 ans. Cet accompagnement rend les élèves plus autonomes, une qualité qui facilite ensuite leur adaptation au collège“, commente Pierre Couderc.
Que deviennent ensuite les collégiens? L’étude révèle que l’avance accumulée durant toutes ces années ne les dirige pas vers des études longues. Très attachés à leur territoire, ils choisissent des filières qui leur permettent d’y vivre. Pierre Couderc explique les raisons de ces choix par l’absence d’universités de proximité et leur refus de “couper le cordon“ avec le territoire et les parents. Ce constat l’amène à se poser deux questions : leur orientation est-elle réellement libre ou finalement contrainte à cause de l’éloignement géographique des lieux de formation ? Le départ précoce des études de ces jeunes ne va-t-il pas à l’avenir les gêner pour évoluer professionnellement ?
[…] Pierre Couderc pense qu’il est surtout important que les enfants suivent un processus d’orientation qui leur laisse un libre choix.
Qu’apportent en réalité les classes multi-âges ? Ludovic Marchand, enseignant à la Puye (86) dans une classe unique en milieu rural, impliquée dans le réseau pédagogique Vienne-Gartempe, témoigne. Selon lui, le faible effectif des classes rurales favorise la construction d’identité des enfants et réduit la violence. L’enseignement n’est plus linéaire, découpé en années successives où chaque enfant doit avoir tels acquis à la fin de telle classe. Avec lui, chaque élève avance à son rythme. […] “Si on compare l’école avec l’apprentissage de la marche et de la parole, on se rend compte que l’enfant progresse en fonction de son environnement, en prenant exemple sur les plus grands. C’est ce qui se passe dans les classes multi-âges.“ […] Les interactions sont multiples et variées, favorisant ainsi le réinvestissement des compétences des enfants et la prolongation des apprentissages.
[…] Ludovic Marchand souligne une autre différence notable avec des établissements scolaires plus importants et les RPI : l’école du village est intégrée dans son environnement. Les enfants ne sont pas déposés par le bus mais par les parents, ce qui favorise un dialogue quotidien entre ces derniers et les enseignants.
[…] Récemment, une maman a retiré son enfant de la classe de Ludovic Marchand. Elle était trop stressée, non pas par les méthodes pédagogiques de l’enseignant, mais parce qu’elle craignait que son enfant progresse moins vite par rapport à une classe d’une seule tranche d’âge. La réaction de cette maman questionne fortement Ludovic Marchand sur l’arrivée des nouveaux habitants et notamment des urbains. Ces derniers ont une vision de l’école différente de celles d’habitants issus du monde rural qui connaissent souvent, pour l’avoir vécu, les aspects positifs des classes uniques. […] Selon Ludovic Marchand, la communication autour des atouts de l’école rurale multi-âges doit être renforcée. “Le fait d’habiter en milieu rural n’est pas une punition, si des partenariats et des réseaux d’écoles se créent pour rompre l’isolement et permettre des échanges“.
Diminution des effectifs, suppression de postes, fermeture, concentration, structure, surcharge... “waouh!!“... mais où est encore parti “l’humain“ ?Il semblerait qu’on ait toujours l’éternel souci du portefeuille mais pas beaucoup celui des générations futures.
Voilà où on en est, et même dans nos campagnes on ne parle plus que de ça ou plutôt devrais-je dire on ne parle plus que comme ça. A St-Julien-le-Petit, en ce qui concerne la fermeture de l’école, nous sommes en première ligne, car l’école ferme ses portes à la rentrée prochaine. Alors nous aussi (après tout nous sommes au mois de mai), on a pétitionné, on a manifesté, on a sollicité... mais nous ont-ils seulement vu, entendu, perçu ?
Alors je vous fais part, à vous lecteurs de notre requête.Pour le contexte, St-Julien-le-Petit fait partie d’un Regroupement Pédagogique Intercommunal (RPI) regroupant Cheissoux, Bujaleuf et St-Julien-le-Petit. Ces regroupements ont été créés dans le but de rompre l’isolement des communes tout en maintenant les petites “structures“ scolaires sur chacune d’elles en répartissant les classes d’âge.
