Mai 1752 : la paroisse de Saint-Hilaire-les-Courbes était en émoi. Ou plutôt son curé, l’abbé Salaignac. Ce dernier voulait rentabiliser la place de l’église. Pour cela, il en fit murer une partie censée devenir une chènevière, nom qui désignait un champ de chanvre. On allait donc semer là des « chènevis », les graines de la plante.
Des tiges du chanvre, on tirait la filasse, on appelait cette technique : carder, comme pour la laine. Tout le monde ou presque dans les campagnes savait carder, avec une sorte d’énorme peigne métallique, ou même à la main. Avec les fils ainsi obtenus, on fabriquait la plupart des vêtements, les draps, des sacs, et des cordes. Si le curé avait choisi de sacrifier une partie de son parvis, il devait bien y avoir une augmentation des besoins.
Ce que ne nous dit pas le texte concerne une autre utilisation. On gardait une partie des graines pour les faire griller, comme le café, dans une poêle, puis on les mangeait. Vous comprendrez pourquoi quand vous connaîtrez le nom latin de la plante : cannabis sativa. Les gens de Saint-Hilaire – et d’ailleurs – avaient donc découvert les vertus du cannabis thérapeutique, bien avant certains. Car il ne fait aucun doute que ces graines soignaient bien des maux. Cette année-là, les braves gens n’étaient pas au bout de leurs surprises. Durant les travaux, il fallut déplacer deux croix. En creusant, on trouva quantité de tombes, dont « sept à huit servaient de fondement aux croix ». Les pierres servirent pour les murs.
On s’aperçut aussi qu’il y avait là des crânes et un …cadavre ! Ce qui dénotait – dit le curé – « qu’anciennement sétait le cimetière ». De temps immémoriaux sans doute, puisque tout le monde l’avait oublié. Mais le « cadavre », était-il là depuis longtemps lui aussi ?