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Municipales 2014 : Une élection pour rendre le pouvoir aux habitants ?
Municipales 2014 : Une élection pour rendre le pouvoir aux habitants ?
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Date
dimanche 1 décembre 2013 16:08
Numéro de journal
45
Auteur(s)
Michel Lulek
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C’est en mars qu’auront lieu les prochaines municipales. L’occasion de se poser la question de la participation des habitants à la vie de leur territoire et aux décisions qui les concernent. L’expérience menée de 2006 à 2012 au Chefresne, petite commune de Normandie, prouve que beaucoup de choses sont possibles !
Autant les élections nationales, régionales et même cantonales sont très largement dominées par les formes classiques de la vie politique (candidatures partisanes, scrutins de liste où les places éligibles sont choisies par les appareils), autant l’élection municipale au village laisse une plus grande part de liberté aux électeurs qui peuvent toujours rayer des noms et en ajouter d’autres, pourvu que ceux-ci aient fait acte de candidature. En effet, le scrutin de mars ne permettra plus, comme c’était jusqu’alors possible, de proposer le nom d’un habitant de la commune qui n’a pas déposé sa candidature mais que ses concitoyens aimeraient voir siéger au conseil municipal.
Elu par accident
C’est cette aventure qui est arrivée en 2001 à Jean-Claude Bossard, un boulanger-pâtissier qui, après une carrière de 30 ans dans ce métier à Paris, décide de revenir en 1998 dans son village d’origine pour y monter un élevage de volailles fermières : Le Chefresne, une commune de 310 habitants dans le département de la Manche. Les gens le connaissent et semblent l’apprécier puisqu’un certain nombre d’entre eux rajoutent son nom sur leur bulletin. Le soir du dépouillement, Jean-Claude Bossard se retrouve, à son corps défendant, élu ! Il accepte de jouer le jeu et se retrouve donc au premier conseil municipal qui voit s’affronter à égalité deux clans qui revendiquent chacun le poste de maire. Notre élu de hasard préfère quitter la séance que d’assister au pugilat ! Mais les deux clans n’arrivant pas à se départager, ils décident d’attribuer le poste de maire à quelqu’un de “neutre“. Le poste est donc proposé à Jean-Claude Bossard, qui refuse dans un premier temps, mais finit par accepter à condition qu’il puisse mener une politique de développement durable, thème qui lui tient à cœur. Banco dit le conseil ! Et voici Monsieur le maire du Chefresne élu par un double concours de circonstances indépendantes de sa prime volonté !
Des choix écologiques
“Si on n’a pas de projets, les questions partisanes reviennent sur le devant“ explique le nouveau maire qui se met aussitôt au travail. Il inscrit sa commune dans un agenda 21 (dispositif caractérisant une politique prenant en compte la dimension environnementale). Sa première (et modeste) mesure : remettre en cause l’usage des pesticides pour le désherbage communal. De fil en aiguille le conseil emmené par son maire prend des arrêtés anti-OGM (il y a trois agriculteurs bio sur la commune). Concernée par la proche construction de l’
EPR
, l’usine nucléaire nouvelle génération, à quelques kilomètres du Chefresne, la commune prend position contre et, soucieuse de cohérence, résilie ses abonnements à EDF pour adhérer à Enercoop, un fournisseur en énergies renouvelables. Le Chefresne est la première commune de France à faire ce choix. Jean-Claude Bossard qui a pas mal voyagé dans sa vie souhaite également que sa commune manifeste sa solidarité avec des pays du Sud et Le Chefresne soutiendra à hauteur de 35 000 € l’installation d’un poulailler en Afrique. Un projet qui permettra aux agriculteurs de la commune de découvrir l’impact de l’agriculture intensive sur les pays du Sud.
