"Hêtre ou ne pas hêtre"
Originaire d’Egletons en Corrèze, Jean Philippe Boismal a 29 ans. Titulaire d’une licence de Géographie passée à l’université de Clermont Ferrand, il travaille aujourd’hui à la maison de l’Arbre de Chamberet en Corrèze. C’est lui qui a mis sur les rails cette structure dédiée comme son nom l’indique si bien à l’arbre. Comme près de 900 jeunes en limousin, il a pu bénéficier du dispositif “nouveaux service emploi jeunes” imaginé par Martine Aubry en 1997.
“Au début, je participais aux relais emplois jeune (REJ) à la mission locale de Tulle. Le but était de monter des dossiers correspondant à notre cursus et de les proposer aux structures intéressées. Pendant cette période j’ai vu une annonce concernant un poste d’agent de développement local à Chamberet. J’ai postulé et j’ai été embauché le 1er novembre 1999 par l’association ELAN (Espace Loisir Accueil Nature) qui a pour vocation de développer le tourisme sur la commune de Chamberet”.
Dès son arrivée dans l’association Jean Philippe participe au montage des dossiers puis à la mise en place de l’exposition permanente en même temps que le suivi des travaux de la maison de l’arbre. Depuis juin 2000 date de l’ouverture au public, Jean Philippe fait les visites aux publics et de l’animation. Il crée de nouveaux outils pédagogiques, fait de la comptabilité, du secrétariat, de la communication, de la gestion, du ménage… “Ces nouveaux métiers nécessitent qu’on soit polyvalent”.
“Sur le plan personnel, ce dispositif m’a apporté beaucoup. C’est d’abord une très bonne expérience professionnelle. Cela m’a permis de prendre confiance en moi, de devenir responsable en prenant de véritables initiatives. S’ajoute à cela le contact avec le public. En plus, l’avantage de ce dispositif est qu’on peut bénéficier de formation. J’ai pu personnellement me perfectionner en informatique, me former sur l’accompagnement de projet touristique, à la promotion et à la communication à l’occasion de stages à Limoges ou à Tulle”
Jusqu’en avril 2001, Jean Philippe a été l’unique salarié de la maison de l’arbre. Aujourd’hui, un poste supplémentaire à mi-temps a été créé. Trois nouvelles salles viennent d’être inaugurées. Une salle sensorielle, une salle des oiseaux et une salle consacrée à l’écrivain-poète Marcelle Delpastre qui était originaire du pays de Chamberet. “De plus en plus, cette structure tend à devenir, en plus d’un espace d’exposition, un lieu d’éducation à l’environnement”.
En 2003 la maison de l’arbre espère pouvoir accueillir 5000 voire 6000 visiteurs (Chamberet est un village de 1300 habitants). C’est ce nombre de visiteurs qui pourrait permettre à Jean Philippe d’envisager l’avenir sereinement. D’ailleurs l’avenir ?
“Mon poste devrait être pérennisé grâce au dispositif d’épargne consolidé qui débouchera sur un CDI. Malheureusement, je pense que beaucoup d’associations qui ont peu de moyens vont disparaître en même temps que le dispositif emploi jeune. Elles ne pourront pas se passer de ces jeunes souvent qualifiés, diplômés, mais aussi parce que le bénévolat est aujourd’hui en chute libre”.
Samuel Deleron
- Un collectif emploi jeunes en Limousin
Fin 2002, un collectif d’emplois-jeunes a été créé à Limoges. A l’heure actuelle, 2500 salariés travaillent en Limousin sous ce statut (dont 53 % dans le secteur associatif). Les premières conventions du dispositif emplois-jeunes arrivent à terme cette année. Les emploi jeunes de l’éducation nationale et des collectivités connaissent leur sort : aucun processus de pérennisation n’est proposé. Les emploi-jeunes du secteur associatif pourront bénéficier, au cas par cas, d’une aide dégressive pendant trois ans.
Le collectif a été mis en place non pas pour défendre le dispositif emplois-jeunes qui est par nature précaire, mais pour faire reconnaître l’utilité sociale des emplois dans le secteur associatif et la nécessité de les financer, de les reconnaître en tant que service public. Il a pour but de rassembler les emplois-jeunes, de communiquer autour des difficultés qu’ils rencontrent et d’interpeller les élus pour qu’ils prennent position sur cette question.
En 1997, les emplois-jeunes étaient créés, pour faire régresser le chômage des moins de 30 ans, mais aussi pour “répondre à des besoins émergents et non satisfaits grâce à la création d’activités nouvelles d’utilité sociale, culturelle... et de proximité” (selon Martine AUBRY). Ces besoins de la population ont ils disparu tout récemment ? Que ce passera-t-il dans les crèches, les centres de loisirs, les déchetteries, les associations culturelles lorsque ces salariés partiront ? Que se passera-t-il pour Pays Sage, Contrechamps, Solidarité Millevaches, Télé Millevaches et tant d’autres ? Et que feront les jeunes qui se sont formés, qui sont compétents dans leur secteur d’activité et à qui on conseille maintenant de se réinsérer dans le secteur marchand ?
Alors qu’on tend à développer la politique d’accueil en Limousin, ne faudrait-il pas simultanément prendre des dispositions pour garder les jeunes actifs déjà installés ?
Cécile Couleau