Ce qu’on nous propose aujourd’hui, c’est la suppression d’un “poste“ (bien entendu!) et la “concentration“ des classes sur une seule commune, Bujaleuf, tout en restant un RPI (c’est d’une logique implacable, je ne vous le fais pas dire mais je vous laisse présager de la suite).
Bien sûr, les frais sont partagés (beaucoup moins les avantages) et le transport organisé et “non payant“...pour l’instant!). On vient chercher vos enfants au pied de votre porte alors de quoi vous plaignez-vous, nous dira-t-on...mais, on oublie de préciser que l’enfant, lui, il en a pour 30 à 40 minutes de car (suivant sa situation géographique), avec un changement en prime et que dès l’âge de trois ans c’est parti (dans le cas d’enfants scolarisés dès la maternelle)...
Sachant aussi qu’en ce qui concerne la commune de St-Julien-le-Petit, géographiquement, il y a toute une partie de la population qui habite plus
près de Peyrat-le-Château, qui est un secteur dont l’école est déjà “surchargée“, alors, alors,... c’est pas gagné !
Désormais, on peut, dans tout les cas, se poser la question du sens d’un “RPI concentré“ ?
Ah oui, et puis, j’oubliais, cette “fermeture“ d’école dite programmée, elle a été prévue au vu de la baisse des “effectifs“ sur la commune, mais quand on leur signale que “l’effectif“ pour la rentrée, il a doublé, nous entendent-ils ? Toujours pas... évidemment... même en ce qui concerne l’essentiel...Sans doute ne savent-ils pas qu’en matière d’enseignement primaire le bien-être des enfants est intimement lié à la proximité, la singularité et que l’école porte aussi en elle l’avenir de la commune...Ah oui, mais... où est donc passé l’humain...?Bon, en tout cas pour ma part, je les ai tous placés, les mots-“clés“ du début, ceux dont on parle sans cesse et sans remords !
Merci à tous
La France va se couvrir d’éoliennes, transition énergétique oblige. Tentons de comprendre. Les énergies fossiles sont le facteur principal du réchauffement climatique lié à l’activité humaine. Là se trouve l’urgence comme nous le signalent les alertes des climatologues toujours plus pressantes. Or nous constatons que la taxation des carburants des avions et des cargos n’est pas à l’ordre du jour. Nous constatons qu’aucune disposition n’est prise pour tenter de réduire la circulation aérienne, maritime et terrestre. Quand Airbus signe un nouveau contrat de vente d’avions, c’est la fête. Nous constatons que l’investissement de l’État dans l’isolation des habitations est ridiculement faible. Nous découvrons, à l’inverse, que le programme éolien est magistralement soutenu par un financement de dizaines de milliards d’euros. Nous commençons à comprendre que la priorité n’est pas à la lutte contre le réchauffement climatique. Cette lutte sera laissée aux générations futures. La priorité est à l’investissement dans la “croissance verte”, l’énergie éolienne, les voitures électriques, l’industrie numérique, “l’intelligence artificielle”, etc... La Chine prend de l’avance sur nous. Là se trouve l’urgence. L’électricité éolienne ne sera pas en remplacement du nucléaire, mais en complément pour alimenter les besoins croissants en électricité. Pour le moment encore les éoliennes semblent donner le change aux antinucléaires, qui les voient d’un bon oeil, petite vitrine “écologique” même si elles sont aux mains d’industriels goinfrés de subventions. Ne désespérons pas qu’un jour leurs yeux s’ouvrent.
