Les bois aux alentours de Meymac ont retrouvé leur calme. Une sérénité troublée cet été par l’affaire des recherches visant à exhumer les restes de soldats allemands de la deuxième Guerre mondiale, au nombre d’une quarantaine, peut-être un peu plus, ainsi que d'une collaboratrice française, exécutés en 1944 par le maquis dans la période qui a suivi immédiatement la prise de Tulle en juin, puis la retraite des troupes essentiellement FTP confrontées à la division SS Das Reich dont l’armement était sans commune mesure avec celui de l’« armée des ombres ».
L’événement a fait retour dans l’actualité à raison de sa remémoration par un maquisard âgé, Edmond Réveil, dont la sincérité n’a pas à être mise en doute ni les motifs suspectés d’on ne sait quelle animosité à l’égard de qui que ce soit. Alors qu’immédiatement la chose fut présentée sous la forme d’un scoop par certains journalistes, il apparut très vite que la connaissance publique de l’événement était ancienne, celui-ci ayant été signalé explicitement en 1975 lors de la troisième édition de l’ouvrage collectif Maquis de Corrèze.
Comme il est d’usage dans ce type d’occurrence, les institutions compétentes de la République française (Office national des combattants et des victimes de guerre - ONACVC) et de la République fédérale d’Allemagne (Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge - VDK, traduction approximative : Service allemand de prise en charge des sépultures de guerre), ont mis en place un dispositif de recherche des restes humains des soldats de la Das Reich passés par les armes.
Les recherches archéologiques conduites à Meymac au moyen de technologies avancées n’ont pas été couronnées de succès : seuls quelques artefacts (douilles, balles, identiques sans doute à celles que les adolescents des années cinquante et soixante du XXe siècle trouvaient à profusion dans bien des greniers corréziens, quelquefois assorties d’engins plus inquiétants oubliés par les adultes) ont été mis au jour, et un climat étrange d’inachevé a résulté de l’échec des fouilles.
Reste que l’épisode peut justifier de brèves réflexions sur le sens, ou plutôt les sens, que l’affaire a pu revêtir, qui tantôt sont propres aux faits historiques en cause, tantôt témoignent d’un caractère plus large, voire universel. Un avertissement est nécessaire : les propos qui suivent ne sont pas essentiellement animés par une inspiration « normative » (ce qui devrait être) mais par une approche « clinique » (ce qui est, ou ce qui fut). Il s’agit de tenter de mieux comprendre pour ensuite laisser le temps du jugement à chaque liberté individuelle, supposée davantage édifiée.
Si les différentes formes du pacifisme sont hautement recevables d’un point de vue moral, il n’en reste pas moins que la guerre, modalité collective de la violence, pour l’observateur rationnel, semble consubstantielle au genre humain.
Certains ont pu même avancer l’idée que la matrice de tout droit était celui de la guerre, la guerre étant de ce fait « civilisée », un peu comme la boxe qui serait un « noble art », à la différence de la vulgaire rixe tout à fait dépourvue de règles. S’il peut avec raison être soutenu que la guerre est moralement indéfendable (ce qui invite à réfuter, mais peut-être pas à récuser la torrentielle littérature léguée par les siècles au sujet de la « guerre juste » et de ses critères), rien ne s’est jamais opposé à ce qu’elle soit dotée d’un droit, aujourd’hui celui des « conflits armés », regroupant les droits ad bellum, in bello, post bellum et humanitaire.
