Suite à l’article de Michel Bernard “Eymoutiers de mal en (la)pie“ paru dans notre dernier numéro, Eric Fabre, président de l’association Eymoutiers, Culture et Mécénat, nous a adressé sa réaction. Une défense passionnée du travail de l’artiste Christian Lapie, que décriait notre collaborateur.
Dans sa livraison du mois de juin 2013, IPNS consacre quelques lignes qui se veulent polémiques à propos de l’installation à Eymoutiers d’une œuvre originale, créée pour cette ville par Christian Lapie. Nous laisserons de côté toute appréciation sur le ton méprisant de ces lignes, nous considérerons comme fondamental et donc acquis en principe que chacun ait le point de vue qu’il veut sur une œuvre d’art, pour consacrer ce droit de réponse à l’essentiel : la vérité des faits, totalement absente d’un article qui prend avec la réalité des libertés que le moindre travail de simple journaliste (sans guillemets) lui auraient interdites.
Sur la personne de Christian Lapie et son travail
Christian Lapie est un artiste qui n’a pas besoin des guillemets de qui que ce soit. Son œuvre qui a fait l’objet de travaux critiques accessibles à tous ceux qui le souhaitent a été internationalement reconnue avant même que cet artiste, au bout d’une véritable révolution personnelle, crée les Hommes Debout dont les compositions sont présentes aujourd’hui en effet aux quatre coins de la planète. Par exemple, et cela devrait parler à IPNS, Christian Lapie était en 1992 l’un des artistes associés du sommet de Rio. Mais, pour m’en tenir à l’actualité récente, l’auteur de l’ “article“ ne mentionne pas la présence de Christian Lapie entre autres, et cela devrait encore parler à IPNS, en Ardèche sur le sentier des Lauzes où une association qui travaille au développement de ce pays marqué par la déprise lui a demandé plusieurs œuvres aux côtés de Gilles Clément et quelques autres. Dans beaucoup de lieux aux problématiques semblables au Millevaches il est demandé pour ce que son œuvre dit de l’homme dans le paysage, de l’homme dans son environnement, de l’homme dans son histoire. Il est avec Penone un des grands de la statuaire dans la nature, mais aussi en milieu urbain (tout récemment encore à Villiers-le-Bel). Pour l’information d’IPNS, et pour que corrélation avec Paul Rebeyrolle soit effectivement bien faite, on remarquera avec intérêt que Philippe Piguet, critique d’art qui a signé un gros livre sur Christian Lapie, était justement le commissaire de la grande exposition Rebeyrolle en 2011 à la Fondation Salomon, près d’Annecy (1). Pour conclure sur ce plan, pour qui connaît personnellement Christian Lapie, sa modestie extrême, sa discrétion, son humanisme, les efforts financiers consentis par lui pour cette création, les commentaires d’IPNS sont affligeants.
Sur la forme des statues
À propos de ces statues qui se fondent sur la puissance d’un signe magistral, universel, que Christian Lapie a créé et qu’il travaille à chaque cas pour en faire une oeuvre unique, je voudrais juste rappeler que c’est avec 7 notes (toujours les mêmes) que quelques œuvres musicales ont été créées semble-t-il...
Sur la genèse du projet
Je voudrais rappeler qu’à l’origine ce projet ne vient pas de la mairie mais d’une personne qui en a eu l’idée, qui en a soumis le principe à la municipalité, puis a créé avec des amis Pelauds une association qui s’est engagée dans un projet qu’elle savait inaccessible aux seules finances communales. Cette création, long travail de quatre années, est, au delà de l’œuvre elle même de Christian Lapie, le fruit de la mobilisation (matérielle, humaine et financière) de plus d’une centaine de citoyens et d’entreprises, mobilisation à laquelle des élus se sont effectivement associés activement. Cela devrait intéresser IPNS. En tout cas les centaines de personnes présentes à l’inauguration attestaient de cette forte prise en considération.
Sur la commune d’Eymoutiers
Cette œuvre, pour toutes celles et ceux qui se sont associés à ce projet, est pleine de significations riches liées à l’histoire résistante et laborieuse d’Eymoutiers, à sa nature, au tempérament tenace des hommes et femmes qui y vivent, à sa structure même et à son patrimoine bâti. Elle vient enrichir un ensemble culturel déjà puissant et conforter le choix d’un développement par la culture qui est audacieux pour une commune de cette importance. Que dire à ce point de la mise en parallèle, plutôt de l’opposition faite par IPNS entre crédits à la culture et crédits à la jeunesse et à l’enfance ? Ce petit classique du populisme tombe d’autant plus mal, au delà de sa fausseté intrinsèque, que la commune au total n’est engagée sur ce projet qu’à moins de 20 % du coût global… avec à ses côtés, outre les mécènes (de 15 à 5 000 €), la Région Limousin et le conseil général de la Haute-Vienne.
Pour conclure, nous voulons dire ici que nous nous serions volontiers prêtés aux questions d’IPNS si un journaliste faisant son travail et rédigeant un article d’information (avec y compris un point de vue personnel) et non quelques lignes de petite polémique sans la moindre base de contenu, nous avait sollicités. Cela n’a pas été le cas, je le regrette.
Reste l’essentiel : 15 Hommes Debout au cœur d’Eymoutiers.
Eric Fabre
(1) Lire le bel ouvrage de Colette Garraud, Philippe Piguet et Bernard Weber : “Christian Lapie, les Confluences Nomades“, Biro Editeurs, 2009. Disponible à l’Espace Rebeyrolle à Eymoutiers.