L'histoire commence dans l'Oise à Beauvais. Depuis plus de vingt ans, une recyclerie employant dix sept personnes, mène un travail de fond sur la récupération des déchets, leur valorisation et leur réemploi. Dans l'équipe, Olivia et Yvon souhaitent essaimer des recycleries de ce genre ailleurs en France.
Ils rencontrent Juliette, Lucie et Guillaume, nouveaux installés à Peyrat-le-Château, qui, de leur côté, réfléchissaient à la création d'un café restaurant "culturel".
De cette rencontre est né un projet commun : une "ressourcerie culturelle", dont la première formalisation a été en novembre dernier la création de l'association Le Monde allant vers…
Pourquoi une "ressourcerie" ? "Nous avons choisi ce terme plutôt que "recyclerie" car l'idée qu'un déchet puisse devenir une ressource, nous paraît essentielle. C'est du reste le terme employé au Québec pour ce type de structure". Mille déchets, mille ressources, en quelque sorte…
En collectant les encombrants, en triant les déchets, en réparant les vieux objets et en les remettant dans le circuit économique grâce à la création d'un magasin, la ressourcerie travaille donc en amont des traditionnelles déchetteries que nous connaissons. Par ailleurs, un travail de sensibilisation à la gestion des déchets et à une consommation plus responsable (avec des animations dans les écoles par exemple) fera également partie des missions de la future ressourcerie. C'est bien connu : les déchets les plus faciles à gérer sont… ceux que l'on ne produit pas !
Le lieu imaginé par l'équipe du Monde allant vers se veut aussi espace de rencontre, d'échange, d'expression et de création. On pourra y manger avec un restaurant biologique, s'y divertir avec des spectacles, s'y former avec des ateliers, etc. Des contacts nombreux sont actuellement en cours, en particulier pour trouver le lieu le plus adapté à la mise en place du projet (sans doute dans la région de Vassivière).
L’association Court-circuit naît en 2010 d’un essaimage de la ressourcerie d’Eymoutiers. Notre but est d’implanter à Felletin les fonctions d’une ressourcerie (collecter, valoriser, vendre et sensibiliser) pour œuvrer à la réduction des déchets et lutter contre le gaspillage, tout en expérimentant un mode d’organisation autogéré. C’est dans le terreau fertile de l’écosystème du Plateau que l’aventure de Court-circuit prend racine : la formation au métier de valoriste se fait au Monde allant vers... d’Eymoutiers (il n’existe alors que deux ressourceries en Limousin, pour une quinzaine aujourd’hui), le projet politique et ses valeurs sont questionnés et affinés au fil de l’accompagnement par l’association Pivoine, et le choix du statut associatif est éclairé par les conseils de la Scop La Navette. Enfin, en participant au compagnonnage du Réseau REPAS, nous nous inspirons d’autres expériences d’autogestion (notamment celles d’Ambiance bois, de Champs libres et du Monde allant vers pour ne citer que les locales) et nous apprenons à expérimenter chemin faisant.
L’accueil de compagnon.nes du réseau REPAS dès le démarrage de la ressourcerie initie la dynamique d’ouverture et d’inclusion de l’équipe des permanents1 : il s’agit d’apprendre à faire collectif avec qui est présent. Autant que faire se peut nous appliquons cette gymnastique aux bénévoles, aux stagiaires et aux porteurs de projet qui viennent découvrir le métier et se former.
Nous souhaitons que la ressourcerie soit aussi inclusive que possible, pour l’ancrage du projet dans le tissu local et aussi pour offrir un accueil égal (non discriminant) au public le plus large possible, cela comprend bien évidemment les clients et les usagers, d’où le soin apporté à la présentation des objets en vente et la bonne tenue de la boutique du centre ville depuis son ouverture – c’est également dans ce sens que sera pensée la réfection de la boutique en 2018 en partenariat avec la SCIC l’Arban.