Or, parmi les règles immémoriales de la guerre « civilisée », au moins dans le monde occidental, figure la question des dépouilles des combattants, qui ont vocation à être rendues à leur famille ou à leur cité. C’est dès la littérature homérique, faite de récits fondateurs, qu’apparaît avec force cette exigence à propos de l’attitude du « bouillant Achille » venant de triompher de son duel avec le Troyen Hector. La colère d’Achille est telle qu’il profane le corps de son ennemi défunt qui avait pourtant pris soin de lui demander de respecter son cadavre s’il devait succomber, et il refuse de le remettre à son père Priam, roi de Troie. C’est alors par l’intermédiaire de sa mère que les dieux, irrités, font savoir à Achille qu’ils désapprouvent absolument sa conduite, ce qui le conduit à remettre les restes d’Hector à Priam afin qu’une sépulture décente l’accueille. À ce titre donc, l’affaire de Meymac n’a rien de particulier, elle ne fait que s’inscrire dans une histoire de la très longue durée ayant quelque chose à voir avec le sacré autour de l’inviolabilité du cadavre, le droit positif le plus contemporain prévoyant pour sa part toute une série de peines sanctionnant les profanations de cadavres et de sépultures, la qualité du défunt étant sans incidence sur l’interdit acquis dès les Grecs.
Au demeurant, ces exigences de dignité due aux morts ne sont pas polarisées politiquement, mais bien générales et absolues, et elles revêtent parfois une dimension de réparation et de rétablissement de la vérité historique par-delà la concurrence des mémoires et les vérités d’État. Refuser décence et dignité aux morts quels qu’ils soient, c’est, pour reprendre les catégories de pensée forgées dès l’Antiquité, abdiquer la civilisation et opter pour la barbarie. Pour toutes ces raisons donc, l’émotion locale à laquelle on a assisté autour de l'affaire de Meymac est sans doute compréhensible, mais l’opération de recherche de corps en vue de leur exhumation et leur transfert dans une nécropole n’a rien d’extraordinaire, elle est même souhaitable car c’est un acte de civilisation qui a une très longue histoire.
Une autre approche de l’affaire de Meymac est davantage circonstanciée, elle se décompose en réalité en plusieurs aspects qui intéressent davantage l’histoire récente et les sociétés contemporaines. C’est tout d’abord faire référence à la façon dont les choses ont été répercutées par les médias, et on n’y fera nulle découverte particulière : ce sont les règles du champ journalistique qui ont trouvé à s’appliquer, entre spectacle du sensationnalisme, inculture et approximations. Il est ainsi question (Arte, qu’on a connue mieux inspirée) d’« aveux » : que l’on sache, ce sont les coupables qui avouent, et Edmond Réveil n’est à l’évidence coupable de rien. La Vie corrézienne du 1er septembre se charge quant à elle de restituer le climat qui, à l’entendre, prévalait à l’époque, afin que son lectorat soit édifié : « Les règlements de comptes remplacent les procès, la violence était sans pitié. C’était l’épuration. Les crânes rasés, les lynchages. » Que l’affaire de Meymac se situe avant la Libération ne semble pas troubler le rédacteur, qui reprend le marronnier de la sauvagerie de l’épuration dans le Limousin tout entier, qui n’épargna pas la Haute-Vienne en particulier à travers la figure de Georges Guingouin (« Le colonel communiste Guingouin : son « armée » fut responsable d’un millier d’exécutions dans la région de Limoges » Le Crapouillot, avril-mai 1985) ; alors qu’un petit ouvrage d’un avocat qui fait litière de ces allégations n’est jamais évoqué (Jean Meynier, ancien bâtonnier, La justice en Limousin au temps de la Libération. Les tribunaux d’exception, 1944-1948, Éd. René Dessagne, 63 p., pas de date indiquée, vraisemblablement 1985). Le quotidien Le Monde est davantage modéré, factuel (24 août 2023), et c’est avec surprise qu’on observe que M le magazine du Monde, son supplément hebdomadaire consacré essentiellement aux futilités les plus diverses et manifestement destiné aux salles d’attente, fait figurer sur sa couverture : « Le secret de Meymac » ! La contribution de quatre pages est assez solidement documentée, mais ce qui doit retenir l’attention dans un premier temps, c’est le recours à des substantifs propres à suggérer une atmosphère ténébreuse qui semble vouloir rivaliser avec l’affaire Dominici. Il est ainsi question de « fantômes allemands », de « terrible passé », d’une « assemblée muette de stupeur », de « rumeur (…) racontée à voix basse derrière les portes fermées », de « douleurs enfouies ». Décidément, la veine du lyrisme gore inaugurée par le député socialiste haut-viennois Jean Le Bail dans les années cinquante du XXe siècle est toujours fertile. Pour sa part, il avait intitulé « Limousin terre d’épouvante » le feuilleton qu’il rédigeait dans le Populaire du Centre aux fins de lapidation de Georges Guingouin.
