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Françoise Chandernagor, écrivaine mais piètre analyste...

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Date
dimanche 1 septembre 2024 16:19
Numéro de journal
88
Auteur(s)
Michel Lulek
Visite(s)
583 visite(s)

francoise chandernagorDans son dernier livre, L'Or des rivières (Gallimard, 2024), l'écrivaine creusoise Françoise Chandernagor rend hommage à une Creuse idyllique qu'elle aimerait tant garder pour elle : « En célébrant ce pays impénétrable et ignoré, je prends le risque de l'exposer quand, en vérité, je voudrais le garder caché. Je rêve que la forteresse soit admirée (de loin) et reste inviolée... » S'ensuivent deux pages stupéfiantes (que nous reproduisons ci-dessous) qui exigeaient a minima la réponse du berger à la bergère. Michel Lulek s'en est chargé dans un courrier qu'il lui a adressé début juillet et que nous publions dans la foulée.

 

Quand Françoise Chandernagor se lâche...

l or des rivieres« Combien de temps encore pourrons-nous vivre ainsi, heureux et cachés ? Toute terre inconnue, toute île non répertoriée, a ses pirates, hélas ! Les nôtres se sont installés sur la côte sud, avec vue sur les bruyères corréziennes. En quelques années, profitant de l'épaisseur de nos sapinières et de la faiblesse de la population (à Gentioux et Faux-la-Montagne, nos déserts ne comptent plus que six habitants au kilomètre carré), ces adeptes d'une insurrection violente et d'une vie nonchalante ont pris possession des hameaux les plus reculés de la Montagne limousine. Parisiens en rupture de ban, à la fois fils à papa et assistés sociaux, ils zonent, ils squattent, ils campent, ils « yourtent ». Profession : zadiste.
De cette montagne devenue leur repère, leur « pays conquis », ils chassent les derniers indigènes, puis lancent des raids jusqu'à deux cents kilomètres de leurs bases. Après avoir, pour se distraire, vandalisé quelques antennes-relais et caillassé deux ou trois gendarmeries, ils remontent en maîtres dans nos forêts creusoises, créent des « collectifs » éphémères, des pseudo-syndicats illégaux, et s'amusent des médias locaux en se présentant tous sous le même nom et en posant de dos. Ils vivent entre eux, ne se mélangent pas : ce ne sont pas des immigrés, ce sont des colons.
Ignorants er destructeurs.
Certains brûlent les engins des bûcherons limousins ou coupent leurs câbles de freins parce qu'ils considèrent notre forêt de douglas comme une zone à défendre : ils la croient quasi primaire, alors qu'elle a été plantée il y a soixante ans pour remplacer les landes que ne parcouraient plus les moutons et les bergers.
D'autres attaquent les étangs des vieux moulins qu'ils assimilent aux « bassines » honnies. Les plus ardents barbouillent nos monuments aux morts en effaçant les patronymes locaux et arrachent nos drapeaux du fronton des écoles pour y planter l'étendard palestinien. Ils barrent nos routes et déplacent, la nuit, les poteaux indicateurs pour égarer les motards en balade ; car, étrangers au pays, ils n'aiment guère à y croiser d'autres étrangers : se jugeant désormais propriétaires des lieux qu'ils ont envahis, ils craignent d'y voir arriver des rivaux ...
Ces colonisateurs agités ont peu à voir avec les doux hippies soixante-huitards , néo-bergers biberonnés à la marijuana qui s'installaient dans les fermes cévenoles avec l'intention affirmée de les « retaper », réveil1aient les écoles de village en y envoyant leurs enfants, relançaient l'élevage des brebis, et finissaient par vendre sur les marchés plus de fromage de chèvre que de barrettes de chanvre ; en dépit de leurs chemises indiennes et de leurs pantalons à franges, ces immigrés baba cool s'étaient vite intégrés à la culture locale. Nos rebelles contemporains s'opposent au peuple ancien, comme auraient dit les Khmers rouges. Ils prétendent « soulever la terre », mais l'ont-ils jamais binée ? Ils vivent sur la bête. Ne bâtissent pas, ne cultivent pas, n'engendrent pas. Aussi faut-il espérer que, comme autrefois les pirates des Caraïbes, ils disparaîtront par extinction naturelle. La sauvagine dévorera les derniers, la forêt effacera leurs traces. »

Extrait de l'Or des rivières, pages 66-68.

