Institués par une loi de 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, les SRDE permettent aux régions de définir leurs orientations économiques, en concertation avec l’ensemble des partenaires du domaine (collectivités territoriales, entreprises, associations...). Ce schéma vise à coordonner les actions économiques sur le territoire, promouvoir un développement équilibré, et améliorer l’attractivité de la région. Le SRDE 1ère génération, mis en place fin 2005, a ainsi orienté pendant 5 ans les principaux investissements dans la formation, la recherche, l’innovation, les technologies de l’information et de la communication, l’accueil d’habitants et d’activités nouvelles.
Arrivé à échéance, l’Etat a reconduit le dispositif en invitant les régions à travailler sur un SRDE 2ème génération pour la période 2012-2016. A partir du bilan du premier schéma, le Conseil Régional a ainsi défini le cadre stratégique du second, reposant sur trois grands principes évidents : créer un contexte favorable pour attirer et maintenir l’activité économique ; prendre en compte la viabilité économique, la justice sociale et la préservation de l’environnement ; et poursuivre et consolider les relations avec les partenaires économiques régionaux. Ces principes ont été déclinés en 3 orientations stratégiques louables qui doivent guider les actions futures :
Après une réunion de lancement fin février 2011, l’étape de concertation des différents partenaires économiques et sociaux s’est déroulée jusqu’à fin mai dans trois groupes de travail thématiques qui recoupaient les différents objectifs. A l’instar des démarches des autres régions, la mission était d’enrichir les documents préparatoires, d’apporter des points de vue en faisant émerger des attentes communes et de débattre sur l’évolution des actions de la Région et les nouveaux dispositifs à mettre en place.
Le cadre des réflexions était un peu contraint par les résultats retenus du bilan précédent et les axes stratégiques choisis par les élus. La grand-messe de lancement aurait d’ailleurs pu laisser craindre une énième pseudo-consultation médiatisée, limitée à une confrontation des différents intérêts des parties-prenantes, ou orientées par le maître d’ouvrage. On n’a d’ailleurs pas échappé aux traditionnels rappels des positions de principes de la filière bovine, de la pomme golden ou de la forêt industrialisée ; ainsi que les poncifs sur le tourisme aménageur des territoires ruraux ou l’opportunité de la silver-économie (le qualificatif “marché des vieux“ étant a priori moins vendeur). Et on a également retrouvé avec bonheur les joyeuses joutes entre les représentants des entreprises, forcément réalistes et pragmatiques, et ceux du secteur associatif, nécessairement du bon côté puisque désintéressés et alternatifs, surtout quand ils nous arrivent du Plateau.
Mais globalement, les réunions de travail, délestées des grands élus et des médias, se sont avérées plus constructives et sincères. On a même assisté fréquemment à des convergences de bon sens entre les représentants des entreprises et les néos du plateau, finalement descendus après avoir tranché leur sempiternel, mais toujours rafraîchissant, débat : “participer c’est cautionner“, versus “ne pas y aller, c’est ne pas peser“. Ils ont d’ailleurs produit une intéressante contribution écrite, envoyée aux différents responsables des groupes.
Les 3 groupes de travail, quoique partant de sujets différents, tels l’innovation, la mondialisation ou les ressources locales, parviennent à des propositions qui se recoupent fortement sur la méthodologie et sur les actions préconisées. A première vue les résultats pourraient paraître modestes. Il y a eu en effet peu de propositions de nouveaux dispositifs ou de changements radicaux. Les contributions ont essentiellement porté sur l’amélioration des outils existants et leur mutualisation pour en augmenter l’efficacité et la généralisation sur l’ensemble des secteurs et du territoire. Ce qui pourrait laisser penser, soit que le premier SRDE était pleinement satisfaisant, soit que les acteurs n’avaient pas d’idées pertinentes ou sont résignés face à la situation.
En fait, plus que des actions concrètes, c’est l’esprit qui doit dorénavant prévaloir dans les politiques et les grilles de financement des projets, qui a été formulé. La plupart des propositions impliquent ainsi une nouvelle conditionnalité des aides régionales qui encouragerait les approches collaboratives et collectives, favoriserait la cohérence des territoires, dans une démarche de progrès ou d’excellence. Ce qui suppose notamment la mise en place de solutions globales pour les porteurs de projets, des moyens d’accompagnement pérennes plutôt que des aides ponctuelles, de réfléchir en communauté d’usage plutôt qu’en marché ou filière, le recours aux formes coopératives, la prise en compte des solidarités territoriales...
Ce qui au final n’est pas plus mauvais que les propositions des autres régions qui reprennent grosso-modo les mêmes thèmes, adaptés à leurs contextes respectifs.
On pourra toujours regretter que telle organisation n’ait pas été associée, ou telle question estimée fondamentale non tranchée, mais la parole a été libre et les restitutions fidèles aux débats et propositions.
Cette première phase n’est cependant pas exempte de limites. On peut trouver la concertation un peu brève, sachant que la plupart des autres régions avaient débuté au moins six mois plus tôt. On regrettera aussi la faiblesse des moyens alloués, notamment administratifs.
On s’étonne également que les réflexions aient été peu liées à d’autres démarches comme le SRADT (Schéma Régional d’Aménagement et de Développement du Territoire) ou les assises de la transition écologique, qui traitent pourtant aussi des questions du territoire, de l’économie et de l’emploi dans les années à venir.
Hormis les 2 agglomérations, les communes et communautés de communes n’ont pas été formellement associées, alors que leur relais économique attendu parait moins évident depuis que la réforme de la taxe professionnelle (devenue CET, Contribution Economique Territoriale), ne les incite plus à soutenir autant les entreprises.
Il faudra par ailleurs s’assurer que les concepts employés de façon assez consensuelle par les différents intervenants, renvoient aux mêmes définitions. Notamment les termes de valeur humaine ajoutée, qualité, filières locales, coopération, durabilité, etc., souvent galvaudés et qui peuvent être des mots fourre-tout ou s’avérer différemment connotés politiquement.
Il appartient maintenant aux élus de restituer ces propositions en fiches-actions et budgets pour 2012, afin de guider et accompagner l’intervention régionale en matière économique pour les 5 années à venir.