Dès les premiers temps, la ressourcerie attire spontanément quelques personnes qui ne sont a priori sensibles ni au projet environnemental, ni au projet politique de l’autogestion, et qui viennent chercher du lien social, de l’occupation, ou – nous le comprenons après coup – des plans récup’, du travail ou des présences féminines… Nous nous félicitons de cette mixité spontanée jusqu’à vivre des situations très compliquées qu’aggrave l’absence de cadre clair (le cadre est alors en construction, au rythme lent des questionnements de l’autogestion). Nous découvrons nos limites en termes d’insertion et prenons conscience de notre incompétence en la matière. Nous continuons néanmoins à accueillir un groupe de jeunes de l’Institut médico-éducatif (IME) de Felletin chaque mercredi, des jeunes en séjour de rupture à la demande, des stagiaires de collège et plus récemment des exilés. Nous sommes également sollicités par l’administration judiciaire pour recevoir des jeunes dans le cadre de Travaux d’intérêt général. Après un temps d’arrêt, nous renouons avec l’accueil de personnes en situation d’isolement social, mais avec plus de précaution et dans un cadre clair consolidé par l’expérience.
En 2016, nous obtenons l’agrément Espace de vie sociale de la CAF qui est intéressée par notre travail sur l’accueil et l’inclusion, et tout particulièrement par la mixité des publics qui fréquentent la ressourcerie. Ce partenariat nous permet de dégager du temps salarié afin de poursuivre dans de meilleures conditions ce que nous avions entrepris de façon bénévole, d’animer réellement la vie associative et le bon accueil des bénévoles, et de développer pleinement le programme d’ateliers partagés : réparation de vélos, cafés couture, repair cafés…
Côté autogestion, nous avons pris soin de consolider les fondamentaux dès le début : constitution du collectif en parallèle de la construction du projet, maîtrise autant que possible de la vitesse de démarrage de l’activité afin de ne pas subordonner le temps de la démocratie à l’urgence économique, mise en place d’espaces pour s’exprimer et émergence d’une culture de l’écoute. Une attention particulière est portée à l’intégration des nouvelles et nouveaux salariés.es : on essaie de leur « laisser la place » et on investit du temps et de l’énergie dans les transmissions.
Malgré tout, en 2015, l’équipe connaît des tensions internes en même temps qu’un important turn-over : l’équipe passe de 7 à 9 salarié.es, avec 3 départs (dont un définitif) et 5 arrivées. La régulation interne était jusqu’alors assurée de façon informelle, cela ne suffit plus. S’ensuit une médiation fructueuse animée par une personne extérieure. Puis de nouvelles tensions se font jour et une question émerge : comment faire équipe avec un groupe plus hétérogène, notamment en termes de rythmes et de portage du projet ?
Avec un mandat de l’ensemble de l’équipe, un binôme de salariées commence à mettre en place des outils d’animation et des temps de parole individuels. Les deux collègues sont bientôt débordées par leur mission à la fois vague et vaste, et une commission de quatre personnes est finalement créée, avec une fiche de poste pour en fixer le cadre : globalement, il s’agit de prendre soin du collectif (même si c’est théoriquement l’affaire de toutes et tous) et de s’assurer que chaque personne est à la place la plus juste pour elle et pour le groupe. La commission est en veille sur l’ambiance du groupe et les tensions interpersonnelles, essaie d’accueillir et de travailler les conflits pour pouvoir les transformer, propose des entretiens annuels pour faire le point, prépare les procédures d’embauche et l’accueil des nouveelles et nouveaux salarié.es. Elle travaille également le regard collectif sur les compétences, la planification et l’organisation du travail, mais ne se substitue pas à la responsabilité collective, ni à la décision collective et n’est pas censée compenser un défaut de partage de l’animation. Cette commission n’a pas non plus vocation à devenir une direction des ressources humaines déguisée et ses membres tournent d’année en année. Elle rend compte de son travail au collectif et son travail n’a de sens que dans la mesure où elle a la confiance de l’équipe.
Les 10 ans de Court-circuit coïncident avec l’installation dans de nouveaux locaux. C’est l’aboutissement d’un projet de 7 ans ! L’association dispose désormais d’un outil de travail ergonomique et adapté pour pérenniser les emplois. Au-delà de l’activité économique, nous espérons que ce nouveau lieu permettra d’amplifier la dynamique d’accueil, d’ouverture des ateliers, d’échange de savoir-faire et de valorisation d’objets et de matières. Car si l’on regarde le verre à moitié vide, le réemploi est un pansement sur la jambe de bois de la société de gaspillage. La ressourcerie est impuissante face aux objets irréparables ou de mauvaise qualité et les effets de mode nous dépassent. C’est pour cela qu’il nous tient à cœur de favoriser l’autonomie à travers l’auto-réparation et la transmission de savoir-faire. Les nouveaux locaux font la part belle aux ateliers qui nous faisaient défaut jusqu’ici, et nous souhaitons étoffer le programme trimestriel des ateliers partagés et ouvrir d’une façon ou d’une autre nos ateliers au public… L’atelier vélo est déjà opérationnel et actif grâce à l’énergie de super bénévoles !
