Magali Debatte, nommée en 2018 préfète de la Creuse, a quitté le département le 24 août 2020. Elle a été nommée préfète de la Charente. L’occasion pour quelques Creusoises et Creusois de dire aux Charentaises et Charentais tout le bien qu’ils pensent de celle qui leur a pourri la vie pendant deux ans.
Chères habitantes et habitants de la Charente,
C’est avec un mélange de joie et d’affliction que nous venons d’apprendre que notre préfète, en poste dans notre beau département depuis deux ans, vient d’être nommée dans le vôtre. Joie que nous n’avons pu réprimée et affliction pour vous, chères Charentaises et Charentais, qui allez devoir la supporter pendant quelques années.
Madame Magali Debatte est appelée à représenter l’État dans votre département et à y imprimer la marque de politiques nationales avec lesquelles nous sommes tous, peu ou prou, contraints de faire. En ce sens, ce sera une préfète comme une autre et il n’y aurait certainement pas à faire de sa mutation tout un tintouin. Mais Madame Magali Debatte est aussi une préfète particulièrement zélée, un brin plus royaliste que le roi, qui a un sens exacerbé de sa fonction au point de la concevoir avec un aplomb et une rectitude qui confinent à la condescendance, au mépris et à l’insolence. Présentée comme une « préfète de choc » lorsqu’elle a débarqué sur nos terres, elle s’y est illustrée avec une remarquable persévérance comme une fonctionnaire d’une grande raideur qui n’hésita, ni à braver la légalité lorsqu’elle se mit en tête d’appliquer des mesures contestables, ni à mentir effrontément dans les médias pour défendre ses positions, ni à stigmatiser une partie de la population de son département lorsque celle-ci manifestait vis-à-vis de son action une critique ou une opposition.
À peine arrivée, elle s’est mise à dos une grande partie des élus creusois en laissant entendre qu’ils étaient tous à l’ombre de leur clocher, sans ambition et sans idée, « dépourvus de vision stratégique ». « On n’est pas dans Good-bye Lenine, on doit faire certaines choses contre la tendance naturelle à ne rien toucher. Pour ça, je suis prête à mon serment de Koufra » claironnait-elle un mois après son parachutage, faisant référence au serment du Maréchal Leclerc en 1941 de continuer le combat jusqu’à ce que le drapeau français flotte à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg ! Bref la préfète affichait son combat : partir en guerre contre un territoire passif et y imposer sa vision du développement. Dans cette optique elle osait demander à 70 communes du département de fusionner pour n’en plus former que 23. Les communes en question disposaient, généreuse libéralité, de dix jours pour se décider ! Une précipitation qui frisait l’incompétence – et qui au demeurant s’est soldée par une fin de non-recevoir.
Notre héroïque porte-drapeau n’a pas seulement su froisser des élus, mais également des habitantes et habitants engagés dans des actions qu’elle considérait comme contraire à ses vues. L’accueil de migrants, voilà par exemple un sujet sur lequel il ne fallait pas la titiller. Elle était très fière d’avoir, dans un de ses postes précédents, dépassé les quotas d’expulsion qu’on lui avait demandé d’opérer. Elle a sans doute voulu faire de même en Creuse où, avec une persévérance quasi obsessionnelle, elle a tout fait pour reconduire hors de France quelques malheureux rescapés de dictatures africaines, de l’esclavage en Libye et d’une traversée périlleuse de la Méditerranée. Et, malgré de fortes mobilisations populaires et le soutien de nombreuses Creusoises et Creusois, elle a outrepassé ses droits en procédant à des tentatives d’expulsion que la justice a considérées a posteriori comme illégales. C’est du reste la raison pour laquelle Madame Magali Debatte est actuellement en attente d’une convocation devant les juges pour répondre aux demandes de dommages et intérêts qui ont été déposées contre elle par plusieurs jeunes migrants, aujourd’hui titulaires d’un statut officiel de réfugié. Peut-être devra-t-elle s’absenter quelques jours d’Angoulême pour venir répondre de ses actes devant le tribunal de Guéret...
Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage. C’est ainsi que, dans cette même affaire, Madame Magali Debatte a agi envers les nombreuses habitantes et habitants qui se sont mobilisés pour soutenir ces jeunes migrants. Puisque ceux-ci s’opposaient à son action, elle les a affublés de quelques noms à ses yeux disqualifiants : ce n’étaient que militants d’ultra-gauche, extrémistes dangereux, anarchistes, zadistes, furieux, violents, infime minorité, etc., toute cette sempiternelle litanie de qualificatifs qui rêvent l’autre comme dangereux pour mieux ignorer ce qu’il dit ou défend. Ceci s’est traduit concrètement vis-à-vis de certaines communes ou associations de notre département par quelques mesures de rétorsions, non officiellement assumées bien sûr (ici une subvention annulée, là la suppression de quelques emplois aidés, ailleurs un acharnement gendarmesque dans les contrôles et la surveillance – y compris par hélicoptère !).
Voilà donc à qui nous avons dû nous confronter durant deux années au cours desquelles le départ de la préfète faisait partie des événements les plus attendus. Nous le lui avions du reste dit clairement quelques mois après son arrivée en organisant un « pot de départ » sur la grande place de Guéret, au cours duquel Magali Debatte et son sinistre secrétaire général (Monsieur Olivier Maurel, aujourd’hui sous-préfet de Riom) ont été expulsés en effigie dans un charter d’Air OQTF*. La plaisanterie ne fut pas de son goût : contre 200 pacifiques et joyeux manifestants qui organisèrent ce charivari bon enfant, elle déploya une centaine de CRS, ferma la préfecture au public et boucla une partie du centre ville !
Aujourd’hui, presque deux ans après ce pot de départ anticipé, Magali s’en va enfin. Nous en sommes très heureux et compatissons sincèrement aux affres que la Charente risque de connaître. Mais chères Charentaises et Charentais, ne désespérez pas ! Dans deux ou trois ans, vous aussi, vous en serez débarrassés !
Avec tous nos encouragements,
Des Creusoises et des Creusois outragés, pourchassés, vilipendés, mais aujourd’hui li-bé-rés !
* Obligation de quitter le territoire français