C’est ainsi que débarque chez nous, en catimini, sur Bujaleuf et Champnétery, un projet de 2 parcs éoliens, début 2018. Les élus, démarchés par l’entreprise Valéco, donnent leur accord pour une étude préalable. Valéco rencontre les propriétaires fonciers, dont les 2 maires, et obtient une majorité de signatures de promesses de bail. Deux semaines plus tard ces promesses sont devenues bail irrévocable. Et le projet des 2 parcs éoliens est ficelé. Aucune information préalable à cet accord des élus n’a été donnée à la population, pas même aux riverains, dont 2 employés municipaux, qui “bénéficieront” d’éoliennes de 200 mètres de haut à 500 mètres de leurs maisons. Le projet se concrétise. Conformément à la réglementation, une étude environnementale est lancée, un mât de mesure du vent est posé, une enquête publique suivra, ces préalables étant juste de pure forme. Il n’est plus besoin de vent pour monter une éolienne. Il suffit de la subvention de l’État et de la signature des propriétaires bailleurs. Il n’est plus besoin non plus de l’accord des maires. Ils sont démarchés quand même, leur avis favorable étant une carte de visite utile pour démarcher les propriétaires. Des protestations de riverains s’élèvent, les élus s’en étonnent ou se murent dans le silence. Une association anti-éolienne est créée, de citoyens qui ne veulent pas d’éoliennes ni dans leur jardin, ni dans celui de quiconque. Les relations avec les élus et les bailleurs se sont refroidies. Les informations circulent enfin. Quantité d’autres associations anti-éoliennes existent déjà, en Limousin et à travers la France entière. 200 éoliennes sont en projet sur la Haute Vienne.
L’État n’a jamais eu l’intention de fermer ses centrales nucléaires, il espère au contraire en construire d’autres. Son projet éolien a pour lui 2 avantages. D’une part il donne l’illusion de la transition énergétique vers une électricité “propre” qui a la faveur des Verts et des associations écologistes. D’autre part il lui permet d’augmenter sa production d’électricité pour sa croissance verte. Les éoliennes ne sont pas un moyen de lutte contre le réchauffement climatique. Elles fournissent du courant en moyenne pendant 25 % du temps. Le reste du temps le relais est pris par les centrales à charbon ou à gaz, énergies fossiles qui participent au réchauffement climatique. Cherchez l’erreur !
L’État se défausse toujours plus de sa main-mise sur l’énergie. Il confie son projet aux industriels qui ont pour mission d’inonder le territoire d’éoliennes, moyennant subventions. Subventions pour la construction et subventions pour la production d’électricité : 82 € le Mwh, pendant plusieurs années. EDF facture aux abonnés 41 € le Mwh, et récupère sur leur facture le surplus qu’il a payé aux producteurs éoliens (c’est ce qui apparaît au dos de la facture avec la ligne CSPE : contribution au service public de l’électricité).
De leur côté, les industriels éoliens peuvent vendre et acheter des parcs éoliens comme des petits pains. Total, par exemple, achète des parcs éoliens pour avoir des exonérations de taxes carbone sur ses raffineries de pétrole. IKEA achète des parcs éoliens pour se faire une publicité d’entreprise “verte”. En France, l’éolien c’est d’abord un business.
Quand le promoteur s’invite dans notre Limousin (comme ailleurs) la discrétion est de rigueur. Il ne faut pas ébruiter le projet, sous peine de le faire capoter. Les échanges avec les élus se font dans la confidentialité. C’est là où ces derniers rentrent (naïvement ou pas) dans le jeu du promoteur, engageant l’avenir de la commune et de ses habitants sans la moindre information ni concertation préalables (même si, comme dit plus haut, leur accord n’est plus indispensable). Ce déni de démocratie est proprement insupportable.
Une éolienne rapportera au bailleur entre 1 000 et 6 000 euros par an, suivant le vent, soit plus près de 1 000 que de 6 000. Les communes reçoivent aussi une manne financière qui est évidemment, comme pour les bailleurs, la seule raison de leur accord. Même si certains maires, comme le nôtre, un brin tartuffes, se sentent devenir écologistes, se déclarant désormais “commune à énergie positive”. La distance minimale par rapport aux habitations a été réduite de 1 500 à 500 mètres, alors que ces machines atteignent un gigantisme écrasant. Les nuisances sanitaires sont balayées d’un revers de main, alors qu’elles sont patentes et invalidantes pour nombre de riverains. Le recours au tribunal administratif en première audience est supprimé pour les opposants qui portent plainte. Ils doivent aller directement en appel (ce qui accélère les procédures, qui ne concluent jamais en faveur du plaignant, sauf cas exceptionnel). Rappelons que l’Académie de médecine recommande “de n’autoriser l’implantation de nouvelles éoliennes que dans des zones ayant fait l’objet d’un consensus de la population concernée”. Mais les gestionnaires de l’État, comme les élus locaux, se moquent de leurs administrés.
