Les zones rurales condamnées à devenir des espaces récréatifs ?
Le conseil régional du Limousin a décidé d'élaborer son schéma régional d'aménagement et de développement durable de son territoire. Tous les élus, acteurs économiques et citoyens peuvent se réjouir de cette démarche participative, riche permettant de partager un diagnostic de l'état du territoire et orienter les politiques régionales à l'échelle des 20 ans.
Cinq groupes de travail se sont réunis avec comme objectif d'enrichir la contribution régionale et construire des scénarios d'évolution conduisant les élus de l'assemblée régionale à décider des choix stratégiques.
Démographie, économie, espaces, enjeux climatiques, énergies nouvelles, gouvernance, identité, image, zones rurales, urbanisation, pôles structurants, territoires, transports, solidarité, tous ces sujets ont été développés en tenant compte des faits émergents et des ruptures possibles.
Certaines phrases choc sont restées dans la mémoire des quelques élus présents dans ces réunions de travail :
- Une poussée importante de l'urbanisation autour des agglomérations et des autoroutes ;
- Les derniers chiffres de la population limousine font apparaître une augmentation de 4000 habitants installés autour des agglomérations ;
- Affaiblissement de la zone rurale centrale à l'échelle de la montagne limousine ;
- Vieillissement de la population rurale et réduction des activités (commerces, entreprises, agriculteurs et services publics) ;
- Les nouvelles mesures de zonage de l'attribution des aides économiques décidées par l'union européenne vont concentrer les aides autour des agglomérations et des axes routiers ;
- Ces dotations par habitants pour les territoires ruraux, dans le cadre des futurs contrats de pays ou de parc seront largement inférieures aux dotations des zones urbaines ;
- Les effets de seuils se font de plus en plus sentir (effectif des écoles, transports, commerces, poste, SNCF …)
Que vont devenir les zones rurales dans ce contexte ? Seront-elles seulement des espaces récréatifs ne bénéficiant que d'une simple économie résidentielle ? Comment corriger ces tendances lourdes ? C'est un enjeu capital pour la région Limousin et les trois départements.
Faut-il laisser fermer les gares ? Faut-il faire disparaître tous les abattoirs de proximité pour tout concentrer à Limoges ? Faut-il laisser les agglomérations dessiner les territoires ruraux de demain ?
C'est bien d'activités réelles dont ont besoin les zones rurales. Chaque fois que l'on voit disparaître une parcelle cultivée, chaque fois qu'un jardin est enfoui sous les ronces, chaque fois qu'un mur en pierre s'écroule, chaque fois qu'une maison se ferme, chaque fois qu'une tourbière se bouche, qu'une lande se boise, qu'une prairie et qu'une rivière ne sont pas entretenues, chaque fois qu'un commerçant ou un artisan disparaît, c'est un " morceau de vie " qui s'estompe.
Dans un contexte national et européen difficile ou la concurrence entre les territoires est organisée, la responsabilité des élus régionaux et départementaux sera grande… Auront-ils les moyens pour agir ?
Michel Ponchut
conseiller général du canton d’Eymoutiers
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ThèmeRuralité
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