La participation d’habitants du plateau de Millevaches dans des luttes qui se déroulent loin de notre région, démontre qu’une solidarité existe aussi quand tout va mal, quand ailleurs des gens ont à défendre leur cadre de vie, leur terres ou leur vie tout court. Si certains professionnels de la politique ont clamé “qu’il n’y a pas de solidarité sans croissance“, ici nous déclarons que nous n’attendons pas l’aval des élus pour créer nos solidarités. La désormais fameuse “ZAD“ de Notre Dame des Landes a reçu déjà plusieurs délégations du Plateau, ainsi qu’une splendide “cabane“ de fabrication locale.
Les événements survenus lors de la manifestation du 22 février dernier à Nantes, à laquelle participait un groupe d’habitants de quelques uns de nos villages, ont marqué un cran de plus dans la violence des pratiques policières.
Trois manifestants victimes de tirs de “flash balls“ ont perdu un œil ce jour là. Face à cette situation, il semble légitime de se poser la question : les forces de l’ordre, qui seraient plus opportunément appelées forces de répression, ont-elles pour mission de viser les visages des personnes qui manifestent, et de les défigurer ou de les mutiler à vie ?
Ces nouveaux équipements dit “défensifs“ sont en fait des armes à usage clairement guerrier, comme le “lanceur de balles dures“ de type LBD40.
Des témoignages, des photos, des vidéos, de sources journalistique ou privée, montrent que ces pratiques de violence extrême ne sont pas, comme s’ingénient à le dire les grands médias nationaux, des “réponses“ à des actes de “casseurs“.
Le 22 février, dans la manifestation anti-aéroport, les personnes blessées n’ont pas en l’occurrence, esquissé le moindre geste pouvant suggérer une action subversive.
Les policiers ont tiré dans la foule, et n’ont même pas pris la mesure de la gravité des blessures infligées, alors que des témoins leur criaient de cesser leurs tirs. C’est eux qui étaient là pour “casser“ !
Cela n’exclut pas, de toutes manières, la question de l’emploi de telles armes par la police, car le jet d’une canette, un tag, un fumigène sont-ils de nature à générer de tels dangers qu’il faille y répondre par des actions potentiellement mortelles ?
Sous quel régime politique vivons-nous exactement ? Sous couvert de protéger les personnes et les biens, quelles méthodes sont en vigueur de nos jours, dans un pays qui se targue de démocratie et de “droits de l’homme“ ?
La préservation de l’ordre et de la sécurité, et encore davantage l’héritage du gouvernement Sarkozy et sa lutte contre “l’ennemi intérieur“ semblent être devenus des justifications patentées pour une répression digne des pires dictatures.
Maryse Villain
“J’étais pas armé, j’avais pas de masque à gaz, j’avais pas de lunettes de protection. On était là pour une manifestation familiale, festive, on était là pour faire masse, pour faire du nombre. Et après, c’est vrai que je suis resté même s’il y avait les lacrymos, parce que je trouvais ça injuste et qu’il fallait rester. Y’avait des gens, y’avait des pères de famille, y’avait des anciens, y’avait un petit peu de tout et voilà, moi je voulais rester aussi avec les gens pour montrer qu’on était là ...“
Quentin Torselli qui a perdu l’oeil gauche !
- Argent public & chantage politique
Les élus sont mandatés pour redistribuer l’argent public, afin de permettre l’existence de services d’intérêt général, dont tout un chacun peut bénéficier directement ou indirectement. C’est à ce titre que nous acceptons de payer des impôts, au nom d’une solidarité collective et nationale. Seulement voilà : certains élus se voient et s’arrogent le droit d’agir comme des mécènes distribuant leur argent, dans leur royale mansuétude, à ceux qui les intéressent ou les arrangent.
Voici quelques extraits d’un courrier que Jacques Auxiette, président du Conseil régional Pays de la Loire, a osé adresser à Accueil Paysan Pays de la Loire (1) :
“Les événements qui se sont déroulés à Nantes, samedi 22 février, ont marqué un tournant dans la mobilisation des opposants à l’aéroport. L’irruption sur le devant de la scène de casseurs et d’activistes radicaux a décrédibilisé l’action des opposants traditionnels, parmi lesquels figure votre organisation.
Je respecte parfaitement les opinions qui ne sont pas les miennes, sur ce sujet comme sur les autres. (…) Vous ne pouvez pas regretter et/ou dénoncer les actes illégaux le week-end à Nantes, tandis que vous soutenez la semaine les squats et occupations illégales 30 kilomètres plus au Nord.
J’attends de votre organisation une position ferme et sans ambiguïté. Vous devez dénoncer toutes les actions illégales qui décrédibilisent celles et ceux qui, et c’est leur droit, restent opposés au transfert de l’aéroport de Nantes. A défaut, c’est votre propre crédibilité qui sera en cause, ce d’autant plus que votre organisation est bénéficiaire de nombreux fonds publics, notamment régionaux.“
Tu veux de l’argent public ? Tiens, je t’offre un bâillon en prime...
Mais l’argent public, c’est NOTRE fric, pas le LEUR ! Sinon, autant appeler l’impôt “dîme“ et admettre la féodalité de notre système politique.
“Refusons de payer l’impôt qui s’en ira à l’armement, et reversons les trois pour-cents pour financer ce bâtiment (2).“
D. Loquet, La chanson du Larzac (1973)
Gaël Delacour
(1) Cette lettre, et les réactions qu’elle a suscitées, sont consultables sur http://acipa-ndl.fr/pourquoi-dire-non/fiches-thematiques/itemlist/tag/Subventions
(2) La bergerie de la Blaquière