La situation sur la région Monts et Barrages
80 maires et conseils municipaux à la ronde ont reçu de ma part une alerte sur ces démarches de promoteurs éoliens, leur conseillant notamment de mettre en garde leurs propriétaires fonciers sur les promesses de bail trop vite signées. Ma lettre n’attendait pas vraiment de réponse. Je n’ai eu aucun retour. Il est vraisemblable qu’une large majorité d’entre eux serait favorable à un projet sur leur commune. D’ailleurs d’autres projets éoliens sont déjà en cours ou conclus depuis 2018, sur notre territoire proche. Le problème pour les propriétaires bailleurs c’est que le bail emphytéotique les rend propriétaires de l’éolienne en fin de bail... avec le démantèlement à leur charge ! Je suis frappé du mutisme ambiant, chez les habitants, écologistes inclus, comme chez les élus, sur ce sujet des éoliennes, comme s’il ne fallait pas en débattre, comme s’il était indécent de les refuser. Quelques opposants se lèvent quand même, notamment sur St-Méard. Des paysans refusent aussi de signer sur St-Julien-le-Petit. Des réunions d’information vont se tenir à l’initiative des associations antiéoliennes, malheureusement souvent trop tard si les promesses de bail sont déjà signées.
Ailleurs en France, quantité de témoignages remontent des régions, Aveyron, Allier, Nord, Pays-de-la-Loire, de la part de collectifs, attestant de nuisances environnementales, paysagères, sanitaires, touristiques, de dépréciation du patrimoine immobilier, de désertification accentuée, de dégradation des relations sociales. Globalement un gâchis immense est en cours. Les forces de l’ordre sont en train d’évacuer la ZAD de l’Amassada en Aveyron qui refusait un projet de centaines d’éoliennes et d’un transformateur géant sur leur territoire.
Et pendant ce temps, le réchauffement climatique continue paisiblement sa courbe ascendante.
Si le projet de Royère est effectivement celui d'une porcherie de type industriel, il faut relativiser sa taille qui n'est pas non plus démentielle. Il s'agit d'un bâtiment de 1000 m² accueillant à un instant t 1200 porcs avec trois bandes de 400 sans compter le vide sanitaire nécessaire. Certes c'est de l'élevage hors sol, mais qui, à mes yeux, n'est pas si énorme que cela et n'est en rien comparable avec la ferme des 1200 taurillons. La question la plus problématique me semble être celle de son emplacement à proximité des gîtes collectifs de l'association Les Plateaux limousins, ce qui n'est pas sans poser quelques soucis, en été notamment.
Il faut d'abord corriger quelques arguments qu'on entend ça et là. « Moins de 1m² par porc » : c'est vrai. Mais c'est oublier que pour le bien-être du porc en post-sevrage, il ne faut pas qu'il soit perdu dans un espace et qu'il a besoin de proximité donc surtout pas un 1 m² par porcelet... En élevage porcin en particulier comme dans tout autre élevage, ramener la surface totale au nombre de bêtes n'est pas forcement pertinent.« Les consommateurs n'aspirent plus à ce type d'élevage » : alors à quoi aspirent-ils ? La bio et la vente directe ont traversé ces deux dernières années une crise sans précèdent. Dans cette crise, l'élevage qui a le plus trinqué, avec un nombre important de faillites, c'est l'élevage de porcs en bio. Une des raisons est qu'entre le porc bio et le porc conventionnel, normalement le différentiel de prix est important. Or, comme les porcs en bio ne trouvaient plus preneurs, ils ont été vendus en conventionnel et ça a été la cata ! Comment peut-on continuer à dire que les consommateurs plébiscitent la vente directe et le bio ? Certes l’inflation est passée par là, mais où sont les choix si clairement énoncés ?En réalité, la France manque de porc « bas de gamme » pour répondre à la demande des consommateurs de plus en plus nombreux qui n'ont pas le budget pour acheter du « haut de gamme »... On