“Les études présentées par Pierre Couderc, maître-formateur à l’IUFM de Grenoble et membre de l’Observatoire de l’Ecole Rurale prouvent [que les écoles rurales affichent de meilleurs résultats que les écoles des chefs-lieux de canton ou des villes]. [Ayant suivi de la classe de CM2 à la Terminale 2500 élèves de territoires ruraux et/ou montagnards, tous en classes multi-âges], il ressort d’étonnantes observations et notamment que le degré d’isolement d’une école influe fortement sur les résultats.
[…] Les études démontrent que ces classes ont des résultats scolaires plutôt meilleurs que les autres écoles, avec des taux de redoublement plus faibles. En France, ce dernier se situe autour d’une moyenne de 19 %. Dans les ZEP, il est de 32 %, en zone de montagne, il chute à 16 %.
Les élèves des écoles rurales se distinguent par de bons résultats dans des matières importantes comme le français et les mathématiques. Une fois au collège, […] les élèves maintiennent leur avance sur les autres jeunes.
[…] Quel est le secret des écoles rurales ? Il semblerait que toutes les actions mises en oeuvre pour rompre l’isolement géographique créent une ouverture, un état d’esprit d’échange et de curiosité parmi les enfants propice à un meilleur apprentissage. […] Les enfants sortent souvent de la salle de classe, sont amenés à expérimenter, à travailler en réseau avec d’autres élèves.
Dans les classes multi-âges, les plus grands apprennent à transmettre aux plus petits via des systèmes de tutorat, et donc testent leur propre savoir. Les élèves sont en outre moins nombreux, ce qui facilite le suivi de l’apprentissage par chacun d’entre eux. “[…] L’enseignant se situe en accompagnateur et suit l’enfant de l’âge de 3 ans à 11 ans. Cet accompagnement rend les élèves plus autonomes, une qualité qui facilite ensuite leur adaptation au collège“, commente Pierre Couderc.
Que deviennent ensuite les collégiens? L’étude révèle que l’avance accumulée durant toutes ces années ne les dirige pas vers des études longues. Très attachés à leur territoire, ils choisissent des filières qui leur permettent d’y vivre. Pierre Couderc explique les raisons de ces choix par l’absence d’universités de proximité et leur refus de “couper le cordon“ avec le territoire et les parents. Ce constat l’amène à se poser deux questions : leur orientation est-elle réellement libre ou finalement contrainte à cause de l’éloignement géographique des lieux de formation ? Le départ précoce des études de ces jeunes ne va-t-il pas à l’avenir les gêner pour évoluer professionnellement ?
[…] Pierre Couderc pense qu’il est surtout important que les enfants suivent un processus d’orientation qui leur laisse un libre choix.
Qu’apportent en réalité les classes multi-âges ? Ludovic Marchand, enseignant à la Puye (86) dans une classe unique en milieu rural, impliquée dans le réseau pédagogique Vienne-Gartempe, témoigne. Selon lui, le faible effectif des classes rurales favorise la construction d’identité des enfants et réduit la violence. L’enseignement n’est plus linéaire, découpé en années successives où chaque enfant doit avoir tels acquis à la fin de telle classe. Avec lui, chaque élève avance à son rythme. […] “Si on compare l’école avec l’apprentissage de la marche et de la parole, on se rend compte que l’enfant progresse en fonction de son environnement, en prenant exemple sur les plus grands. C’est ce qui se passe dans les classes multi-âges.“ […] Les interactions sont multiples et variées, favorisant ainsi le réinvestissement des compétences des enfants et la prolongation des apprentissages.
[…] Ludovic Marchand souligne une autre différence notable avec des établissements scolaires plus importants et les RPI : l’école du village est intégrée dans son environnement. Les enfants ne sont pas déposés par le bus mais par les parents, ce qui favorise un dialogue quotidien entre ces derniers et les enseignants.
