Moulins, puis barrages, le Plateau est traditionnellement tourné vers l’énergie hydraulique, qui représente 91% de l’électricité générée sur le territoire. Le bois énergie est aussi majoritaire avec 57% de l’énergie produite. Le développement de chaufferies modernes en bois déchiqueté est notable à partir des années 2000 : Cheissoux, Peyrelevade, Royère de Vassivière, Gentioux, Sornac, Chamberet, nombreuses sont les collectivités qui choisissent la mise en place de petits réseaux de chaleur pour valoriser localement une production majoritairement tournée vers l’exportation. De grandes installations industrielles, tel Gardanne en PACA (150 MW) ou plus localement le CHU de Limoges (9 MW) font craindre une sur-utilisation de la ressource. Un projet apparaît, en 2016, sur la gare-bois de Bugeat-Viam, désertée depuis 10 ans. La réalisation d’une unité de production de granulés-bois devrait permettre la création de 15 emplois.
La production solaire photovoltaïque s’installe sur les toitures, notamment agricoles, même si la baisse des tarifs de rachat en 2010 ralentit son développement. Cette dernière est peu à peu compensée, a contrario, par une baisse des coûts d’installation. La création d’une centrale au sol de 3,5MW, à Féniers, sur un ancien terrain militaire, questionne sur l’utilisation des surfaces à des fins exclusivement énergétiques. Le solaire thermique est présent, notamment sur les équipements collectifs (HLM à Gentioux et Bugeat, Ehpad ou IME-MAS à Peyrelevade). Les installations individuelles en centre bourg restent anodines malgré une évolution positive des architectes des Bâtiments de France. Peu connue, la géothermie verticale est utilisée sur quelques sites (Ehpad de La Courtine et Eygurande, foyer d’Hestia à Saint Setiers).
Le “mitage“ éolien n’a pas eu lieu. Le parc de Neuvialle, seul de la Montagne limousine, a été très bien intégré par des manifestations variées sur le site (festivals, concours de chasse, de labour) et la création d’une association spécialisée dans l’énergie. Les éoliennes sont devenues un élément “patrimonial“ pour la commune et lieu de promenade dominicale. C’est une exception locale. Zonages territoriaux obligatoires puis obsolètes et tensions sociales se sont associés ailleurs à des contraintes techniques réelles (limites des points de raccordements, zonage militaire). De nombreux projets ont avorté. A l’heure actuelle trois sont encore portés : Péret Bel-air-Davignac, Royère de Vassivière et Saint-Angel.
La création à Pigerolles d’une petite unité de méthanisation de 100 kW débute en 2016 et permet de greffer de nouvelles activités bio (maraîchage, volaille..) pouvant valoriser la chaleur dans un principe de cogénération. Une dynamique de commercialisation collective des produits est en projet, faisant d’ “Emergence Bio“ un exemple remarquable d’économie circulaire liée à une installation d’énergie renouvelable.
Côté institutions, si les syndicats d’électrification portent à l’origine la compétence technique liée à la distribution de l’énergie, ils diversifient progressivement leurs missions (rénovation de l’éclairage public, bornes de recharge pour véhicules électriques, maîtrise d’œuvre et/ou assistance à maîtrise d’ouvrage pour les collectivités). La jungle technique et administrative et les démarchages de start-up incitent l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) à lancer en 2001 le service des Espaces Info Energie (EIE), interlocuteur direct et neutre pour les particuliers, créé en 2006 pour le territoire du PNR. L’année 2004 marque la création du Parc naturel régional de Millevaches en Limousin avec la mise en place d’un service énergie. Des actions sont lancées (éco-construction, gestion des déchets, développement de la filière bois énergie, qualité de l’eau) et en 2013, le service s’étoffe avec la création d’un poste de conseiller en énergies partagées (CEP) pour les communes et chargé de les accompagner dans une démarche d’économies d’énergie. Diagnostics de bâtiments, accompagnements des projets de rénovations, mise en œuvre de systèmes de régulation et programmation du chauffage sont réalisés pour les 26 communes qui ont adhéré au service. Une étude énergétique menée en 2011 vient confirmer les pistes de travail1. Avec une bonne moitié des consommations globales dues aux bâtiments (habitations, tertiaire), favoriser, accompagner et multiplier les rénovations énergétiques efficaces reste prioritaire.
Le programme “ISOLE TOIT, mais pas tout seul“, axé sur l’isolation des toitures, met en oeuvre, depuis 2014, un suivi complet des projets individuels. Devant l’engouement pour le “Do it yourself“, il est proposé de réaliser soi-même les travaux avec les conseils d’un professionnel. L’obsolescence des modes de chauffage et l’insuffisance d’isolation des logements2, associée à une précarité énergétique croissante, incitent l’Arban et Énergies pour demain à poursuivre ce processus et à se constituer à terme en réelle “Maison de l’Habitat“. Le partage d’expériences avec les artisans reste à mener, malgré une forte augmentation des entreprises labellisées “RGE“ (reconnu garant de l’environnement).
La “sobriété“ est plus que jamais facteur clef d’une évolution nécessaire. Des réflexions et des dynamiques de longue date existent sur le territoire. La création d’Énergies pour demain en 2005, association de conseil autour de l’énergie et d’éducation à l’environnement, est un exemple d’appropriation citoyenne de la problématique. La synergie autour de l’écoquartier de Faux la Montagne se structure et devient Société coopérative d’intérêt collectif “l’Arban“ qui met au cœur de ses actions l’approche participative et environnementale de l’urbanisme et de l’habitat. Fêtes de l’énergie aux Plateaux Limousins, festivals Eho ! Liens, festival “Débranché“ de Vasi Jeunes rythment de manière festive et ouverte ces années. Des listes de covoiturage apparaissent et des ateliers vélo fleurissent. La mobilité représente un tiers des consommations d’énergie sur le territoire. Souvent considérée comme cause perdue en milieu rural du fait de l’usage indispensable de l’automobile, elle est bien souvent reléguée en arrière-plan. Le projet de prêt et de location de vélos à assistance électrique lancé par le PNR essaime sur le territoire et séduit les habitants qui se prêtent au jeu. Très liée à la réduction du bilan carbone, la question des circuits courts résonne. Une, deux, puis trois ressourceries assurent une réduction notoire des déchets émis, par le réemploi. Groupements d’achats et ventes directes ont le vent en poupe.
Énergies renouvelables, sobriété et efficacité, associées à la démocratie participative, peuvent être les piliers d’un scénario de transition réussie. La mobilisation de l’épargne locale et des investissements par les collectivités, des partenariats public-privés, seraient une suite logique à développer, et sources d’autofinancement pour des projets d’amélioration de l’habitat. La charte des Centrales Villageoises lancée par les PNR de Rhône-Alpes pour investir en commun sur de petits projets intégrés photovoltaïques (Plateau de la Leysse en Savoie) ou la création de sociétés d’économie mixte hydroélectrique pour l’exploitation des barrages, sont, dans leurs caractéristiques propres, des pistes non négligeables pour la création de valeur ajoutée locale.
Article rédigé par l’association “Energies pour demain“ (maison des associations, 19290 Peyrelevade – 05 55 94 77 51 –