Le 3 décembre 2019, Rose Faugeras a été convoquée devant la chambre disciplinaire des sages-femmes, tribunal composé de sages-femmes dont aucune n’accompagne les accouchements à domicile ou ne pratique en libéral. Elle a fait l’objet d’une plainte de l’ARS (Agence régionale de santé), suite à un problème infectieux rencontré par deux patientes aux lendemains de leur accouchement. Orientées alors par Rose, ces deux mères ce sont rendues à l’hôpital où elles ont été soignées, sans séquelle ni pour elles ni pour leurs bébés. Mais il est reproché à Rose un retard dans sa prise en charge, et pour cela, elle est radiée à vie de l’ordre des sages-femmes.
Bien que l’accouchement à domicile soit autorisé et encadré par la charte de l’association des sages-femmes libérales, en pratique, il suscite méfiance et rejet d’une partie du corps médical et des instances de pouvoir. Ces trois derniers mois, déjà quatre sages-femmes ont été jugées. Dans un contexte d’écoute de la parole des femmes qui dénoncent les violences obstétricales, réalité reconnue par le gouvernement, la possibilité d’accoucher chez soi, en sécurité, accompagnée par la sage-femme qui vous a suivie tout au long de la grossesse, apparaît plus importante que jamais.
Avec sa radiation, ce sera également toutes les femmes qui sont suivies par Rose qui seront radiées. Rose travaille de 60 à 70 heures par semaine (tous types de suivi confondus, les accouchements à domicile ne représentant que 20 % de son activité). Elle est la seule sage-femme libérale à Guéret. Sa radiation aura un impact non négligeable sur un territoire qui est déjà sous-doté.
Elle va faire appel, soutenue par toutes les femmes et familles qu’elle a accompagnées et un comité de soutien s’est mis en place autour de son cas : « Nous voulons que le professionnalisme de Rose soit reconnu. Réhabilitons Rose, qu’elle puisse reprendre sa pratique d’accompagnement de la santé des femmes et des nouveaux-nés ! Soutenons Rose Faugeras, défendons le droit de vivre nos grossesses et nos accouchements dans la liberté de nos choix. Nous, femmes, hommes, familles voulons continuer d’avoir le choix du type de suivi de grossesse, du lieu et des modalités de la naissance de nos enfants. »