L’inculture se mesure, là comme ailleurs, à travers l’utilisation du mot « village » pour désigner Meymac, au mépris des apports de l’ethnologie rurale et du sens commun rural local : Meymac est une commune et comme toutes les communes limousines elle a un bourg d’une part et des villages d’autre part. Passons.
Cependant, à la différence d’autres contributions, l’opinion des associations d’anciens combattants de la Résistance est exposée dans le texte, alors que dans La Vie corrézienne des propos sans aucun élément probant mais en forme d’argument d’autorité donné pour fondé à raison des professions de ceux qui l’expriment, stigmatisent une supposée volonté dissimulée des anciens du Maquis d’empêcher toute investigation sur l’affaire. Comme il est normal, les représentants de la mémoire de la Résistance signalent dans M le caractère public de l’information dès 1975 à l’occasion de la troisième édition de Maquis de Corrèze, il y a près de cinquante ans. Qu’il y ait eu lecture superficielle ou oubli est une autre histoire.
Enfin, plusieurs médias font référence à l’hypothèse du crime de guerre, divine surprise pour ceux qui veulent faire accroire qu’ils sont revenus de tout alors qu’ils n’ont jamais quitté le monde de la médiocrité. Passons sur l’effet de la prescription qui, si elle ne concerne pas le crime contre l’Humanité, s’applique au crime de guerre - même si on peut le regretter parfois -, pour en venir à l’essentiel s’agissant de cette incrimination. Quant à l’intention des juristes d’opérette se mêlant de droit de la guerre d’abord, elle est évidente : comme il est difficile d’effacer ou même de minorer le souvenir des massacres d’Ussel, de Tulle, d’Oradour-sur-Glane perpétrés par la Das Reich à la même période, sans préjudice des exécutions sommaires commises tout au long des itinéraires des détachements des troupes nazies, pouvoir exciper d’une identité de pratiques imputées à la Résistance est une bénédiction, une reproduction de la « divine surprise ». Exit la pertinence des motifs de lutte des uns et des autres, hors sujet la disproportion des forces en présence, reste l’invitation à l’égalité des valeurs, une barbarie répond à une autre, tout est dit, gémissons et détournons le regard. Analogie sportive : un à un, la balle au centre.
Pour soutenir une telle position de sagesse apparente faite d’un stoïcisme ou d’un épicurisme pour les nuls, il faut prendre des libertés avec les choses, entre interprétations et falsifications. Négliger par exemple que la notion de crime de guerre a connu une genèse malheureusement longue en droit international humanitaire et qu’elle ne s’est stabilisée que tardivement, par le truchement des conférences de Genève de 1949, ce qui renvoie à la question de la non-rétroactivité.
En outre il convient de prendre en considération que les maquis composés essentiellement de combattants volontaires n’étaient à aucun moment reconnus comme des troupes belligérantes « légitimes » par l’occupant et le régime de Vichy, alors que le crime de guerre ne peut être le fait que d’une armée régulière. Les Nazis et leurs supplétifs pétainistes n’ont jamais varié : ils avaient affaire à des « terroristes », fourriers de la guerre civile, organisés en « bandes » suffisamment nombreuses et efficaces pour engendrer dans la troupe allemande la définition du Limousin en qualité de « Kleine Russland » (Petite Russie). De cela témoignent les négociations pour la reddition allemande de la ville de Limoges lorsque le général Gleiniger écrit le 20 août 1944 pour récuser toute proposition de contact direct avec le colonel Georges Guingouin, alors chef départemental des FFI : « Le seul gouvernement légitime est celui de Vichy. Les FFI sont des troupes irrégulières qui ont déchaîné la guerre civile. Une capitulation sans condition devant les troupes soulevées contre le gouvernement de Vichy ne saurait être envisagée. » (Georges Guingouin, Quatre ans de lutte sur le sol limousin, Hachette, 1974, p. 207). Il y avait guerre, mais c’était une guerre irrégulière au sens du grand juriste allemand nazi Carl Schmitt, une guerre de partisans dont le but n’était pas un traité de paix mais l’anéantissement de l’ennemi. Est-il vraiment étonnant qu’à ce jour encore, l’ainsi-nommée communauté internationale ait toujours échoué à se donner une définition partagée, en droit international, du terrorisme ? En ces domaines, ce ne sont pas les professeurs de droit qui tranchent, mais l’Histoire, par-delà les mémoires sectorielles.
