Suite à notre article sur Radio Vassivière (IPNS n°46), Eloïse Lebourg, son ancienne directrice, nous écrit pour défendre son bilan. A la lecture de celui-ci, on se demande vraiment pourquoi, avec un tel professionnalisme et tant de dynamisme, la radio s’est retrouvée au bord du dépôt de bilan, couverte de dettes et sans adhérents (elle en compte 220 aujourd’hui). Il va sans dire que nous maintenons l’ensemble des informations parues dans notre article, ainsi que notre critique de la manière de faire du “journalisme engagé“ de l’ex-directrice. Que penserait-elle d’un David Pujadas interviewant un homme politique comme elle-même s’entretient avec Stéphane Cambou ? Cela, elle ne nous le dit pas.
Ceci est mon droit de réponse à l’article “Après le fiasco, la renaissance“, dans lequel vous m’accusez de n’avoir fait de Radio Vassivière qu’un robinet à musique. Ne l’avez-vous jamais écoutée ? J’y suis arrivée en juin 2007, dans le cadre du DLA (Dispositif Local d’Accompagnement) auquel la radio avait fait appel. Mon arrivée en tant que journaliste avait pour but de professionnaliser l’antenne (j’avais auparavant travaillé à France Inter, RFI, Charlie Hebdo, et deux radios associatives marseillaises). Chose faite puisque, d’une part, nous avons remis toute la programmation musicale sur pied (jusque là, il s’agissait de musiques technos, dance…), et d’autre part, nous avons conceptualisé et mis à l’antenne : une émission en direct au quotidien, L’Invité de la Semaine, qui offrait la possibilité de parler pendant une heure des activités de l’association ou individu invité (De Fil en Réseau, Bobines Rebelles, Le Centre d’Art, Les Bistrots d’Hiver…) ; La Radio Chez Vous, pour laquelle notre antenne se déplaçait dans les communes pour des émissions en direct ; Le Monde Est Fou, un décryptage de l’actualité ; Bœuf Carotte, avec pas moins de 120 groupes de musique de tout le Limousin qui ont défilé dans nos studios pour des sessions en direct. S’ajoutent à cela : le Débat du Mois, dont l’un d’entre eux a porté sur le Label
PEFC à la demande de Télémillevaches, et d’autres sur le féminisme, l’économie sociale et solidaire… ; une émission portrait qui a accueilli aussi bien des élus ou des fonctionnaires, tels que Stéphane Cambou ou Gérard Joberton, que des personnalités comme Bernard Langlois, Olivier Azam, Alayn Dropsy (anarchiste de Creuse Citron, pour une émission reprise sur l’antenne de Radio Libertaire, entre autres). Vous avez la mémoire sélective pour ne garder que l’unique émission avec Stéphane Cambou réalisée en …7 ans ! Nous avons aussi diffusé mes billets d’humeur écrits pour latélélibre.fr de John-Paul Lepers, et les émissions faites en partenariat avec les Radios Campus, dont je propose à vos lecteurs d’écouter celle-ci par exemple, archivée sur La Radio de Gauche du site du Parti de Gauche, radio pour laquelle j’ai aussi été journaliste bénévole :
www.lepartidegauche45.com/article-john-beauvais-etait-l-invite-de-radio-campus-orleans.
Mon travail a aussi consisté à multiplier les partenariats : 40 écoles ont défilé dans nos studios pour les concours de poèmes que nous avions élaborés pour eux. J’ai été secrétaire du comité d’Animation de Royère pour impliquer la radio dans la vie locale. Nous avons créé ensemble la fête de la musique, avec spectacle de danse des enfants du village. Nous avons créé Arpeg pour promouvoir les groupes de musique de la région. Nous avons tendu nos micros aux résidents des maisons de retraite locales, et même aux handicapés du CAT de Sornac, avec lesquels, nous avons réalisé une émission en direct d’une heure. La radio était donc très ancrée sur son territoire ! Pour ce qui est de l’engagement, Radio Vassivière aura été la seule radio associative à n’avoir jamais organisé des rencontres des médias libres et du journalisme engagé, retransmises à l’antenne. Elle aura été la seule radio du Limousin, avec Beaub FM, à ne pas suivre le Groupement des Radios Associatives du Limousin (GRAL), qui propose des flashs type France Bleu très institutionnels (comptes-rendus de conférences de presse nous transformant en attachés de presse…). Nous avons préféré travailler en étroite collaboration avec Beaub FM, désormais seule radio libre du Limousin, et axer notre production sur des formats plus libres, ce qui nous a valu, évidemment, les foudres de guerre du GRAL. Nous avons couvert de nombreux festivals (Festival Destination Ailleurs, Les Zinzins Corréziens, le Festival de Davignac…). Nous avons, après 4 ans de négociations et de retard du
CSA, ouvert une antenne à Ussel, recruté de nombreux bénévoles et élargi notre auditoire. Nous avons accepté toutes les propositions d’émissions de tous les bénévoles. Alors de quel fiasco parlez-vous ?
