La réaction de Jean Baptiste Moreau lors de l’affaire de l’En’duo d’Aubusson évoquée page 3 et reproduite ci-dessous, illustre encore une fois les amalgames, les mélanges et les procès d’intention que cet ancien député ne cesse de mener contre les habitants des communes du Plateau. Il met dans le même sac tout et n’importe quoi, attaque les bénéficiaires du RSA ou des communes comme Faux-la-Montagne ou Gentioux-Pigerolles réputées « favorables » aux « traînes savates » ; cite pêle-mêle : « ultra gauche néo-fascite »,
« yourtes », « allergiques au travail » ou « squat » ; et désigne régulièrement un « autre » extensif et général comme ennemi.
Nous publions ici deux réactions à cette verve anti-plateau. L’une se présente comme une lettre ouverte à Monsieur Moreau et émane d’un conseiller municipal d’une des communes critiquées régulièrement par l’ex député, Faux-la-Montagne. L’autre, démontre, chiffres à l’appui, que les bataillons de bénéficiaires du RSA sur le Plateau... ne sont pas plus nombreux ici qu’ailleurs. Deux mises à plat qui s’imposaient.
Lettre ouverte à Monsieur Moreau
J‘habite à Faux la montagne et suis élu de cette commune. Les propos de Monsieur Moreau m’ont choqué venant d’un homme politique qui se définit comme modéré. Je m’adresse à vous, Monsieur Moreau, en tant qu’élu locad’un territoire que vous stigmatisez régulièrement, suggérant on ne sait quelle cascade d’irrégularités et de complicité dans la manière dont nous gérons nos communes
Vous nous avez encore récemment accusé de laisser une urbanisation illégale et rampante sévir sur nos communes, en rajoutant qu’ « il fallait mettre de l’ordre dans tout ça assez rapidement ». Nous avons ici comme ailleurs quelques habitant-es qui essayent de déroger au code de l’urbanisme et nous essayons autant que possible de le faire respecter. Les extensions de maisons autant que l’installation de bâtiments non déclarés ne datent pas d’hier sur nos territoires (tout comme partout en France d’ailleurs) et très certainement sur votre territoire. Ces situations, très rares au demeurant, ne relèvent pas d’une catégorie particulière de citoyens comme vous le laissez entendre, mais beaucoup plus de « natifs historiques » que des nouveaux arrivants généralement plus respectueux des règlements d’urbanisme !
À l’occasion des incidents qui ont émaillé l’En’duo vous montez encore la barre d’un cran en accusant les élus du Plateau de complicité avec les personnes qui ont réalisé les dégradations du fléchage dont l’action a été globalement condamnée. À part votre hostilité, évidemment politique, à notre égard, qu’est-ce qui vous permet ce genre d’affirmation calomnieuse ?
Que connaissez vous des pratiques de ces territoires que vous livrez à la vindicte publique ?
Que connaissez vous des initiatives qui s’y développent, des nouvelles manières de vivre qui s’y inventent, des débats et des réflexions qui s’y développent ?
Croyez vous que ce soit par hasard que nos villages ont des taux de progression de leur population et de leur activité économique aussi importants, contrairement à ce que l’on constate dans d’autres parties de la Creuse ? Et cela avec des taux de RSA ou de chômage égaux ou inférieurs à ce que l’on retrouve sur le reste du territoire de Creuse Grand Sud contrairement à ce que vous affirmez.
Savez vous que nos écoles sont pleines ? Que des restaurants et des bars viennent s’y installer ? Que des activités culturelles s’y multiplient ? Que des PME s’y implantent ? Que des agriculteurs et des éleveurs y vivent et y prospèrent et que des jeunes, parce qu’en effet il y a beaucoup de jeunes sur nos territoires, y créent leur activité professionnelle ?
Alors oui, nous, élus locaux de ces territoires (élus démocratiquement avec de larges majorités incluant des habitants de toutes origines), nous assumons, avec la population qui s’y active, cette politique d’accueil volontariste. Et nous en sommes fièr-e-s, comme nous sommes fièr-e-s des générations précédentes d’élu-e-s qui ont initié les changements et fièr-e-s des habitant-e-s qui, génération après génération, ont su accueillir de nouveaux arrivants et les intégrer si solidairement.
Nous accueillons en effet, comme cela se fait depuis de longues années, toutes celles et tous ceux qui ont envie de s’installer sur ce territoire de manière pérenne, pour y apporter leurs compétences, leurs savoir-faire, leur énergie et aussi quand, ils en ont, leurs capitaux.
Nous accueillons sans discrimination, aussi bien des réfugié-e-s venus d’autres parties du globe, que de jeunes idéalistes avec leurs pratiques nouvelles. Nous accueillons aussi bien des personnes ayant des activités artistiques ou culturelles que des projets d’implantation d’activités innovantes ou traditionnelles. Nous accueillons aussi bien des retraité-e-s souhaitant s’investir dans les solidarités locales que des entrepreneur-e-s souhaitant développer leurs activités dans un environnement riche de multiples initiatives.
Le monde change (comme vous même l’avez évoqué sur un autre dossier) et la Creuse aussi. Ses habitant-e-s changent eux et elles aussi, et ont envie d’inventer leur territoire. Parce que, si la valeur ajoutée première de notre territoire, c’est bien d’une part l’exceptionnelle qualité de vie qu’il propose et qui contraste avec les conditions que subissent la majorité de nos concitoyens sur l’ensemble du territoire national, c’est d’autre part, et peut être surtout, l’implication forte de la grande majorité de la population, toutes origines confondues, dans une série de réflexions et d’actions communes pour s’approprier l’avenir de ce territoire et ne pas le laisser aux mains de logiques économiques extérieures qui viendraient imposer une manière de penser unique.
Les défis que nous avons à relever collectivement, que ce soit au niveau social ou au niveau écologique doivent nous amener à rassembler nos forces et à ne pas se tromper de combat. En respectant les pratiques de chacun et en les resituant dans un contexte global. La situation nationale et internationale est suffisamment grave pour que nous ne multiplions pas les divisions et les oppositions stériles. Donc ce n’est qu’en développant une concertation apaisée entre tous les acteurs et les actrices de bonne volonté que nous pourrons créer en commun une dynamique positive profitable à toutes et tous.
Alain Détolle