Quand la boucherie a fermé à St-Pierre-Chérignat, quelqu’un y a pensé... Deux autres en ont parlé ensemble... Un petit groupe en a discuté et le bruit s’est répandu dans la campagne ! Ensuite, il a fallu y croire et se mettre au boulot. Là, ce sont les élus locaux qui ont agi, en réalisant une enquête de faisabilité (conception, diffusion, dépouillement) au cours de l’été 2008 auprès des habitants. L’enquête a montré qu’il existe un réel intérêt pour ce projet. Une vingtaine de producteurs se sont déclarés partants et une centaine de foyers intéressés. En octobre 2008, les différents acteurs se sont rencontrés et ont mis en place différents groupes de réflexion et de travail sur les questions sanitaires, juridiques, budgétaires et l’organisation des commandes. L’assemblée générale constitutive de l’association s’est tenue le 14 janvier 2009 avec 80 personnes.
Le cabas de Pierrine est né pour mettre en place un service de commandes groupées mais également développer une dynamique de proximité, organiser des échanges, des actions d’information et d’animation sur l’agriculture, l’alimentation, la santé... Pour les porteurs du projet, il s’agit d’avoir accès à une nourriture fraîche et saine, avec moins de transports, d’emballages, de soutenir l’agriculture bio et les exploitations à taille humaine. Coincé entre Limoges et le plateau de Millevaches, le territoire du cabas de Pierrine n’est ni une zone péri-urbaine ni un territoire attirant une population désireuse d’un “vivre autrement“. On peut donc s’étonner de l’engouement que suscite ce projet. Pour moi, c’est un signe fort qui montre que localement, on peut créer des alternatives à notre société libérale, individualiste et de consommation.
Lors du montage du projet, deux réunions ouvertes au public ont eu lieu : l’une pour présenter les résultats de l’enquête et connaître les souhaits de la population, l’autre pour la création de l’association. Animée par les élus locaux, cette démarche de co-construction a permis à la population locale de faire le deuil du dernier commerce du village - non, ce ne sera pas une épicerie, non ce ne pourra pas être ouvert tous les jours comme un magasin - et d’inventer autre chose avec leurs propres envies et leurs moyens : ce sont des producteurs locaux qui fourniront les produits, des bénévoles tiendront le magasin une fois par semaine, les produits seront diversifiés mais disponibles uniquement sur commande. Sacrées contraintes pour des personnes qui ne se revendiquent pas militants ! La volonté d’agir ensemble sur le cours des choses est bien là et finit par s’exprimer : “faire vivre nos campagnes et nos petits villages où, depuis plus ou moins longtemps, il n’y a plus de commerce “, “rêver d’ une campagne vivante avec la présence de nombreux paysans qui, dans leur diversité, valorisent notre territoire et offrent à leurs concitoyens une nourriture de qualité“. La naissance du cabas de Pierrine est un bel exemple de développement local. Il nous reste à montrer qu’il est également durable !