En tant que directrice d’antenne, j’ai été très surprise d’apprendre les problèmes financiers de la radio. La nouvelle équipe pourra au moins compter sur notre travail passé pour récolter au bas mot 60 000 euros de subventions de l’Etat en 2014, récompensant notre bilan 2013 sur les deux antennes de Radio Vassivière. Mais il est évident que, depuis 2010, la désertion progressive des membres du bureau et du CA de l’association (dont certains sont encore au CA, allez comprendre !!!) nous a mis, nous salariés, dans la panade, puisqu’il s’est agi de pallier leur l’absence pour faire fonctionner la structure. Malgré les multiples relances à nos dirigeants, partenaires, mais aussi à certains présidents d’autres radios du Limousin, personne n’a bougé. Et nous avons dû nous débrouiller seuls pendant plusieurs années, noyés par le travail pour lequel, à la base, nous n’étions pas censés être payés, ce qui nous a contraint à ne pas être en mesure de nous consacrer à l’antenne autant que nous l’aurions souhaité. Enfin, vous semblez me reprocher d’être partie accoucher à Orléans. En quoi cela doit-il être dénoncé ? J’ai parlé de mon départ en arrêt maternité avec mon Président, un être très humain, qui a accepté, compris. J’ai toujours, malgré la distance, assumé mes responsabilités. Et vous ne pouvez venir contester des décisions prises entre un employeur et sa salariée. J’ai souffert des longs trajets, mais j’étais chaque semaine en Limousin, partageant mon temps de présence entre Royère et l’antenne d’Ussel pour son lancement. Veillez à bien croiser vos sources avant d’écrire ce genre de mensonges. Les membres du nouveau CA (dont certains sont très sympathiques au demeurant, bien que néophytes en radio pour la plupart et jamais bénévoles auparavant, au point qu’il a fallu leur faire visiter les locaux de la radio qu’ils ne connaissaient point) ont rencontré quelques soucis : des bénévoles qui se barrent voire qui boycottent, un salarié en arrêt maladie pour dépression, deux ruptures conventionnelles annulées par l’inspection du travail, deux licenciements économiques, des salariés un peu perplexes par une seule réunion éditoriale en 4 mois (nous en organisions tous les quinze jours) et une interdiction d’assister aux réunions du CA, des retards de paiement, l’antenne d’Ussel en sursis, le rapprochement avec le GRAL difficile à faire avaler, et pas plus de choses dans nos oreilles, au contraire, et personne ayant les compétences de driver les trois nouvelles recrues de l’année 2013. Car comme l’ont dit des administrateurs, après le départ de Nicolas (salarié d’Ussel qui a demandé à partir) et le mien, Radio Vassivière manque de professionnels. Et, finalement, je n’y entends rien de plus engagé, de plus ancré dans le territoire ou de plus « indépendant » qu’avant sur les ondes, voire moins. Par exemple, l’élection de Stéphane Cambou, maire PS de Peyrat le Château, a été couverte, sans même qu’il ne le demande. Est-ce parce que, de part ses nombreux mandats électifs, le gros des subventions de la radio dépendent de lui ? Alors pourquoi parler déjà de renaissance (que je souhaite cependant ardemment pour Radio Vassivière), si ce n’est par connivence ? Zut, la connivence, ne serait-ce pas ce truc qui tue ces médias dit libres ?
Eloïse Lebourg
- Il est du droit de Mme Lebourg de répondre à l’article d’IPNS n°46 mettant en cause sa gestion. Nous regrettons simplement que Mme Lebourg n’ait pas jugé bon d’assister aux AG du 22 janvier et du 21 février, les premières depuis son arrivée à la tête de Radio Vassivière en 2007. Elle aurait eu tout le loisir d’y défendre son bilan et de répondre aux nombreuses questions des bénévoles et salariés sur sa gestion de l’association.
Depuis l’élection du nouveau CA, nous nous sommes abstenus de pointer les responsabilités dans les faits graves qui se sont déroulés depuis 2007. Seule une procédure judiciaire, que nous souhaitons ardemment, permettra de dégager les responsabilités dans ce naufrage. Cette issue est suspendue à la décision de notre mandataire judiciaire. Le cas échéant, nous lui apporterons tout notre soutien pour faire émerger la vérité. Devant la barre des tribunaux, chacun pourra alors répondre de son bilan en toute sérénité.
François-Xavier Drouet
Président de Radio Vassivière