Nous sommes convaincus qu’on pourrait aller encore plus loin dans le partage de l’outillage et du « gisement » de déchets et de matières. Le lien avec un Fab’lab, la recherche et développement en low tech (ou basse technologie), ou toute autre activité liée au réemploi d’objets ou au recyclage de matériaux paraît évident et désirable, et nous souhaitons que Court-circuit puisse être un soutien voire un incubateur pour des projets de ce type.
À suivre…
Le 2 mars 2023, à Jarnages, dans le cadre d’une journée intitulée « Dynamiques d’économie sociale et solidaire en Creuse », Pascal Bousso, responsable du Dispositif local d’accompagnement de Creuse, présentait les deux grandes tendances qu’il a observées dans le monde associatif creusois au cours des cinq dernières années. La première relève de la multiplication de « lieux hybrides » comme les tiers-lieux, où se croisent des activités variées, économiques ou non, des publics différents et où la mutualisation et le partage sont dominants. La seconde tendance relève d’une aspiration de bon nombre d’associations à pratiquer une organisation plus horizontale, collégiale ou collective. Une recherche qui fait sens autant pour les bénévoles (conseils d’administration sans président par exemple) que pour les salariés (avec des formes d’autogestion ou d’autonomie dans le travail). À cet égard, l’expérience de la ressourcerie Court Circuit de Felletin, présentée lors de cette journée, est exemplaire.Créée en 2010, la ressourcerie regroupe aujourd’hui 11 salariés auxquels il faut ajouter deux saisonniers en été. Elle dispose de deux lieux à Felletin : sa boutique en centre-ville et des entrepôts en périphérie. Depuis l’origine, l’un des objectifs de Cour Circuit est d’expérimenter un fonctionnement en autogestion (pas de hiérarchie, égalité des salaires, polyvalence), un fonctionnement qu’on retrouve dans le conseil d’administration de l’association où les décisions sont prises de manière collégiale et où il n’y a ni président, ni trésorier, ni secrétaire. « Les principes d’égalité et d’équité sont à la base de notre fonctionnement : se sentir l’égal de son collègue. » Pour autant, cette posture n’a rien de naïf : « L’autogestion, c’est expérimenter un autre mode de fonctionnement mais ce n’est pas une condition nécessaire ou suffisante au bien-être au travail. Il y a des autogestions qui font souffrir et il y a des structures pyramidales où les salariés sont contents d’aller au boulot. » Pour mieux faire connaître son activité et faire découvrir son fonctionnement côté coulisses, l’équipe de Court Circuit a eu l’heureuse idée de se raconter sous la forme d’un roman photo. Nous le publions ici et vous invitons à pénétrer ainsi dans l’envers du décor de Court Circuit.
IPNS : Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est une "ressourcerie" ?
Le Monde allant vers... : Une ressourcerie est un centre de valorisation des déchets et de promotion de comportements plus respectueux de l'environnement. Concrètement, une ressourcerie met en pratique trois thèmes majeurs concernant la gestion des déchets : la réduction à la source, le réemploi et le recyclage. En ce qui concerne la réduction à la source, chacun sait bien que les déchets qui coûtent le moins cher au citoyen et qui n'ont pas d'incidences sur l'environnement sont ceux que l'on ne produit pas ! La sensibilisation et l'information peuvent permettre de changer nos comportements, de retrouver un bon sens que, pour beaucoup, nous avons perdu en une génération. Il s'agit de mettre en pratique au quotidien les gestes qui permettent de réduire le gaspillage et les déchets pour que nos enfants ne vivent pas sur une planète pillée et dévastée. Notre deuxième axe c'est le réemploi. Beaucoup d'objets qui partent en décharge ou en déchetterie peuvent être réutilisés, soit en l'état, soit après réparation, soit en pièces détachées après démontage. Ils peuvent aussi être détournés de leurs fonctions premières pour d'autres utilisations (artistiques par exemple). Donner une deuxième vie aux objets, c'est réduire les tonnages en décharge et donc les coûts pour les citoyens. C'est également offrir à la vente des objets à prix modiques.