 

La réponse du berger à la bergère
« La prochaine fois, tournez sept fois votre plume dans votre encrier ! »

Madame,
Non ! Pas encore ! Est-ce possible ? Je tombe avec stupéfaction sur deux pages de votre dernier livre, L'Or des rivières, pages 67-68, qui fustigent sans nuances celles et ceux que vous désignez sans argumentation solide comme des « zadistes », des « colonisateurs », des « pirates », des « adeptes d'une insurrection violente », des « fils à papa », des « assistés sociaux », des « étrangers au pays », etc. Un vocabulaire d'une grande violence, caricatural et stigmatisant, qui reprend sans distance les élucubrations publiées il y a deux ans dans des articles éminemment discutables parus dans Le Figaro et Le Point, ou qui ont circulé sur les réseaux sociaux sous la plume féroce de quelques personnalités locales qui mettent tout leur ressentiment à dénoncer de manière indistincte et irresponsable ce qu'ils appellent aussi « l'ultra-gauche » du Plateau (je pense entre autres à notre ancien député J.-B. Moreau, défait aux deux dernières élections, ou à l'ancien maire d'Aubusson, M. Moine, poursuivi actuellement pour le crime de faux et usage de faux en écriture publique... Ils ont en effet de quoi être aigris).

Non ! Pas encore ! Pas elle ! me suis-je dit en lisant ces deux pages assassines qui cumulent amalgames, procès d'intention, accusations perfides et dénonciations calomnieuses. Partant de quelques faits avérés, certains anciens, mais pour la plupart non élucidés, vous établissez comme une vérité ce qui n'est en réalité que supposition, voire affabulation. À chaque ligne on pourrait corriger, rectifier, contredire, au minimum nuancer, atténuer ou recontextualiser.

Habitant à demeure à Faux-la-Montagne depuis quarante ans, connaissant bien une bonne partie des personnes ou des groupes stigmatisés sous votre plume, étant moi-même partie prenante de quelques actions visées dans votre texte, je ne souhaite pas vous importuner trop longtemps avec des rectifications détaillées qui nécessiteraient trop de place, mais, à partir de quelques exemples, vous informer des erreurs que, j'imagine malgré vous, vous commettez.

Ainsi, comme les calomniateurs qui vous ont précédée, vous érigez le squat et la yourte en symbole de la « zadisation » du territoire. Savez-vous combien d'évènements ou d'habitats de ce type il y eut ? Je compte 5 squats depuis 10 ans dont un a redonné vie depuis cinq ans en accord avec son propriétaire à un centre de vacances abandonné depuis 15 ans. Les quatre autres n'existent plus (dont l'un, avait mobilisé des logements vides depuis six ans appartenant à l'office HLM de la Haute-Vienne pour loger quelques familles à la rue, action menée non par quelques zadistes échevelés mais par des associations de solidarité dûment connues et reconnues). Quant aux quelques yourtes (il n'y en a pas des centaines !), elles font la plupart du temps l'objet de déclarations et d'autorisations en mairie, tout ce qu'il y a de plus régulier. Curieusement, des habitats non légaux comme quelques caravanes ou mobil-homes implantés ici ou là sont le fait en réalité d'habitants qui n'ont guère à voir avec les affreux que vous pointez du doigt. Je dirai du reste la même chose de quelques actions violentes contre des personnes ou des lieux qui ont eu lieu récemment et qui ne viennent pas de ceux que vous étiquetez avec mépris. Mais cela, évidemment, vous l'ignorez !

