Journal IPNS
Présentation
Les numéros
Les articles
Abonnement
Chroniques
Lectures
Dossiers
80 ans après la guerre d’Espagne
Autour des centres d’accueil pour demandeurs d’asile
Bonjour la nuit
Comment ré-habiter les centres bourgs ?
Communauté de communes
Elections municipales 2008
Elections municipales 2014
Entreprendre collectivement
État de l’eau sur le plateau
Exilés, solidarités sur un plateau et au-delà
Fin programmée des feuillus sur le plateau
Il court, il court, le circuit court
Innovation sociale ou précarisation des conditions de travail
La forêt
La montagne Limousine, une forêt habitée ?
L'énergie du plateau : l'hydro-électricité
L'éducation en question
Lenoir est le brun
Les municipales
Les sections, nos propriétés collectives ignorées
Lettre ouverte à la préfète de la Creuse
Limousin rebelle
Logement
Loup y-es tu ?
L'usine de la discorde
Millevaches, territoire en mouvement
Mobilité, se déplacer autrement
Notre forêt pour demain n°1
Notre forêt pour demain n°2
Pauvreté et solidarité rurales
Porcherie
PNR : cris et chuchotements...
PNR de Millevaches en Limousin : Vous avez dit contrat ?
Produire local, une nécessité
Quand le plateau donne des boutons à Limoges
Quel pouvoir des habitants sur leur environnement ?
Réforme territoriale
Résidences secondaires
Uranium : un limousin très enrichi
Usines à viande, à tomates, à pellets : mêmes lubies, mêmes impasses !
Vassivière, vers un despotisme territorial
Nucléaire : Sortons de l’aventure de l’uranium !
Réduire
Augmenter
Taille de la police
Bouton imprimer
Date
dimanche 1 septembre 2013 11:32
Numéro de journal
44
Visite(s)
4001 visite(s)
Cet été la Haute-Vienne pouvait s’enorgueillir d’un nouveau site touristique : Urêka, le musée de l’uranium à Bessines-sur-Gartempe. Un espace tout entier dédié à la glorification de l’énergie nucléaire sous les auspices d’Aréva, qui n’a pas manqué de susciter les réactions de quelques anti-nucléaires du plateau et de Limoges.
Cet été toujours, la caravane d’enfants de Fukushima, parrainée par l’association japonaise Ganbalo s’est arrêtée à Eymoutiers les 3 et 4 août. Une exposition sur les enfants de Fukushima et une projection du documentaire “Fukushima, terre interdite“ a eu lieu, malgré le peu de participants.
Nos déchets puent, Vos déchets tuent !
Le 4 juillet dernier, une dizaine de personnes ont jeté une vingtaine de sac-poubelles pleins d’ordures par-dessus le grillage des bureaux d’Areva, mitoyens d’Urêka, le musée destiné à diffuser la propagande pro-nucléaire dans le Limousin, notamment auprès des jeunes générations. Une banderole a été accrochée aux grilles: ”Nos déchets puent, Vos déchets tuent” et un tract a été distribué aux automobilistes. Un homme se présentant comme le directeur d’Urêka est venu parler aux manifestants. Ses arguments, typiques du genre de ”dialogue” que le lobby pro-nucléaire veut promouvoir, se résumaient en deux points. 1° Les manifestants étaient des ignorants 2° Le musée n’était pas sur l’uranium mais sur les mineurs.
Le premier argument, bien représentatif de la morgue des nucléocrates, ne mérite pas qu’on s’y attarde : ceux qui veulent, peuvent découvrir le sérieux de la contre-expertise développée par les antinucléaires. Le deuxième argument, en revanche, illustre, tout comme les grotesques affiches qui ont envahi en ce moment Limoges, la stratégie de communication d’Areva. Ses communicants ont donc décidé de porter l’accent sur l’”humain”, le ”vécu” des mineurs: discours particulièrement scandaleux de la part d’une entreprise qui n’a assuré leur suivi médical que durant le temps où ils ont travaillé. Ce qui interdit aujourd’hui d’avoir des statistiques sanitaires sur les cas de cancer en Limousin, aux alentours des mines et chez les mineurs.
Outre sa fonction de propagande, le musée sert aussi à dissimuler le fait que Bessines est aussi redevenu un site d’enfouissement sur lequel les habitants n’ont aucun contrôle. Dans cette folle course en avant, malgré Fukushima hier et Tchernobyl avant hier, on compte sur le chantage à l’emploi et à l’énergie bon marché pour que les populations restent tranquilles.
Un musée de la mine à Bessines ! J’ai pas tout compris ?
Lettre de Jérémie, 13 ans, à son grand –père, ancien mineur à Bessines, après une visite à Urêka, le musée nucléaire.
Mon cher papy,
Quand j’étais petit, tu me prenais souvent la tête avec tes années à la mine, tu m’avais raconté comment la
Cogema
a ravagé les collines de ton Limousin chéri, comment mes arrière-grands-parents paysans ont été expropriés de leur terre pour trois sous, et que tu t’es retrouvé à extraire l’uranium pour la bombe atomique d’abord et pour les centrales ensuite.
