Devant des perspectives inquiétantes quant à l’avenir des forêts du plateau, quelques habitants se sont emparés de la question. Ils ont étudié les projets de lois, scruté entre les lignes des directives de nos instances locales, réfléchi à une autre vision de la forêt en général et se sont plongés aussi dans l’histoire du boisement sur notre territoire de la montagne limousine.
De ce travail collectif, est sorti un document d’une cinquantaine de pages, qui sera consultable par internet ou mis à disposition dans divers lieux publics, dont la liste sera disponible sur le site :
http://aupresdemonarbre.noblogs.org
Cette brochure a pour but principal la mise en lumière de problèmes restant la plupart du temps savamment cachés derrière les paravents de nos institutions. De plus, elle pourra servir de base de réflexion pour des débats publics qui seront organisés sous forme de réunions dans différentes communes.
La gestion de la forêt fait partie des sujets éminemment litigieux, susceptibles de remettre en cause la domination de puissants “lobbies“ ; elle touche pourtant directement notre vie quotidienne.
Rédiger et diffuser ce document est donc avant tout une manière de s’occuper directement de ce qui nous regarde de près, et de ce qui se profile pour notre économie locale et dans nos paysages.
RAPPORT SUR L’ÉTAT DE NOS FORÊTS
ET LEURS DEVENIRS POSSIBLES
PETIT RAPPEL HISTORIQUE...
Au XIXème siècle, la forêt ne représente que 5% du territoire du Plateau de Millevaches, sur un paysage majoritairement composé de pacages et de bruyères. Depuis le moyen-âge jusqu’au début du XXème siècle, une paysannerie pauvre y élève des moutons et cultive quelques céréales sur des terres collectives, les “communaux“. Avant même la première guerre mondiale, ce territoire se dépeuple suite à une émigration saisonnière qui devient peu à peu définitive.
Des débats surgissent à propos de l’emploi des terres inexploitées, donnant naissance aux premiers projets de boisement du plateau. Dès le début, le pin douglas est distingué comme essence intéressante à cultiver. En 1930, la forêt occupe 30% du plateau.
L’exode rural continue après la seconde guerre mondiale, l’économie paysanne ne réussissant pas à survivre face à l’élevage de masse. Petit à petit, la propriété des forêts échappe aux habitants pour tomber entre les mains d’industriels et de banques ayant peu d’attaches avec le plateau. Ce patrimoine foncier devient un placement, les parcelles sont regroupées et mieux desservies, le douglas ayant définitivement remplacé le traditionnel pin sylvestre.
La brochure complète “Rapport sur l’état de nos forêts et leurs devenirs possibles“ est disponible en de nombreux points : commerces, bars, mairies, etc…ou téléchargeable sur le site Internet.
Des réunions publiques seront organisées dans plusieurs communes du plateau de Millevaches. Vous pouvez retrouver les dates et toutes les informations utiles sur le site :
http://aupresdemonarbre.noblogs.org
INDIENS DU PLATEAU OU NON : SORTONS DE NOTRE RÉSERVE !
QUE REPRÉSENTE LA FORÊT ?
QUELLES PRATIQUES D’EXPLOITATION CHOISIR ?
QUELLES CONSÉQUENCES POUR L’AVENIR DU PLATEAU ?
COMMENT LES HABITANTS PEUVENT-ILS SE RÉAPPROPRIER CE SUJET ?
Ces enjeux nous concernent tous. Nous avons besoin de la forêt, pour autant de raisons qu’il y a d’habitants.
Coupes rases, ballet incessant des grumiers chargés à plein, mécanisation à outrance, impacts environnementaux ; la gestion forestière qui se profile est-elle compatible avec notre vision du territoire ?
Ce document est le résumé d’un travail collectif sur l’état de nos forêts.
LES RESSORTS DE LA PLANTATION INDUSTRIELLE
Nous connaissons aujourd’hui l’apogée d’une sylviculture industrielle avec l’implantation de scieries gigantesques des Vosges aux Landes. Cette “diagonale du sciage“ menace directement quelques 2000 petites et moyennes scieries, et les emplois qui correspondent. C’est ainsi que toute la filière d’exploitation du bois s’organise autour de la gestion industrielle de la forêt, en remplaçant l’homme par la machine.
L’HÉGÉMONIE DU DOUGLAS
L’exploitation industrielle de la forêt en monoculture de douglas répond à une logique implacable et déshumanisée. De la plantation de véritables champs d’arbres, une sorte de “Beauce forestière“, à la coupe rase qui transforme nos forêts en véritables champs de bataille, ce mode d’exploitation engendre une série d’effets qui s’enchaînent selon une mécanique redoutable où toute considération pour l’environnement et les intérêts des habitants du Plateau est éclipsée.
LES DÉGÂTS DE L’EXPLOITATION INTENSIVE
L’exploitation de la forêt a un coût financier désastreux pour les collectivités locales. Le poids maximum des grumiers (camions servant à transporter le bois), limité déjà exceptionnellement à 57 tonnes, est régulièrement dépassé et n’est pas sans conséquence sur l’état des routes communales. Si les communes sont bien obligées de réparer leurs voieries, la filière bois ne participe quasiment pas aux frais de remise en état des routes.
UNE RICHESSE CONVOITÉE
Les arbres plantés au cours du siècle dernier arrivent à maturité et sont devenus une manne financière non négligeable pour les propriétaires. L’attractivité de la sylviculture actuelle peut également s’expliquer par l’essor récent de la filière “bois-énergie“. Cependant, selon une étude de 2005, la moitié des parcelles ayant subi des coupes rases sur le plateau ne sont pas replantées. La forêt est devenue une simple marchandise dont la seule perspective est le profit à court terme.
DES FEUILLUS PAS SI NÉGLIGÉS
Les feuillus, réputés de “qualité médiocre“ et peu accessibles par les machines forestières, sont essentiellement utilisés à une échelle locale comme bois de chauffage. Couvrant 44% des surfaces boisées, le potentiel économique et végétal des feuillus est indéniable et commence à faire l’objet d’études. Le manque de transparence concernant le devenir officiel des feuillus pose question et engendre des inquiétudes légitimes. Comme chacun a pu le constater par lui-même, les coupes rases de feuillus vont désormais bon train.
LA LANGUE DU BOIS
Le “développement durable“ et l’ “écologie“ sont les termes incontournables de tout discours de gestion forestière. Le bilan carbone neutre du bois et les produits de la filière “bois-énergie“ sont les arguments phares d’une telle politique de sensibilisation. Le bilan carbone de toute la chaîne de mécanisation nécessaire à la fabrication des granulés est-il neutre? Nous sommes en train de perdre de vue la véritable vocation environnementale d’une forêt ; celle d’un régulateur indispensable à la préservation de l’atmosphère.