doit donc importer du porc des élevages industriels, entre autres d'Europe de l'Est dont un certain nombre sont de capitaux allemands ou français. C'est ça et uniquement ça la réflexion de Cyrhio : répondre à la demande. Mais en faisant cela, Cyrhio met des éleveurs dans la panade car le cycle du porc est connu depuis des décennies. Le coût du porc fait le yoyo en permanence car, quand il y a de la demande on installe à tout va, on est alors rapidement en excédent, les prix chutent, les élevages ne font plus face aux charges, on arrose avec des millions d'euros... Et c'est reparti pour un tour ! Dans ce modèle les paysans n'ont aucune autonomie et ils seront pris à la gorge quand ça ira mal.Autre argument à relativiser : « Le plein air est le top ». Je ne me prétends pas être éleveur de porcs. Je n'en ai que cinq, élevés en plein air avec comme principal objectif de valoriser le petit lait. Élever des porcs en plein air quand depuis octobre il pleut, sans avoir de bâtiment pour les mettre à l'abri... Je ne me sens pas toujours fier. Pourtant, oui, le porc est avant tout un animal « fouineur » qui aime se souiller dans la boue quand il a chaud... mais qui, pas plus que nous, aime patouiller dès qu'il sort de sa cabane. Un éleveur de porc me disait : « Quand je suis passé du plein air à l'élevage en bâtiment, quelle qualité de vie ! » Bien être animal et bien être des éleveurs et éleveuses : tout est lié ! Par ailleurs, élever les porcs en plein air à l'aube de l'arrivée de la peste porcine africaine qui est aux portes de la France, avec une réglementation de plus en plus démentielle et une épée de Damoclès au-dessus de la tête identique à celle que subissent les éleveurs de volaille en plein air à l'heure de la grippe aviaire : l'extermination de tous les porcs dès qu'un cas se présentera dans un rayon de x km... Ça donne vachement envie ! Et pourtant, oui, le porc en plein air est une viande de qualité.
Le problème central de l'élevage, quel qu'il soit, est le revenu... Certes il peut se dégager de différentes manières, notamment par un engraissement plus autonome et plus économe, ou par la vente directe. Mais cela reste des solutions de niche. Dénoncer tel ou tel mode d’élevage sans prendre en compte l’économie libérale « quoi qu’il en coûte » voulue par l’Etat et l’Europe, les accords de libre échange signés, le refus d’instaurer réellement des prix planchers accompagnés de prix minimum d’entrée et de closes miroirs, c’est un peu dire comme Molière « Cachez-moi ce sein que je ne saurais voir ». Alors, que faire ? Quoi dire ?J'ai le sentiment qu'on réagit de la même façon que les éleveurs traditionnels creusois qui ne connaissent que les vaches et qui prennent pour farfelu tout ce qui n'entre pas dans leur schéma et qu'ils ne connaissent pas. Ne risque-t-on pas en dénonçant frontalement un tel projet de jeter les agriculteurs dans les bras de syndicats agricoles qui disent « laissez-nous travailler » en creusant eux-mêmes leurs propres tombes également creusées par les décisions de l’État : libéraliser à tout va, limiter au maximum la réglementation et courir vers l'industrialisation au nom d'une soi-disante souveraineté alimentaire. Ne ferait-on pas mieux de travailler à un dialogue avec les agriculteurs et de pointer où sont les vrais responsabilités ?Il faut refaire rêver en tentant de reprendre son destin en main. Mais ça ne peut pas se faire du jour au lendemain. Ça ne peut pas se faire qu'avec des solutions de niches. Ça ne peut pas se faire en opposant consommateurs (et encore, pas tous !) et paysan-nes. Ça ne peut pas se faire sans avoir une réflexion de fonds pour que tous et toutes aient droit à une alimentation de qualité. Comment faire avancer tout ça ? Certainement pas en montrant du doigt les paysans et paysannes qui ne savent plus où aller pour vivre dignement.
