Deux jours pour trouver de la force et de la joie, quand les chiffres des violences commises au quotidien ont continué d’augmenter ces dernières années à l’égard des femmes, mais aussi des enfants, et des personnes en raison de leur genre (personnes trans ou ne se reconnaissant ni femme ni homme) ou de leur orientation sexuelle (homo, lesbienne, bisexuelle). Et ce, malgré la multiplication d’affaires médiatiques ces dernières années dans la prolongation du moment « #MeToo ».
Chaque année, 94 000 femmes sont victimes de viol ou tentative de viol, soit environ 250 par jour. 12 % seulement portent plainte et plus de 70 % des plaintes sont classées sans suite. En 2022, 118 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire soit un féminicide tous les 3 jours.Chaque année, 1 personne trans sur 2 est victime de harcèlement.Un enfant est victime d’inceste toutes les 3 minutes.
Dans cette affaire, 51 hommes sont accusés d'avoir violé Gisèle Pélicot, sédatée à son insu par son mari, Dominique Pélicot, le principal accusé. Les faits se sont déroulés du 23 juillet 2011 au 23 octobre 2020, principalement à Mazan, commune du Vaucluse. Le procès a débuté le 2 septembre 2024 à Avignon et doit durer jusqu'à mi-décembre. C’est sans doute le procès de violences sexuelles le plus médiatisé de ces dernières années.Une vingtaine de personnes étaient réunies le dimanche 24 novembre 2024 après-midi pour échanger sur cette affaire. Après un bref rappel des faits, plusieurs pistes de réflexion ont été abordées, et notamment le caractère exceptionnel de cette affaire. En effet, si on peut être tenté d’y voir une affaire hors-du-commun commise par un homme « monstrueux » et exceptionnellement pervers, les chiffres des violences conjugales le démentent (45 % des viols et tentatives de viol ont lieu dans le cadre d’une relation conjugale). Certes, le « système » dans lequel a été prise Gisèle Pélicot dénote par son ampleur et sa durée, mais ce qui est réellement exceptionnel reste le fait que ce procès soit à la fois public - c’est la victime qui a refusé le huis clos « pour que la honte change de camp » - mais aussi montre la diversité des profils des hommes mis en cause. Au-delà de ce qui se passe dans l’enceinte du tribunal, cette affaire met en lumière la « culture du viol » à la française qui a conduit plus de cinquante hommes apparemment ordinaires à se servir du corps d’une femme sans jamais ni se remettre en question, ni se poser la question du consentement (puisqu’ils avaient celui du mari !), ni trahir Dominique Pelicot.
Pour terminer, la discussion s’est ouverte sur ce que nous pourrions faire ensemble sur le territoire, pour lutter contre la culture du viol et soutenir les victimes de violences. Plusieurs pistes ont été évoquées : la création d’espaces de parole sur la question des VSS, des manifestations en écho au procès de Mazan, un dialogue à ouvrir avec les soignant.es sur la détection des cas de soumission chimique, mais aussi des actions pour rendre plus visible la question des violences sexuelles sur notre territoire ou encore la prévention dans les espaces de fêtes. Enfin, la discussion s’est tournée vers la difficulté à côtoyer des personnes ayant commis des violences sexuelles (sur soi ou sur autrui), un enjeu d’autant plus présent que l’on a tendance à se croiser facilement et souvent dans un territoire comme le nôtre où nous partageons le même marché, les mêmes rues et les mêmes espaces de convivialité.Cette rencontre ne sera pas sans suite, dont la première étape a été un rendez-vous le soir de la délibération du procès de Mazan, le 16 décembre 2024.