À ce stade il est temps d’en revenir aux faits de juin 1944 à Tulle, pour essayer de rendre compte d’un enchaînement d’épisodes quasi-mécanique. Moment d’analyse délicat car il ne peut éviter l’évocation de controverses rugueuses qui ont vu le jour au sein même des résistants et maquisards. Pour dire vite : selon en particulier Georges Guingouin, libérateur de Limoges et Compagnon de la Libération, la décision de prendre Tulle de vive force le 7 juin fut inopportune (adjectif commode pour éviter de trancher entre erreur et faute), car occuper une ville-préfecture est une chose, valeureuse certainement, mais tenir le terrain conquis alors qu’il est de notoriété publique qu’une division SS rôde aux alentours en est une autre, bien différente. Pour argumenter sa position, le « Premier maquisard de France » (avril 1941, à Soudaine-Lavinadière en Corrèze) oppose la stratégie mise en œuvre à Limoges, où après son refus d’exécuter l’ordre de prendre la ville d’assaut, la reddition allemande fut obtenue sans combat au moyen de l’intercession du consul de Suisse, Jean d’Alby. Ainsi, les résistants emprisonnés à Limoges, promis à l’exécution par la Gestapo dès le début de toute attaque, furent sauvés. À cet égard il faut se souvenir que si près de 30 000 prisonniers-otages furent fusillés dans la France entière, dont 11 000 en région parisienne et 3 674 à Lyon, Limoges vient immédiatement après avec 2 863 fusillés. La capitulation allemande fut sans doute obtenue à raison des talents de diplomate du consul suisse, mais plus fondamentalement en considération de l’encerclement de la ville par les forces de la Résistance, oscillant entre 15 000 et 20 000 combattants après le ralliement tardif des forces de l’ordre. Guingouin est alors commandant militaire régional FFI et a pris le grade de colonel. Ceci étant, on aurait tort d’imaginer un Guingouin pusillanime, hésitant. Pour preuve, l’issue de la capture par le détachement du sergent Canou du Sturmmbahnführer SS Helmut Kempfe à proximité de Saint-Léonard-de-Noblat. Activement recherché par le commandement de la Das Reich, son sort est scellé après les pendaisons de Tulle et les massacres d’Oradour-sur-Glane. Le « Préfet du maquis » est laconique : « Les chefs qui commandent de tels crimes ne peuvent rester impunis (…) il ne saurait y avoir de clémence pour Kempfe. Ordre est donné de le passer par les armes. » (ouvrage précité, p. 184). Il en ira de même avec un collaborateur infiltré, le vicomte de R…, confondu près d’Eymoutiers : « Il fut immédiatement passé par les armes. » (ouvrage précité, pp. 193 et 197)
Mais à Tulle, une fois la retraite à l’ordre du jour, les résistants sont confrontés à des choix cornéliens : libérer les prisonniers allemands, c’est-à-dire en faire cadeau à l’ennemi en leur permettant de l’informer sur la direction prise par les combattants et sur les aides de « légaux » dont ils ont pu bénéficier, ou s’assurer d’eux en les évacuant, c’est-à-dire en les transformant en charge insupportable alors qu’il s’agit de reprendre la tactique maquis dans des conditions périlleuses. Edmond Réveil le dit lui-même dans un entretien télévisé : « On n’avait pas de prison. » Dès lors une seule solution de fortune s’impose, les prisonniers ayant refusé de rejoindre les troupes du maquis sont passés par les armes, ainsi qu’une collaboratrice française, dans les bois près de Meymac. À propos de la collaboration et de la Milice, il faut là aussi se replacer dans le contexte en faisant référence à un mot de Pierrot Villachou, un des plus proches lieutenants de Guingouin, prononcé