Enfin, en dernière solution, il y a le recyclage. Certains objets, inutilisables, peuvent être démontés afin de séparer les matières pour les valoriser. Par exemple un canapé convertible hors service qui va normalement à la décharge peut être démonté et valorisé en bois, tissu et métal. Cette action participe encore à la réduction des tonnages en décharge. Elle a également une incidence sur la préservation des réserves de la planète car les matières recyclées servent à refabriquer des objets sans prélever dans les gisements naturels.
IPNS : Concrètement, que fera votre ressourcerie ?
M.A.V. : Le projet du Monde à l'envers... se déclinera de quatre manières : des collectes à domicile sur rendez-vous, en porte à porte ou en apport volontaire. Ces collectes sont faites délicatement (les objets ne sont donc pas jetés en vrac dans des bennes) afin de préserver les objets dans le but de leur réemploi ou de leur recyclage. .
Elle favorise la maîtrise de notre consommation et donc des déchets produits.
IPNS : Aujourd'hui quelles sont vos activités ?
M.A.V : Actuellement nous menons une étude de faisabilité pour valider la pertinence d'une telle initiative sur le pays Monts et Barrages en Haute-Vienne (cantons d'Eymoutiers, Châteauneuf la Forêt et St Léonard de Noblat). Nous recherchons un local à Eymoutiers ou en périphérie pour y installer notre magasin. En effet, nous avons déjà commencé des collectes auprès des particuliers, trié et valorisé les objets recueillis et nous organisons des ventes mensuelles sur le marché d'Eymoutiers. Enfin, nous préparons une grande manifestation d'une semaine à Eymoutiers au printemps 2004 : "Un pas plus loin…", qui montrera grandeur nature ce que peut faire une ressourcerie (voir programme de cette manifestation page 9).
En attendant, si vous avez un grenier à vider, une cuisinière ou un poêle dont vous n'avez plus l'utilité, des vêtements que vous ne portez plus, et tous objets dont vous voulez vous débarrasser (livres, vaisselle, électroménager, bibelots…) vous pouvez faire appel à nos services gratuitement.
IPNS : On a bien compris les missions d'une ressourcerie. Mais pourquoi une ressourcerie "culturelle" ?
M.A.V. : On ne veut pas faire que des collectes, du tri et de la remise en état. Notre action se justifie surtout si elle débouche sur une évolution de nos comportements de consommateurs… C'est une véritable évolution culturelle qui est nécessaire. Nous ne travaillons pas seulement sur la matière et le déchet, mais sur tout ce qui autour, dans nos manières de vivre, d'acheter, etc. génère ces déchets. Concrètement la ressourcerie ne sera pas seulement un lieu où l'on trouvera des objets recyclés. On pourra y organiser des débats, y présenter des expositions, proposer de la documentation ou bien demander à des artistes d'intervenir au sein même de notre structure. C'est pourquoi nous parlons de ressourcerie "culturelle".
L'association Le Monde allant vers... intervient sur les territoires suivants : cantons d'Eymoutiers, Saint Léonard, Châteauneuf la forêt, communauté de communes de Royère-Bourganeuf, communauté de communes du plateau de Gentioux et cantons de Bugeat, Sornac et Treignac.
Depuis la nuit des temps, les humains ont construit à partir de matériaux biosourcés (immédiatement disponibles localement) et de réemploi : en récupérant les pierres des maisons écroulées, les charpentes des bâtiments démolis et même les enduits. RéMaBat ne fait que renouer avec une pratique de bon sens, devenue marginale au fil du temps, du fait de la mécanisation des chantiers, de la hausse du coût de la main d’œuvre et de l’industrialisation des process.Il ne s’agit donc pas tant d’inventer le réemploi que de le redécouvrir, et de le mettre au goût du jour en tant que technique professionnelle à part entière, en tenant compte des contraintes et des exigences actuelles. L’émergence des matériauthèques et autres plateformes de réemploi s’intègre aujourd’hui dans un mouvement plus large. Les assureurs, les bureaux de contrôle et les architectes travaillent actuellement à établir des référentiels pour intégrer le réemploi aux techniques courantes de la construction, et pouvant être couvert par les assurances.Le réemploi fait appel à des savoir-faire et des compétences qui restent à déployer : diagnostic ressource, dépose soignée, conditionnement sur chantier, transport, valorisation, stockage, commercialisation, et tout au long de cette chaîne : assurer la traçabilité des flux en vue de la mise en œuvre future des produits. Il s’agit véritablement d’un métier en devenir dans un secteur qui tend à être de moins en moins celui de la construction et de plus en plus celui de la rénovation.
