Suivi médical des anciens mineurs.
Le minerai d’uranium contient deux éléments chimiques radioactifs (appelés isotopes radioactifs) : les isotopes 238 (99.3%) et 235 (0.7%). Seul l’uranium 235 est utilisable dans l’industrie du nucléaire, civile comme militaire. En se désintégrant, par l’émission d’un rayonnement radioactif, l’uranium 238 se transforme en Thorium 234, qui lui-même se transforme en Protactinium 234m, et ainsi de suite jusqu’au Plomb 206 qui, lui, est stable. On appelle ces éléments de transformation (au nombre de 13), les descendants, ou enfants, de l’uranium 238 ; l’un d’entre eux étant le gaz Radon 222.
Ces radio-éléments peuvent émettre trois types de rayonnements, qui ionisent (dégradent) à des degrés différents les corps qu’ils atteignent : le rayonnement alpha (très ionisant) qui peut être arrêté par une feuille de papier ; le rayonnement bêta (moyennement ionisant) qui peut être arrêté par une feuille de papier aluminium ; le rayonnement gamma (peu ionisant) qui peut être atténué (mais pas arrêté) par une grande épaisseur de matériaux denses. Un mètre de terre diviserait par 100 ce rayonnement. C’est pourquoi l’activité minière a fait apparaître des rayonnements radioactifs, qui étaient pour la plupart arrêtés par le sol, qui plus est pour une période très longue puisque chacun de ces éléments a une durée de vie radioactive bien définie allant de quelques fractions de seconde à plusieurs milliards d’années. On distinguera deux types d’exposition à ces radiations l’irradiation (externe) dont l’ionisation est limité dans le temps, et la contamination (interne) par inhalation ou ingestion. Certains éléments de la famille de l’uranium sont plus radio-toxiques que d’autres selon qu’ils sont ingérés ou inhalés. Ainsi le Radon 222 est un gaz qui peut être inhalé. Élément lourd, il va s’installer dans les poumons en émettant un rayonnement alpha, donc très ionisant, suivi de ses descendants solides plus radio-toxiques encore.
Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire, l’Institut de veille sanitaire publiait en mai 2007 un numéro thématique consacré au Radon. Une étude épidémiologique effectuée sur des populations de mineurs montre qu’un “risque élevé de décès a été observé pour le cancer du poumon, le cancer du rein et la silicose“. Dans une étude sur la mortalité chez les mineurs d’uranium français, Blandine Vacquier indique que la population des mineurs “présente des expositions multiples, par contamination interne (radon et poussières d’uranium) et par exposition externe (rayonnements gamma)“. Une analyse a permis de quantifier la relation entre le risque accru de cancer du poumon et l’exposition cumulée au radon. D’ailleurs, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) considère dorénavant que le Radon est la principale cause du cancer du poumon après le tabagisme.
Ces études ont été faites notamment à partir des données fournies par les dosimètres que portaient les mineurs lorsqu’ils travaillaient. Au vu de ces études, on se demandera si les mineurs ont eu un suivi médical une fois l’activité minière arrêtée. En l’occurrence ce ne fut pas le cas pour les anciens mineurs d’Hyverneresse que nous avons rencontrés. Si les Clis ont pour objet le suivi de l’impact environnemental et sanitaire des anciennes mines d’uranium ne serait-ce pas aussi le lieu pour que les anciens travailleurs de ces mines ne soient pas les grands oubliés de cette histoire industrielle ?
Notes : Journées de thèses IRSN, septembre 2005