Parce que si j’ai bien compris le cours de l’histoire, après les 400 000 morts d’Hiroshima et Nagasaki, on a mis dans la tête des gens l’idée que l’énergie nucléaire, c’était le progrès, le président Eisenhower a lancé le programme “l’atome pour la paix“, on a expliqué aux gens que l’énergie nucléaire c’était le progrès, et en France l’État a tout pris en charge, avec l’appui de la CGT et du PC. Dès le début, comme tu m’as expliqué, la course à l’armement nucléaire et la technologie des centrales ont été placées ensemble sous le “secret défense“. Des dirigeants et des scientifiques qui savaient mieux que le peuple ce qui était bon pour le peuple, s’occupaient de tout, le peuple n’avait pas besoin d’en savoir plus. C’est pour ça qu’on a du mal à comprendre ce qui se passe aujourd’hui, après Tchernobyl et Fukushima et donc, j’étais très intéressé quand les profs nous ont annoncé que notre classe allait visiter le musée Urêka à Bessines.
Bon, ça a mal commencé, quand j’ai tapé ce nom, Urêka, sur Google, je suis tombé sur un site débile avec un robot débile qui ne ferait même par rire les petits : dans son cerveau, le robot en question a des cailloux qui brillent, c’est censé représenter l’uranium, et voilà c’est tout ce qu’il y a comme explication. Mais comme tu m’as toujours dit, il ne faut pas avoir de préjugés, et donc, j’y suis allé, j’avais plein de questions à poser, en commençant par le pourquoi de l’absence de suivi médical des mineurs limousins congédiés dans les années 1980, et aussi sur les mineurs du Niger qui meurent eux aussi du cancer, et sur les enfants de Fukushima qui ont commencé à en développer, et sur Areva, la société qui produit l’énergie nucléaire française et qui fait sa pub avec Urêka et qui se fait plein de pognon en exportant le savoir-faire français. Parce que si j’ai bien compris – mais apparemment j’ai pas tout compris - on a arrêté d’exploiter les mines et les gens d’ici parce qu’on a pu aller en exploiter ailleurs, pour moins cher, au Niger en particulier. Et donc ce serait ça aussi, la raison de l’envoi de soldats dans le désert…
Je voulais aussi m’informer sur le Mox, ce minerai ultraradioactif importé par Areva à Fukushima juste avant l’explosion, et sur la durée de vie des déchets, des centaines de milliers d’années paraît-il, qu’on ne sait pas vraiment comment stocker mais qu’on va stocker quand même à Bure (Meuse) ; j’aurais voulu qu’on m’explique ce que ça veut dire le risque minimum, quand le minimum, c’est quand même des trucs comme Tchernobyl et Fukushima.
On nous a montré une
carothèque
, et des animations 3D, et une reconstitution de la mine et j’ai pensé très fort à toi. C’était super beau mais j’ai pas tout compris, et surtout quand j’ai voulu poser mes questions, le chargé de communication qui faisait la visite m’a dit qu’il n’était pas là pour répondre à de la propagande, mais pour faire de la pédagogie. J’ai voulu demander quelle était la différence entre ma propagande et sa pédagogie, mais le prof m’a dit qu’on verrait ça plus tard, qu’il fallait que j’arrête de faire le malin.
Alors voilà, c’est tout ce que j’ai à te raconter, papy, sur cette visite, et je trouve ça triste de pas pouvoir discuter avec toi de toutes ces questions que je me pose et de tout ce que j’ai pas compris, puisque malheureusement tu es mort du cancer pas longtemps après avoir pris ta retraite.
Ah oui, j’oubliais : comme j’insistais encore, le type d’Areva m’a dit que remettre en cause le nucléaire, c’était remettre en cause l’électricité pas chère et donc, toute la société. “Vous voulez peut-être changer la société ?“ il m’a demandé avec un petit sourire et moi j’avais envie de lui en coller une mais je me suis retenu. Disons que pour le moment, je me retiens.
Thème
Nucléaire
Bessines
|
uranium
|
Urêka
|
nucléaire
|
pollution
Tags
Eymoutiers
démocratie
agro-industrie
PNR
ruralité
géographie
Creuse
Gentioux
histoire
témoignage
circuit court
agriculture
livre
Limoges
néo-ruraux
Nedde
accueil
plateau de Millevaches
police
eau
pollution
initiative
forêt
énergie
consommation
gestion
mémoire
patrimoine
exploitation forestière
élection
montagne limousine
territoire
communauté de communes
Vassivière
collectif
étude
migrants
Télé Millevaches
art
photographies
Peyrelevade
nucléaire
politique
Aubusson
culture
Faux-la-Montagne
pesticides
environnement
paysage
association
Creuse Grand Sud
Bourganeuf
région
CADA
Felletin
résistance
communication
Tarnac
école
Peyrat-le-Château
portrait
santé
lutte
biodiversité
guerre
Saint-Martin-Château
coupe rase
sylviculture
débat
communes
industrie
Meymac
logement
Royère-de-Vassivière
éolienne
Bugeat
transport
manifestation
projet
mémoire