Christian Audouin : “Je ne suis pour l’instant destinataire d’aucun courrier...”
IPNS a demandé au Président du parc, Christian Audouin, de réagir à la lettre ouverte qui circule actuellement sur le plateau. Voici sa réponse sous forme de non-réponse...
“Je suis sensible à votre invitation à m’exprimer dans les colonnes d’IPNS. Votre proposition de répondre à l’initiative d’un certain nombre de pétitionnaires ne me paraît pas réalisable en l’état actuel des choses. Comment, en effet, pourrais-je engager le Parc Naturel Régional dans une telle confrontation publique de points de vue avec les signataires d’une “lettre ouverte”, dès lors que je ne suis pour l’instant destinataire d’aucun courrier, d’aucun document de leur part. D’ailleurs à ce jour, pour ce qui me concerne, je n’ai eu accès indirectement qu’à la lecture de certains fragments du texte en question. Il m’est aussi difficile de prendre en considération officiellement cette initiative puisqu’elle est entachée de certaines malversations dont ont tenu à témoigner auprès de moi des associations ou des élus qui condamnent l’utilisation de leur nom à leur insu par les initiateurs de cette lettre ouverte. Tout cela m’amène à m’interroger sérieusement sur les véritables raisons qui pourraient se cacher derrière cette initiative dans laquelle l’intérêt du territoire pourrait ne pas être l’objectif unique.
Pour autant, je suis évidemment disponible pour porter à la connaissance de vos lecteurs dans l’une de vos prochaines éditions une information la plus précise possible portant sur les compétences, les missions et les actions du PNR de Millevaches. Je suis tout aussi disponible pour présenter dans vos colonnes les méthodes démocratiques à forte connotation participative qui vont présider à l’élaboration du prochain Contrat de Parc dont la signature devra intervenir avec l’Etat, la Région et les Départements avant le 31 décembre 2007”.
Christian Audouin pourra donc prendre connaissance de l’intégralité de la lettre ouverte en lisant IPNS et nos lecteurs découvrir les “méthodes démocratiques à forte connotation participative” que le parc envisage de mettre en place en lisant ci-dessous.
Le parc et les associations
Le parc et les associations c’est “je t’aime, moi non plus”... Lors de sa réunion du 22 novembre 2006 le bureau du parc a adopté à l’unanimité un rapport relatif aux “relations du PNR avec les associations”. Il a été décidé que pourront être établis deux types de relations avec les associations :
Soit des “relations partenariales association/PNR dans un cadre évènementiel : lorsque l’évènement proposé est en concordance avec les objectifs de la charte, le PNR pourra être amené à intervenir sous la forme d’une prestation de sa part s’intégrant au programme de l’évènement. Exemple : organisation d’une conférence thématique, exposition, soutien à la communication, etc...”. Seuls ces évènements pourront bénéficier “de la référence à la marque PNR”.
Soit des “relations à travers la réalisation d’une prestation par l’association pour le compte du parc. Ce type de démarche (...) sera étudié au cas par cas”.
Enfin, troisième principe adopté par le parc, des “aides exceptionnelles pourront être étudiées au cas par cas pour permettre un appui au démarrage ou à l’investissement ponctuel dans des associations dont les objectifs sont en concordance avec ceux de la charte du PNR”.
On résume : une association ne pourra entretenir avec le parc qu’une relation de prestataire de service avec le parc (cas n°2) ou un partenariat occasionnel dans le cadre d’un événement ponctuel et dans ce cas le parc gérera lui-même sa prestation au sein de la manifestation. Bref, bien loin de l’esprit coopératif et associatif, le PNR aligne ses relations avec les associations sur les principes classiques de relations quasi commerciales entre prestataires privés.