Pour revenir au projet de porcherie de Royère, peut être que la réflexion initiale est bonne - vivre ici pour travailler au pays au sein du Gaec familial et diversifier pour installer une nouvelle personne plutôt que de reprendre des hectares et des hectares ce qui aboutirait in fine à créer une structure agricole intransmissible... Sauf à la vendre aux entreprises de la grande distribution, à l'industrie agro-alimentaire ou à des coopératives qui n'auront de coopératif que le nom. Faire un élevage hors-sol clef en main grâce à une coopérative, est ce la solution ? Pourquoi pas ? Tenter de répondre à un problème d' effluents par une fosse qui permettrait de stocker pendant un an et n'épandre que lorsque ça gênera le moins, est plutôt une bonne intention.N'est t-il pas possible cependant de faire autrement avec, par exemple, un élevage sur aire paillée plutôt que sur caillebotis - ce qui permet d'avoir du fumier et non du lisier ? L'élevage sur aire paillée, sans être en bio, prend davantage en compte le bien-être animal et le fumier a beaucoup moins de conséquences négatives que le lisier. Il soulève aussi d’autres questions, telles que le marché, l’approvisionnement en paille. Mais est-ce une voix de discussion possible ? L'emplacement de la porcherie est il vraiment adéquat ? Où la positionner pour qu'elle ait le moins de conséquences négatives, tant pour les Plateaux Limousins que pour d'autres activités touristiques, car oui, les odeurs peuvent avoir des conséquences très négatives.Est-ce que tout cela est possible ? Comment nouer un dialogue avec les personnes concernées par ce projet ? Comment impliquer d'autres éleveurs de porcs qui connaissent leur métier ? Comment, à défaut de fosses en béton, ne pas faire des murs en béton pour réinventer un vivre ensemble autrement?
Je rêve, depuis quelques années maintenant, d’une reconnaissance spécifique du soutien à l’élevage de montagne. Une reconnaissance par paiement pour services environnementaux, reconnaissance du temps de travail (en heures par jour, mais aussi 7 jours sur 7 soit 365 jours par an), de l’entretien et de l'ouverture de nos paysages, de notre alimentation. Connaissez-vous beaucoup de métiers où la présence est quotidienne ? Où, quand les éleveurs partent en vacances, ils payent d’une part leurs vacances (comme tout un chacun), mais financent aussi leur remplacement ?Les coopératives ont déconnecté les éleveurs de la vente de leur animaux. Il faut donc quelqu’un d'autre pour s’en occuper. Au fur et à mesure des années, la perte de ce savoir-faire paysan a disparu. Il est donc tentant de s’appuyer sur quelqu’un qui s’y connaît. Où avons-nous échoué (nous, en tant que défenseurs et porteurs de l'agriculture paysanne) dans le fait de donner envie à des agriculteurs de transformer leur ferme d'une manière qui fasse sens à nos yeux et non de se mettre pieds et poings liés au service ou d’un modèle agricole comme Cyrhio ?
Nous n’avons pas totalement échoué car il y a plein de projets qui marchent, qui donnent du sens, qui emploient et qui ne courent pas après les hectares. Je ne dis pas que ça va bien économiquement car la réalité est la même pour tous, mais le fait de trouver du sens permet de dire que ça existe. Ceux qui ont compris ces phénomènes s’installent en vente directe, élèvent, produisent, transforment, vendent et surtout consomment : ils ont le retour direct du goût de ce qu’ils produisent et du sourire du convive, et ça, ça n’a pas de prix !
Aujourd’hui, les projets d'engraissements portés par des coopératives comme Cirhyo sont obsolètes. Mais les systèmes de remplacement, à la même échelle, n’existent pas. On le voit avec le projet de Pôle viande de Bourganeuf : les éleveurs ont créé un outil spécifique pour la vente directe et locale, un outil non délocalisable... mais qui n’a pas trouvé son modèle. Il était trop gros pour un ou quelques éleveurs, il était trop petit pour un industriel de la viande. Pourtant, il était adapté aux besoins des éleveurs qui valorisent leur travail du champ à l’assiette. Nous devons inventer ces modèles.
Le projet d'extension de la porcherie de Bujaleuf (Haute-Vienne) avec construction d'un méthaniseur est toujours en cours de demande d'autorisation. Dans un premier temps, début 2022, au vu du dossier présenté par le Gaec demandeur, la préfecture avait jugée suffisante une procédure d'agrément avec simple consultation publique sans obligation pour l'État d'en tenir compte. Et l'autorisation était quasiment accordée dans le courant 2022.
