Le 6 novembre 2005, quatre creusois, athlètes expérimentés, membres de l'Entente Athlétique d'Aubusson ont participé parmi 37 537 concurrents, au fameux Marathon de New York. IPNS les a rencontrés deux mois après leur voyage. Ils nous ont fait part de ce qui les a le plus marqués, sur le plan sportif bien sûr, mais également dans la découverte de la ville. Ils nous ont aussi expliqué comment cette aventure s'inscrit dans le développement du club aubussonnais.
Un exploit sportif
Le vainqueur, le kenyan Tergat, a été crédité d'un temps de 2 heures 09, soit à plus de cinq minutes de son record du monde. Ce qui prouve bien la difficulté de ce parcours comprenant de longs faux plats montants qui usent les organismes. Notamment le dernier pont "queensborought bridge", il a semblé interminable à nos creusois dont cependant les performances ont été très honorables.
Qu'on en juge :
Jacky Ayrault, 50 ans, a terminé 1804ème en 3h19'54''. Une contracture résultant d'une précédente compétition l'a beaucoup gêné dans sa préparation et privé d'un meilleur résultat ; son record personnel en marathon : 3h02, en août 2004.
Jean-Luc Exbrayat, 45 ans, 2082ème en 3h23'38'', a réalisé le chrono qu'il escomptait ; son record personnel : 3h17' en avril 2004.
Gérard Goalard, 55 ans, 5480ème en 3h47'49'', loin de ses meilleures performances puisque son record personnel est de 3h02' en 1994. Mais il avait participé quinze jours auparavant au Grand Raid de la Réunion, sur une distance de 145 kms avec 8 500 mètres de dénivelé ce qui ne constituait pas le meilleur entraînement possible. Ce périple réunionnais avait été la source d'intense satisfaction et d'une grande plénitude. A New York aussi, se faire plaisir était pour lui l'essentiel, le résultat était secondaire, il en a profité pour faire des photos pendant la course.
Martine Exbrayat, 44 ans, 13 914ème en 4h22'23'', a couru à un excellent niveau par rapport à ses performances antérieures : son record personnel c'est 3h53' en novembre 2003.
Nos quatre creusois, qui avaient tous déjà participé à des marathons de masse, comme celui de Paris, ont été impressionnés par la qualité de l'organisation. Au départ, les coureurs étaient placés en fonction de leurs résultats antérieurs, dans trois zones séparées (deux pour les hommes, une pour les femmes, avec convergence des parcours au bout de quelques kilomètres. Ainsi, un minimum de temps s'écoulait entre le coup de canon libérant les concurrents et leur franchissement de la ligne de départ. De plus, une puce électronique individuelle permettait à chaque coureur de connaître instantanément son temps et sa place à l'arrivée.
Pendant le déroulement de la course, le public était extrêmement dense et encourageait chaleureusement les athlètes. La foule était particulièrement nombreuse dans les derniers kilomètres. Seule exception notable, le quartier juif, presque désert, où les coureurs ont croisé quelques juifs orthodoxes, vêtus de noir, avec barbe et chapeau, qui manifestaient leur indifférence en détournant leur regard de l'épreuve. Autre émotion : la participation des handicapés divers : unijambistes, malvoyants, personnes en fauteuil roulant etc.. qui donnaient à tous une leçon de volonté et de courage. Leurs efforts ont particulièrement touché Nathalie, la compagne de Jacky, elle accompagnait le groupe et a pu observer à loisir le passage des concurrents.
Un voyage et une ville inoubliable
Voyage (départ de Roissy le jeudi 3 novembre et retour le mercredi 9) et hébergement à New York étaient organisés par une agence qui avait regroupé une bonne partie des français, avec des athlètes connus et des VIP tel que Yannick Noah.
