Les abattoirs de Guéret et d'Eymoutiers viennent de fermer leurs portes. La perte de ces outils de proximité implique de nombreuses conséquences négatives sur l'activité de certains éleveurs écoulant leur production en vente directe (augmentation des coûts de transport et du temps passé pour se rendre à l'abattoir de Limoges, perte de valeur ajoutée par l'arrêt de la vente directe, pour certains arrêt de la production, problèmes de traçabilité de la marchandise...). De même, les éleveurs pratiquant l'abattage familial et ceux ayant des animaux accidentés ne savent plus où réaliser ces opérations.
Face à ces fermetures intempestives, plusieurs rencontres rassemblant des éleveurs en vente directe et des bouchers ont eu lieu. Elles ont abouti en début d'année à la création d'une association "Abattre et valoriser la viande en Limousin", association ayant pour objectif de trouver une alternative à ces pertes d'outils de proximité. L'idée est donc d'avoir des lieux d'abattage accessibles c'est à dire bien répartis sur le territoire, multi-espèces, et ouverts à tous (bouchers /abatteurs, particuliers, musulmans, producteurs…).
Sensible aux préoccupations du collectif, l'ARDEAR (Association Régionale pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural) a donc engagé une stagiaire élève-ingénieur à l'Enita de Clermont-Ferrand, afin de mener une réflexion sur la mise en place d'unités collectives d'abattage de découpe et de transformation de proximité dans le secteur sud est Haute Vienne, sud ouest Creuse et nord est Corrèze. Plusieurs solutions sont envisagées : de la réutilisation de l'existant, à une idée plus innovante mais plus complexe, la mise en place d'un abattoir itinérant, déjà expérimentée dans d'autres pays (Canada, Autriche…). Ce projet pose néanmoins de nombreuses contraintes sanitaires, difficilement contournables vue la réglementation française actuelle. Le travail de l'étudiante est donc dans un premier temps d'identifier les producteurs et utilisateurs potentiellement intéressés et de bien recenser leurs besoins au travers d' enquêtes. Une soixantaine de personnes ont déjà été identifiées. Dans un deuxième temps, elle devra faire des propositions cohérentes avec les attentes des utilisateurs potentiels mais néanmoins réalisables. Espérons que le fruit de ce travail pourra aboutir à la réalisation d'un projet porté collectivement par les producteurs, les bouchers, les particuliers, et qui permettra de maintenir des outils de proximité, adapté aux besoins, valorisant localement les produits du territoire.
Sandrine Martinet