Un collectif d'habitants s'étant dans le même temps informé a demandé le soutien de Sources et Rivières du Limousin et de son avocat qui a engagé un recours auprès du tribunal administratif, estimant que l'envergure du projet méritait une procédure d'autorisation à un niveau plus exigeant (ce recours devait être formé avant le 18 novembre 2022 et porté par une association reconnue pour la protection de l'environnement et âgée de 4 ans minimum, d'où la délégation donnée (avec assurance de financement) à Sources et Rivières par le collectif qui s'est constitué dans le même temps en association « De terre et d'eau : Vienne, Maulde, Combade ». L'affaire suit son cours au tribunal administratif. Le temps judiciaire est long. Si le tribunal déboute l'association de sa demande, le projet pourra démarrer. S'il accède à la demande d'une procédure plus exigeante, ce sur quoi l'association compte bien, on garde l'espoir d'un abandon.
La création d'un élevage de porcs au lieu dit les Pradelles, dans la commune d'Augne (Haute-Vienne), implique la construction d'une porcherie de 800 places de porcs à l'engrais et 400 places de porcelets en post-sevrage. Le bâtiment sera aménagé sur caillebotis sur une superficie de 997 m². L'élevage comprendra 880 animaux-équivalents après projet. Le besoin de financement s’élève à près d’un demi-million d’euros. Cirhyo (la même coopérative que pour le projet du Villard à Royère-de-Vassivière) apporte son appui technique. Ce projet est actuellement en stand-by étant lié à celui de Bujaleuf, une partie des petits cochons naissant à Bujaleuf devant partir à Augne pour se faire engraisser.
Le projet de construction d'une porcherie abritant 1008 porcs à Tercillat (Creuse) est officiellement abandonné. La Préfète de la Creuse avait autorisé l'exploitation de cette porcherie par un arrêté du 15 janvier 2021, mais la mobilisation exceptionnelle - 217 avis défavorables - avait contribué à retarder sa décision de six mois environ. Ce délai, combiné à la forte opposition au projet, a sans doute offert aux exploitants l'occasion de sérieusement réévaluer la pertinence de leur projet. Il semble qu'ils l'aient finalement abandonné depuis déjà un certain temps.
À ce jour, il semblerait que le projet de porcherie Gayet sur la commune d'Évaux-les-Bains (Creuse) ne va pas se faire, tout du moins à cet endroit. Le panneau de permis de construire a été remplacé par un permis de construire d'une maison d'habitation et d'un bâtiment agricole avec toiture photovoltaïque. En espérant que le projet de porcherie passera bien aux oubliettes...
Le préfet du Puy-de-Dôme accorde l'autorisation, assortie de plusieurs réserves dont une seule aurait dû le conduire à …ne pas accorder d'autorisation. Entre autres, surconsommation d'eau. L'épandage se fait sur plus de 400 ha en Creuse. Une association s'est montée (Association de défense et de protection des Combrailles et Millevaches) et a porté l'affaire en justice. Un habitant dont les étangs sont situés sous les zones d'épandage a saisi le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. C'est la première fois qu'un projet Cirhyo (encore la même coopérative) est contesté. Depuis, le dossier est en cours, avec des contre-attaques furieuses de Cirhyo, des menaces des agriculteurs environnants d'empoisonner les étangs (des silures ont même été introduits), mais le projet n'est toujours pas fait.
Le journal La Montagne publiait le 19 octobre 2023 sur son site un article qui indiquait : « Ahun. Conduite d’un élevage porcin. Le Certificat de spécialisation (CS) en élevage porcin vient de débuter au CFPPA de la Creuse au lycée agricole. Cette année, il y a des stagiaires provenant des élevages de la Creuse, de l’Allier, et de la Haute-Vienne. Ce sont principalement des élevages d’adhérents du groupement Cirhyo, partenaires de la formation. En effet, les techniciens interviennent en formation sur l’alimentation, la conception des bâtiments, les soins des animaux avec le cabinet vétérinaire de Marcillat-en-Combrailles. »Alors quoi de mieux pour se développer que de profiter des subsides de l’État qui assure la formation de ses futurs exploitants tout en bénéficiant de la maîtrise complète de la filière ? Pour la coopérative Cyrhio l'installation des jeunes demeure en effet le nerf de la filière. Comme l'indiquait en avril dernier Philippe Chanteloube, directeur de la coopérative, dans Réussir Porc, un site professionnel : « La pyramide des âges baisse, mais moins qu’en Bretagne. Beaucoup de petits naisseurs ont arrêté il y a une quinzaine d’années. » Sur le même site, Edgar Basset, le responsable technique de la coopérative explique : « En Creuse, à Ahun, nous avons six à sept élèves par an, mais c’est insuffisant. Nous pouvons fournir du travail pour 16 élèves par an dans notre zone. Nous avons du mal à recruter des salariés qualifiés. »Aussi le nombre d’installations de porcheries industrielles Cirhyo risque d’augmenter dans les années à venir, au titre – pourquoi pas ? – de « l’adaptation au changement climatique ». Est-il complètement chimérique d’imaginer qu’un jour la Creuse pourrait détenir le record du nombre de cochons par habitant, sous les coups conjugués de l'érosion démographique et du réchauffement climatique, lequel pénalise l’élevage bovin traditionnel ?