Certains couraient leur premier marathon comme le cycliste Laurent Jalabert qui l'a couru en 2h55', ou le coureur de haies Stéphane Diagana. Il y avait au total 2500 français, dont deux autres creusois non licenciés de Guéret. La découverte de la ville, que ne connaissait aucun des cinq, a été très appréciée par tous. Même Gérard, pas forcément attiré par le lieu, estime maintenant que le voyage valait vraiment le coup, à preuve la belle série de photographies qu'il a rapportée. Le beau temps, avec une température exceptionnellement douce à cette période de l'année a contribué à rendre leur séjour très agréable. L'architecture verticale a constitué leur premier sujet d'étonnement ; ainsi découvrir une cathédrale noyée au milieu des gratte-ciel ne peut que surprendre des français habitués à la protection stricte des monuments historiques. En ce qui concerne l'accueil des New Yorkais, il a été très chaleureux ; les aubussonais ont en particulier été très sensibles à l'obligeance des personnes rencontrées dans la rue, qui n'hésitaient pas à se proposer pour renseigner les visiteurs sur leur itinéraire ou la situation des principales curiosités de la ville. Avec les autres français de leur vol ils logeaient dans un hôtel près de Central Park. Tous ont pris le temps de visiter les différents quartiers de la ville, à dominante généralement communautaire : porto-ricains, italiens etc.. avec une cohabitation apparemment facile entre les différents groupes. La propreté de la ville - on ne trouve pas de mégots ni de crottes de chiens - et le sentiment de sécurité qui y règne les ont agréablement surpris.
Un club à nouveau dynamique
En opérant un retour sur le passé, les quatre athlètes aubussonnais ont pris conscience de l'écart qu'il y a entre la réussite de cette aventure new-yorkaise et la situation de l'Entente athlétique d'Aubusson il y a seulement trois ans ! A l'assemblée générale de 2002 le club était moribond, avec cinq licenciés et des conflits paralysants. Jacky, Jean-Luc, Gérard, Martine et quelques autres ont donc décidé de s'attacher à la reconstruction du club. Aussi, en 2005 il y a 63 licenciés, deux éducateurs, beaucoup de jeunes, une notoriété et une attractivité grandissantes.
La participation au marathon de New-york est à replacer dans le cadre de ce développement du club. Avant et après la course : France bleu Creuse, FR3 Limousin, La Montagne ont présenté les athlètes. S'ils ont cherché des sponsors, c'est moins pour financer les dépenses liées à ce déplacement (cette participation a atteint 1/7 du total) que pour intéresser le plus possible les acteurs locaux à la vie et au développement de l'E.A.AUBUSSON ; au total 12 petites entreprises locales les ont soutenus. La motivation des jeunes licenciés ne peut qu'être renforcée par cette belle aventure, car elle ouvre des perspectives d'avenir à ceux qui sauront se montrer persévérants.
Pour la suite Jacky et Gérard vont participer aux 24 heures de Brive au mois de mai 2006 et, à plus long terme, dans deux ou trois ans peut être, ils aimeraient aller au Japon pour le marathon de Tokyo ou celui de Nagano.
- Un athlète constant et performant
Bien d'autres limousins ont allongé leurs foulées dans cette course prestigieuse de New York en 2005. Après nos amis du club d'Aubusson-Felletin, IPNS retient simplement l'exploit remarquable accompli par Patrik Négrarie de Peyrat-le-Château. Déjà l'aventure de son engagement dans la course de fond constitue un témoignage exemplaire. Dans la simplicité, la discrétion et la ténacité il a régulièrement poursuivi son entraînement quotidien dans la campagne peyratoise, après une journée de labeur dans une entreprise artisanale du bâtiment à Eymoutiers. Il affirme ainsi toute l'énergie courageuse de sa volonté de s'en sortir et de toujours se perfectionner. Patrick a accompli un parcours remarquable de coureur de fond depuis qu'il a pris sa licence en 1983, au club de Tulle d'abord, puis à Bessines et enfin depuis quatorze ans au club de Saint-Junien. A ce jour il a couru 39 marathons : à Paris, Berlin, aux Pays Bas en Belgique, à Lyon, Bordeaux etc... Aussi, Martine son épouse qui n'a cessé de l'accompagner et de le soutenir dans cette continuelle recherche de performances, a profité de l'occasion de ses 50 ans, pour lui offrir le voyage à New York. C'était son rêve d'aller disputer le plus grand et le plus fascinant des marathons des villes du monde. Son score y a été plus qu'honorable puisqu'il l'a parcouru en 3h3'37'' terminant à la 708ème place, et à la vingt cinquième place dans sa catégorie de vétéran 2 (les plus de 50 ans) soit 25 ème sur 2 400 vétérans. Son meilleur score remonte à 1992 où il a couru le marathon d'Albi en 2h34'49''. Aujourd'hui encore trois semaines après New York il a couvert le marathon de La Rochelle en 2h53'58''. Et imperturbablement il continue son entraînement tout en concoctant le tracé du Cross départemental des pompiers de la Haute Vienne qui se déroulera à Peyrat le Château le 4 février.