La loi AGEC de 2020 (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) fixe des objectifs ambitieux en matière de recyclage et de réemploi pour les déchets du secteur du BTP. Le but est de tendre au maximum vers une économie circulaire, afin d’économiser les ressources et de réduire les transports et la consommation d’énergie.C’est pour répondre à ces nouvelles obligations réglementaires que l’association EC³ a vu le jour en Creuse. Ce projet porté par la Fabrique à initiatives de France active Limousin réunit les organisations professionnelles et consulaires, les collectivités et RéMaBat, pour mettre en place une solution creusoise et travailler à un maillage du département par des déchetteries professionnelles. Deux plateformes sont déjà créées à Sainte-Feyre et Bourganeuf, d’autres sont en projet, dont une à Felletin. RéMaBat apporte la solution pour la partie réemploi, c’est à dire pour tout ce qui peut trouver une seconde vie. L’objectif de réemploi sur les déchets du bâtiment est d’atteindre 5 % en 2028. Cela représente 2000 tonnes pour la Creuse, soit l’équivalent de 3000 palettes de tuiles, 50 000 blocs portes ou 200 000 m² de parquet.
Contrairement aux idées reçues, la plupart des artisans et des entreprises du BTP sont sensibles au gaspillage et jettent souvent à contre-cœur faute de solution. Nombreux sont les artisans qui stockent des chutes de chantier et des produits déposés dans leurs dépôts pour un futur client ou un voisin, ou les cèdent aux employés, mais tous le concèdent : cela demande du temps, de l’organisation, des capacités de stockage, du travail pour la revente… Bref c’est un métier !Si la dépose soignée fait l’unanimité sur le principe, le passage à la pratique se heurte encore à des freins. En premier lieu celui des habitudes : le réemploi apparaît comme une contrainte supplémentaire dans des chantiers déjà contraints. C’est une nouvelle donne à intégrer : faire appel à RéMaBat en amont du chantier, au moment du devis ou de la réponse au marché, et non pas quand les matériaux sont déjà déposés, prêts à être jetés le jour même.Un autre frein est celui des marchés publics. Ils ne sont absolument pas adaptés au réemploi aujourd’hui, alors même que les opérations en maîtrise d’ouvrage publique représentent des volumes conséquents – en plus d’engager l’exemplarité des collectivités et des bailleurs sociaux. Chacun est convaincu de l’intérêt du réemploi mais frileux à le prendre en charge : le maître d’œuvre estime que c’est au maître d’ouvrage d’organiser la dépose soignée en amont du marché, le maître d’ouvrage renvoie vers l’entreprise de démolition et gros œuvre, tandis que pour l’entrepreneur cela doit être inscrit dans le marché…
Des opérations tests pourraient permettre d’expérimenter des procédures adaptées et duplicables.En attendant d’intégrer les marchés publics, nous travaillons avec les entreprises et les particuliers réceptifs au projet de RéMaBat :
L’implantation à Felletin coule de source avec la présence de la ressourcerie sœur Court-circuit, soutien précieux à tous points de vue (siège social et boîte à lettres pour le démarrage, prêt de trésorerie et prêt de véhicules) et la proximité avec le Lycée des métiers du bâtiment (LMB), désormais siège du Campus régional du patrimoine. Le virage du LMB vers l’écoconstruction est amorcé et on assiste à l’émergence d’un écosystème orienté vers la rénovation du bâti ancien avec les projets de la Scic l’Arban et l’Association française du poêle de masse qui organise des modules de formation au LMB où elle a son siège.On estime que le réemploi des matériaux crée 50 fois plus d’emploi que leur mise en décharge. C’est bien ce dont il s’agit avec le projet de RéMaBat : créer de l’emploi plutôt que du déchet, générer de la valeur sur le territoire plutôt qu’un coût environnemental.