La Directive Oiseaux, dont la première version date du 2 avril 1979, est une législation européenne qui réglemente la protection, la gestion, la régulation et l'exploitation de toutes les espèces d’oiseaux sauvages présentes naturellement sur le territoire des États membres de l'Union Européenne (UE).
Son annexe I précise les espèces prioritaires, du fait de leur statut de conservation, rareté ou spécificité écologique, pour lesquelles les États membres doivent prendre des mesures spécifiques de protection. Son annexe II indique les espèces d’oiseaux dont la chasse peut être autorisée dans les États membres à condition qu’elle ne porte pas atteinte à leur conservation. Les espèces listées dans la première partie de l’annexe II peuvent être chassées dans tous les États de l'UE tandis que celles listées dans la deuxième partie ne peuvent l'être que dans les pays spécifiés. Selon sa législation nationale, chaque État peut toutefois choisir d’autoriser ou non sur son territoire la chasse des espèces listées dans cette annexe II. C’est pourquoi des différences considérables du nombre d’espèces chassées existent d’un État à l’autre.
Selon les statuts de conservation des espèces et la volonté des États membres de l'UE de soustraire de la chasse les espèces en mauvais état de conservation, la majorité des pays ajuste leur législation nationale visant la liste des espèces chassables sur leur territoire, avec une moyenne européenne de 24 espèces d'oiseaux chassables. Au Danemark, seules 29 espèces d’oiseaux peuvent ainsi être chassées ; 13 en Belgique et seulement 3 aux Pays-Bas…
Avec 64 espèces d’oiseaux chassées, la France détient le record en Europe ! Ce triste record s’expliquerait pour certains par une plus forte richesse de l'avifaune française : nous accueillons une plus grande diversité d'oiseaux, donc nous en chassons plus. C’est faux ! Même si le nombre d’espèces chassées dans les pays de l’UE augmente avec le nombre d’espèces d’oiseaux régulièrement présents dans chaque État, la France fait bien exception et chasse deux fois plus d’espèces par rapport à sa richesse spécifique (18 %) que dans l’UE (8 %). Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), la France « prélèverait » plus de 25,5 millions d’oiseaux par an... L'arrêté du 26 juin 1987 fixe la liste des espèces d'oiseaux que l'on peut chasser sur le territoire européen de la France et dans sa zone maritime. Le pigeon ramier, le faisan, les grives, la perdrix rouge, le canard colvert, la perdrix grise et la bécasse sont les animaux les plus tués. Soit le quart du tableau de chasse de l’ensemble des pays européens. La France est le seul pays à autoriser, à l'encontre des lois européennes, une chasse en février, période de retour de migration. Un oiseau tué à cette période, c'est un oiseau qui ne se reproduira pas… Même s'ils ne sont pas tués lors de leur retour, les migrateurs ont besoin de pouvoir se nourrir et se reposer en paix durant les étapes de leur voyage. Parcourir quelquefois des milliers de kilomètres demande une grande dépense d'énergie qu'il faut renouveler. Lorsqu'ils sont victimes de la chasse à cette période, ils ne peuvent le faire normalement et ce sont des oiseaux affaiblis qui arrivent au terme de leur migration, ce qui hypothéquera fortement le succès de la reproduction. Ainsi, nos voisins espagnols qui hébergent un plus grand nombre d’espèces régulières que nous, ou l'Italie qui possède une richesse avifaunistique équivalente à celle de la France, ne chassent que 34 espèces. Selon la liste rouge française et européenne, plus d’un quart des espèces d’oiseaux chassables en France sont « en mauvais état de conservation » (20 espèces sur 64). Fragilisées par la détérioration des milieux naturels et la raréfaction des ressources alimentaires, ces espèces doivent en plus subir la chasse « loisir ». Cette pression est inacceptable car elle concerne des oiseaux dont il ne reste que quelques dizaines ou centaines de couples nicheurs dans notre pays, comme, la Bécassine des marais ou la Sarcelle d’été !
La France détient également un autre record européen : nous chassons le plus grand nombre d’espèces en mauvais état de conservation dans l’UE ! En moyenne, les pays européens ne permettent la chasse que de 5 espèces en mauvais état de conservation. En France, nous chassons un total de 20 espèces menacées de disparition :
• 17 espèces migratrices dont il convient de prendre en compte le statut de conservation UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) à l'échelle européenne.
• 1 espèce sédentaire (Grand tétras) classée « Vulnérable » pour la sous-espèce pyrénéenne (aquitanicus).
• 2 espèces sédentaires (Perdrix bartavelle et Lagopède alpin) dont le statut de conservation en Europe présage d’une évolution défavorable en France.
La chasse aux dits « nuisibles », elle, ouvre la porte à toutes les atrocités, puisqu'il n'y a pas de règles en la matière. Le déterrage des blaireaux, par exemple, avec une mise à mort abjecte, est particulièrement odieuse. Le chasseur porte en lui une part sombre, qu'il cherche à cacher derrière une allure bonhomme de bon pépé, et maintenant, comble du greenwashing, d'amoureux de la nature !