[…] Récemment, une maman a retiré son enfant de la classe de Ludovic Marchand. Elle était trop stressée, non pas par les méthodes pédagogiques de l’enseignant, mais parce qu’elle craignait que son enfant progresse moins vite par rapport à une classe d’une seule tranche d’âge. La réaction de cette maman questionne fortement Ludovic Marchand sur l’arrivée des nouveaux habitants et notamment des urbains. Ces derniers ont une vision de l’école différente de celles d’habitants issus du monde rural qui connaissent souvent, pour l’avoir vécu, les aspects positifs des classes uniques. […] Selon Ludovic Marchand, la communication autour des atouts de l’école rurale multi-âges doit être renforcée. “Le fait d’habiter en milieu rural n’est pas une punition, si des partenariats et des réseaux d’écoles se créent pour rompre l’isolement et permettre des échanges“.
Extraits publiés avec l’aimable autorisation du Collectif pour la Promotion et la Défense de l’Ecole Publique de Proximité.
Diminution des effectifs, suppression de postes, fermeture, concentration, structure, surcharge... “waouh!!“... mais où est encore parti “l’humain“ ?
Il semblerait qu’on ait toujours l’éternel souci du portefeuille mais pas beaucoup celui des générations futures.
Voilà où on en est, et même dans nos campagnes on ne parle plus que de ça ou plutôt devrais-je dire on ne parle plus que comme ça.
A St-Julien-le-Petit, en ce qui concerne la fermeture de l’école, nous sommes en première ligne, car l’école ferme ses portes à la rentrée prochaine. Alors nous aussi (après tout nous sommes au mois de mai), on a pétitionné, on a manifesté, on a sollicité... mais nous ont-ils seulement vu, entendu, perçu ?
Alors je vous fais part, à vous lecteurs de notre requête.
Pour le contexte, St-Julien-le-Petit fait partie d’un Regroupement Pédagogique Intercommunal (RPI) regroupant Cheissoux, Bujaleuf et St-Julien-le-Petit. Ces regroupements ont été créés dans le but de rompre l’isolement des communes tout en maintenant les petites “structures“ scolaires sur chacune d’elles en répartissant les classes d’âge.
Ce qu’on nous propose aujourd’hui, c’est la suppression d’un “poste“ (bien entendu!) et la “concentration“ des classes sur une seule commune, Bujaleuf, tout en restant un RPI (c’est d’une logique implacable, je ne vous le fais pas dire mais je vous laisse présager de la suite).
Bien sûr, les frais sont partagés (beaucoup moins les avantages) et le transport organisé et “non payant“ ...pour l’instant!). On vient chercher vos enfants au pied de votre porte alors de quoi vous plaignez-vous, nous dira-t-on...mais, on oublie de préciser que l’enfant, lui, il en a pour 30 à 40 minutes de car (suivant sa situation géographique), avec un changement en prime et que dès l’âge de trois ans c’est parti (dans le cas d’enfants scolarisés dès la maternelle)...
Sachant aussi qu’en ce qui concerne la commune de St-Julien-le-Petit, géographiquement, il y a toute une partie de la population qui habite plus
près de Peyrat-le-Château, qui est un secteur dont l’école est déjà “surchargée“, alors, alors,... c’est pas gagné !
Désormais, on peut, dans tout les cas, se poser la question du sens d’un “RPI concentré“ ?
Ah oui, et puis, j’oubliais, cette “fermeture“ d’école dite programmée, elle a été prévue au vu de la baisse des “effectifs“ sur la commune, mais quand on leur signale que “l’effectif“ pour la rentrée, il a doublé, nous entendent-ils ? Toujours pas... évidemment... même en ce qui concerne l’essentiel...
Sans doute ne savent-ils pas qu’en matière d’enseignement primaire le bien-être des enfants est intimement lié à la proximité, la singularité et que l’école porte aussi en elle l’avenir de la commune...
Ah oui, mais... où est donc passé l’humain...?
Bon, en tout cas pour ma part, je les ai tous placés, les mots-“clés“ du début, ceux dont on parle sans cesse et sans remords !
Merci à tous
Maud Kramp