“Lutter contre les fragilités de l’école rurale et de montagne“ et “offrir aux élèves de ces territoires une école de proximité et de qualité“. Telles sont les ambitions de la mission confiée par le premier ministre au sénateur ariégeois Alain Duran.
Nul doute qu’avec de si nobles intentions, les risques de fermeture de classe qui pèsent d’année en année sur les petites écoles de campagne vont enfin s’éloigner !
Hélas, comme à l’accoutumée avec nos dirigeants, les mots prennent un malin plaisir à changer de sens, par on ne sait quel miracle. En l’espèce, derrière “école de proximité“, il faut comprendre plus trivialement regroupement scolaire intercommunal, fermeture des classes uniques et développement des transports scolaires.
Un coup du lobby des transporteurs ? Ou plus bêtement l’acharnement de services de l’État qui s’ingénient à ne rien comprendre à la ruralité, obnubilés qu’ils sont par leurs objectifs comptables ?
Toujours est-il que le “protocole d’accord pour un schéma triennal d’offre scolaire“ qui vient d’être présenté en novembre en Creuse, ne déroge pas à la règle. Tout comme les textes déjà signés dans l’Ariège, le Cantal, les Hautes-Pyrénées, le Gers ou le Lot, il prend acte de la baisse tendancielle du nombre d’élèves et conditionne le maintien des effectifs enseignants pendant trois ans à l’élaboration de plans de regroupements pédagogiques intercommunaux. Autrement dit, à la fermeture d’écoles et, à terme, à la suppression de postes. Car il serait illusoire de penser que les petits effectifs d’élèves seront maintenus lors des regroupements.
Quant aux temps de transport qui s’allongeront inévitablement, à la fatigue inhérente, à la difficulté à assurer une pédagogie sur-mesure dès lors que les classes grossissent, ces arguments semblent peser bien peu face à la “rationalisation“ de “l’offre scolaire“ attendue.
Comme semble s’éloigner toujours plus la capacité pour les petites communes rurales d’offrir le minimum de services pour demeurer des lieux de vie. Sauf à s’affranchir des cadres nationaux et à se prendre en main. Curieuse conception de l’égalité républicaine ...