dans le documentaire de France 3 « Lo Grand » en 1984, où il précise que « sans les collaborateurs, les Allemands n’auraient pas fait le quart du mal qu’ils ont fait, c’est eux qui connaissaient le pays, les chemins, les gens, avec eux on a été impitoyables. » Ici, que chacun qui n’a pas vécu en personne de telles situations, prenne bien garde de ne pas juger hâtivement du haut de sa tour d’ivoire, distribuant arbitrairement bons et mauvais points. Car ceux qui n’ont alors pas renoncé à agir dans le monde ont éprouvé que de telles périodes réservent bien des surprises alors que ce qu’on risque est bien autre chose qu’un désaveu silencieux de voisins, l’affaiblissement de relations amicales ou un retard d’avancement professionnel. Soit à se souvenir par exemple, afin de tenter d’approcher ce qu’« éprouver » peut vouloir dire lorsque le désastre advient, du mot d’Hannah Arendt se remémorant la montée du nazisme en Allemagne : « Le problème, le problème personnel, n’était donc pas tant ce que pouvaient bien faire nos ennemis, mais ce que faisaient nos amis. » Elle en tire un verdict sévère à l’égard des « intellectuels », orfèvres en rhétorique exonératoire de tout engagement personnel résolu ; opinion partagée par Guingouin dans une confidence qui, « à partir de mon expérience », formule qui lui était chère, concluait en forme de diagnostic clinique à un manque de courage. On doit cependant à la vérité de dire qu’il y eu des exceptions (Cavaillès, Char, et quelques autres). Et il faut être attentif aux mots simples utilisés par ceux qui ont osé. Il vient d’être question de « courage », et Pierre Villachou déjà évoqué, interrogé sur le caractère groupusculaire de la Résistance initiale jusqu’en 1942-43, répondait avec un ton d’évidence : « La peur. Ce n’est pas difficile, c’était la peur. »
Pour clore sur une interrogation, il faut se résoudre à un constat : après une période estivale d’émotion où plusieurs ont décelé très vite le risque d’une énième opération de disqualification de la Résistance et des maquis limousins, la baudruche s’est dégonflée et, une information chassant l’autre, les faiseurs d’opinion sont passés à autre chose, l’actualité internationale y invite. Deux conclusions sont alors possibles. Les optimistes y verront une sorte de victoire, la rapidité et la fermeté des réactions tendant à replacer l’affaire dans une analyse contextuelle rationnelle ayant coupé l’herbe sous le pied de ceux qui ont pu un temps entrevoir une opportunité d’avilir les combats de la Résistance. Les pessimistes suggéreront que, le temps passant et le décervelage médiatique ayant partie liée avec l’affaiblissement de l’enseignement public, notamment de l’histoire, il ne pouvait guère en aller autrement. Toutes ces histoires, aujourd’hui, sinon tout le monde au moins les plus nombreux s’en moquent souverainement et les regardent comme largement marquées d’insignifiance. Tant il est vrai que beaucoup semblent convaincus que le passé étant par définition passé, sa connaissance et son évaluation ne sont pas porteuses de grand-chose (le fameux argument asséné sur un ton d’évidence : « Le monde d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’hier ! », allégation pétrifiante de bêtise). Telle est la position commune de ceux qui le plus souvent implicitement considèrent que l’histoire de l’Humanité a commencé à la date à laquelle ils prétendent avoir eux-mêmes atteint l’âge de raison.
Façon de suggérer que nous vivrions bien la fin de l’après-guerre, soit simultanément peut-être le début d’un avant-guerre ?
Gérard Monédiaire