Si l’on n’y prend garde, la Creuse, avec sa démographie flageolante, pourrait rejoindre l’Aragon dans le peloton des territoires qui comptent le plus de cochons par habitant. Dans la communauté espagnole susmentionnée1, on compte 8 millions de cochons pour 1,3 million d’habitants, soit plus de 6 cochons par habitant, ce qui constitue un record au niveau européen.Le département de la Creuse, quant à lui, est en tête du classement français pour le nombre de bovins par habitant : plus de 3 pour 1 (3,45 pour 1 exactement). On espère que la situation infecte comme en Espagne où les macro-fermes (des exploitations de plus de 8000 cochons2) « se développent à une vitesse folle », constituera un repoussoir…
1 https://www.3trois3.com/derniere_heure/espagne-1%E80%99aragon-premier-producteur-de-porcs-pour-la-premiere-fois2 https://tf1info.fr/international/video-elevage-intensif-la-ferme-aux-8000-cochons-en-espagne-2221979.html
Si le décret est validé en l'état, les seuils d'évaluations systématiques passeront :de 40 000 à 85 000 volailles (plus du double !),de 2 000 à 3 000 porcs en engraissement,de 750 à 900 truies.Le décret prévoit également de faciliter les aménagements fonciers agricoles et forestiers, ici encore au détriment de l'environnement.Sous prétexte de « simplification », ce décret vise en réalité à faciliter la course en avant vers le gigantisme, au détriment à la fois de l'environnement et de la sécurité des éleveurs. Faute d'une évaluation solide préalable, des éleveurs dont les exploitations provoqueront une pollution industrielle pourront toujours être poursuivis et sanctionnés, mais ce sera trop tard pour les écosystèmes. Il est préférable, aussi bien pour les éleveurs que pour les écosystèmes, que les risques soient sérieusement évalués en amont, plutôt que niés dans une perspective électoraliste ou économique à courte vue.
En savoir plus sur la consultation publique concernant ce décret :https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-de-decret-portant-diverses-dispositions-a2984.html
J’habite un lieu-dit de la commune de Saint-Frion, Varinas. À quelques centaines de mètres d’un élevage industriel de porcs, d’un « centre d’engraissement », comme ils disent. Plus petit que certaines porcheries déjà implantées en Creuse, plus petit que d’autres en projet, il n’en est pas moins affligeant. Tous les étés, les jours de canicule, les bêtes hurlent, du matin au soir. Beaucoup meurent. On voit en tout cas souvent passer le camion de l’équarrisseur. Quand la température est déjà insupportable en plein air, combien fait-il dans le bâtiment où s’entassent ces animaux réputés sensibles à la chaleur ? Ces derniers mois, s’est ajoutée la puanteur. Il semble que les cochons, censés être élevés dans la paille, n’en aient pas, n’en aient plus, et vivent dans leurs excréments. Les habitants, au gré du vent, respirent des jours durant des effluves fétides. Ceux qui ont protesté se sont entendu répondre qu’ils ne connaissaient pas la campagne. L’entreprise qui gère l’établissement ne voit-elle rien, ne sent-elle rien ? Pourquoi continue-t-on à parquer des porcs dans un endroit pareil ? Lorsque j’entends le camion qui vient les chercher pour l’abattoir, au petit matin, après des mois de riant séjour dans leur merde, j’ai le cœur serré. Tant de misère, du début à la fin.