Le comité de village
C’est au bout de 5 ans de mandat que Jean-Claude Bossard estime que la politique communale doit davantage associer les habitants, conformément aux critères de l’agenda 21. Il a l’idée de créer parallèlement au conseil municipal qui se réunit une fois par mois, un “comité de village“. Il s’agit d’une assemblée ouverte à toute la population de la commune qui se réunit tous les deux mois. On y débat des projets communaux soumis par le conseil municipal mais aussi de tous les problèmes de la commune. Quiconque veut y aborder un sujet doit juste indiquer à la mairie le thème qu’il souhaite traiter 15 jours avant le comité de village, de façon à ce qu’il soit inscrit à l’ordre du jour. “Au début les gens étaient un peu réticents et ça a démarré timidement. Mais une fois les choses lancées tout le monde était OK“ raconte le maire. À chaque réunion, c’est entre 30 et 40 personnes qui participent au comité (soit en gros 10% de la population), et à chaque fois il y a du renouvellement selon les sujets et les périodes, ce qui fait que beaucoup plus de gens ont un jour participé à ce comité animé par un habitant élu par le comité et non membre du conseil municipal. Les sujets abordés ? Très variés : problème de voisinage, trous dans la route, ramassage scolaire, difficultés d’un agriculteur, etc. On vient au comité de village pour discuter et trouver des solutions, “construire ensemble des projets”. Parmi ceux-ci Jean-Claude Bossard se souvient de l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit de l’église du village : “Jamais nous n’aurions pu réaliser un tel projet si l’accord de la population n’avait pas été donné au comité de village !“ Et de poursuivre : “Ce système est très pratique pour le maire. On décide par consensus au comité de village et après, le conseil municipal entérine officiellement la décision. Comme les décisions ont été prises ensemble, elles ne sont pas contestées. Et s’il y a des habitants qui se déclarent contre, on a beau jeu de leur dire qu’ils n’avaient qu’à venir au comité de village !“
Triste dénouement
L’aventure s’est arrêtée en 2012 par la démission collective de tout le conseil municipal. En effet, le maire et son équipe se sont engagés contre le projet de ligne à très haute tension (THT) qui, partant de l’EPR de Flamanville devait traverser leur commune. “Je croyais naïvement qu’avec la charte de l’environnement, ça ne pourrait pas se faire“ dit aujourd’hui Jean-Claude Bossard. Mais les tribunaux donnent raison à EDF contre la commune et devant les actions plus offensives que mènent alors les habitants du Chefresne, les pressions policières et administratives se déchaînent. “Pendant six mois on était une commune occupée avec des contrôles permanents de la gendarmerie, des hélicoptères ; j’ai été arrêté, mis en garde à vue...“ La population commence à en avoir marre et la situation peu à peu se retourne contre le maire et son équipe. Celle-ci démissionne en bloc la veille des élections législatives de 2012 pour protester contre ce déni de démocratie.
Ne pas renoncer !
Jean-Claude Bossard n’est pas de nature à baisser les bras pour autant. Il a décidé de témoigner de sa lutte contre la ligne THT dans un livre, “Maire ou terroriste ? L’histoire d’un élu normal dans une démocratie devenue anormale“ (Edilivre, 11€), intervient dans les médias pour continuer à manifester son opposition au nucléaire et accepte de témoigner de sa pratique d’élu en venant en parler ici ou là, comme sur le plateau le 7 décembre dernier à Gentioux. Avec lui, “continuons le combat !“
Michel Lulek
Un comité de village à l’échelle du plateau ?
Une première réunion le samedi 11 janvier 2014
Ici, sur le plateau, l’exemple du Chefresne donne des idées à certains. Comment se donner des outils qui puissent aller dans le sens d’une appropriation du politique par les habitants ? Etats généraux annuels du plateau ? Comités de village dans les communes qui le souhaitent? Commissions de travail intercommunales regroupant des habitants des trois départements ? Pour commencer, quelques personnes soucieuses de ré-investir l’échelon communal dès les municipales du printemps prochain, et issues de différentes communes du Plateau, proposent de discuter avec toutes les personnes qui le souhaitent de quelques propositions qui pourraient être intégrées aux programmes des listes municipales qui le voudraient bien – qu’elles soient en Corrèze, Creuse ou Haute-Vienne.
Cette assemblée ouverte, qui n’a pas de nom pour le moment (mais lui en faut-il vraiment un?), aura lieu le samedi 11 janvier 2014 à la mairie de La Villedieu, en Creuse, à 16h.
Venez-y nombreux !
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