Cette plante fournie une graine oléagineuse et sa tige est composée de fibre et d’une partie ligneuse appelée chénevotte.
Connue et utilisée depuis 8000 ans en Asie centrale puis en Europe pour son huile et sa fibre textile, elle tombe en désuétude avec la concurrence du coton puis des fibres synthétiques.
Mais depuis les années 1980 Cannabis Sativa connaît un regain d’intérêt avec la découverte de ses usages possibles dans la construction.
Deux bonnes raisons de redonner à cette plante la place qu’elle a eu dans les fermes du plateau.
Une bonne tête d’assolement
Cette expression agricole est de moins en moins utilisée dans les pratiques nouvelles de mono production. Pourtant cette notion est primordiale en agriculture paysanne où la rotation des cultures et leur diversité sont essentielles pour exprimer rationnellement le potentiel agronomique des sols. L’alternance des cultures limite en particulier le développement des adventices et des parasites spécifiques.
Le chanvre, plante annuelle, se sème en mai et se récolte en septembre. Sa rapidité de croissance en fait un excellent désherbant naturel qui étouffe les plantes vivaces concurrentielles. Elle n’est pas sensible aux maladies et son système racinaire puissant lui permet de puiser l’eau en profondeur tout en améliorant la structure du sol.
C’est donc un plante qui précède favorablement une culture de céréale.
Une production locale pour la construction locale
L’ engouement pour l’auto construction avec des matériaux non polluants est tout à fait de circonstance pour répondre aux défis environnementaux d’aujourd’hui. C’est aussi une réponse possible à la demande de logement pour les migrants du plateau face à la récente et injustifiée spéculation foncière sur le bâti ancien. De tout temps les hommes ont puisé dans leur proche environnement pour élaborer leur lieu de vie, en utilisant des matériaux esthétiquement intégrés dans le paysage. Se réapproprier l’usage des minéraux et des végétaux qui nous entourent avec toutes les innovations des nouvelles techniques va permettre de donner vie à de réels projets locaux. Bois, paille, terre aux nombreux filons, puis chanvre vont permettre d’innover, sans transports de matériaux coûteux et polluants. La construction de bâtiments à usage professionnel pourrait profiter encore plus de ces matériaux nobles inépuisables.
La chenevotte donc, en mélange avec divers types de chaux (aérienne ou hydraulique) permet d’effectuer des bétons de chanvre en se passant des sables extraits des carrières ou rivières et permet à la déconstruction de réintégrer de simples aires de compostage.
Les réalisations les plus courantes sont les enduits, les murs banchés avec ossatures bois noyées ou apparentes, des dallages sur terre-plein, elles nécessitent l’application rigoureuse de techniques appropriées aux différents choix.
Des paysans s’organisent pour transformer les produits du chanvre
Un groupe engagé dans une démarche d’agriculture durable, travaille depuis quatre ans pour affiner cette filière afin de proposer localement huile et chénevotte sous la marque «Lo Sanabao». La culture du chanvre est effectuée sans apport de produits chimiques de synthèse. Bien que ce ne soit pas un produit normalisé, les producteurs s’engagent néanmoins à fournir une chénevotte exempte de moisissures et sans trop d’impuretés.
Les huiles sont analysées régulièrement.
L’objectif est la valorisation des produits en circuits courts.
Fabrice Lacroix
agriculteur à Ste Anne St Priest