L’eau fait partie intégrante de l’identité du département de la Creuse. L’intervention en faveur de la préservation du patrimoine hydrographique est donc essentielle sur le territoire creusois. Depuis plusieurs années, le conseil départemental a fait de la gestion concertée de la ressource en eau le premier axe de sa politique environnementale. Il s’est par ailleurs engagé dans un projet ambitieux d’obtention du label national “Site rivières sauvages“ qui s’adresse exclusivement aux cours d’eau d’excellente qualité considérés comme “sauvages“.
En France, seulement 7 % des masses d’eau sont en très bon état écologique, selon la norme européenne, et moins de 1 % des rivières pourraient être qualifiées de sauvages. Dans le département de la Creuse, le réseau hydrographique avoisine les 5 500 kilomètres de cours d’eau et parmi l’ensemble des masses d’eau inventoriées seulement 2,2 % sont en très bon état. Parmi ces rivières, deux ont été labellisées : La Gioune, depuis l’étang de Féniers jusqu’au hameau de Bunleix sur la commune de Croze, et le Pic (ou le Tourtouloux) de sa source sur la commune de Royère-de-Vassivière jusqu’au hameau de Theillet, sur la commune de Saint-Martin-Château.
8 rivières labellisées en France
Ces deux rivières d’eaux vives prennent leur source sur le plateau de Millevaches, et appartiennent respectivement aux bassins versants de la Creuse et de la Vienne. Leur environnement proche, et plus largement leur bassin versant, s’inscrivent dans des paysages de pâtures, de forêts de feuillus et de résineux, typiques du Plateau.
L’obtention de ce label permet d’identifier les plus belles rivières du département et de France. A ce jour seules 8 rivières sont labellisées dont 2 en Creuse. Il permet également de développer l’appropriation collective, de préserver et valoriser ces rivières les plus patrimoniales de France, de valoriser le territoire à une échelle locale et nationale et d’intervenir et de développer des outils de gestion innovants et exemplaires.
Il est à noter que ce label n’a pas de valeur réglementaire, qu’il est accordé pour une durée de 5 ans et peut être reconduit sous certaines conditions (principe de non dégradation).
Sauvages pourquoi ?
Ces deux rivières sont remarquables pour plusieurs raisons :
Elles présentent un très bon état de conservation, qui a pu être apprécié grâce à l’évaluation de 45 critères répartis sur 9 thématiques :
- L’hydro-morphologie, c’est-à-dire les formes fluviales adoptées en fonction des conditions géologiques et climatiques, l’état de la végétation rivulaire, etc.
- L’occupation du sol et l’activité en fond de vallée qui s’attache à la présence humaine et aux activités ayant un éventuel impact pour le milieu aquatique.
- La qualité de l’eau qui recherche les éléments polluants et définit la qualité globale du cours d’eau.
- La biodiversité qui permet d’évaluer la diversité floro-faunistique du cours d’eau.
- La fréquentation humaine en haute saison qui caractérise la pression anthropique que subit le milieu.
- L’occupation du sol et l’activité sur l’ensemble du bassin versant, qui définit à plus large échelle l’activité de ce bassin.
- Les espèces et la gestion des milieux remarquables qui caractérisent les périmètres de protection existants (comme Natura 2000) et les espèces emblématiques présentes.
- La morphologie générale.
- Les acteurs et la gestion du bassin versant, au travers de différents outils de gestion mis en place.
Ces diverses thématiques sont à l’image de la complexité de l’évaluation exhaustive d’un milieu et de son environnement. L’ensemble des critères permet in fine d’évaluer le degré de naturalité d’une rivière, autrement dit son caractère “sauvage“.
Dans le département de la Creuse, parmi l’ensemble des masses d’eau inventoriées, seulement 2,2 % sont en très bon état
Un programme d’actions de 5 ans
Pour valoriser et veiller à la conservation de ces deux rivières, les compétences et savoir-faire de différents acteurs locaux seront mobilisés dans le cadre d’un programme d’actions de 5 ans aux côtés du conseil départemental de la Creuse porteur de ce label.
On recense les communautés de communes des territoires concernés (Bourganeuf Royère de Vassivière, Sources de la Creuse, Creuse Grand Sud), le Parc naturel régional de Millevaches, l’établissement public territorial du bassin de la Vienne, la Fédération de pêche de la Creuse, les Jeunes agriculteurs, l’Agence de développement et de réservation touristique de la Creuse et le Conservatoire des espaces naturels du Limousin.
Sont notamment prévues des actions de communication et de sensibilisation, des interventions auprès du public scolaire (classes de cycle 3), la recherche d’espèces protégées, et, lorsque cela est nécessaire, l’accompagnement personnalisé des propriétaires riverains des cours d’eau ou des exploitants agricoles et sylvicoles. Un suivi de la qualité des milieux est programmé ainsi qu’une gestion halieutique adaptée. Le succès de cette démarche engagée sur ces territoires de grande valeur est conditionné par l’adhésion des habitants qui ont su préserver la qualité de ces milieux fragiles.
Florent Iribarne
Responsable assistance technique rivières baignades au conseil départemental de la Creuse