Un contrat de parc
Dans son comité syndical du 31 janvier le parc a décidé de la procédure pour élaborer le futur contrat de parc (2007-2013). Pendant que se mettra en place au sein du parc “un dispositif permettant de coordonner et recueillir les résultats de la réflexion générale (groupe de travail pouvant réunir les élus, l’équipe du parc et des spécialistes extérieurs)”, le Conseil de Valorisation de l’Espace Rural de Millevaches sera sollicité pour élaborer ses propres propositions à partir du travail de ses commissions.
Jusque là rien de bien neuf...
Nouveauté : l’installation de six groupes de travail thématiques qui se dérouleraient sous forme de “rencontres publiques ouvertes aux citoyens” (les citoyens, messieurs dames, c’est vous et moi !). Ces réunions “permettraient d’informer le public des propositions formulées par le PNR et le Conseil de Valorisation et de recueillir les avis et propositions du public. Ces rencontres solliciteraient aussi la participation d’intervenants spécialistes extérieurs”. Le bureau du parc proposait de confier l’animation de ces réunions à un cabinet extérieur, mais le comité syndical a préféré opter pour un animateur en interne. Ces groupes de travail tourneraient autour des thèmes suivants : le patrimoine naturel, le patrimoine architectural, la valorisation des productions agricoles et forestières par la marque parc, les ressources énergétiques, le tourisme et les activités de pleine nature et l’accueil d’actifs et les filières économiques. Pour le moment seuls les élus du territoire ont été invités à s’inscrire dans ces groupes de travail qui devraient se réunir au moins deux fois avant fin juillet.
On peut évidemment redouté que l’information sur les propositions du parc ou les paroles des “spécialistes extérieurs” réduisent à une peau de chagrin la velléité participative de ce genre de réunions – on en avait eu l’exemple magistral à Sornac il y a quelques années lors de la présentation de la charte où le public était condamné à poser quelques questions avant d’écouter la bonne parole du Préfet de la Corrèze que le président du parc avait demandé d’applaudir... avant même son discours !
“L’action des dirigeants et des salariés du PNR doit être un engagement militant”
Jacques Longchambon est depuis 18 ans président d’une association culturelle à Crocq. Il a signé la lettre ouverte au PNR et explique pourquoi.
“Depuis très longtemps j‘ai participé à jeter les bases du PNR avec Pierre Desrozier (maire de Gentioux à l’époque), François Chatoux (maire de Faux la Montagne), André Leycure (maire de Nedde à l’époque), Maginier et beaucoup d’autres.
Enfin créé, ce 44ème PNR français, est me semble-t-il un outil de développement formidable. Sa vocation première c’est l’aménagement du territoire global. Les gens de ce pays sont en attente de la réalisation du PNR. Ils sont certes observateurs mais aussi plein de bon sens car ils sont acteurs à part entière de ce pays. Ils attendent des réalisations concrètes et lisibles par tous.
Pourquoi j’ai signé cette pétition qui à mon sens n’est pas contre le PNR ? On est sur un espace où la communication existe très très peu. Le PNR avec son équipe doit s’investir totalement sur l’espace qui lui est confié. Un espace où le monde associatif est très important, sans lui, d’ailleurs, la société civile aurait explosé. La tâche du PNR c’est de mettre tout cela en réseau, car chaque action doit être complémentaire mais révélatrice et formatrice pour les autres afin d’aller plus loin.
Notre territoire n’est pas facile mais plein de richesse à découvrir. L’action des dirigeants et des salariés du PNR doit être un engagement militant, sans cela il faut qu’ils aillent faire autre chose ailleurs. Tous les écrits produits par le PNR ne sont pas porteurs et compréhensibles par tous. De plus les gens ne parlent pas facilement en réunion. Il faut aller à leur rencontre, les retrouver dans leur environnement propre, voir les gens là où ils vivent tous les jours pour partager leur expérience humaine, relationnelle, naturelle.
Quant à moi c’est le sens de ma vie, c’est le combat que je vis tous les jours. Que ces quelques lignes soient pour celui qui prendra le temps de les lire espérance et opiniâtreté pour ces 113 communes du PNR.”
Jacques Longchambon