Vous évoquez de « pseudo-syndicats illégaux ». J'imagine que vous faites référence au Syndicat de la Montagne limousine dont MM. Moreau et consorts disent pis que pendre ? Vous pouvez enlever le préfixe « pseudo » puisque ce regroupement syndical d'habitants autour de sujets locaux d'importance (l'eau, la forêt, le grand-âge, etc.) existe de manière tout à fait légale depuis 5 ans sous la forme d'une association de personnes conforme à la loi de 1901. Les « collectifs » que je connais sont peu éphémères, à l'inverse de ce que vous écrivez, et beaucoup ont contribué et contribuent à la revitalisation de notre territoire, contrairement à ce que vous affirmez de manière bien péremptoire sur un plateau de télévision (émission C à vous, avril 2024). Si votre commune de Méasne voit sa population baisser, si cette vérité s'impose aussi pour le département dans son entier, des communes du Plateau – dont celle que j'habite, Faux-la-Montagne – sont dans une dynamique inverse. La multiplication des initiatives économiques, culturelles, sociales, associatives, militantes aussi – elles ont bien le droit d'exister après tout, vous en conviendrez – qui irriguent ce territoire contribue en effet à l'arrivée de nouveaux habitants, confortant une évolution déjà ancienne où les soldes migratoires sont largement positifs. À l'école de Faux-la-Montagne qui comptait une classe unique de 12 élèves dans les années 1980, une quatrième classe va ouvrir à la rentrée de septembre. Les ouvertures de lieux culturels ou conviviaux n'ont cessé d'animer des communes. Je pense à l'effet dynamisant du bar restaurant l'Atelier à Royère de Vassivière, du tiers-lieu La Renouée à Gentioux, de collectifs (non éphémères!) d'artistes qui se sont installés à Lacelle ou à Meymac en Corrèze, du magasin général de Tarnac qui ne mérite certes pas votre mépris, des (très) nombreuses associations qui portent la vivacité locale et le pouvoir d'attraction du plateau de Millevaches dont l'image et la réalité ont considérablement changé en quarante ans. On pourrait passer des heures à égrener les initiatives plus récentes. Et, si je puis me permettre un pied de nez, sachez que ce sont deux anciens « squateurs » qui s'installent comme éleveurs dans la reprise d'une ferme à Gentioux ! Les « fils à papa » « adeptes d'une vie nonchalante » et « assistés sociaux » apprécieront... (Au passage nous avions tordu le cou à cette idée fausse d'une surreprésentation des bénéficiaires du RSA sur le Plateau que ressasse M. Moreau mais que la statistique contredit sèchement).

Un mot encore sur le caillassage de « deux ou trois gendarmeries ». Je suppose que vous faites allusion au blocage de la gendarmerie de Felletin en 2018 où à plus de 200 habitants du coin – et de tous styles – nous avons tenté d'empêcher l'expulsion d'un jeune Soudanais que la préfète de la Creuse voulait renvoyer dans son pays (dit autrement à la mort). Sachez, Madame, que depuis, sur cette affaire, ainsi que sur deux autres du même acabit concernant également des jeunes Soudanais, la préfecture de la Creuse a été par trois fois condamnée par la justice pour « erreur de droit » (décision du TA de Limoges du 20 février 2018), pour « faute de nature à engager la responsabilité de l'Etat » (décision du TA de Limoges du 25 mars 2021) et pour « illégalité fautive » (décision du TA de Limoges du 3 février 2022). Les « caillasseurs » étaient en réalité les défenseurs de la loi et des valeurs de la République face à un Etat qui, en la circonstance, les bafouaient. Vous devriez être fière de ces Creusois et Creusoises (de souche ou pas si je dois vraiment utiliser cette horrible expression dévoyée par l'extrême droite) qui se sont mobilisés ce jour-là et auxquels votre confrère corrézien en écriture, Pierre Bergounioux, avait, lui, apporté son soutien.

Bon j'arrête là Madame, vous avez compris le propos. Enfiler des on-dit et des clichés comme ceux que vous alignez sur deux pages contribue à jeter le discrédit sur un territoire et, de manière plus grave, ostracise une partie de sa population alors que rien (ou bien peu de choses et pour certaines fort contestables) ne le justifie. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de tensions, de paroles déplacées ou quelques actes malveillants. Mais en attribuant ceux-ci sans discernement à l'autre, différent, pas pareil ou « étranger au pays », vous activez ce qu'un historien spécialiste de ces questions a appelé une « xénophobie à court rayon d'action ». Sans que cela soit, j'en suis sûr, votre intention, de tels propos mettent de l'huile sur le feu, activent les ressentiments et caricaturent l'autre dans ce qu'il peut avoir de différent. C'est la même tactique qu'hélas un parti qui arrive aux portes du pouvoir actionne depuis trop longtemps et dont la (triste) Creuse a élu un membre pour la représenter à l'Assemblée nationale.

Merci de m'avoir lu jusqu'au bout. J'espère, à défaut de vous avoir convaincue, au moins vous avoir incitée à tourner sept fois votre plume dans votre encrier, avant d'inscrire sur la page imprimée, avec tout le poids que représente votre parole pour nombre de vos lecteurs, des propos outranciers, falsifiés et même mensongers.

Je vous prie de recevoir, Madame, mes meilleures salutations depuis la « côte sud », certes plus turbulente que d'autres coins de Creuse, mais aussi plus vivante. N'est-ce pas le principal ?

Michel Lulek
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