L'exemple de l'aménagement du site de Vassivière est une illustration exemplaire d'une part de la rupture qu'on constate sur le plateau de Millevaches entre la société civile et les élus locaux, d'autre part des limites d'un "aménagement sans développement".
L'idée d'aménager le lac de Vassivière et ses abords à des fins touristiques est venue du commissaire à l'aménagement du Massif central, qui a convaincu le maire et le conseiller général d'alors de son intérêt. L'aménagement a été réalisé avec l'appui des maires des quelques communes du SYMIVA, des départements, de la région et de l'Etat, mais sans aucun soutien de la population locale, et sans non plus susciter d'opposition : dans l'indifférence générale.
De plus, jamais les acteurs privés du plateau n'ont été mobilisés et associés à la gestion du site. Comme l'écrit dans sa propre thèse le géographe Jean François Mamdy : le SYMIVA s'est toujours comporté en organisateur tout-puissant prenant toutes les initiatives, y compris celle de rallier les acteurs à ses projets et d'échouer. L'exemple de la halle commerciale d 'Auphelle illustre le refus des commerçants locaux (ceux de Peyrat le Château) de s 'impliquer dans un projet que leur proposait la technostructure.
Ainsi le SYMIVA qui 'a toujours été et continue d'être le concepteur, le coordonnateur, le contrôleur du programme Vassivière (...) est devenu en vingt-cinq ans une structure lourde et monolithique, une 'technostructure d'élus' constituée de délégués communaux et dominée par la personnalité de leaders forts' (Pierre Ferrand, maire de Royère de Vassivière d'abord, André Leycure, maire de Nedde ensuite).
Enfin, en dépit d'un audit remettant en cause le fonctionnement du système en place (le rapport 'Vassivière 2000', en 1989), le SYMIVA ne semble pas prêt à accepter - encore moins à susciter - une évolution qui réclame son effacement. Ainsi, malgré les volontés exprimées à l'origine du projet, l'aménagement touristique du site n'a pas abouti à la constitution d'un 'pays de Vassivière', en l'absence d'acteurs autres que le SYMIVA et de projet de développement autre que l'aménagement touristique. Ceci montre à quel point, en dépit des nombreux aménagements et investissements incontestablement intéressants qui ont été réalisés, Vassivière est un contre-exemple en termes de développement de pays.