”Habiter ici..., un territoire” une autre façon de regarder le paysage…

Depuis plusieurs années l’association les Ateliers du plateau de Millevaches a engagé un travail avec des artistes sur le territoire du plateau. Jean-Jacques Séguy, un des promoteurs de ce projet baptisé “Habiter ici..., un territoire“ nous raconte ce qui a été fait et ce qui sera fait dans le courant de l’année prochaine. Une manière différente de voir nos paysages et d’arpenter nos chemins.

Depuis le printemps 2009, une quinzaine d’artistes, plasticiens, land-artistes, musiciens, sculpteurs, photographes, peintres, écrivains, dessinateurs... ainsi que des partenaires culturels et scientifiques interviennent sur le Plateau de Millevaches. Nous les appelons les ”Passeurs”. Partis du carrefour des 3 départements limousins situé sur la Vienne au confluent avec le ruisseau de Mercier près de Rempnat, ils et elles investissent un sentier ou le créent en installant leurs œuvres, ils et elles  incitent le ”Passant” à regarder et à voir autrement ... ”le paysage n’existe pas. C’est à nous de l’inventer” Henri Cueco.

Les ”Passeurs” travaillent aussi collectivement. C’est l’occasion d’échanges et de mise en relation des différents arts et techniques.

Pour l’association des Ateliers du Plateau de Millevaches, porteuse du projet, après réflexion sur les impacts possibles sur le territoire, ce travail prend en compte les différentes utilisations du terrain.

En effet, le territoire est à tous, mais il est pluriel, il est à nous ET aussi à eux. Bien souvent pêcheurs, randonneurs, agriculteurs le pratiquent depuis plus longtemps que nous...  Les pratiques des uns doivent respecter celles des autres !

La majorité des œuvres installées est du type ”land-art”. Ce sont souvent des installations éphémères. Elles utilisent pour une grande part des matériaux naturels trouvés sur place. La nature est à la fois source de matière, lieu de création et d’exposition. L’œuvre est réalisée en fonction du cadre environnant.

Le premier sentier traité est celui qui conduit de la Gane à la sortie de Rempnat au Rocher du Sauvage et au carrefour des 3 départements. Il longe la Vienne et remonte à la Terrade. Des cairns ont été créés dans l’eau, le principal symbolise la convergence des trois départements. En forme de triangle, le point ”G” indique les trois territoires  qui forment la région Limousin. Le Rocher du Sauvage, ”Témoin” de l’histoire veille depuis toujours sur cet endroit. Des nids invitent à ”vivre ici”. Des cadres sont installés autour du personnage. Chacun construit son point de vue, son image. Des tressages végétaux complètent un balisage discret. Des balançoires incitent les ”Passants” à s’arrêter pour se reposer, rêver, regarder l’eau dorée de la Vienne. En montant vers le Trech, un pin maritime a été travaillé par un musicien-installateur sonore. L’arbre à sons, autre manière de reprendre son souffle ! Des lectures, des rencontres en poésie ont été organisées sur cet espace. Cet été un ”Bureau postal éphémère” a même été inauguré sur les bords de la Vienne. Tous ces éléments et bien d’autres (textes, photos, légendes du Sauvage, dessins, informations sur la flore et la faune,...) sont repris dans un carnet de balade ”Balad’Art N°1-Le Rocher du Sauvage” édité par l’association.

le paysage n’existe pas. C’est à nous de l’inventer

Dans la continuité de cette première édition, le collectif d’intervenants a investi le sentier du lac de Faux. Sur le thème ”Eau, Bois & Lumière”, les premières œuvres ont pris place en avril 2010. La digue du Dorat est ”habillée” végétalement, du mobilier ”Récup’Art” s’installe au gré des souches découvertes, une exposition de photos grand format sur l’ouvrage d’art pendant la construction et son environnement actuel, une installation militante écologique nous incite : ”Continuez de ranger” sur les décombres d’une coupe rase, ”les trois sœurs” surveillent la route de Gentioux depuis la rive aux hérons, un (ou une ?) ”Nidbane” borde le chemin, la ”Dame du mardi” a été réalisée en collaboration avec le CLSH de la Communauté de Communes, une compil’ de vinyles niche au pied des sapins après avoir été installée à la surface du lac en bordure de rive et retirée par un passant inconnu..., une toile-branche est apparue dans un arbre...

La rencontre de quelques personnes ayant participé à la construction du barrage ou ayant vécu cette période à Faux nous permettra de réaliser une exposition sur ”Faux au cœur du bassin hydraulique en aval de Vassivière”. Un ”Balad’Art N°2 – le Lac de Faux” est en cours de rédaction et devrait être édité pour l’été 2011.

Ces deux premiers lieux seront encore terrain de création pour les artistes en 2011. De nouvelles œuvres y seront installées. Les premiers projets sont déjà en préparation.

L’an prochain dans le même esprit, nous allons nous intéresser au lac du Chammet sur sa partie Corrèze. 2011 sera l’occasion de commencer à remettre en usage des chemins permettant de relier les lacs entre eux par la terre comme ils le sont par les cours d’eau.  Des kilomètres de chemins permettant à nos artistes de créer et d’inviter les ”Passants” à la découverte.

Toutes ces actions ont été réalisées grâce au soutien de la Communauté de Communes de Gentioux-Pigerolles, des communes de Faux et Gentioux, du PNR et du Conseil Régional, du Conseil Général de la Corrèze et du Lac de Vassivière. Souhaitons que les Conseils Généraux de la Creuse et de la Haute-Vienne ainsi qu’EDF rejoignent nos partenaires en 2011 pour que ces nouvelles actions puissent être réalisées. Les artistes du collectif ”Habiter ici...” doivent être rémunérés pour leur travail et leurs compétences.

Le projet ne peut fonctionner normalement que si de nouvelles aides viennent s’ajouter à l’existant et augmenter le budget.

La démarche des artistes participe au projet ”habiter ici...” et symbolise l’ouverture aux autres. Installations en plein air au détour d’un chemin ou bien inscrite dans un paysage, l’œuvre est en quelque sorte offerte. Il n’y a pas d’horaire, pas de péage, pas de limites pour s’en approcher. On peut y retourner ou la photographier à toute heure, toute lumière. On peut s’en inspirer, la détourner... parfois. Ainsi sur le Plateau et ailleurs vous pouvez nous rejoindre pour élaborer des projets communs de création à la mesure de nos imaginaires...