Les blaireaux, les indiens et les socialistes
Lors de la traditionnelle cérémonie des vœux de la mairie d’Eymoutiers, le 10 janvier 2015, Madame Pérol-Dumont, sénatrice PS de Haute-Vienne, a eu une sortie pour le moins inattendue : ”Il nous faut de la croissance et pas de la décroissance comme le voudraient les indiens et les bobos du Plateau”. Une stigmatisation pour le moins étonnante après avoir entendu les appels vibrants et dégoulinants des jours précédents pour dénoncer, justement, toutes les stigmatisations et toutes les intolérances... Un ”indien” du Plateau réagit.
En 2014, lors de la cérémonie des voeux, le maire de Bujaleuf avait manifesté son amour du plateau de Millevaches, regrettant seulement qu’il soit peuplé d’ ”un peu trop de blaireaux”. Pour les voeux de 2015 à la mairie d’ Eymoutiers, c’est Madame Pérol-Dumont qui a relancé la croisade anti-indiens du plateau... Voilà un comportement qui s’apparente à celui des instituteurs de la IIIe République qui lavaient au savon la bouche des petits écoliers s’égarant à parler occitan. La démarche intellectuelle est la même : imposer son mode vie, se tourner vers la grande ville, appauvrir les campagnes pour enrichir les cités. L’attitude de ces hussards de la République faisait suite à celle des colons d’Afrique et du Tonkin, sûrs de leur droit et de leur bénéfique domination. La bêtise n’est qu’un éternel recommencement ! Mais aujourd’hui, si le siphonnage économique continue (l’énergie, le bois, l’eau), la conquête et la conservation du pouvoir semblent être le seul horizon de ces élus si haineux d’une population qu’ils fantasment du reste en grande partie. Le bien être, la qualité de vie, la gestion à long terme ne sont pour eux que des sous-produits de leur hypothétique réussite. Et de réussite on peut en discuter : la désertion des campagnes, la destruction de ce qui reste, la paupérisation des agriculteurs, etc.
Quelle mouche pique donc cette caste dominante pour s’en prendre aux jeunes (et moins jeunes) qui vivent, repeuplent, innovent tout en partageant les joies et peines de notre territoire ? Cette survivance d’une gauche qui a voulu révolutionner la société et qui sombre 40 ans après dans la collaboration au libéralisme, voit peut-être sa fin proche et essaie, dans un baroud d’honneur désespéré, de mobiliser sur son nom et contre l’autre ainsi montré du doigt, les derniers gogos qu’ils ont d’ailleurs toujours méprisés.
Patrick Dubois
Un indien du plateau
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